Accueil du portail Zicazic.com


Zicazic on Twitter. Zicazic on Facebook.

Flux RSS ZICAZINE

Qu'est-ce que c'est ?




Accueil

> MENU
 Accueil
 ----------------
 Chroniques CD's
 Concerts
 Interviews
 Dossiers
 ----------------

THOMASZ STANKO ET LOUIS SCLAVIS pdf print E-mail
Ecrit par EL Renardinho  
mardi, 10 août 2004
 

THOMASZ STANKO ET LOUIS SCLAVIS
2 Août 2004
L'Odeon - Lyon

www.nuits-de-fourviere.org/ 

C'est un programme de qualité  que nous a fourni cette année le festival des Nuits de Fourvière, programme aussi divers que varié, du rock (Franz Ferdinand et PJ Harvey) en passant par le rap (IAM et OFX), sans oublier les nuits cubaine et brésilienne. Ce 2 août 2004, c'est le jazz qui était à l'honneur avec, à l'affiche, deux routards de la scène jazzie : Louis Sclavis et Thomasz Stanko. Retour sur une soirée... enchanteresse.

Il y a des soirées qui marquent par leur simplicité, des soirées où l'on a juste envie de se laisser aller à ses rêveries, de se reposer sur la musique... Et cette soirée du 2 août avait de la classe, tout simplement...
Public clairsemé, orchestres épurés, lumières tamisées : tout nous faisait penser à ces instants mythiques, à Saint-Germain, lorsque l'on s'imprégnait, dans les caves enfumées, des volutes de jazz qui parsemaient la salle.

Premier à monter sur scène, Louis Sclavis, clarinettiste de renom et enfant du pays. Un jazz improvisateur, sans chichi ni fioriture, nourri de montées et descentes spectaculaires. Certes, ce soir-là, la lune ne brillait pas, cachée derrière les nuages ; mais rien n'y fit : la marée jazz de Sclavis nous entraînait dans les eaux d'une musique ballottée. Des moments de passion, puis d'accalmie ; de folie, puis d'impeccable sérénité. Car Sclavis, c'est sûr, joue comme on vit sa vie : vrai. Et, lorsqu'il débute, avec Stanko à ses côtés, Hommage à Lounes Matoub, du nom de ce musicien kabyle assassiné par les intégristes algériens, c'est toute la folie humaine, contée sur des rythmes berbères, qu'il exprime : c'est bien plus qu'un artiste que l'on a assassiné, c'est un morceau d'art que l'on a supprimé. La trompette de Stanko crie, pleure, se débat et meurt... Les musiciens, impeccables, nous livrent leur colère et leur désarmement face à l'absurdité humaine. Au final, un Sclavis touchant, peut-être un peu hermétique dans sa musique, mais, au fond, pardonné de cet ésotérisme...
" Je suis très heureux d'être là, dit-il au public.
- Nous aussi ", lui répond une femme assise au premier rang.
Et c'est une salve d'applaudissements qui s'en suit. Sclavis se retire avec ses musiciens, à pas feutrés, comme pour ne pas brusquer le spectateur encore empli de sa musique ; ému, Louis... Nous aussi. 

La deuxième partie du concert s'amorce, avec Thomasz Stanko. Brillant trompettiste Polonais et pionnier de la free-music, son dernier album The Soul of Things est à la croisée des chemins, entre Chet Baker, Miles Davis ou encore Stan Getz. Sur scène, une trompette, un piano, une contrebasse et une batterie. C'est un jazz plus épuré, plus classique, qu'il nous est donné lieu d'entendre. Dans une ambiance intimiste, Stanko attaque le premier morceau : du jazz soft sans être ennuyeux, des rythmes doux, parfois plus entraînants, mais toujours simples, comme pour laisser le champ libre aux improvisations et mettre en avant les prouesses des artistes qui arrivent à combler cette épuration rythmique sans jamais la surcharger. Néanmoins, on se rend compte que Stanko est plus à l'aise sur les rythmes doux que sur ceux plus "samba".
Au fil du concert, Stanko laisse de plus en plus de place à son pianiste, vraiment excellent tout au long de la représentation : toucher gracile, habile ; musique qui vous berce. Le batteur et le contrebassiste, moins sollicités, ne déméritent pourtant pas ; mais la scène est à Stanko et son pianiste... Et le public ne s'y trompe pas, lorsqu'il ovationne ce dernier...
Un denier morceau, un salut des musiciens, un rappel... Puis, tout se termine, comme pour laisser à cette soirée le goût d'un songe d'une nuit d'été...