Accueil du portail Zicazic.com


Zicazic on Twitter. Zicazic on Facebook.

Flux RSS ZICAZINE

Qu'est-ce que c'est ?




Accueil

> MENU
 Accueil
 ----------------
 Chroniques CD's
 Concerts
 Interviews
 Dossiers
 ----------------

SOLIDAYS pdf print E-mail
Ecrit par Fred Delforge  
samedi, 10 juillet 2004
 

SOLIDAYS
HIPPODROME DE LONGCHAMP - PARIS
9, 10 & 11 JUILLET 2004

 

crédits photos : Laurent Attias et Sandrine Roudeix sauf photo i-bus (source i-bus) et mentions particulières (photos Fred Delforge)

Même si la colère de la cinquième édition de Solidays n'est absolument pas oubliée, Solidarité Sida a placé cette sixième édition sous le signe de l'espoir grâce à quelques initiatives encourageantes de la part des gouvernements internationaux … Malgré cet espoir, de nombreuses personnes meurent chaque jour et au cours de ces trois jours de festival, plus de 25 000 personnes seront mortes du sida faute de traitement. Cela laisse songeur et on ne saurait trop vous conseiller d'aller faire un tour sur le site de l'association pour vous rendre compte par vous-même des ravages de la maladie et du travail à réaliser pour la vaincre et pourquoi pas la rejoindre en tant que bénévole … L'engagement pourrait ainsi dépasser trois jours de concerts et la quarantaine d'Euros déboursée pour l'obtention d'un pass !

Vendredi 9 juillet 2004 :

Le temps est gris sur l'hippodrome de Longchamp et si le village commence à entrer en effervescence avant l'arrivée imminente des premiers spectateurs, ce n'est que pour mieux les accueillir … Les kébabs commencent à tourner, la tartiflette et le couscous chauffent, on règle les dernières sécurités au stand de saut à l'élastique. Mesdames  et Messieurs les Festivaliers, c'est à votre tour d'entrer et d'en profiter !

C'est sous le Dôme que commence traditionnellement Solidays avec les concerts donnés par les jeunes talents … Quel ne sera pas leur bonheur de constater que cette année le public se presse pour les contempler en raison d'une averse aussi subite que violente qui se chargera de détremper le sol pour toute la soirée. On commence donc avec Cellule X, un groupe à forte connotation rap qui, outre ses deux chanteurs et son guitariste, compte en son sein un jeune Dj tout juste récompensé par un titre de Champion de France de l'exercice … Leur prestation ne manque pas de piquant et le public se console de son enfermement forcé en découvrant une musique bien balancée par un groupe accrocheur.

On remplace rapidement les platines de Cellule X par le drap de scène de Jackson Thélémaque et le jeune Haïtien vient nous combler en solo et la guitare en bandoulière de son reggae roots aux accents africains et d'un chant vaudou impeccablement joué au djembé et dédié à Jimi Hendrix … Un prestation surprenante et particulièrement appréciée qui précèdera le show de SMS Crew, un groupe orienté vers le hardcore qui s'attirera les faveurs de ses quelques amis présents sous le dôme mais aussi d'une meute de jeunes gens venus pour s'abreuver d'Enhancer, de No One Is Innocent et autres Pleymo. La scène des jeunes talents se referme au son des guitares saturées et le gros son commence à prendre le relais au loin sur la scène Bagatelle qui s'enflamme avec Enhancer.

Un petit détour pour aller voir les Parisiens que nous retrouvons ici une petite quinzaine de jours après Furia mais la pluie bat toujours et nous choisissons de faire l'impasse sur le reste de leur set pour aller tenter de voir Babylon Circus qui nous avait déjà fait une très bonne impression sur album. Tout le bien que nous pensions de " Dances of resistance " se confirme très vite et malgré l'humidité excessive, les standards de Babylon Circus tels que " De la musique et du bruit " ou " La caravane " vont très vite réussir à réchauffer l'atmosphère et à réduire en poussière les derniers brins d'herbe qui survivaient devant l'immense scène Paris. La journée commence très fort !

Il va falloir faire un choix puisque au même moment vont se produire No One et N&SK respectivement à Bagatelle pour les premiers et sous le Dôme pour les suivants … On commence donc avec les Nomades dont Marie Hélène, la charmante violoniste, arbore un ventre qui laisse supposer qu'elle a fait abstraction du préservatif il y a déjà quelques bons mois. Chez N&SK, c'est le jeu qui compte avant tout et pour ce qui est de jouer, ça joue ! Emmené par un Karim des grands jours au chant et par un Xavier qui joue sa basse pratiquement à plat ventre, le combo stéphanois va nous en mettre plein la tête jusqu'à ce que nous nous éclipsions pour aller jeter un œil sur les revenants de No One Is Innocent qui seront le seul groupe de la journée à s'accorder un retard d'un quart d'heure avant de commencer leur set au son du traditionnel " Helter Skelter " … No One a repris du poil de la bête depuis Bourges et ses prestations sont de plus en plus séduisantes. Malgré les conditions draconiennes imposées par Univers Sale, les photographes se pressent pour aller tirer des portraits du groupe et après quelques morceaux et quelques interventions un peu démago, nous quittons Bagatelle pour retourner chez N&SK qui ne va pas tarder à nous servir son " Kangourou nomade " et son " Cirque du Millénium " … Bingo !

C'est un Corneille électrique qui se produit ce soir sur la scène Paris … Fini les costumes un peu prétentieux qui accompagnaient les concerts acoustiques, le sieur Cornélius est ce soir en jean et son guitariste arbore fièrement (???) un maillot de l'Equipe de France de Football. Le show est lui aussi un peu moins rigide, un peu plus débraillé et beaucoup plus sympathique … Après quelques titres, nous quittons la scène Paris et laissons le Rwandais à ses fans qui boivent ses paroles. Pourquoi ? Parce qu'on va au loin ! Pala papa …

Retour à Bagatelle où La Ruda va faire péter le volume … Quand on regarde le planning, on s'aperçoit que Tété joue en même temps sous le Dôme et là il n'y a pas photo puisque nous avons vu Tété quinze jours plus tôt à Furia alors que nous n'avons pas encore eu l'occasion de saluer notre ami Pierrot depuis la sortie de " 24 images/seconde ". Un Pierrot qui est en grande forme et qui déboule sur scène avec un T-shirt de nos potes communs de Dead Pop Club pour nous servir un mélange de l'ère Salska et de l'ère Ruda. On y retrouvera bien entendu " Chanson pour Sam ", " Paris en bouteille " et quelques incontournables tels que " Trianon " ou " Histoires improbables " et rien n'y fera, ni l'averse colossale, ni le son atrocement fort et brouillon, ni les marionnettes qui se promènent derrière nous ne nous gâcheront le plaisir de retrouver La Ruda sur scène. Merci les gars ! Et bravo …

La pluie redouble de violence et Pleymo est à Paris … Nous faisons une halte à l'espace média pour regarder un moment le set des Parisiens à la télé et nous y rencontrons nos confrères du Parisien et du Républicain qui, même les pieds au sec et le cul sur une chaise, n'ont pas l'air particulièrement emballés … On a beau avoir vu Pleymo à Furia, il est impossible de ne pas faire un saut sur place, ne serait ce que pour se prendre l'immense jeu de lights en pleine trogne. Le groupe envoie " Polyester " et nous partons tranquillement vers Bagatelle pour y découvrir Patrice, les pieds dans la boue, l'appareil photo en berne et le calepin humide  …               

Bien nous en a pris parce que Patrice sur scène, c'est époustouflant ! Un mélange de reggae et de rhythm'n'blues sur fond de groove avec des guitares ingénieuses et une rythmique soignée … Rien à voir avec Corneille même si par moments on pense au Rwandais, pala papa, au travers de quelques intonations accrocheuses et parce qu'il vient de loin … Beaucoup plus reggae, plus de jeu et moins d'ego ! Le public ne s'y trompe pas et réserve au jeune homme et à son black band un accueil des plus chaleureux pour sa soirée d'anniversaire … Même le soleil daigne faire un détour bienvenu par Solidays en nous gratifiant d'un arc-en-ciel qui part de Passy et qui passe juste au-dessus de l'hippodrome. Encore un des grands moments de la journée !

Le temps passe et dès que Bashung daignera terminer son set sous le Dôme, Alpha Blondy pourra commencer le sien sur la scène Paris … En attendant résonnent quelques " Osez Joséphine ", " Vertige de l'amour " et autres " Ma petite entreprise " qui rendent la prestation de Bashung moins insipide et surtout beaucoup moins pédante que celle de Bourges. Rassurant !

C'est Luc Barruet qui viendra nous annoncer le programme de demain avant que trois bénévoles béninoises et burkinabaises ne viennent pousser la chansonnette pour nous faire attendre l'arrivée du grand prêtre Alpha Blondy. Une légende qui se fera encore attendre un moment pendant que son groupe se prêtera à une intro rock et à un morceau entre funk et reggae et qui viendra prendre possession à son rythme d'une foule qui ne tardera pas à succomber à un grand moment de musique sensuelle à souhait. Du grand art !

Il est inconcevable de quitter Solidays sans regarder, ne serait ce qu'un instant, le show de Marcel et son Orchestre … Même si c'est la troisième fois en un mois et même si c'est la version réduite du spectacle, c'est toujours un moment de bonheur que de se reprendre en pleine poire les excellents " Baisse la tête ", " Médiseuse " ou " Les neurones à crêtes " ! Frank aura beau se planter en envoyant " Proce'bal ", rien ne pourra venir gâcher un set auquel sera ajouté ce soir " Dédé " avec, en guise de présentation, une intervention de Jo, technicien retour intermittent des Marcel et séducteur éconduit de renommée interdépartementale dans tout le Nord de la France. Fin du set, magnéto ! Enrico nous sert son " Mendiant de l'amour " … Il est minuit, Solidays ferme ses portes pour la nuit … La première journée est pliée et si elle a été marquée par quelques averses mémorables, elle restera dans les anales du festival !

Samedi 10 juillet 2004

Retour sur l’hippodrome de Longchamp pour cette deuxième journée de Solidays … Si le ciel est peu engageant, la météo nous annonce quelques belles éclaircies pour le milieu de l’après-midi et laisse planer un soupçon d’espoir autour de nos esprits … Les jeunes talents vont encore s’en donner à cœur joie sous le dôme avec au menu du jour Kwak, Ruby Brune, Frer 200, Folkom et Burnout …

Dès notre arrivée sur le site, AS Dragon entame son set à Bagatelle et nous partons nous délecter du talent et de l’énergie de la jolie Natacha Le Jeune qui va nous confirmer tout le bien que l’on pense de « Spanked », le dernier album du groupe … Un show haut en couleurs marqué par les nombreuses apparitions de la poitrine de la jeune chanteuse dont le bout des seins est juste masqué par des croix de sparadrap et par le jeu captivant d’un groupe qui ne ménage pas son dynamisme. Une bonne entrée en matière …

Pas de chance, la pluie est de retour et c’est Luke qui va en faire les frais, voyant l’immense scène Paris se désertifier au fur et à mesure de l’avancement de son concert et ce malgré la venue en renfort d’une cover époustouflante de La Mano et la sortie dans la foulée de « La sentinelle », son tube radiophonique du moment. Désertée au profit d’un Dôme plus propice aux intempéries, la grande scène ne présentera qu’à trop peu de monde toutes les qualités de ce groupe en train de se faire une place au soleil … Cela fera par contre le bonheur des Hurlements D’Léo qui n’avaient sans doute jamais eu la chance de faire une balance devant une salle aussi bondée.

Après le début des Hurlements et de leur set coloré, nous partons faire une escapade vers Bagatelle où La Grande Sophie va nous séduire en arborant une de ces robes courtes dont elle a le secret et en nous faisant une démonstration de l’évolution prise par sa musique au fil de ses albums. On retrouvera bien entendu « Martin », l’hymne du « Porte bonheur » et « Du courage », l’incontournable thème de campagne du Parti Socialiste que Jean-Paul Huchon, pas encore arrivé sur le site, n’aura pas la chance de reprendre en cœur avec la belle Massaliote … On s’amusera au passage d’une anecdote un peu longue concernant le médiator de  Chrissie Hynde des Pretenders que La Grande Sophie nous racontera comme elle le fait à chacun de ses concerts … Décontractant !

Retour vers un Dôme ultra bondé où il est impossible de pénétrer pour la fin du set des Hurlements D’Léo que nous écouterons donc au loin … Le soleil est de la partie et paradoxe, on crève de chaud et on sèche un peu ! C’est le moment de la trêve de Solidays, l’heure dédiée au Patchwork des Noms pendant lequel bénévoles et organisateurs vont égrener les noms d’une longue liste des personnes décédées du sida … On remarquera pendant la cérémonie les interventions de Luc Barruet, d’Antoine De Caunes ou encore de Mc Solaar … Un moment particulièrement émouvant et intense !

Le Patchwork s’achève et nos cousins québécois des Cowboys Fringants entrent en scène pour nous proposer leur cocktail de folk et de rock auquel il convient d’ajouter une grosse dose de revendication et une autre d’humour. Leur violon féminin leur confère quelques accents faussement slaves et globalement, on peut comparer les Cowboys Fringants à une fusion intéressante de Renaud et de Louise Attaque … Outre l’accent succulent et le phrasé cocasse, c’est surtout de la musique que viendra la bonne surprise. Un groupe à surveiller de très près !

Avant d’accueillir le show de Dolly, Bagatelle cède la place un bref instant à un représentant de l’association parisienne Espoir Goutte d’Or qui vient nous rappeler les méandres du système pour qui est malade et non couvert par la Sécurité Sociale pour une raison quelconque … Manu et ses acolytes investissent ensuite la scène pour y servir leur mélange d’électro-rock succulent dans lequel la part des machines est aussi importante que celle de la voix de la jeune vocaliste ! Nous aurons donc droit à un cocktail tiré de la longue discographie des nantais dont bien évidemment « Tous des stars », le tittle track du dernier ouvrage en bacs. L’évolution de Dolly est surprenante …

Il est temps de quitter Dolly pour aller jeter un œil au set de Cali qui se déroule sous et autour un Dôme plein à craquer … Le Catalan aurait mérité la grande scène tant l’accueil qui lui est réservé est chaleureux et ils sont nombreux ceux qui, frustrés, pestent un peu de ne pas pouvoir associer le plaisir de la vue à celui de l’ouie … Ceux là se consoleront à l’écoute des classiques « Elle m’a dit » ou « C’est quand le bonheur » qui déclencheront, comme à leur habitude, leur cortège de folie communicative. Cali avance vite et c’est très bien comme ça !

Place à une grande dame de la musique fort justement récompensée aux dernières Victoires de la Musique … Intronisée par ses musiciens, Cesaria Evora s’impose sur la scène Paris au moment même où le soleil redonne lui aussi de la couleur et plonge l’hippodrome dans un décalage thermique fort apprécié. La musique ensoleillée de la capverdienne s’accommode on ne peut mieux des rayons de l’astre et c’est dans une communion quelque peu statique que la diva nous offrira ses standards et quelques « Bessame Mucho » ou « Saudade » … La nuit commence à poindre le bout de son nez et la température commence à baisser avec le départ de Dame Cesaria. Les choses respectent parfois une certaine logique … On remet les vestes.

Retour vers Bagatelle pour aller assister au concert de Sinclair. Les orteils commencent à souffrir de l’association pluie plus terrain boueux plus kilomètres plus piétinement … Sinclair sur scène, c’est un cocktail où se mêlent le groove des basses et le tranchant des guitares. Un peu pop, un peu rock et très funk dans l’âme, la musique de Sinclair est un régal pour qui aime les rythmes dansants et s’avère idéale pour essayer de « Passer l’épreuve du temps ». Un des très bons concerts du samedi et aussi un des meilleurs bassistes de la journée !

On quitte Sinclair pour aller jeter un œil sur le set de l’ami Sanseverino et pour goûter à la saveur si particulière de la musique de cet artiste aussi épatant qu’atypique. Les adeptes du gros swing sont comblés et les « Sénégalaises » sont à l’honneur tout au long d’un spectacle débridé et rythmé par les facéties du brillant gadjo. De jazz manouche en tango, Sanseverino prendra le temps de nous griller « La cigarette », son hymne actuel, et nous fera partager un agréable moment plein de sincérité.

S’il est un artiste pour lequel la France est prête à vendre son âme au diable, c’est bien de M dont il s’agit ! Solidays a bien compris le message et a accordé à cet extraterrestre un crédit temps de 90 minutes là où tout le monde s’était alors contenté de jouer une heure … Le parterre de la scène Paris se couvre d’une marée humaine et des cinquante milliers de personnes présentes sur le festival, rares sont celles qui ne font pas partie de cette déferlante. La scène est classique et se pare d’une immense guitare gonflable rose percée d’un cœur … Dépouillement scénique apparent donc pour un concert riche, à l’américaine serions nous tentés de dire, durant lequel le diablotin M ne va pas se priver de faire vibrer ses cordes et son public selon le rythme qu’il aura choisi d’imposer. La foule est un pantin dont Matthieu tire les ficelles et, sans aucunement en abuser, il en fait ce qu’il veut ! Une minute de silence, un ballet gestuel, un quizz musical, un break de Bowie et un autre d’AC/DC … M est un brillant guitariste, nous le savions tous, et il nous en fait une fois de plus la démonstration en plagiant Hendrix et en jouant avec les dents sur sa Stratocaster dont le corps n’a pas été épargné par les aléas de l’âge. C’est très bien d’imiter Jimi mais pourquoi ne pas inventer de nouveaux gimmicks ? On se quitte sur « Qui de nous deux » et le public commence à s’éparpiller, convaincu d’avoir vécu un des moments les plus forts de la journée.         

Il est temps de se prêter à une brève allocution destinée à rendre hommage aux volontaires et à présenter le programme du dimanche … Comme l’avait fait Jean-Louis Aubert en 2003, M viendra offrir une dernière chanson au public et surtout aux bénévoles qui l’entoureront tout au long du morceau et qui, à n’en pas douter, ne sont pas prêts d’oublier ce moment d’une rare intensité !

Il est minuit et les deux premières journées de festival commencent à peser lourd … Il reste deux concerts à voir et par souci de simplicité, nous allons les dérouler dans le sens de la sortie. On commence par Bikini Machine qui officie sous le Dôme et qui nous sert une fusion de guitares au son vintage et de machines brillantes devant un parterre malheureusement trop clairsemé … Dommage pour ces Rennais dont le mérite est grand et dont les rythmes font preuve d’un énorme sens du groove !

On termine avec Sergent Garcia et son show à la chorégraphie irréprochable ! Accompagné de Los Locos Del Barrio, Bruno revisite ses hymnes les plus précieux, les plus engagés, et nous déploie quelques « El Regresso », « Poetas » ou « L’équilibre » et bien évidemment son traditionnel « Long Time » dédié au public … Notre dernière rencontre avec El Sargento, fin avril, avait été marquée par un son violent et pratiquement inaudible. Le dosage de ce soir est plus subtil et se prête mieux à la dégustation de ces rythmes latinos succulents. Un très bon final !

Au loin, la Nuit du Zapping a commencé à égayer la scène Paris … Sous le Dôme, la Nuit Electro va bientôt démarrer avec, entre autres David Guetta et Dj Ralph. Pour nous, il est l’heure de rejoindre la base et de prendre un peu de repos avant de faire chauffer le clavier …

Dimanche 11 juillet 2004 :
 
Mauvaise surprise au réveil, le temps exceptionnellement clément cette nuit est reparti sur maussade et pluvieux … Nous décidons de récupérer un peu et nous zappons volontairement les jeunes talents représentés aujourd'hui par P Y G, Panico et Ruby Brune. Il va falloir s'accommoder de la pluie puisque nous arrivons à Bagatelle sous une ondée et au moment précis où Max Roméo entame son récital de reggae roots. Pour ce musicien considéré comme le pape du genre et rodé à la scène en compagnie des Upsetters, de Perry Lee ou encore des Stones, rien de plus simple que de compenser la désaffection de Jah Mason et de le remplacer sur cette scène plus conséquente que le Dôme qui lui était initialement dévolu. Musicalement, Max Roméo brille par une voix hors du commun et fait accompagner son groupe d'une section de cuivre simpliste mais bienvenue. La journée commence donc sous les meilleurs auspices …

Le programme a quelque peu été chamboulé et c'est Keziah Jones qui ouvre le bal sur la scène Paris à un horaire exceptionnellement précoce. Si l'intimité de l'Elysée Montmartre n'est pas de la partie, le Nigérian va tout de même s'efforcer d'entrer en osmose avec son public en lui offrant un show fort et dense au cours duquel on reconnaîtra les classiques que sont " Kpafuka ", " Beautiful Emilie " et bien évidemment " Rhythm is love " mais aussi des covers intéressantes de " All along the watchtower " de Dylan ou de " Machine gun " d'Hendrix avec lequel Keziah Jones a de plus en plus de points communs. Délaissant un peu les exploits techniques, Keziah s'efforce d'apporter feeling et sensualité à sa musique et le public ne s'y trompe pas, affrontant les averses tout au long d'un show qui se terminera par chance sous le soleil.

Les Fabulous Trobadors investissent le Dôme à l'heure dite et c'est au son de leurs danses tribales toulousaines qu'un public conséquent va vibrer pendant une heure où l'humour mais aussi les positions fortes seront de mise, à commencer par cette invective à Chirac qui intronisera le show. Emmené par deux chanteurs percussionnistes et agrémenté de choristes et de danseurs, le spectacle passera sans aucune difficulté pour le plus grand bonheur d'un public pas encore habitué au groupe mais en passe de devenir fan.

On abandonne les Toulousains pour aller se repaître de la brit-pop intelligente de The Servant et du charisme de son leader, Dan Black. Délivrant un show un peu mollasson jusqu'à l'arrivée du tubesque " Orchestra ", The Servant va très vite faire monter la sauce pour finir par mettre le feu à une scène Bagatelle malheureusement un peu désertée malgré une éclaircie fort bienvenue. Une prestation de qualité.

Retour vers la scène Paris où Solidays rend hommage à ses Associations. Le dying prévu en soutien du sommet de Bangkok qui s'ouvre aujourd'hui aura finalement lieu malgré un sol détrempé et peu avenant à ce genre d'opérations fortes … Spectacle poignant d'un festival mort et couché par terre pendant une dizaine de minutes ! Ajoutez les interventions des diverses organisations de lutte contre le sida et quelques clips au visuel puissant et vous aurez compris toute l'émotion du moment.

C'est au tour de Java de prendre d'assaut la scène Paris … Au premier abord, on se demande bien comment la bande à Erwan va réussir à utiliser un si grand espace mais la suite des évènements va nous prouver que Java est bel et bien un grand groupe de scène. Après un cocktail de son rap musette, le combo va nous offrir coup sur coup une " Samba do Jérusalem " avec en guest Alessandra Gatica et un peu plus tard une époustouflante " Boulangère " qui se terminera par deux séances de stage diving, la première étant très spontanée et signée Erwan, la seconde plus folklorique étant l'œuvre de " Mireille ", le charmant contrebassiste du groupe qui ira se faire porter par le public en costume d'Adam, suivi par toutes les caméras du festival qui le retransmettront sur l'écran géant … Effet bœuf garanti ! Le concert s'achèvera plus sérieusement, faisant quand même une place au " Poil " et à " Dieu " avec une intro très JMJ et à un double rappel fait de " Cendrier " et de la devise de Java. " Java, c'est pas de la menthe à l'eau … " …

Direction le Dôme où Thomas Fersen va servir ses chansons rocailleuses devant une foule compacte qui sent l'averse venir … Impossible d'y pénétrer et après avoir écouté " Deux pieds ", nous quittons le Dôme pour Bagatelle où Junior Kelly sert ses riddims roots de façon admirable malgré l'averse qui redouble de violence … On reconnaît au passage quelques titres de " Creation ", son dernier album. Le reggae faisant son effet et la somnolence venant, il est temps de se restaurer avant d'aller assister au show de Bénabar … Petit break ! 

Bénabar … Tout est dit ! Marée humaine, spectacle débridé, attitude positive, énergie. Bénabar nous avait mis une grosse claque à Bourges et nous lui tendons ce soir l'autre joue. Le public ne s'y trompe pas et vibre comme un seul homme sous les coups de boutoir donnés par un des chanteurs les plus impressionnants du moment. Venu d'une famille du cinéma, l'artiste manie aussi bien le verbe que le geste et nous en donne plus qu'il n'en faut pour être satisfaits. Entre " Paresseuse " et " La coquette ", il ne reste plus qu'à choisir qui aura été l'héroïne de la soirée !  

Dernier grand rush de la journée pour partir vers Bagatelle et assister à une partie du show époustouflant de Sinsemilia. Les Grenoblois sont en forme et nous donnent une grosse dose d'adrénaline qui parvient malheureusement trop difficilement à dérider un public pour le moins amorphe … Devant, ça bouge un peu, derrière on se les roule ! Décapant, le show des Sinse parviendra à faire revenir définitivement le beau temps et à nous rassasier d'une dernière gorgée de reggae. Splendide !

On fait un détour par le Dôme pour entrapercevoir les Têtes Raides qui jouent de leur capital charme et de la sympathie que leur accorde le public. Toujours aussi carré, leur set est indiscutablement perfectionniste et ceux qui n'ont pas encore déserté l'hippodrome vont pouvoir profiter de quelques brûlots tels que " Civili " et bien sûr l'indispensable " Hexagone " dans une version très personnelle. La chanson française tire sa révérence à son tour et Solidays n'en finit plus de se vider … 

Il restera tout de même une grosse quantité de fans pour le show d'IAM ! Un show qui ne commence pas sous les meilleurs auspices puisque les lights ont décidé de rester sur off et que les Marseillais vont jouer dans la pénombre pendant une grosse demi-heure … Akhenaton en profite pour plaisanter sur cette situation peu confortable et IAM nous sert ses meilleurs morceaux, affichant un " Mental de Viet Cong " ou interpellant Jean-Marie en attaquant " 21/04 " ! La lumière revient enfin, juste après " L'école du micro d'argent ", et les piliers du rap français vont pouvoir continuer dans des conditions plus appropriées … Le public profite enfin du décor admirable en forme de placette de village ! IAM continue et déroule ses standards … " Revoir un printemps " est salué par une salve d'applaudissements. La nuit est noire, le concert tire à sa fin. Il restera bien un ultime hommage avec tous les bénévoles et IAM qui viendra les rejoindre mais cette sixième édition de Solidays est bel et bien terminée … 

Il ne nous reste plus qu'à remercier nos hôtes du week-end, toute l'équipe de Solidarité Sida, le service de presse, Jonathan, Elodie et LC Les Filles, l'I-bus pour son accueil sympathique, les bénévoles, les secouristes, la sécurité exemplaire … C'était une grande édition de Solidays, bravo !

Fred Delforge - juillet 2004