Accueil du portail Zicazic.com


Zicazic on Twitter. Zicazic on Facebook.

Flux RSS ZICAZINE

Qu'est-ce que c'est ?




Accueil

> MENU
 Accueil
 ----------------
 Chroniques CD's
 Concerts
 Interviews
 Dossiers
 ----------------

OAISTAR pdf print E-mail
Ecrit par Stephane Burgatt  
mardi, 06 juillet 2004
 

OAISTAR
Interview pour zicazic

Oaistar c'est à la base deux agitateurs de Massilia sound system, devenus MC's, qui tentent une aventure autre bien à part. Pour faire la promo de leur bébé, bien plus qu'une élitiste conférence de presse, ils organisent un apéro écoute géant avec des bouteilles à ne plus savoir qu'en faire. Posés sous les rares arbres du centre ville, Gari Greu nous expose leur delirium artistique.

Musicalement, Oaistar ça ressemble à quoi ?
En musique, c'est un bon morceau de dub qu'on enchainne avec un track de rock n' roll, qu'on réenclenche avec un peu de musique traditionnelle puis on repart sur quelque chose de plus techno pour passer une bonne soirée. Tout ça n'est pas anodin. Avant, Lux animait une émission sur radio galère où il invitait plein de gens et c'était le même esprit. Il invitait IAM, Massilia, les pionniers de la techno et tout allait dans le même sens. Et puis il y a eu la maison hantée, cette salle où on a tous fait nos armes à Marseille. Autant les rockeurs que les rappeurs dans un espèce de brassage commun où tout le monde allait se voir. On a toujours pensé que pour faire du bon reggae il fallait avoir les oreilles bien décollées et écouter tout ce qu'il se fait. Ca marche pour tous les styles de musique : il faut savoir aller plus loin que le modèle de base.

Mais en partant dans tous les sens vous allez rebuter les puristes de chaque style !
Mais le puriste (longue hésitation)…le puriste il fait chier ! Ce sont des gens pointus. Attention, ça peut être intéressant. Un jour un gars m'a expliqué toute l'histoire du blues et c'était passionnant. Maintenant, un bon musicien, en 2004, il faut qu'il ait goûté à tout : qu'il soit allé dans une free party, qu'il connaisse le dub, le blues, qu'il sache ce qu'est un sampleur…
Regarde, nous on part du reggae, une musique très codifiée avec ses standards, ses traditions pour après voyager un peu partout. Et il faut savoir que c'est en écoutant les Clash qu'on a découvert le reggae. On les a écoutés avant Bob Marley et on a toujours adoré cette connexion punk rock / reggae. D'ailleurs dans Massilia on a toujours eu l'esprit rock n' roll. Regarde : on n'a jamais eu de dreads en ayant au contraire gardé ce côté rude boy. Le rock c'est pas les santiags et les guitares saturées mais une attitude, une manière de se positionner : le rebelle à deux francs quoi !
Et maintenant j'aurai du mal à ne pas être éclectique car chaque chanson te demande son arrangement propre. Je me mets au service de la chanson. Une telle je vais te la rapper sur des break beats et l'autre va imposer une atmosphère rock etc. Ce n'est pas pour faire de l'éclectisme à tout prix, comme si nous nous cherchions.

Massilia sound system a donc été une bonne école.
Bien plus que ça. Avec eux, on s'en fout des chansons ; on pourrait faire " la la la " que ça serait la même chose. Ce qui est important c'est la place qu'on occupe dans la société. Dans nos concerts, la moitié des gens n'écoutent pas de reggae et n'achètent pas nos disques. Ils sont là car ils savent qu'ils vont rencontrer des gens cool comme eux et passer une bonne soirée. On n'est pas là pour les faire larmoyer.
On réfléchit à quoi servent nos chansons. Elles servent à se lever le matin, à faire la fête, à faire l'amour à ta nénette, à te donner de l'énergie…C'est comme ce soir, c'est plus important de faire un apéro qu'un concert. Le vecteur c'est la sortie de l'album de Oaistar et ça permet de faire se rencontrer plein de gens différents en buvant du vin blanc.

Au niveau de l'esprit, quel a été le parti pris du groupe ? Vous vous estimez en récréation ?
Avec Oaistar on est dans le relâché. On essaie de laisser les erreurs. Mais on reste tout de même pointilleux. Il se trouve qu'on prend un break d'un an et demi avec Massilia et qu'il faut continuer à faire danser les gens entre temps. Je parlerai plutôt de re-création.

J'ai souvent lu que tu étais déçu par le hip hop. Avec cet album, vous avez l'ambition de lui redonner quelques lettres de noblesse ?
On a vu naître ce style de Marseille, c'est un peu notre jouet, ça nous appartient quelque part. C'est un des phénomènes les plus importants que la culture ait connu depuis longtemps. Il faut se dire que le mec qui prend un micro et qui déchire, il a gagné déjà, avant tout : avant sa dégaine de con, ses paroles à la con…
Le rap c'est la prise de parole, c'est le Mc, le mec qui se positionne dans la société. En France, il a été sclérosé par bon nombre de facteurs. Il y a très peu de productions intéressantes en France. C'est dû à un formatage sous la contrainte des grosses radios. Tu vois ce putain de rap social, ces chroniques de cons destinées à récupérer la société pendant que d'autres font du rap de dealer alors qu'au départ c'est une musique festive rassemblant les communautés. Il n'y a plus de rap fun ! Et puis tu as aussi cette interaction avec le street wear qui dévie les jeunes. Je me dis que j'ai eu du cul à mes 17 ans, la mode était aux jeans troués et aux pataugas !

Tu n'as pas l'air effrayé pour la sortie de l'album…
On ne fait pas ça pour les paillettes, pour atteindre une espèce de Graal à la con. On est des guerriers, des MC : Maître de Cérémonie. Quand il y a un concours de pétanque, je prends le micro et je déchire. A la base on est des gars qui prennent le mic et qui envoient la sauce. Avec les années on a appris à chanter juste et voila où nous en sommes.

Est-ce bien Lux Boté sur la pochette avec ce look des années 70, style Rock des Quartiers Nord ?
En effet, grande classe ! Il a voulu se la couper cette moustache et il a déconné. Car pour moi, il demeure le Charles Bronson français (rires).

Stef Burgatt - juin 2004