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FURIA SOUND FESTIVAL pdf print E-mail
Ecrit par Fred Delforge  
lundi, 28 juin 2004
 

FURIA SOUND FESTIVAL
TERRAIN VERT DE BOISSY
TAVERNY (95)
26 & 27 JUIN 2004

Photos de Charlotte (Cali / Marcel & son Orchestre) et d'Olivier (Speedealer / Têtes Raides)

Furia débute cette année sous des auspices peu favorables, du moins pour les équipes pro qui, habituées à un accueil efficace et avenant, font face cette année à des conditions peu propices au travail … Des accréditations distribuées avec parcimonie, une fosse photo interdite aux photographes, une fouille à corps digne des plus grandes heures de Vigipirate, une rigidité pénible à supporter, un espace presse bruyant et complètement inadapté … Autant dire que tout va mal en ce début d'après-midi du samedi et que l'on en arrive à se demander si nous serons encore de la partie le lendemain ! Heureusement, Furia est un festival réactif aux critiques et il va se reprendre assez vite pour renouer avec ses traditions de chaleur et de cordialité que nous avons craint un moment d'avoir perdu à tout jamais …    

Samedi 28 juin 2003

C'est à l'heure dite que M-Sixteen lâchera les premiers accords de ce nouveau Furia Sound Festival … Comble de malchance, le public en est encore à se débattre avec les cordons de sécurité pour accéder à l'enceinte et nombre des amis du groupe manqueront la prestation un peu brève mais particulièrement sonique de ces jeunes gens aux influences punk et hardcore. Dommage pour eux car le but de cette présence était bel et bien de raviver la flamme valdoisienne et de les faire connaître un peu mieux sur leurs terres … 

Elista essuie les plâtres de la deuxième scène et souffre de quelques pannes de son qui ne démoraliseront ni François Nguyen, ni Thomas Pierron mais dont le groupe s'amusera avec philosophie. Véritable formation de tête d'affiche, Elista souffre d'une programmation trop précoce et a bien du mal à rameuter un public trop occupé à faire le plein de tickets de ravitaillement pour se pencher sur la musique. Le nouveau titre proposé en bonus, la cover de France Gall ou même le final sur fond de " Funkytown " n'y changeront rien, le public passera malheureusement au travers d'un set qui avait le mérite de bien tenir la route !

Il est déjà près de 16 heures quand les Svinkels viennent réveiller le punk qui est en nous … Une intro de Piaf bien pensée et c'est parti pour la folie du Svink' qui va nous conduire dans tous les troquets de la planète avec son rap à boire boosté par les platines de l'excellent Dj Pone. Les trois chanteurs sont dans une forme olympique et ne laissent pas passer la moindre facétie possible, quittant même un instant la scène pour aller saluer les copains d'Enhancer fraîchement débarqués. Le public ne s'y trompe pas et même ceux qui s'étaient mis un grand coup de pied au cul pour venir découvrir le groupe repartent satisfaits. Si les Svinkels restent " Bons pour l'asile ", il est indéniable qu'avec " De la came sous le saphir " ils ont encore accru leur popularité cet après-midi ! Ca se réchauffe à Taverny …

Place à M.A.S.S. et à son gros rock venu d'Angleterre. Emmené par une bien agréable chanteuse, le combo s'efforce de séduire un parterre un peu maigre et pas vraiment motivé par une sono qui hurle et qui explose les tympans … M.A.S.S. affiche pourtant une belle énergie et des compositions intéressantes tirées de son premier album, " Revolution ", mais ne réveille pas les foules retenues par leur sieste dans l'herbe folle du Terrain Vert de Boissy. Il y avait matière à remuer pourtant !

Unsane, c'est du gros rock qui tache et le trio new-yorkais ne va pas se priver de nous en faire la démonstration avec une prestation haute en décibels mais bien calculée au niveau attraction. On remarquera le bassiste faisant virevolter son instrument au rythme de sa blonde tignasse et arborant un t-shirt Thin Lizzy, signe indiscutable de la culture musicale du combo. Unsane parvient à charmer Furia en faisant preuve d'une belle cohésion et en enchaînant des titres violents mais bien construits qui retracent leurs dix ans de métier et l'expérience acquise aux côtés des brutes de Slayer ou d'Entombed … Le ton est encore monté d'un cran !

On continue dans le rock ricain avec Speedealer, véritables bêtes de scène qui offrent un show plein à un public qui se remet difficilement de la débauche d'énergie dépensée avec Unsane. Les guitaristes ont tendance à casser des cordes, celui de Speedealer préfère se couper le doigt et invente malgré lui de nouveaux gimmicks en se collant du sang un peu partout sur le visage … Cela ne l'empêche pas de jouer juste et d'être efficace, soutenu dans son œuvre par une section rythmique monstrueuse dans laquelle un tout nouveau bassiste a rejoint un batteur tatoué sur tout le corps. Lourde, efficace et colorée, la musique de Speedealer sait sortir de son cadre et propose même à un moment un joli break d'harmonica … On salue là l'intelligence d'un groupe qui ne se cantonne pas dans un style strictement défini.

Les States sont à la fête et nous offrent leur troisième groupe, Zeke, des brutes épaisses élevées au punk'n'roll le plus virulent et bien décidées à mettre le feu à un public qui a du mal à se bouger le cul … Il y a bien un petit pogo devant la scène où se produit le power trio mais la folie n'est pas là. Il manque le détonateur qui embraserait Furia et qui nous ferait revivre les grandes heures de l'édition 2003 … Zeke en souffre mais ne laisse rien transparaître, servant un set efficace et aussi incompris que bien pensé et se contentant de l'accueil mitigé qui lui est réservé.

Ilot de finesse dans un monde de brutes, Cali arrive et le public se masse enfin comme un seul homme devant une scène … On n'y croyait plus, même si au fond de nous même nous pensions un peu que le Perpignanais produirait cet effet. En peu de temps et avec le soutien d'une maison de disques efficace, Cali a fait son trou et a conquis ses premiers galons. Il assume ce soir son rôle de jeune premier et embrase une meute qui n'a que ses chansons à la bouche et qui boit " Tes désirs font désordre " avec des breaks de Bob Marley aussi aisément que les tubes distillés par toutes les radios nationales … Capable de séduire avec des chansons d'amour qui n'en sont pas, Cali prend le public à contre-pied et gagne à chaque fois, s'imposant comme la relève incontestable de la nouvelle chanson française !

On retourne dans le metal avec Enhancer, chouchou de Furia puisque le groupe y faisait ses premiers pas lors de la première édition, et véritable coqueluche de toute une génération qui les a vus grandir et progresser avec deux albums dont le dernier en date, " Street Trash " n'en finit plus de les rendre célèbres. Enhancer sur scène, c'est la folie à l'état pur d'un collectif qui met le son et qui s'époumone à grands coups de " Cinglé ", c'est l'attitude neo-metal qui ne les quitte pas, cette passion du metal, du hardcore et du hip hop qui les pousse à donner chaque fois le meilleur d'eux-mêmes … On aime ce groupe qui ne fait pas de concession et qui n'hésite pas à payer de sa personne à chacune de ses sorties à l'image de ce plongeon fait une fois de plus à partir de la structure des lights. Ce soir, Enhancer était motivé … Et motivant !

On quitte le metal pour la chanson avec Tété, accompagné ce soir de ses Ootsie-Putsies, qui va nous proposer un best-of de ses chansons attachantes et subtiles … Après tant de puissance, le public apprécie cet intermède paisible et c'est une nouvelle marée humaine dans laquelle la dizaine de milliers de spectateurs présents se presse qui va saluer un auteur-compositeur de talent au charme un peu désuet mais à l'attitude positive. Les réactions sont unanimes, Tété séduit son monde et si par moments son show souffre de quelques longueurs, ce n'est que pour mieux redémarrer quelques minutes plus tard ! Intéressant …

Le final de cette première soirée de festival sera punk ou ne sera pas puisque les deux derniers groupes à se produire sont Les Wampas et les furieux skankers hispaniques de Ska P … Les traits sont tirés mais le public se serre encore devant les deux scènes pour réserver consécutivement l'accueil qui est du à la légende parisienne qui commence ce soir par un étonnant " C'est facile de s'moquer " et au mythe aussi engagé qu'incontournable venu du soleil. Deux derniers shows riches en émotions et hauts en couleur, chacun des deux groupes faisant son possible pour donner le meilleur de lui-même et y parvenant plutôt bien. Une journée s'achève, la fatigue gagne de plus en plus Furia. Direction le camping pour les uns, les voitures pour les autres, une belle promenade en perspective pour chacun …

Dimanche 29 juin 2003

Bonne nouvelle et lueur d'espoir, Furia retrouve aujourd'hui sa souplesse d'antan et les excès sécuritaires de la veille commencent quelque peu à s'estomper pour disparaître totalement en fin de journée … Ouf !

Il est 13 heures 30 et Uneven s'empare de la scène pour réveiller les festivaliers endormis en leur servant une power pop de bonne qualité à peine entachée par un léger manque de professionnalisme et de continuels saluts aux copains présents dans l'arène … On retrouve dans cette formation locale tous les ingrédients nécessaires pour faire un des grands groupes de demain et le public ne s'y trompe pas en adhérant plutôt bien à la musique du quatuor.

C'est à la chanson d'Yves Jamait de confirmer tout le bien que l'on pense d'elle et le combo dijonnais ne va pas se priver de faire partir cette journée sur les chapeaux de roue en faisant émerger les derniers siestards et en les lançant dans une danse où se mêlent java, musette, rock et textes croustillants. Certain de son rôle social et humain, Jamait se lance dans des chansons qui parlent d'amour, du monde du travail et de la vie en général sur un ton caustique et décalé qui fait plaisir à voir et qui prête à sourire sur des sujets pas forcément drôles … Le charisme du leader suffit à faire passer le message !

C'est au tour des Fatals Picards de venir nous présenter leur punk affligeant qui se base sur des textes volontairement cons qui parviendraient à dérider le plus scrupuleux des chefs de service du Ministère des Finances … Si le verbe est léger, le jeu est précis et le groupe qui est devenu aujourd'hui parisien porte haut et fort les couleurs de sa Picardie natale en abusant par moments de jeux de mots lourdingues mais en le faisant avec une telle générosité que personne ne pourra leur reprocher. Un agréable moment de détente en toute abnégation …

Matmatah revient en force pour une tournée d'été et se présente à l'assistance avec en tout et pour tout deux concerts dans les jambes et une semaine passée sur la route … Le deal est simple, les Brestois vont nous proposer dix titres dont une reprise de " God Save The Queen " pour marquer le ton, trois morceaux tirés de " La Ouache ", trois de " Rebelote " et trois nouveaux titres de l'album à venir. Un juste milieu en somme ! Si les anciens morceaux sont toujours aussi agréables, ce sont bel et bien les trois nouvelles chansons qui sont les plus intéressantes et qui nous laissent baver en attendant la nouvelle rondelle qui s'annonce brûlante ! Matmatah a prouvé une fois de plus aujourd'hui que c'était un grand groupe et que la scène rock n'allait bientôt plus pouvoir se passer de ses services. Quand on voit une telle débauche d'énergie pour un troisième concert de la saison, on se demande jusqu'où le groupe va bien pouvoir aller quand il sera rôdé …

Pleymo est l'actuelle coqueluche des jeunes et, des fans de Kyo à ceux d'Enhancer, " Tout le monde se lève " pour faire du bruit quand les bondissants Parisiens arrivent en ville … Furia de dérogera pas à la tradition et réservera le meilleur des accueils à un groupe au sommet de son art qui connaîtra bien quelques problèmes de son mais qui saura en tirer profit et faire montre d'un professionnalisme à toute épreuve. De " Rock " à " Modaddiction ", chacun y trouvera son compte au cours d'un show vrombissant donné sous un soleil de plomb à peine atténué par les jets d'eau de la sécurité !

Le show Marcel est en marche pour une version réduite spécialement conçue pour les festivals qui taille quelque peu dans la set list mais qui laisse la place à une grosse énergie et aux traditionnelles facéties des Boulonnais. Sur fond de rock mi-punk mi-festif, Marcel et Son Orchestre va réussir à faire une quasi-unanimité au sein d'un public qui venait en fait un peu pour lui … On accordera une mention spéciale au " Pornographe " de Brassens toujours aussi efficace ou à la folie furieuse des " Neurones à Crêtes " qui mettront le feu à Furia ! Un des grands moments de la journée …

Il est difficile d'imposer Tarmac entre les Marcel et Tryo mais, à force de talent, le groupe de Gaétan Roussel va réussir à gagner une partie au cours de laquelle tous les standards du groupe vont ressortir avec des fortunes diverses mais avec une envie de jouer qui dopera " Ce sourire " et qui fera briller " Notre Epoque " … Plus spontané que sur album, Tarmac gagne à être vu sur scène où les qualités de chacun ressortent d'une façon plus évidente ! Une excellente prestation …

C'est sur un " G8 " traditionnel que Tryo ouvre le bar de Totor, un estaminet qui ne désemplira pas et qui vibrera d'une façon unanime aux rythmes endiablés de nos chantres du reggae acoustique français … Encore un concert haut en couleurs à mettre à l'actif de Manu, Mali, Gizmo et Daniel qui n'en peuvent plus d'exceller sur les scènes de tout l'hexagone depuis un sacré moment et dont le public de Furia se souviendra, ne serait ce que pour l'intervention d'une pathétique Miss Taverny qui pimentera encore un peu plus l'excellent " Désolé pour hier soir " qui narre les lendemains de cuites mémorables de Mali … Impérissable !

Le Furia Sound Festival tire à sa fin et ce sont les Têtes Raides qui vont se charger de le clore sur quelques airs empruntés à " Qu'est-ce qu'on s'fait chier ! ", leur dernier album en date, mais également à ses prédécesseurs … Le public commence quelque peu à déserter le site et les Têtes Raides n'ont pas vraiment d'argument pour le retenir, se fendant d'un concert sans vraiment beaucoup d'âme et particulièrement statique là où on était en droit d'attendre un grand moment de chanson française … Le moment fort sera sans aucun doute cette version dynamitée d'un " Hexagone " emprunté à Renaud et fort bien mis en valeur par un groupe qui, s'il ne donna ce soir que le strict minimum, reste un des incontournables de la scène alternative !

De cette édition qui se termine, on retiendra une affiche d'une richesse impressionnante avec des groupes plus talentueux et attractifs les uns que les autres qui parviendront à attirer plus de vingt mille personnes sur deux jours … On préfèrera par contre oublier les conditions de travail délicates, surtout le samedi, les photos prises de la fosse et sous les jets d'eau, l'impossibilité de partir à la recherche des jeunes groupes ou de ceux moins connus qui ont réellement besoin de promotion et qui viennent jouer pour se faire connaître autant du public que des médias, ces groupes que le public boude au profit de la pause toilette, merguez ou bière et que nous nous plaisons à aller rencontrer pour essayer de comprendre leur démarche et pour les encourager dans leur travail. Pour eux, il y a vraiment eu un manque à gagner ! On ne demandait pas grand chose pourtant, juste le fait de pouvoir continuer à faire ce qui s'était passé admirablement les années précédentes … L'organisation a réajusté le coup, peut-être un peu tard, mais l'important est de savoir tirer profit de ses erreurs ! Un grand merci à tous ceux qui permettent à Furia d'être un grand festival, à Mohamed et Mokhtar, les deux têtes pensantes, à tous les bénévoles, parfois débordés par les évènements mais dans l'ensemble fort sympathiques et bien entendu à Jennifer, notre délicieuse attachée de presse qui a ramé fort et juste pour que notre barque avance …