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LOFOFORA pdf print E-mail
Ecrit par Stephane Burgatt  
lundi, 07 juin 2004
 

Interview exclusive pour zicazic

 

Avec son regard percutant, sa voix posée et son discours limpide, Reuno se pose incontestablement en leader charismatique des Lofofora. Capable d’essuyer toutes les tempêtes, l’homme a toujours gardé la tête hors de l’eau, même quand des moussaillons quittent le navire. C’est d’ailleurs cette capacité de bon navigateur qui lui a permit de mener la barque Lofo à bon port. Il était donc inconcevable de ne pas les croiser pendant leur escale phocéenne.

 

Tu as déclaré dans une interview à rock sound que l’enregistrement  de votre dernier album s’était, pour la première fois, déroulé sans la moindre once de stress. Tu as changé quoi comme ingrédient ?

On a changé de batteur et de guitariste. Je ne veux pas dire du mal des anciens membres de Lofofora car ils ont beaucoup apporté au groupe. Mais on a, avec Daniel et Pierre, une formidable entente ; on est en osmose. Ca fait deux ans que l’on est ensemble et il n’y a eu aucune engueulade ni prise de tête. On est en phase, pourvu que ça dure.

 

Cette séparation s’est faite sans heurts ?

Une séparation est toujours douloureuse. Le guitariste est parti de lui-même par envie de faire une autre musique. Le batteur, lui, on ne pouvait plus travailler ensemble.

Mais là avec Daniel, on a trouvé une personne qui est influencée par pas mal de styles musicaux, du hip hop au punk en passant par le rock psyché. C’est le mec qu’il fallait : il te fait du brutal comme du groovy. Pierre a lui été parachuté : il a apprit 16 morceaux en 3 jours car on avait les eurockéennes à assurer devant plus de 10 000 personnes. Ce qui était une sacrée épreuve. Puis pendant l’écriture de l’album, les choses sont venues très facilement. La nouvelle formation de Lofo s’impose d’elle-même.

 

Vous vous rapprochez un peu plus de Sriracha, qui s’occupait de vos dates de concert…

Et qui maintenant passe à la création d’un label. Ils ressortent les disques dont on a récupéré les droits. On va essayer de racheter le reste à Virgin en soldes. Maintenant, si ils ne veulent pas de suite on attendra encore 2 ans et ils nous tomberont dans la main tout naturellement au fur et à mesure.

 

Qu’est-ce qui a retardé la sortie de votre premier DVD ?

Malgré ce que certains pensent, on n’est pas des parvenus du rock n’ roll (rires). Loin de là. On n’a pas les moyens de contacter une grosse boite de production. On a donc du faire ça au copinage. Ca ne veut pas dire que les gens n’étaient pas payés pour autant ! Mais là on s’est trouvés dans des proportions qui nous convenaient. Certaines personnes qui ont travaillé sur cette histoire réalisaient ainsi leur premier dvd. Tu as donc des aspects techniques auxquels tu te trouves confronté. Mais au final, il me fait sourire ce dvd, ce qui est vachement bien. Il a un aspect vraiment pro et mille mercis encore à ceux qui ont donné de leur sueur dessus. Le résultat m’enthousiasme vraiment. On est plus content du travail des autres que de se voir sur ce support.

 

Il est bien fourni ?

Grave ! Il y a 1h10 d’un concert à la cigale avec un montage et un mixage terribles. Le tout en son 5.1. En plus, tu as des bonus avec des morceaux filmés à l’arrache par des fans, des galeries photos, des conneries filmés par nous même en backstage, des tour bus en folie, l’intégrale des clips…Ca montre qu’on n’est pas seulement le groupe super engagé et furieux que l’on connaît. Tu sais qu’on s’est même fait prendre pour des intellos !

 

Quelle idée aussi d’appeler son album « le fond et la forme » ? Tu l’as bien cherché.

Oh, ne m’en parle pas, qu’est-ce qu’on m’a pris la tête avec ça…On avait appelé notre second album « peuh » et ça avait bien marché. Donc je crois qu’on va revenir à des onomatopées du genre pour le prochain album (rires).

 

Et vos compos ? Du neuf ?

Là on travaille à l’élaboration du nouvel album. On a quelques squelettes de morceaux. Ca avance tranquillement.  Mais on ne peut rien sortir maintenant de toute façon car sur le contrat du dernier album il était stipulé qu’on leur laissait 2 ans d’exploitation avant de sortir autre chose…ce qui nous amène à janvier 2005.

 

Tu te souviens de ces pubs radio, vous concernant, il y a 10 ans ?

Oui, c’était la première prise de tête avec Virgin : ils les ont faites sans nous demander notre avis. « Lofofora, il n’y a pas de quoi fouetter un chat…Eh bien si !». Ca ne voulait absolument rien dire ! Ca a d’ailleurs été la seule fois qu’ils l’ont fait. Pour l’album suivant, je me suis moi-même déplacé pour faire la pub. On n’aime pas que les choses nous échappent trop. D’ailleurs on voudrait essayer de maîtriser également l’image au travers des clips. Pour avoir légèrement participé à l’élaboration de ce dvd, ça nous a filé pas mal d’idées. On est fans de peinture et de cinéma ; Phil a aussi dessiné tous nos logos et pochettes au début. On a un certain sens artistique et on a envie de mettre ça en avant sans pour autant devenir un groupe art type, à mettre des costumes et des décors sur scène…mais je trouve le concept son/image intéressant. Le grand Pete Townsend des Who avait prédit, à l’époque, que l’avenir était dans la réunion de la musique et de l’image. On l’a prit pour un con pendant 20 ans mais il avait peut être raison maintenant. C’est ça un vrai visionnaire !

 

Quelques jours avant votre arrivée à Marseille, la mairie a lancé un programme de lutte contre l’affichage en dehors des panneaux autorisés (Decaux etc.). Ils virent les affiches et recherchent les organisateurs pour leur signaler des amendes à leur encontre. Et vous vous trouvez donc dans la ligne de mire…

Ca craint ça. C’est un bon moyen de tuer la vie underground. Ils ont déjà fait ça à Paris. Moi j’habite dans une ville où l’affichage sauvage est autorisé et les gens ne font pas n’importe quoi pour autant ; ça se passe très bien. C’est débile de l’interdire tant que les gars ne vont pas afficher sur les vitrines des magasins et les bagnoles (rires). A propos, la Fonky Family s’était prise un procès à cause d’énormes stickers collés dans le métro à Paris. Mais tu as bien vu ce qu’il se passe dans ce pays, tout ce qui n’est pas rentable est détestable. Je n’ai pas connu ça depuis Giscard quand j’étais petit. Sortez vous les doigts du fion comme dit la chanson (rires).

 

Je te laisse le mot de la fin :

On nous pollue trop la tête, on est sollicités de partout par des merdes et c’est pour ça que j’ai quitté Paris. D’ailleurs je trouve que Marseille y ressemble beaucoup et je ne comprends pas que ces deux villes se détestent autant si ce n’est pour le foot, ce que je trouve assez couillon. Et là je sens que je me suis fait des ennemis mais je l’ai cherché quelque part (rires).

Sauf que chez vous on jette des télés par la fenêtre et ça à Paris on ne le fait pas encore. J’aime bien cette coutume (rires). Si seulement plus de gens pouvaient en faire autant…Bon, il y aurait plus de cadavres dans les rues mais il y aurait moins de cons aussi (rires). Le voilà le mot de la fin : marseillais, continue à jeter ta TV par la fenêtre et va aux concerts de Lofo.

 

Propos recueillis par Stef Burgatt – Mai 2004