samedi, 15 mai 2004
Hiroshima
(Crash Disques - Pias - 2003)
Durée 27'54 - 6 Titres
http://ludwigvon88.free.fr
 C'est un bien triste anniversaire que nous commémoraient les Ludwig en 1995 lorsqu'ils sortaient ce poignant " Hiroshima " et le crachaient à la face du Monde alors que notre nation faisait un pied de nez aux pacifistes et que son dirigeant signait une de ses toutes premières bavures présidentielles en reprenant les essais nucléaires dans l'Océan … Pacifique ! Qui des deux agissait de façon déplacée ? Certainement pas LV88 qui accompagnait son album d'un recueil de témoignages d'une trentaine de pages et qui essayait de faire comprendre à qui voulait bien l'entendre que cinquante ans n'avaient pas suffis à faire prendre conscience aux humains de l'iniquité de leurs actes …
Véritable road movie d'une catastrophe annoncée, " Hiroshima " retrace avec une chronologie pointilleuse le drame qui extermina plus de 100 000 personnes et en irradia près de quatre fois plus … La gravité de l'événement occulte la qualité des musiques contenues dans cet album et le range dans la catégorie des documentaires historiques, certes adaptés à un public bien ciblé, mais ô combien construit et partisan ! De la conception de la bombe (" Manhattan ") au calvaire des survivants irradiés (" Hibakusha "), Ludwig Von 88 évoque " Enola Gay ", le bombardier qui déposa sur " Hiroshima " cette bombe d'une puissance comprise entre 12 et 15 kilotonnes ironiquement baptisée " Little Boy " et constate ses ravages dans un émouvant " Fire ". Un album qui conserve le côté sarcastique des Ludwig mais qui s'appuie beaucoup plus sur leur conscience que sur leurs impulsions, aussi positives fussent elles … A déposer impérativement dans toutes les bibliothèques des collèges et des lycées pour que l'adage " plus jamais ça " soit enfin une certitude incontestable !
Fred Delforge - 01 janvier 2003
Houlala !
(Crash Disques - Pias - 2003)
Durée 52'13 - 25 Titres
 Revoilà les Ludwig avec une nouvelle réédition signée Crash Disques … C'est au tour de " Houlala ! ", premier album du groupe de passer à la moulinette. Sorti en 1985, l'album se vantait à l'époque d'avoir été enregistré en 48 heures non-stop et mixé dans le même délai. Une majorité légale plus tard, les bandes ressortent in-extenso, avec quelques remixes, deux titres en live et les trois morceaux censurés à l'époque. A fond la caisse, le tout habillé d'un somptueux digipack et agrémenté d'un colossal livret ! Qui dit mieux ?
Ludwig Von 88 se présentait à l'époque comme la nouvelle vague du rock hexagonal et frappait un grand coup à travers ses textes crus et ses musiques surprenantes. Adeptes d'un humour à deux vitesses, Karim, Fabrice, Laurent et Bruno innovaient en ponctuant leurs textes d'une bonne dose de folie et de grivoiseries succulentes. De ce " Houlala ! " resteront les immortels " HLM ", " Bilbao ", " Libanais Raides " et tant d'autres encore … Moins titanesques mais aussi mémorables, on relèvera les inénarrables " Lapin Billy s'en va t'en guerre ", " Assez ! ", " Des barbelés sur la prairie ", " Bière et punk " … On signalera aussi que les deux lives, " Bilbao " et " William Kramps " ont été immortalisés en mars 1988 à Pierrelaye (95) dans des conditions dantesques, avec du matos d'emprunt suite à la disparition des instruments du groupe à la veille du concert. Un agréable voyage dans le temps à la rencontre des précurseurs du rock allumé … Mais jusqu'où iront ils ?
Fred Delforge - 26 juillet 2003
Houlala 2, la mission
(Crash Disques - Pias - 2003)
Durée 73'11 - 32 Titres
 Crash Disques poursuit les rééditions des albums de Ludwig Von 88 à un rythme plus que soutenu et après les légendaires " 17 plombs pour péter les tubes ", " Prophètes et nains de jardins " et " Houlala ! ", c'est au tour de " Houlala 2, la mission " de venir prendre place sur nos platines … Deuxième ouvrage d'un groupe qui a marqué toute une génération d'allumés, " Houlala 2, la mission " est sorti en 1987, provoquant au passage une petite révolution de palais. Le revoilà maintenant avec un livret à la hauteur de sa réputation mais aussi accompagné de cinq morceaux en live, de quelques bonus et d'un remix qui reprend l'intégralité du célèbre " Guerriers Balubas ". Merci qui ?
Qui ne se souvient pas de la folie qui accompagnait les Ludwig en 1987 ? Qui n'a pas fait hurler ses parents ou ses profs à grands coups de " Fistfuck Playa Club " et autres " Louison Bobet for ever ", qui n'a pas foutu un souk mémorable dans les boums des copains branchés en balançant sur les platines un mémorable " Les allumés de KRSNA " ou un virulent " Tuez les tous " ? Ludwig Von 88 prenait à cette époque l'ascendant sur une scène qui vivait l'explosion de ce que l'on appelait l'alternatif. Une chose est certaine, chez eux le courant et l'envie étaient bel et bien continus. En opposition au punk engagé, les Ludwig servaient un punk distrayant et rigolard sans pour autant sombrer dans la mièvrerie. Avant de retourner à nos moutons à cinq pattes, on se remémore ce que le groupe pouvait donner sur scène au travers des cinq monuments que sont " Les fantastiques aventures de monsieur Mac Donald au pays des merveilles ", " Crêpe Suzette ", " Sur la vie de mon père ", " HLM " et " Spock around the clock ". Indispensable !
Fred Delforge - 26 juillet 2003
17 plombs pour péter les tubes
(Crash Disques - Pias - 2003)
Durée 62'07 - 17 Titres
 Retour chez les Ludwig avec cet album sorti en 1994 et constitué de diverses covers des plus grands tubes de l'histoire de la musique, du moins de ceux qui ont le plus marqué nos joyeux drilles. Deuxième sur la longue liste des rééditions annoncées par Crash Disques, " 17 plombs pour péter les tubes " est un des albums incontournables du groupe. Lui aussi indisponible sur le marché depuis un bail, il devrait ravir les amateurs de musiques décalées par sa vision délirante de ces hits intemporels revisités à la sauce Ludwig …
Au rayon des standards, c'est la traditionnelle " Bamba " qui ouvre le bal, revue et corrigée au point de devenir " La Ganja " … La suite n'est que folie furieuse, Elie et Jacno croqués à la mode Titi et Gros Minet, " We Will Rock You " de Queen rendu méconnaissable par l'action de quelques agents décapants, le délirant " L'amour à la plage " de Niagara qui mixe tango et punk, le " Potemkine " de Ferrat ou le " Boys (Summertime love) " de Sabrina dopés eux aussi au punk pur jus … Tout cela pourrait sembler bien puéril si ce n'était fait avec talent et inventivité. Jugez en par vous-même en posant une oreille sur les inénarrables reprises du " Come Together " des Beatles, du " Boum " de Trenet, du " Stairway To Heaven " de Led Zep, du " Ne me quitte pas " de Brel, du " Havana Affair " des Ramones ou du " Laissez entrer le Soleil " rapporté de " Hair " … On vous passe les " Libertine " de Mylène Farmer, " Capri c'est fini " d'Hervé Villard ou " L'enfant et l'oiseau " de Marie Myriam tant on a du mal à rester sérieux à leur écoute ! Chacune de ces moutures est faite avec tendresse, dérision et humour. Les Ludwig s'écartent du modèle, le bombardent, l'écrabouillent et le ressortent modelé tel une des statuettes de César … Qui s'en plaindra, si ce ne sont quelques fans obtus et intolérants des artistes triturés ? La démarche est judicieuse, amusante et fortement mâtinée d'un sens exacerbé de la dérision. On en rigole encore … Délicieusement fou !
Fred Delforge - 01 Mai 2003
Prophètes et Nains de Jardin
(Crash Disques - Pias - 2003)
Durée 50'36 - 22 Titres
 On ne présente plus les Ludwig tant le groupe est reconnu dans tout notre joli pays … Pour leur vingtième anniversaire, Crash Disques se lance dans la réédition de leur catalogue et l'édite sur toute l'année 2003. Pour mémoire, on rappellera que Ludwig Von 88 a écumé tous les lieux où il était possible de jouer pendant des années et qu'il dispose d'une liste d'albums, simples et autres maxis longue comme le bras. Reste à savoir si la foi est toujours intacte chez les Ludwig et à cette question, ils vous répondent tout simplement qu'ils attendent le moment opportun pour sortir de leur longue hibernation et revenir déferler sur le monde comme des damnés sous kétamine … Euh, vous ne trouvez pas qu'il y a matière à causer en ce moment les gars ?
En attendant sa décongélation, on se replonge dans le back catalogue de la Bête des Vosges en commençant par un de ses classiques sorti en 1996. S'engageant sur le postulat qui tend à considérer que le monde est composé de prophètes et de nains de jardin, les Ludwig examinent le cas d'une vingtaine de personnes d'horizons divers. Ils dissèquent ainsi les entrailles de Maria Callas, Haroun Tazieff, Senna, Alain Prieur, Chirac, Arlette Laguiller et autres Charly Oleg. A vous de décider qui mérite la gloire, qui doit subir l'opprobre. Le ton est léger donc, ironique bien entendu, et les sons sont traditionnellement rugueux, rageurs … Les Ludwig sont de joyeux amuseurs publics, impartiaux peut-être, dérangeants certainement mais absolument sincères et fichtrement efficaces. L'album se tient, ne serait-ce que par son côté conceptuel. Introuvable depuis des lustres, il fait son retour en digipack et contient quelques bonus truculents … A (re)découvrir d'urgence !
Fred Delforge - 01 Mai 2003
10 chansons d'amour à déclamer au lance-roquettes
(Crash Disques - Pias - 2003)
Durée 23'37 - 10 Titres
 Dans le cadre de la flopée de rééditions des albums des Ludwig et pour couronner l'achèvement de la première vague de quatre albums, le team Crash Disques édite une compil reprenant dix des incontournables du groupe culte en prenant soin de faire un tour non exhaustif de leur discographie, histoire de mieux conserver de la matière pour les deux autres compilations à venir dans un futur très proche … C'est donc avec un plaisir non feint que nous sous sommes replongés dans ces quelques extraits tirés, entre autres, des albums légendaires que sont " 17 plombs pour péter les tubes " ou " La révolution n'est pas un dîner de gala " mais surtout du triptyque " Houlala ! ", " Houlala 2 la mission " et " Houlala 3 l'heureux tour ".
Pour qui n'a pas connu Ludwig Von 88, ces " 10 chansons d'amour à déclamer au lance-roquettes " sont autant de raisons valables de se porter acquéreur de l'intégrale du groupe tant le choix des dix titres est judicieux et rend le groupe indispensable. Jugez-en par vous-même, rien de moins qu'un tour d'horizon qui va du nerveux " Houlala ! " au vindicatif " Prolétaire " (featuring Charles Pasqua) en n'oubliant pas de revisiter le reggaesque " Pocahontas " ou le tubesque " Capri c'est fini " … On se régalera de redécouvrir dans des conditions convenables les " Bilbao ", " Guerriers Balubas ", " Sprint ", " Louison Bobet for ever ", " Haroun Tazieff " et autres " Music is so nice " ! Ce ne sont que râles, grosses guitares et délires intenses et franchement, on vous conseille d'aller y farter vos tympans en attendant une hypothétique renaissance des dinosaures. On peut rêver quand même …
Fred Delforge - 09 Juin 2003
 De l'âge de la crête à l'âge du bonze (1983-1990)
(Crash Disques - Pias - 2004)
Durée 75'12 - 27 Titres
 De l'âge du trash à l'âge du zen (1991-2000)
(Crash Disques - Pias - 2004)
Durée 77'55 - 27 Titres
On s'enfonce un peu plus dans le dépoussiérage de la disco des Ludwig avec deux ouvrages un peu spéciaux puisqu'ils regroupent les maxis, singles, raretés et autres inédits du groupe … De 1993 à 2000, toutes les ères sont revisitées en commençant par le premier 45 Tours devenu méga-collector pour en arriver au derniers inédits retrouvés lors des grandes fouilles post mortem … Quel est l'intérêt de ce genre de publications ? A vrai dire aucun si ce n'est celui de faire sortir les Ludwig de leur tanière et de leur montrer à quel point on attend leur retour tout en leur disant que même si un tel retour est selon leurs propres dires impensable, ça nous ferait bien plaisir quand même …
Rondelle one, ready … Rondelle two, play ! Instantanément, ça le fait … Qu'elles étaient réalistes les chansons de Ludwig Von 88 et qu'elles semblent encore aujourd'hui d'actualité. Remplacez Séoul par Athènes, Pasqua par Sarkozy, Ethiopie par Afghanistan ou Tchétchénie et le tour est joué, on se retrouve avec des tartines de musique pur jus de fruits et prêtes à sortir ! On s'amuse de retrouver (ou de découvrir pour les plus jeunes …) le légendaire " Myke Tyson ", l'impétueux " L.S.D. for Ethiopie ", le splendide " Bilbao " en version originale, les éternels " Houlala " et " Lapin Billy ", " Les trois petits keupons " plus furieux que jamais, l'exaltée " Adrienne ", le nauséabond " Je gerbe " ou les surprenants " Jody Foster " et " Baby " en Anglais. Comme à chaque fois, le tout est servi en digipack, avec des livrets plus que complets et dans la plus pure tradition de la bête des Vosges. Ca va nous permettre de passer un bon été en attendant le fameux tribute et les deux derniers albums à rééditer prévus pour la rentrée. Punk is not dead ! Cool non ?
Fred Delforge - 12 mai 2004
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