Accueil du portail Zicazic.com


Zicazic on Twitter. Zicazic on Facebook.

Flux RSS ZICAZINE

Qu'est-ce que c'est ?




Accueil

> MENU
 Accueil
 ----------------
 Chroniques CD's
 Concerts
 Interviews
 Dossiers
 ----------------

MASSILIA SOUND SYSTEM pdf print E-mail
Ecrit par Stephane Burgatt  
vendredi, 07 mai 2004
 

Interview exclusive Zicazic

http://www.massilia-soundsystem.com

Juste avant de célébrer deux décennies du plus parfait oaï anisé qui soit, Gari, membre attachant du plus sulfureux des sound system phocéens, nous a accordé quelques instants de tchatche relevée dont lui seul a le secret.

Tu estimes Massilia Sound System comme étant les ambassadeurs de la culture provençale ?
Gari : disons qu'à l'instar de Bob Marley, par qui nous avons tout découvert, on a décidé de chanter en patois et de parler de notre communauté, de notre quartier. Lui a chanté ça pendant des années et est devenu universel par ce biais donc on a suivi cette voie. On va chanter en patois aux quatre coins de France et je pense que c'est avec notre accent, ces deux langues et cette manière de chanter des petites chroniques qui se passent devant notre porte qui fait que nous sommes universels et que nous sommes susceptibles d'intéresser des gens en France comme au-delà des océans. On véhicule certains messages comme l'appel à la tolérance et nous somme ambassadeurs de cet esprit là, de cette vision du monde. On n'a pas de déterminisme géographique dans notre manière de faire. On serait de Lille, on aurait fait le " Lille Sound System ". Et je pense qu'on aurait eu la même verve et le même soleil dans le cœur.

Parlons de votre actualité, le live " Massilia fait tourner " est sorti le 24 avril. Vous l'avez enregistré sur toute la tournée ou sur une date précise ?
Non, la tournée occitanista a été très longue avec plus de 130 dates en un an. On l'a enregistré sur la fin, au mois de juillet. Disons qu'on a capté 5 concerts à la suite et on a pris les meilleures interprétations. Il y a un gros corps qui est celui du festival des " nuits atypiques de Langon " de Bordeaux. On n'enregistre que quelques dates mais d'autres enregistrent toute la tournée ; mais là il faut avoir pas mal de moyens. Plusieurs dates sont nécessaires car tu as toujours des pins, des petites imperfections et on se doit de sortir un truc bien léché. Maintenant, on a eu l'opportunité d'y adjoindre un DVD sans changer le coût d'achat du CD donc on a sauté sur l'occasion et on a fait une sorte de DVD " fourre tout ". Mais on a eu des petites galères avec les bandes vidéo et l'INA (ndlr : Institut National de l'Audiovisuel) qui, au bout de 3 ans, sont détenues par eux. Donc, pour récupérer quelques clips qu'on avait fait pour France 3, il nous fallait un budget à la Spielberg. On a ainsi revu notre copie pour mettre des choses que l'on avait faites dans les  3 ans sans se faire emmerder par eux. C'est pour ça que tu vois des fois dans les DVD des bonus filmés en DV de merde. C'est le public qui est lésé au final.

Mais tu es quand même satisfait du résultat ?
Oui car on a été plus malins que ce genre d'embrouilles, on se retourne toujours. On a réussi à faire un truc super fun avec plein de choses différentes et pas de trucs pompeux. Vingt ans de carrière c'est une masse d'images importante, c'est énorme. Donc on aurait voulu le creuser un peu plus mais c'est cool quand même.

Au bout de 20 ans tu te retournes et tu vois quoi ?
On n'est pas des nostalgiques, on est très tournés vers l'avant mais en se retournant on voit 20 ans de rencontres, 20 à faire danser les gens, 20 ans à remplir notre rôle de chanteurs folkloriques. C'est 20 ans de bonheur. Pour nous c'est pas important de remplir les charts mais plutôt de faire danser les gens le samedi soir, de les rendre heureux. Et par la même d'être inscrits dans la réalité, de faire oublier la semaine le week end arrivé.

Et ça marche…
Ouais ça marche ! Parce qu'on est entourés, parce qu'on a une vie trépidante, parce qu'on est la bande son de tous les activistes qui sont autour de nous. Donc on se doit d'avoir une vie un peu folle pour avoir de bonnes chansons et vice versa. C'est un cercle vicieux. Mais si tous les cercles vicieux étaient comme ça, ça serait cool.

Comme on n'a pas tous les jours 20 ans vous avez prévus des surprises pour votre anniversaire ?
On va retracer l'histoire de Massilia. Donc on va partir de 1984 pour aller jusqu'en 2004 avec les différents personnels, les morceaux joués chronologiquement en théâtralisant le truc. On s'est appliqués car il y a une dimension sentimentale. On va retrouver notre sélecteur des débuts, nos vieux DJ, tous les anciens techniciens seront là…Ce sera le point d'orgue de 3 jours de festivités où on partira d'un petit bar de boulistes du papé avec un sound system très " quartier " etc.

Un gros oaï quoi !
Ben tu sais, nous, dès qu'on a l'occasion de foutre le bordel, de mettre quatre barbecue et deux enceintes sur une place on le fait. Comme la sardinade du premier mai qu'on fait sur la Plaine. Ca réunit genre deux mille  personnes ! Tu vois, cette dimension du Massilia, c'est la plus importante. Et là, après ça je peux t'écrire une ou deux bonnes chansons. Et sans vivre des choses comme ça je suis obligé de faire de la fiction, de raconter la vie de quelqu'un d'autre comme ce que font les rappeurs français : de vivre dans un espèce de monde parallèle où tu te demande si ils vivent sur la planète Mars pour dire des choses pareilles. On s'inscrit dans la réalité, on est resté dans nos petites chroniques de quartier. Nos textes c'est nous, on sait faire que ça !

En parlant de cette vie parallèle, comment se porte le CFC chourmo football club ?
Pas mal. On a failli être radiés l'an dernier à cause d'une défense un peu hargneuse. On a eu quelques matchs qui ont fini un peu mal. Pourtant on est dans le championnat foot loisirs. On avait décidé d'avoir une tactique un peu à l'italienne et ça ne nous a pas trop réussi. Cette année c'est plus cool  mais les résultats sont en dents de scie ; on n'a pas fait un aussi bon championnat que l'an dernier. Moi j'ai perdu ma place il y a trois ans pour tout te dire. Il n'y a plus aucun membre de Massilia dedans. Etant chanteur de Massilia ça me donnait un peu de crédit pour être sélectionné mais là il n'y a que du jeune de 25 ans avec trois poumons qui te cavalent à deux mille à l'heure ; ils m'ont irradié (rires).

Fallait faire gardien !
Ah non ! Gardien c'est pas possible. Je suis un avant centre, un chasseur de buts (rires). Et un chasseur de buts qui n'en marque plus il perd sa place. Et voila, implacable logique (rires) !

Et vos projets solos, ça roule comment ?
Avec Lux B on a notre groupe, Oaï Star et on a fait un album à l'automne qui sort en juin. Les autres travaillent sur des petites choses qui arriveront elles à l'automne ou quelque chose comme ça. On se remettra au travail tous ensemble à la rentrée 2005. Là on fête les 20 ans et on laisse vivre les projets annexes. On en avait besoin un peu : depuis 6 ans on enchaîne albums et tournées dans un rythme fou. A un moment donné faut se poser. Mais c'est cool car on bosse tous sur les projets des autres et ça ne change pas trop notre quotidien. Le public sera gagnant à la fin.

D'après la rumeur, Lux B serait un guitariste de talent…
Hé oui il nous avait caché ça ! Il joue de la guitare dans Oaï Star. Mais bon, on est tous des vieux de la vieille quand même ! Donc ça a gratté, ça a tout tenté dans les années rock n' roll (rires). D'ailleurs l'album va arriver, c'est une bombe atomique, un véritable OVNI. Moi-même je n'étais pas habitué à entendre des trucs comme ça.

Dans la verve de Quartiers Nord ?
Ouais, un Quartiers Nord du troisième millénaire sous acide mixé à la sauce drum & bass, hip hop, techno. C'est vrai que ça serait un mix entre Quartiers Nord, Massilia et Scotto !

Propos recueillis par Stef Burgatt - Mai 2004