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PRINTEMPS DE BOURGES 2004 pdf print E-mail
Ecrit par Fred Delforge  
lundi, 26 avril 2004
 

Le Printemps de Bourges est un des évènements incontournables de chaque début d'année et c'est tout naturellement que nous nous devions de collaborer avec l'organisation du festival pour non seulement offrir des places à nos internautes mais aussi pour partir quelques jours en couverture sur place … L'actualité étant relativement chargée en ce mois d'avril, nous avions donc choisi de venir sur le week-end de clôture …  

Vendredi 23 avril 2004

Bourges a cela d'agréable que l'on y rencontre toutes les castes musicales et que chaque pas dans les rues de la ville est marqué d'une rencontre avec un ami, qu'il soit musicien, représentant de label, technicien, photographe, organisateur de spectacle ou tout simplement spectateur déjà rencontré dans d'autres manifestations. Difficile donc de traverser la ville incognito mais c'est toujours plaisant de revoir des têtes connues et très instructif d'apprendre le déroulement des journées précédentes et de savoir par exemple que le concert que M donna au Phénix le jeudi fut un moment de légende qu'il est dramatique d'avoir manqué …

C'est justement entre le Phénix et le Palais d'Auron, les deux plus grandes salles, que notre soirée va se dérouler, du moins à son début. Un Phénix bondé qui nous accueille pour le concert de Ba Cissoko, griot guinéen qui, accompagné de ses cousins, nous sert une musique ethnique mâtinée de blues, de jazz, de reggae ou encore d'electro. Pas vraiment tribal, le show s'articule entre une basse, un set de percussions traditionnel et deux gigantesques calebasses avec des cordes qui, portées de façon phallique, font office de guitare, ou plutôt de harpe, et qui distillent des notes tantôt cristallines, tantôt nerveusement imbriquées, mais toujours subtilement dosées et parfois allongées à grands coups de pédale whah whah … Une bonne entrée en matière !

Direction le Palais d'Auron où LTNO va nous servir un show décapant emmené par un Emmanuelle 5 des grands soirs. Si le rock de LTNO se promène entre electro et glam, il n'en reste pas moins un grand moment de musique rock pendant lequel les gimmicks sanguinolents et les streap-teases ont une réelle importance mais où le jeu compte pour beaucoup dans l'ensemble. On se souviendra, entre autres, de la cover hyper-musclée du " Boys " de la poupée siliconée Sabrina pendant lequel un pseudo gorille viendra se livrer à quelques joutes sexuelles sur scène …

Un rapide aller-retour pour aller assister à la fin du set du Jamaïcain Stanley Beckford dont la carrière remonte au début des années 20 et qui, accompagné du Blue Gaze Mento Band, s'est chargé de plonger le Phénix dans des rythmes entre ska et reggae. C'est sur une vibrante reprise du " One Love " de Bob Marley que s'achèvera son spectacle …

Il va falloir maintenant se couper en deux pour essayer de voir un maximum des concerts de Ojos de Brujo et de Melissa Auf Der Maur. Si les Catalans se proposent de nous réjouir au son de leur fusion où flamenco, hip hop, funk et reggae se rencontrent, la belle Canadienne a également des arguments qui plaident en sa faveur avec son rock intelligent et ses intonations très pop. C'est en compagnie de Manu de Tryo que nous contemplerons le début du concert de la rousse égérie qui nous servira son incontournable " Taste You " avant de partir voir la nouvelle coqueluche espagnole que le monde entier s'arrache pour un show qui allie visuel fort et son travaillé avec une subtilité remarquable.

C'est The Rasmus qui clôture la soirée rock du Palais d'Auron et si les Finlandais reçoivent un accueil plus que torride de la part de la gent féminine, c'est autant pour leur physique avenant que pour leur pop rock qui ne manque pas d'intérêt. Emmenés par un Lauri très charismatique (à ne pas confondre avec son homonyme française), The Rasmus aura ce soir tout le loisir d'affirmer sa position prédominante sur le marché actuel et ne se privera pas de le faire à grand renfort de titres efficaces, " In the shadows " en tête …

Il est temps de s'éclipser pour regagner une dernière fois le Phénix où vont se succéder Java et Tryo, deux gros morceaux de l'écurie Yelen. L'ambiance est chaude et c'est au son d'un métissage entre accordéon et phrasé rap qu'Erwan et Fixi nous accueillent. Ponctué des classiques tels que " La Boulangère ", le show du plus parisien des groupes à la gouaille tenace sera marqué par quelques interventions bienvenues telle que celle des intermittents du spectacle ou de quelques guests venus les rejoindre épisodiquement.

Ce soir, Tryo se lâche et improvise et ce n'est pas Laurent, maîtres es-lights qui nous contredira … L'ambiance est à son apogée et le public est plus chaud que jamais. Si les morceaux restent les mêmes que lors des récentes prestations au Cabaret Sauvage, ils sont marqués par de petites moqueries qui égratignent notre gouvernement mais également à l'occasion Kyo ou encore Obispo. Jamais méchant, Tryo sait faire passer son message avec tact et efficacité et produit sur le public un effet proche de la dévotion. On laissera passer quelques " Sortez les ", " Serre Moi " ou encore " Armstrong " avant de prendre congé de Manu, Mali, Gizmo et Daniel pour s'en aller vers des salles où les concerts sont plus inédits …

Direction le 22 Ouest où se produisent à la surprise la plus générale les No One Is Innocent … Si toute la ville est drapée à leurs couleurs, le public a répondu en masse et c'est une salle bouillante qui accueille le groupe pour une cinquantaine de minutes d'un concert en demi-teinte, entamé au son d'un " Helter Skelter " et poursuivi par les classiques que sont " La Peau " ou " Henry Serial Killer " … Un show qui n'a pas tellement évolué depuis une dizaine d'années et qui se contente d'être efficace là où l'on aimerait trouver de la folie et surtout de nouvelles idées. Pas de reproche particulier pourtant à faire à ces chantres de la tolérance et de l'égalité qui nous ont assené leurs couplets toujours aussi bien accueillis sur fond de " La jeunesse emmerde le Front National " et qui nous ont proposé un concert direct et globalement apprécié. On aurait simplement apprécié de l'innovation … A revoir dans quelques temps !

Il était inconcevable de quitter le 22 Ouest sans acclamer Baby Woodrose et sa guitare au son bien gras … Le power trio danois va se lancer ce soir dans un show musclé au son crade et velu que les plus grands noms du stoner-rock n'auraient pas renié mais qui ne parviendra pas à mettre le public en transe. Dommage car c'était là l'occasion de redécouvrir les plus belles racines du rock d'une façon aussi originale qu'efficace … Reste que les aficionados de cette grande figure du rock en auront eu pour leur argent et que personne ne regrettera le déplacement tant son jeu est vif, énergique et rondement mené !        

On aurait bien aimé rester encore un peu pour assister au show hargneux des Canadiens de Danko Jones mais la journée a déjà été longue et il reste encore un gros paquet de route à faire avant de rejoindre notre chambre située en pleine campagne, au milieu des vaches et des coucous … Ce n'est que partie remise !

Samedi 24 avril 2004

La journée s'annonce bien puisque deux grosses affiches sont proposées dans les deux salles principales et que outre la programmation de qualité, le soleil est de la partie … Les choses commencent toutefois à se gâter quand nous sommes refoulés aux portes du Palais d'Auron au moment de partir assister aux balances du jour … Un détour par l'espace pro où le staff fait son possible avant de finir par nous confirmer que l'accès à la salle ne sera pas possible en raison de problèmes de jauge déjà dépassée … Seuls les photographes auront la chance de pouvoir aller assister aux trois premiers titres de chaque concert sous haute escorte. Résumer la soirée s'annonce donc délicat et si l'on se fie aux informations données par notre artisan de l'image, l'ambiance était chaude pour les concerts de Franz Ferdinand, Yeah Yeah Yeahs et The Vines qui ont tous trois délivré une musique de qualité … Vous en dire plus serait mentir, nous regretterons juste de ne pas avoir répondu à l'invitation de The Vines qui nous proposaient la veille de recevoir un des nôtres à l'Elysée Montmartre …

Nous nous contenterons donc aujourd'hui de couvrir les concerts du Phénix, à commencer par celui de Cali. Gigantesque showman, le guitariste gaucher ne manquera pas de séduire une salle archi-comble en lui proposant ses titres les plus connus et en plaçant quelques facéties telles que les refrains de " No Woman No Cry " ou de " Ruby Tuesday " sur la fin de " Tes désirs font désordre " … Entre chansons d'amour tristes et chansons accrocheuses, Cali nous aura offert une cinquantaine de minutes de très grande qualité avant de finir par sa question favorite : " C'est quand le bonheur ? ". C'est ce soir pour nous …
 
Après avoir contemplé la banderole des intermittents du spectacle sur laquelle on lisait le nom de grandes manifestations culturelles et le slogan " Le Medef programme la canicule sur les festivals ", il est temps d'accueillir Sanseverino et ses chansons réalistes sur fond de swing manouche, de jazz ou de tango. Dans un décor intimiste qui rappelle les oasis, Sanseverino nous présente ses " Sénégalaises ", et nous réjouit de sa musique communicative où nous croiserons ses amis " Jean-Luc " ou " André " et où les guitares qui frôlent parfois le flamenco s'en iront flirter avec le piano ou la contrebasse … Fin humoriste, le gadjo d'origine italienne nous fera rire entre les titres et swinguer pendant qu'il joue. Fabuleux !

Place à Bashung dans sa version crooner qui investit la scène avec de faux airs de Johnny Hallyday et qui se plante derrière son micro pour un premier titre avant de lancer un bref salut qui sera le seul signe amical adressé au public durant toute sa prestation. Un Bashung que d'aucuns qualifieraient de hautain qui nous proposera un long concert souvent sifflé et rarement compris malgré la débauche de cordes utilisée et les splendides projections envoyées sur l'écran transversal. On reconnaîtra bien les célèbres " La nuit je mens ", " Ma petite entreprise ", " Osez Joséphine " ou " Vertige de l'amour " mais globalement le public ne parviendra pas à rallier la cause d'un Bashung à la ramasse qui grignotera qui plus est un gros bout de l'horaire pour nous proposer un show longuet de près de cent minutes alors que le public scandait de vibrants " Bénabar " en attendant la suite …

De suite il était question lorsqu'un Bénabar bondissant s'octroya la scène pour nous offrir un époustouflant spectacle (sic) basé sur un sens aigu de la théâtralité et axé sur des mélodies parfaites pour le plus grand bonheur d'un Phénix plein comme un œuf et conquis d'avance. Débutant sur un énorme " La Paresseuse ", Bénabar va s'efforcer de conduire son show en alternant facéties et chansons et en nous jouant tour à tour l'amoureux éconduit, le père indigné ou l'adepte de Raël. De son concert magistral, il ressortira l'art de mener une formation pointue tout en s'amusant mais également celui de titiller un public en quasi-permanence pour mieux le séduire et ensuite le croquer. Personne n'oubliera ce vibrant rappel ou Bénabar s'efforcera d'engranger les gags et les jeux de mots sur un colossal " Ce n'est pas une chanson d'amour, c'est une parodie " où rien ne nous sera épargné, que ce soient les plans empruntés au " Je te donne " de Goldman ou les railleries continuelles adressées à un public qualifié gentiment de provincial …

C'est ainsi que s'achève pour nous le Printemps de Bourges, un printemps qui aura été partagé entre la joie de découvrir de nouveaux talents et de retrouver les amis de longue date et la déception de ne pouvoir assurer notre mission de façon tout à fait convenable. Un festival qui n'est pas évident à gérer de par sa configuration où les grosses structures et les salles intimistes cohabitent et où plus de quatre cent professionnels sont accrédités … On ne pourra que remercier l'équipe chargée de nous accueillir à commencer par Opus 64 avec Nico, Gabriela, Arnaud et Valérie mais aussi Lily notre correspondante pour l'événement et encore nos amis secouristes rencontrés dans les salles et la grande majorité des agents de sécurité qui ont allié dans l'ensemble efficacité et bonne humeur. Si certains auront eu une vision trop tatillonne des entrées et des sorties ou des accès réservés, ils n'auront jamais réussi à entacher cette grand messe printanière qui, d'un commun accord, aura encore été cette année une réussite !

Fred Delforge - avril 2004