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MANU LANVIN pdf print E-mail
Ecrit par Fred Delforge  
samedi, 13 mars 2004
 

http://www.manulanvin.com/

C'est toujours avec plaisir que l'on retrouve Manu Lanvin, tout simplement parce que le personnage est attachant et simple, parce qu'il affiche un professionnalisme époustouflant et une humilité non feinte … Apanage des grands musiciens, Manu joue et donne sans compter, que la salle soit immense ou ridiculement petite. C'est dans le troquet du coin, où le patron commençait à faire comprendre à ses clients qu'il était temps qu'ils partent, que nous avons causé un moment en attendant le début d'une soirée qui s'annonçait pourtant sous les meilleurs auspices …
 
Bonjour Manu, pourrais tu faire un rapide retour sur ta carrière musicale ?
Carrière est un bien grand mot … On va essayer d'être originaux. Premier groupe vers douze ou treize ans, un groupe d'ado comme tous les groupes qui commencent et qui sont passionnés par la musique. Après, il y a eu un groupe en Bretagne, j'avais monté une formation un peu plus sérieuse qui s'appelait 3D et avec laquelle on avait fait quelques concerts sans envisager d'ailleurs la production musicale. Le but était de jouer le week-end, de faire des covers et quelques titres, des nouvelles compositions. Ensuite, je suis revenu à Paris. J'ai travaillé un peu avec Bernie Bonvoisin, j'ai collaboré à une de ses tournées promo qui s'appelait " Etreinte dangereuse " et ça nous a permis de mieux nous connaître et nous avons ensuite travaillé ensemble sur des musiques de films. A côté de ça, j'avais toujours mes formations en trio … Il me faut de petites formations pour que les dimensions soient très humaines. Trois personnes sur une scène, je trouve que c'est très sobre comme formule. Il y a une sorte de mise à nu qui est faite et c'est ce qui m'intéresse … J'ai essayé de travailler ça depuis longtemps, déjà avec mes précédentes formations. Ensuite, il y a eu un premier album chez Warner, tardivement mais c'est parce qu'il faut du temps avant de pouvoir signer dans une maison de disques et de se lancer dans la production d'un premier album … Un premier album donc, et aujourd'hui le second, avec encore à peu près la même équipe et surtout avec David Jacob qui est très présent et avec qui nous avons pris en main la réalisation. La grande différence avec le premier, c'est que celui là est autoproduit en quelque sorte, on l'a fait chez nos potes qui ont des studios, qui sont de véritables passionnés et qui avaient envie de bosser avec moi, avec Phil Prestage, un Anglais qui a réalisé le dernier album de De Palmas et ceux d'autres gens comme Gary Moore. Il est installé en France et fait du grand travail. C'était une très belle rencontre ! En indépendant aujourd'hui, on peut faire de superbes choses et de très belles rencontres puisqu'il y a plein de gens qui sont passionnés, des gens comme Steve Lai, comme David Jacob, comme plein de gens qui sont venus collaborer à cet album, Jean-Jacques Franchin à l'accordéon qui m'a été présenté par Galliano, Camille Baz Baz qui est un ami et un artiste à part entière et qui est venu faire des claviers sur l'album, Diabolo à l'harmonica … Ce sont des gens qui jouent avec d'autres artistes de manière plus confortable qu'avec moi mais ils ont accepté de venir parce qu'il y avait un coup de cœur, la magie d'une rencontre qui a fait qu'ils ont eu envie de participer et de se coller à ce deuxième album … Cet album voit le jour dans un mois et sera distribué chez Warner, la maison de disques que j'avais quittée. C'est un peu une histoire d'amour et d'ennemis qui fait que nous restons responsables de tout ce qui va se passer puisque nous sommes les producteurs de cet album !

Il y a eu des rencontres importantes dans ta vie avec des gens qui t'ont fait aimer le blues ! Je pense à Bernie Bonvoisin mais surtout à Paul Personne …         
Pour moi, c'est toujours une adoration, un vrai respect envers des gens plus âgés qui ont une expérience. J'ai appris mon métier à leur contact, je suis autodidacte, je ne suis pas allé dans des écoles de musique, non pas parce que je n'ai pas voulu ni parce que mes parents n'y ont pas songé mais parce que j'ai choisi un parcours particulier qui m'a conduit à apprendre en écoutant les autres, les guitar heroes beaucoup … Je suis fan des années 70 et à cette époque il y a eu beaucoup de bons guitaristes. J'ai eu la chance de rencontrer Paul Personne qui connaissait bien cette culture et qui la transmettait à sa manière dans l'hexagone … Il a intégré cette musique et il est aujourd'hui un des éléments importants de cette culture qu'est le blues ! Bernie aussi à sa façon puisque ses références sont très précises sur le sujet, sur la musique anglo-saxonne et en général sur tout le rock'n'roll … J'ai énormément appris en les regardant.

Il y a un contraste important entre ce que tu fais sur scène et ton premier album qui sonnait quand même un peu plat …
Ouais, c'est vrai … Mea culpa ! En fait, le premier album est né d'une pré-production que j'ai travaillé tout seul à une époque où il n'y avait plus personne autour de moi. C'était peut-être volontaire, j'ai eu l'envie de m'enfermer dans une cave à travailler avec des machines puisque les machines font partie de ma culture même si j'évolue dans une culture qui n'est pas naturellement la mienne … Moi je suis de la génération des ordinateurs, des sampleurs et de la musique assistée par ordinateur, avec lesquels je travaille d'ailleurs encore aujourd'hui. Donc il est certain que cet album manque de vie mais je suis d'une culture qui n'est pas celle de ma génération et il est vrai qu'en ayant tourné très tôt dans les cafés-concerts, en ayant appris à jouer la musique avec mes mains, j'y ai laissé des plumes. Mais je ne le regrette absolument pas parce que c'était une expérience enrichissante. Un album, c'est une histoire. Le premier en raconte une, le suivant une autre … Sur le nouveau, il y a eu un véritable souci de se rapprocher de ce à quoi ressemble notre trio sur scène. Et ce n'est pas encore fini parce que mon chemin aujourd'hui consiste à se rapprocher encore plus de cette vérité là. A la base, je fais de la musique pour les gens et pour moi la musique est un art qui se pratique sur scène, l'album n'est qu'une étape … Il faut se rapprocher de ça !

Sur " Venir au Monde ", il y avait une reprise de Christophe … Peux tu nous expliquer pourquoi ?
C'est tout simple, Christophe est un des rares Français que j'aie écouté étant môme. J'écoutais beaucoup de musique anglo-saxonne … C'est quelqu'un qui m'émeut énormément quand il chante. Ca choque beaucoup de personnes mais je le compare à un soulman à la française … Les gens aujourd'hui se masturbent en l'écoutant et ça me fait d'ailleurs beaucoup rire parce qu'on l'a redécouvert en criant au génie alors qu'il était dans ma tête depuis très longtemps et de façon très précise. C'est quelqu'un d'extrêmement doué qui a une particularité dans la voix et qui a un don pour être devancier … " Le Beau Bizarre " est un album qui, à l'époque, était avant-gardiste dans la structure des chansons … Le morceau " Le Beau Bizarre " qui n'a aucune logique, aucune structure académique dirons-nous, exprime vraiment ça ! Christophe est un homme qui n'est absolument pas académique, il est très cultivé musicalement et aujourd'hui, quand on voit le live qu'il a fait, les gens découvrent ce que moi j'ai toujours su de lui. C'est quelqu'un qui peut chanter avec deux ou trois mots mais qui vit tellement ces mots qu'il en arrive à toucher les gens … Pour moi, c'est l'équivalent d'un Otis Redding mais sans la voix cassée, avec une voix pure qui miaule un peu …

Le titre de ton premier album, " Venir au Monde ", était il une occasion ou même une volonté de te faire un prénom ?
Je n'ai jamais fait les choses en rébellion par rapport à mes parents … Je n'écris pas ma musique de manière contestataire ni pour m'émanciper de quelque chose. Je me suis émancipé déjà très tôt, en allant vers des femmes autres que ma mère, donc de façon très traditionnelle … Je ne vis pas les choses comme d'autres peuvent les vivre. J'ai des parents qui m'ont aimé et qui m'ont élevé, c'est la seule chose que je vois d'eux. Donc ce premier album n'a pas été fait pour me démarquer d'eux mais plutôt pour démarrer mon aventure personnelle …

Une réelle naissance donc …
D'où " Venir au Monde " !

Quelle est l'équipe sur le nouvel album ?   
David Jacob et Phil Prestage avec qui j'ai co-réalisé cet album, Franck Ridacker avec qui on a fait pas mal de scène et qui est venu faire les batteries, Raphaël, le batteur avec qui nous jouons ce soir et qui a joué sur le single … Et puis tous les invités dont on a parlé tout à l'heure bien entendu mais qui ne sont que des invités puisque nous restons sur une base de trio, le noyau dur de cet album …

C'est la deuxième fois que tu joues aux Mureaux pour Les Nez Rouges, une association qui cherche des fonds pour lutter contre les maladies orphelines, en huit mois … C'est quelque chose qui te tiens à cœur ?  
Quand on commence une aventure, il faut aller jusqu'au bout ! C'est ce que j'ai dit à Paulo. (NDLR : Paulo Silva, instigateur de la soirée) Tant que ça n'aura pas éclaté comme il se doit, tant que l'association et tous les intervenants qui y travaillent depuis longtemps ne seront pas satisfaits des retours, nous serons là. Il y a des gens qui se battent pour essayer de faire bouger les choses, moi si je peux les aider en jouant, je le fais avec grand plaisir. S'il faut en remettre une couche l'année prochaine, on le fera et ce jusqu'à temps que cette manifestation fonctionne comme elle doit fonctionner …

Merci Manu !

Propos recueillis pas Fred Delforge - mars 2004