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HOMEBOYS pdf print E-mail
Ecrit par Fred Delforge  
lundi, 08 mars 2004
 

Les HomeBoys sont des gens véritables, sincères, et il n'est pas difficile de les faire causer pour peu que l'on arrive à détendre l'atmosphère d'entrée de jeu. A partir de ce moment, mieux vaut avoir des réserves de bande parce qu'ils sont bavards les bougres ! Entre une canette partagée à trois et un plat qui attendait d'être servi, nous avons pris le temps de nous étendre sur la scène punk-rock actuelle. Sympathiques et affables, Sylvain et Cyril m'ont accueilli pendant qu'au loin les Parabellum foutaient un bordel mémorable, pourrissant mon enregistrement de quelques-uns de leurs morceaux, certes légendaires, mais ô combien perturbants pour la transcription …
 
Bonjour les HomeBoys, Chris n'est plus vraiment un petit nouveau maintenant. Avec le recul, que pensez-vous qu'il vous ait apporté ?
Sylvain : Et bien en fait, même avec le recul, c'est difficile à exprimer …
Cyril : Au niveau musical, il nous a apportés pas mal de choses sur le plan mélodique que nous n'avions pas forcément et que nous cherchions sans doute à faire inconsciemment sur le deuxième album. Quelque part, il est tombé à point nommé et c'était plutôt bien en fait. Il nous a apporté ce côté un peu plus pop que nous n'avions pas au départ puisque nous étions beaucoup plus punk hardcore à nos débuts. En fait, il a adouci les mœurs !
Sylvain : En fait c'est difficile, tu quittes Nico, une personne qui était très punk, on va dire très rock et c'est difficile de porter un jugement. On ne peut pas dire que c'est mieux ou moins bien, c'est juste différent et beaucoup plus pop. C'est ce que nous voulions, du moins pour ce disque là ! On verra ensuite ce qui se passera pour le suivant.
Cyril : Et puis humainement ce sont deux personnes différentes donc ce sont deux façons de voir les choses, il a fallu que l'on s'adapte à quelqu'un et finalement, c'est une remise en question qui a été positive.   

 

Votre premier album avait un son brut de décoffrage alors que " Breaking Away " est plus formaté, plus produit … C'est une volonté délibérée où c'est juste une évolution naturelle qui découle d'un budget moins serré et d'une technique qui s'améliore avec la pratique ?
Sylvain : Je crois que tu as à peu près tout résumé en fait … On voulait prendre tout à fait le contre-pied de ce que nous avions fait sur le premier album. Le côté brut de décoffrage n'avait pas forcément été choisi puisque ça s'était fait avec peu de moyens et peu de temps et en même temps, nous voulions faire ce disque là, ça correspond tout à fait à notre souhait, on voulait ce son pour notre premier album. Pour le deuxième, nous avions plus de moyens, plus de temps et surtout une volonté de lécher plus le travail, de faire quelque chose de plus approfondi, de plus produit.
Cyril : Quand on parle de plus de budget, ça reste quand même de l'autoproduit, on n'a pas eu de contrat avec une maison de disques, on l'a fait nous même mais en y mettant le paquet. Le problème, c'est que tout passe par la thune et qu'au bout d'un moment, il t'en faut plus pour enregistrer plus longtemps. Donc on a mis plus de moyens et on s'est donné plus de temps pour le faire. Le premier album avait été fait d'en l'urgence, on avait les morceaux mais on ne les avait pas assez travaillés. Pour le deuxième, on a considéré que c'était un album charnière qui était attendu, même si nous ne sommes pas des superstars …
Sylvain : On avait eu de bonnes réponses sur le premier album et ça nous a mis inconsciemment un peu la pression. C'est ce qui nous a fait avancer, ça nous a permis de pousser dans la direction qui nous plaisait le plus …  

 

Si on vous dit que " Breaking Away " sonne très californien, vous prenez ça pour un compliment ou pour une critique ?
Sylvain : Ca dépend de ta manière de l'entendre ! Si pour toi le son californien est quelque chose de lisse, formaté et sans âme, on risque de le prendre mal. Maintenant, il y a plein de productions californiennes qui nous plaisent vraiment beaucoup. D'ailleurs, nos copains des Uncommonmenfrommars vont spécialement là bas pour rechercher ce son. Ils sonnent comme ça à la base et ils vont y chercher un son qui marche du feu de dieu. Nous, on ne voulait pas sonner comme ça, on voulait sonner … Je ne sais pas s'il y a un son français mais il y a de plus en plus de bons groupes chez nous et on avait envie d'avancer dans cette idée là en faisant un bon son très produit dont nous n'aurions pas à rougir face aux productions étrangères. Mais ça reste français et c'est fait par celui que nous considérons comme le meilleur producteur français. (NDLR : Fred Norguet) Donc non, ça ne sonne pas californien, ça sonne français et c'est tout !
Cyril : Il ne faut pas se voiler la face, le punk-rock est une musique anglo-saxonne et nous avons aussi beaucoup écouté de musique californienne. Il ne faut pas faire un parallèle entre produire un album, en mettre un maximum avec des chœurs et des grattes constructives et sonner californien. Si c'est ça, je le prends comme un compliment ! Le seul truc, c'est que ce n'est pas parce que tu produis un bon album et que tu fais de ton mieux que c'est californien. Les Ricains ont une prod et des moyens qui font qu'ils ont de bons albums … Nous on a essayé de faire de notre mieux.
Sylvain : Certains vont te reprocher de faire comme les groupes américains au lieu de se dire tout simplement que c'est bien, que ce chœur est bien placé par exemple. On n'a pas essayé de faire comme les autres, on a juste suivi notre intuition et notre envie du moment, il faut arrêter les querelles de chapelles. La question est de savoir si c'est bien et à mon avis la réponse est oui !
Cyril : Il y a des schémas dans le punk-rock et il faut bien les suivre. On est tous passés par les Cadavres ou les Shérifs, on a aussi tous entendu du californien et ça se ressent forcément ! Est-ce que l'on reproche à la musique classique de sonner hongrois ou autrichien ? Et puis est ce que le classique n'a pas copié sur les petits oiseaux qui chantent ?…  

La France entière pense que quand on vient de Seine St Denis on fait du rap … Vous êtes les vilains petits canards du Blanc Mesnil ?
Sylvain : C'est tout à fait ça ! On est un groupe un peu à part dans notre ville … On a voulu encore une fois faire un contre-pied, on ne fait pas de football mais on aurait du ! On a quand même réussi à avoir du public dans notre ville, nul n'est prophète en son pays mais on y arrive quand même un peu. Il y a moins de monde que quand on joue à Montbéliard, à Rennes ou à Mont de Marsan mais maintenant il y a quand même des petits punks à Blanc Mesnil qui n'ont pas honte de porter un T-shirt qui n'a rien à voir avec le rap.  

 

Comment se passent les relations avec les autres groupes de la mouvance Emo Glam Connection ?
En chœur : ce sont tous des enfoirés, dès qu'on se voit, on se fout sur la gueule et c'est assez tendu à chaque concert. Ca se termine toujours en pugilat ! Parmi nos pires ennemis, il y a les Unco, Dead Pop Club …
Cyril : Plus sérieusement, on nous a reproché que l'Emo Glam ne soit qu'une affaire de potes, et bien oui ! Si tu veux commencer à taper gros, il faut se regrouper et essayer de faire monter le truc. Il y a plein de gens qui sont venus se greffer après et pourquoi pas encore d'autres groupes ? On est ouverts à tout !
Sylvain : Il y a des gens qui pensent que c'est juste pour vendre des T-shirts … On en vend quatre par concert alors tu vois … Je pense que l'union fait la force et nous on s'est surtout dit qu'on faisait bien la fête ensemble donc on est entré à fond dedans.
Cyril : L'Emo Glam, ce n'est pas un circuit fermé, ce n'est pas ces collectifs du type Nowhere … On est ouverts à tout, c'est vachement abstrait comme projet ! C'est pour faire la fête et point barre.  

 

Pensez-vous que la multiplicité de la scène punk-rock mélodique fasse sa richesse et que ce soit un avantage pour ce style de musique ?
Cyril : Oui justement, ça se rapproche de l'Emo Glam où il n'y a pas une uniformité des groupes. Il n'y a pas cinquante groupes " à la californienne " ou trois groupes qui font de la pop et trois autres qui font de l'emo. C'est beaucoup plus éclectique. Dead Pop Club et nous, ce n'est pas pareil ! Et les Unco aussi sont différents. C'est ça qui est bien parce que ce serait chiant de se taper huit heures de concert avec juste du punk-rock à fond les gamelles.
Sylvain : Il y plein de bons groupes qui arrivent actuellement, je pense entre autres à Dirty Fonzy ou encore Air Sheep Charly qui m'ont mis de grosses claques dernièrement. Ca me plairait que ces groupes viennent avec nous faire la fête et faire des concerts. Je pense qu'un jour ça arrivera parce qu'ils se bougent beaucoup. Ils sont sur la route, nous aussi et on finira bien par se croiser. L'idée, c'est que nous ne sommes pas beaucoup à faire du rock donc si on arrivait à s'entendre tous, ce serait vraiment génial ! 

Que vous inspire le retour des dinosaures sur le devant de la scène ? Je pense aux Parabellum qui sont à l'affiche avec vous ce soir mais aussi à Gogol, à La Souris, aux Porte-Mentaux, à Oberkampf, aux Bérus, aux Wampas … Ca vous rassure ou ça vous indigne de voir des punks de plus de 40 ans monter sur une scène ?   
Sylvain : C'est un scandale ! Mais laissez nous la place merde … Non, je plaisante, c'est sympa de voir ça parce qu'il y a vraiment une attente de ça. Ce soir on joue avec Parabellum et il y a des gamins qui viennent nous voir et qui vont les découvrir. Parabellum joue depuis vingt ans et ces mecs n'ont même pas cet âge … Et puis à notre niveau, c'est vraiment bien de jouer avec ces groupes là ! On a beaucoup écouté cette scène et on ne se sent pas du tout mal à l'aise quand on joue avec eux …
Cyril : C'est aussi une fierté, enfin une fierté … Il y a de la place sur la scène et nous ne somme pas des milliards donc étant donné que ces groupes ont défriché le terrain, si on peut leur rendre hommage, enfin c'est pas un hommage en fait puisqu'on fait connaissance avec eux en somme, mais si on peut passer une bonne soirée avec eux, et bien tant mieux !
Sylvain : Je n'ai aucun ressentiment envers eux et s'il y a des gens qui peuvent les redécouvrir, c'est tant mieux. Je ne suis pas du genre à dire : " ouais, c'est la énième reformation juste pour vendre une compil … ". En fait ce sont des mecs cool, ils continuent et c'est tant mieux. Il y a quelques temps, je suis allé voit Pleymo à l'Elysée Montmartre et je me suis un peu ennuyé au bout d'un moment donc je suis parti et je suis allé à côté, au MCM Café, où il y avait un concert gratuit d'Oberkampf. La je me suis dit que ce sont peut-être des papys mais putain, c'est du rock et c'est bon ! A côté, il y avait 1000 kids qui sautaient dans tous les sens mais là, il se passait un truc du côté du rock'n'roll … 

Les Burning Heads font partie de vos références … Que pensez-vous de leur projet electro-punk avec Alif Sound System ?
Sylvain : Moi je trouve ça super ! En fait, quand les Burning Heads font quelque chose, ils le font jusqu'au bout … Ils se font plaisir et ils nous font plaisir à nous. Quand ils sont partis dans le projet reggae, on s'est dit que les Burning Heads étaient le meilleur groupe de reggae en France … Quand tu écoutes ce disque, il y a tout dedans, même les Clash, et les gens les suivent parce qu'il y a la qualité. J'ai hâte d'écouter le projet electro, peut-être que toi tu as déjà eu la chance de l'écouter de part ta position de journaliste, mais nous on n'a pas encore pu écouter ça et on est vraiment impatients … On sait qu'ils n'ont pas fait ça à moitié et qu'ils l'ont fait par passion. Comme c'est un groupe vraiment intègre, à chaque fois je ne suis pas déçu. Ca permet à des gens qui sont à fond dans le punk-rock de s'ouvrir à d'autres choses. Je sais que Pierre ou Thomas font de la techno et moi je m'éclate dans les teufs techno donc quand je les entends mixer, je me dis que c'est rigolo que l'on fasse à peu près la même musique … Les Burning sont une vraie référence en punk et à côté de ça, quand ils font autre chose, c'est vraiment un truc de qualité !
 
Quand on joue dans un groupe comme les HomeBoys, comment envisage t'on l'avenir ?
Cyril : En fait pour ne rien te cacher, il n'y a pas de plan de carrière … Nous ne sommes pas professionnels puisque nous n'en vivons pas. Nous faisons ça par pure passion et nous essayons d'avoir un max de temps pour faire un max de concerts et essayer de faire des albums. A partir de là, l'ambition serait d'en faire un troisième mais sans se dire qu'il faudrait en vendre tant …
Sylvain : L'intérêt, c'est que rien n'est prémédité ! Tout est spontané et c'est pour ça qu'il y a des gens qui aiment … Si on commence à se demander ce qui va plaire aux gens, on va perdre notre âme et ça ne sera pas bien.
Cyril : Au départ, c'était une passion. On voulait faire de la musique et on ne savait pas comment la faire donc on a mis du temps à y arriver. On s'est créé une façon de faire, à notre rythme …
Sylvain : C'est un peu ça, on l'a fait à la marseillaise, on a mis deux ans à sortir le deuxième album. Pour certains c'est long mais nous c'est normal vu le temps que l'on passe puisque nous bossons tous à côté … On n'en vit pas comme d'autres peuvent en vivre. Ca ne me dérange pas de prendre mon temps pour faire les choses à ma manière et pas parce qu'il y a une maison de disques derrière qui m'impose des trucs … En fait, on ne calcule pas !    
 
Pensez-vous qu'il soit imaginable aujourd'hui pour un groupe de devenir un mythe comme l'ont fait les Pistols, les Clash ou les Ramones ou encore pour les Français Trust ou Téléphone ?
Cyril : Tu parles de nous ?

Non, j'ai dis " un groupe " …
Sylvain : Je vais reprendre une phrase de Joe Strummer qui avait dit : " Plus jamais les Stones ou les Beatles " … On n'en a rien à faire dans le punk-rock d'avoir une icône comme ça ! Ca pourrait être intéressant financièrement mais bon … Nous n'avons pas une musique qui se prête à ça et puis en fait les Clash sont devenus quelque chose dans ce genre là mais sans se trahir. Tout le monde n'est pas capable de gérer ça. Est ce une musique à stars ? Moi je ne crois pas …
Cyril : Ca l'est devenu quand même parce que quelque part le marketing est venu derrière et qu'un mythe s'est créé par rapport à certains groupes … C'est parfois galvaudé, parfois vrai, mais même s'il y a du marketing derrière, il y a des groupes qui jouent vraiment et qui le méritent. Après, la couche superficielle vient s'ajouter au-dessus mais savoir si c'est bien ou pas bien, je ne suis pas capable de le dire. Quand nous étions ados, nous avons eu des " idoles ", enfin sans être péjoratif … Il y a des groupes qui nous ont fait rêver, qui nous ont donné envie de faire ça. Quelque part pour moi, ce sont des stars !
Sylvain : Quelque part, ça ferait plaisir qu'un groupe arrive à décoller … Un groupe américain peut-être parce que je suis anti-Bush mais pas anti-américain mais aussi pourquoi pas un groupe français. De temps en temps on débarque dans des petites salles et il y a des gamins qui sont à bloc. Ils ont des T-shirts de groupes américains et ils sont au taquet sur HomeBoys donc je me dis que c'est cool …
Cyril : Des gens comme Bad Religion sont quand même une référence parce qu'ils ont su créer un mouvement assez important … En France, il y a les Burning qui ont su faire pareil, toute proportion gardée … Ce sont des gens qui ont défriché beaucoup de choses. Si tu regardes quinze ans en arrière, un groupe de punk-rock dans une MJC, ça faisait rigoler tout le monde … Maintenant, ce n'est plus le cas. Tu aimes ou pas mais c'est une musique qui est maintenant plus prise au sérieux, ce n'est plus considéré comme du bruit avec des mecs qui picolent et qui finissent en se cassant la gueule … Les Burning pourraient être ce genre de personnes !
Sylvain : Quand tu vois le travail qu'ils ont effectué, ce serait bien qu'ils aient un plus grand retour de la part d'un public encore plus large. Quand tu penses au boulot abattu, pour des mecs comme nous notamment … Quand tu vois un groupe comme NoFx aux Etats Unis qui a fait le même genre de travail, qui a joué dans les pires endroits, fait les pires tournées, maintenant, ils ont un statut confortable … Les Burning Heads ont fait la même chose en France et ils méritent à ce titre la même considération de la part du public.

Merci les gars !
En chœur : Merci à toi …

 

Propos recueillis par Fred Delforge - mars 2004