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QUARTIERS NORD pdf print E-mail
Ecrit par Stephane Burgatt  
lundi, 28 avril 2003
 

http://www.quartiersnord.com

INTERVIEW EXCLUSIve POUR ZICAZIC.COM

C'est sur une petite terrasse de café engorgée de soleil, tout juste en face des studios de l'hypérion, où a été enregistré leur dernier " bébé " (L'internationale Massaliote), que Robert Rossi a partagé quelques instants à parler musique, Quartiers Nord et bien sur…MARSEILLE. Ce nom ne vous dira peut être rien mais cet homme n'est autre que le chanteur du plus vieux groupe de rock marseillais encore en activité : Quartiers Nord.

Raconte nous le revers de la médaille, après la création de votre opérette à succès : " Odyssée de l'Estaque".

Le problème c'est qu'une fois qu'on l'a créé ça a eu un engouement tel qu'on a été catalogué compagnie de théâtre. Et les conditions de l'opérette, autant rock soit elle, ce sont celles du théâtre. C'est pas comme pour un concert, là il te faut les places assises. Donc on s'est retrouvé dans un circuit théâtre et non plus musique.

Vous avez pourtant un lourd passé musical, plus de 20 ans de guitares ; c'est assez étrange de vous voir aussi vite catalogués ailleurs…

Justement c'est ce qui nous a gênés. On était nommés la " compagnie " Quartiers Nord. Et ce en l'espace d'un seul spectacle. On a voulu redresser la barre, dire qu'on est avant tout un groupe de musique. C'est pour ça qu'on a fait cet album, " l'internationale Massaliote ". On en a profité pour y inclure un nouveau répertoire. Comme tu l'a dit, on l'a conçu à la manière d'un spectacle au départ ; de plus on a fait appel aux conseils d'un metteur en scène pour que l'on puisse bien placer nos musiciens (on est 9) etc. On ne voulait pas non plus revenir sur scène avec seulement les sempiternels morceaux antiques (rires)! On en joue aussi, on n'a rien contre. Mais on ne veut pas pour autant abandonner les opérettes ; on veut tout faire. Donc cet album nous a été TRES utile pour revenir sur une scène strictement musicale. Et maintenant nous pouvons faire librement les 2 !

Penses tu revenir à un style purement rock n' roll ou tu as envie d'évoluer ?

Le rock c'est notre façon d'être, c'est ce qui nous a amené à la musique. Mais il ne faut pas rester dans les archaïsmes. Tu remarqueras aussi que l'on n'est pas non plus dans la mouvance. Déjà on n'a pas 20 ans, on en a plutôt 45. Et on réalise en fait ce que l'on a pas pu faire quand on était jeunes : cette idée d'opérette on l'avait déjà dans la tête de puis bien longtemps. Mais à l'époque ce n'était pas concevable. Tu vois on a jamais été tendance ; même à l'époque (rires) !

Mais à l'époque le rock en France était à son apogée avec des groupes comme Trust pourtant !

Oui, mais tu écouteras bien, à l'époque on était dans notre esprit Zappa et il y avait loin d'y avoir QUE du hard rock. Et puis Trust chantait en français alors que nous c'était en marseillais (rires). Je tiens aussi à rappeler que leur paroles, bien que rudes, étaient tendance pour l'époque : un discours qui paraissait révolté, rock n'roll mais qui n'allait pas jusqu'au bout, jusqu'à pointer du doigt nominement…Mais ceci dit on les écoutait quand même, attention !
Chez nous tu avait une face hard rock / blues et une autre face totalement déjantée.
On a d'ailleurs eu 2 grosses périodes d'arrêt. Car tu ne peux pas être totalement en dehors du circuit sans en subir les conséquences. Par exemple, de nos jour, c'est ragga, reggae. On pourrait très bien le faire, d'autant plus qu'on a des musiciens qui ont tourné avec Jo Corbeau pendant des années. Mais ce n'est pas ce qui nous fait envie. Et quand tu as des festivals de ce genre de musique, on n'est naturellement pas invités. Si tu n'appartiens pas à une chapelle, c'est pas toujours évident.
A l'époque c'était pareil. La mode était très hard rock (on est passés plusieurs fois dans des festivals avec Trust) mais les organisateurs et les musiciens ne nous considéraient pas vraiment des leurs car on était très rock délire et ça partait rapidement…en couille !
On a toujours été éclectiques et ça se ressent dans notre musique. Dans les années 70 on allait très bien voir un jour Pink Floyd, le lendemain Led Zeppelin, le surlendemain…enfin je te dis le surlendemain mais c'était beaucoup plus espacé que ça…donc ensuite voir des groupes comme " Au bonheur des dames " ou " Odeur " qui étaient des groupes complètement dingues.
Donc pour nous c'était tout ça le rock. Mais à part nous, personne ne mélangeait rien.

Et votre public actuel. Est-il toujours constitué des mêmes têtes ou alors avez vous touché à d'autres franges de la population rock ?

On a toujours une partie de notre publique " antique " (rires) et leurs gosses. Et ouais t'as les mecs qui me demandent quand est-ce que l'on va faire un nouvel album car ils en ont marre d'entendre les mêmes chansons faciles comme " putain qu'il fait beau " en boucle.
On a aussi, et là je parle pour " l'Odyssée de l'Estaque ", un public très âgé, comme on fait référence aux années 30, qui sont nostalgiques d'une certaine époque, d'un certain parler qui a peut être un peu disparu. On est allé chercher les expressions chez nos grands-mères. Parce qu'à l'époque il n'y avait pas tout ce phénomène Massilia Sound System. Moi j'ai été trompé à double titre : à l'époque les gens qui faisaient leurs études à Aix masquaient leurs accents car ça ne faisait pas sérieux. Le parler Marseillais c'était vraiment ringard ! Et puis Marseille n'était pas populaire comme maintenant. Alors quant aux gars des maisons de disques, ça n'évoquait rien pour eux. Mais quand on a fait notre premier concert, qu'on était alors inconnus, on a vus ces salles pleines à craquer ! Ca voulait bien dire que ça correspondait à une attente. On voyait tous ces chevelus / barbus qui aimaient ce mélange entre la musique qu'ils affectionnaient et leur parler de tous les jours ou qu'ils entendaient dans la bouche des anciens.
Et maintenant que le parler Marseillais est entré dans les mœurs, que la ville est à la mode, on a quand même été sidérés du succès de " L'odyssée de l'Estaque ".

Quant à vos spectacles, vous choisissez des pros ou des semis pros ?

Non, on ne prend que des pros : éclairagistes, acteurs, metteur en scène… Ce ne sont que des intermittents du spectacle. C'est pour ça que en ce moment on est particulièrement touchés par l'actualité.

Justement, embrayons sur cet épisode. Peux-tu nous expliquer le malaise qui règne dans la profession et ce fameux régime des intermittents du spectacle ?

Je ne le connais pas par cœur car je suis employé à plein temps par le groupe : l'association quartiers nord. Par contre tout les musicien du groupe et les autres sont des intermittents. Maintenant, ce régime c'est une tarte à la crème, tout le monde le sait. Quand on parle des 507 heures, c'est des heures sur scène. Les répétitions, tout ce travail à côté, qui est bien plus important, est totalement occulté. Parce que si on ne prend en compte que ça on est pire que des clochards, on est plus rien ! On essaie de liquider tout ce qui est acquis sociaux pour en arriver à un système à l'américaine. Et là, la culture en prend un sacré coup ; on régresse de quelques siècles.

Pour rester dans l'actualité, on voit sur votre site la possibilité d'achat de titres mp3. Tu y crois toi en ce genre de business ?

Franchement non ! On a un public de passionnés. Tu vois, notre site a été monté par celui qui est maintenant notre webmaster officiel, Laurent Lagarde. En fait, du jour au lendemain on a eu des gens qui nous félicitaient pour notre site alors que l'on avait rien monté ! C'est un fan qui a fait notre site et maintenant on bosse ensemble.
Alors moi je pense que c'est une bonne vitrine ; indispensable même. Mais ça ne fait pas tout et loin de là. Mais je vois les autres qui ont une attente disproportionnée de internet par rapport à moi. Je n'y vois que le côté utile.
Et quand je parle avec les professionnels du disque du phénomène du téléchargement gratuit, ils me disent qu'il n'y a pas danger pour l'industrie du disque ; au contraire.
Rien ne remplace ce qui a été. On a dit à l'époque que la TV allait tuer les journaux…regarde maintenant, rien de tout cela n'est arrivé.

Pour en revenir à votre dernier album, "Linternationale..." vous avez fait peu de dates pour le promouvoir : c'est par manque de motivation ou difficulté de programmation ?

Je pense qu'il y a plusieurs raisons. En musique, tu as beaucoup de groupe qui se vendent pour rien. Regarde tous ces groupes de reggae qui font ça pour le pied. Alors que Quartiers Nord ça coûte des ronds déjà. Alors pour le promoteur qui a le choix entre un groupe dans la mouvance et qui ne va lui coûter que très peu et rassembler au-delà de la communauté et nous. On ne peut pas drainer les gens de cette mouvance avec leur état d'esprit et en plus on coûte des ronds ; donc je pense que c'est surtout du à ça.
Et puis on se manage tout seuls. C'est faramineux ! Il faudrait que l'on arrive à trouver un tourneur.

Et une reconversion en tant qu'acteur maintenant que tu as goûté aux joies des planches, ça te tente ?

Non, je ne suis pas acteur. Je suis dans ces spectacles car je suis le chanteur de Quartiers Nord et c'est le chanteur qui véhicule l'image bien souvent. Je suis presque là par défaut !
Quand on écrivait je ne pensait même pas à moi. Le metteur en scène a eu l'intelligence de bien nous utiliser sur scène. Avec Gilbert Donzel, tonton, on serait incapable d'en jouer d'autre. Avec les acteurs par contre c'est l'inverse, il faut les faire chanter.
Mais pour répondre à ta question : pas question de finir acteur !

Pourtant tu en as qui passent leur carrière à jouer le même rôle ; sans vouloir balancer personne. Bon, et le nouveau spectacle vous avez décidé des dates ?

Oui, la première c'est le 4/05/2004 au Toursky : " les aventuriers du chichi perdu " ou " la quête du gras ".

Et ton livre ?

Ca c'est une vieille histoire car ceux qui gravitent autour de Quartiers Nord sont des copains de lycée. Et à l'époque j'étais conscient qu'il y avait quelque chose qui se passait déjà et j'ai toujours eu idée de les écrire ces souvenirs de lycée. C'est "l'Odyssée" qui a permit de nombreuses retrouvailles et l'envie en moi d'écrire finalement cet ouvrage sur le lycée Victor Hugo de Marseille. Ca s'appelle " l'aire Victorienne " pour le jeu de mot entre l'ère Victorienne Anglaise et l'enceinte de Victor Hugo.

Propos recueillis par Stéphane Burgatt, 2004