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WILLIE CORTEZ pdf print E-mail
Ecrit par Fred Delforge  
mardi, 10 février 2004
 

Dans la foulée de la sortie de " Farsuct ", son premier album solo, Willie Cortez a délaissé les Pyrénées Orientales pour venir prendre le frais quelques jours à Paris et assurer sa promotion. Nous en avons profité pour lui poser quelques questions sur son passé de batteur et de punk et sur son présent de chanteur et de bidouilleur de machines … Rencontre avec un des futurs grands noms de l'electro-rock ! 

Bonjour Willie, tu as récemment sorti un premier album electro-rock particulièrement abouti et travaillé … Ce n'est pas trop long de consacrer tout ce temps à la réalisation d'un projet  ?
Ce qui est long c'est surtout la recherche sonore, trouver mon son … Il faut dire aussi que le processus de création n'est pas le seul facteur, il y a tout le côté organisation des sessions recording, etc. qui prend pas mal de temps. Cela dit, le travail sur les machines est quelque chose qui peut devenir très long et parfois laborieux et qui n'a rien à voir avec le coté instantané que l'on retrouve avec un groupe qui joue live. En tout cas j'ai préféré prendre mon temps pour être sûr de ne rien laisser de coté … La perfection n'est pas quelque chose qui m'obsède mais je me devais de faire au mieux de mes possibilités !

Tu pars sur un concept totalement original avec des beats très lourds et des voix étonnamment soul, voire funk. Ce n'est pas un peu risqué comme démarche pour quelqu'un qui arrive du punk rock ?
Mais c'est justement ce qui est excitant ! Si je devais me cantonner aux trois accords punks de mon adolescence, je crois que je m'ennuierais assez vite. Le punk est pour moi plus un état d'esprit qu'une forme purement musicale, mais tu connais ce qu'est le marketing … J'aime le côté écorché vif du punk, mais je suis aussi fan de Prince et les beats lourds du hip hop ou de la drum'n'bass me fascinent … Je suis batteur à l'origine et ceci explique peut être cela …

Justement, sur " Farsuct ", ta voix rappelle étrangement celle de Prince. C'est un résultat délibéré ou simplement le fruit du hasard ?
Et bien, il est clair que Prince est une grosse influence ! Pas la seule, mais bon j'ai commencé à chanter très tôt et j'ai façonné mon style au fil des années … Mais je n'ai pas voulu sonner comme une copie, ce que tu entends est bien ma voix. Prince est beaucoup plus technique dans sa façon de chanter !

Au final, que penses tu du rendu de cet album ?
J'en suis content, tout en sachant que c'est un premier album, avec ses défauts et ses qualités. Ce qui me rend heureux, c'est justement d'avoir pu le réaliser comme je l'entendais. Cela dit j'espère que ce ne sera ni mon dernier, ni mon meilleur disque …

Après avoir été batteur et chanteur de rock, tu t'es tourné vers l'electro en devenant MC dans un collectif drum'n'bass. Comment en arrive t'on à ce genre d'évolution peu banale ?
Pendant la période ou je vivais à Londres, j'ai pu découvrir beaucoup de nouvelles musiques, notamment la drum'n'bass qui était le seul mouvement vraiment nouveau venant d'Europe depuis longtemps. J'ai flashé sur les beats, mais étant batteur ce n'est pas une surprise. Quand je suis arrivé à Barcelone, j'ai tout naturellement pris le mic dans des soirées organisées par des potes français qui vivaient là bas. De fil en aiguille, on a formé Opcode Sound System. J'ai toujours été fan de musiques extrêmes, que ce soit le death metal ou la drum'n'bass. Et puis j'aime la musique au sens général du terme, ,je n'ai jamais été fermé à l'expérimentation, poser sur des beats sauvages avec mon timbre constituait parfois un challenge et j'aimais ça ! Et puis les free parties barcelonaises c'est quand même quelque chose … Ce que je peux dire, c'est que l'idée de cette musique hybride que l'on retrouve sur " Farsuct " m'est venue en 1994, lors de mon premier séjour à Londres. Je n'avais ni les moyens techniques ni les connaissances nécessaires pour la réaliser alors je mettais ça de coté en attendant le bon moment.
 
Tu as joué de Londres à Barcelone en passant par le Canada. Quelle scène te semble la mieux appropriée pour progresser musicalement ?
Mmm … Londres est évidemment un très bon endroit pour la musique, qui brasse beaucoup de cultures … Il y a une compétition féroce, ce qui te tire vers le haut à mon sens. Le Canada était cool, mais c'est bien la proximité avec les States que l'on recherchait, sans pour autant devoir y vivre … On ne tournait pratiquement que là bas ! Barcelone est en passe de devenir un petit Londres, soleil en plus, mais il faudra encore quelques années avant de voir s'y développer une réelle scène musicale. Ce qui est sûr,  c'est qu' il y a une vibe que l'on ne retrouve pas ailleurs et qui favorise la création et les échanges.

Qu'écoutes tu comme musique aujourd'hui ?
Des trucs comme Brothomstates, Boom Bip, Cannibal Ox, Muslim Gauze, Jamie Lidell … Et j'essaie d'agrandir ma culture musicale en lorgnant vers le jazz d'Ornette Coleman ou Sun Ra. Au niveau rock, j'avoue ne pas avoir entendu de perle depuis un certain temps … Mars Volta n'est pas mal !

Quand on est signé chez Delabel, le combat des intermittents est il toujours à l'ordre du jour ?
Cela n'a rien à voir à mon avis ! Je ne vois pas la musique comme un métier mais comme un mode de vie, fait de sacrifices et de peu d'argent. Je n'ai jamais bénéficié de ce statut car j'étais à l'étranger. Le fait d'être sur une major comporte son lot d'avantages et d'inconvénients, mais quoi qu'il en soit le système capitaliste est partout, indépendants et majors confondus … Alors je me suis dit qu'il valait mieux utiliser l'influence et la force de cette grosse machine pour faire passer mon message ! Cela étant dit, je connais beaucoup d'intermittents qui se contentent de faire leurs dates avec des groupes de reprises et qui ne font rien du reste de l'année ! Ca n'a rien à voir avec la création artistique … Ceux qui sont honnêtes vont défendre leur gagne-pain et je respecte ça, mais ne mélangeons pas tout !

As tu prévu de faire une tournée dans les mois à venir et si oui, quelles en seront les conditions ?
Oui bien sûr, le live est un passage obligé pour tout artiste qui se respecte. Le groupe qui fera les dates avec moi est composé d'un guitariste, Alex Cortes, qui est mon frère, d'un clavier/sampleur, Pere Soler, qui avec Alex fait partie d'un collectif de producteurs/musiciens qui s'appelle Downliners Sekt … Leur album devrait sortir d'ici peu sur B:CUTS, un sous label de Bloom Records. Il y aura aussi un batteur qui déclenchera des loops et balancera des samples, qui s'appelle Franck Mantegari et qui a joué avec Les Rita Mitsouko entre autre et Iso Diop à la basse et aux claviers qui lui aussi a tourné et produit pour les Rita. Notre set list comportera tous les titres de l'album, mais je compte bien faire des surprises de temps en temps avec quelques inédits ! On a fait Bourges et Les Transmusicales et on pourra nous voir à Paris le 25 février à L'Elysée Montmartre, en première partie de Buck 65.

Sergent Garcia a déclaré alors qu'un journaliste évoquait une reformation des Ludwig : " Punk à vie ? C'est impossible, sinon on s'encroûte ". Envisages tu un retour un jour vers le punk rock de tes débuts ?
Cette attitude punk, qui n'est en fait qu'une envie de liberté et un refus de l'autorité, restera avec moi jusqu'à ma mort je l'espère … Au niveau purement musical, que je me mette à faire du jazz ou de la country il y aura sûrement ce coté écorché qui ressortira de temps en temps. Quant à une reformation des Sex God Missy, un de mes premiers groupes en tant que batteur style punk australien, je n'aime pas trop regarder en arrière, alors je crois bien que non …

Merci Willie !

Propos recueillis par Fred Delforge - février 2004