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DAWN TYLER WATSON pdf print E-mail
Ecrit par Fred Delforge  
samedi, 01 février 2003
 

DAWN TYLER WATSON
Compte rendu de concert et interview
LA NACELLE - AUBERGENVILLE (78)
LE 8 FEVRIER 2003

http://www.dawntylerwatson.com
Compte rendu du concert par Marc Loison sur Sweet Home Chicago
Compte rendu de Mike Lecuyer de la Chaîne du Blues



_Une affiche à faire pâlir nous est proposée ce soir dans cette grosse bourgade des bords de Seine qu'est Aubergenville, berceau de la muse Clio et de sa ténébreuse sœur cadette Twingo. Rien de moins que Dawn Tyler Watson, la révélation du dernier Festival de Cognac, accompagnée des Bordelais du Quatuor Mudzilla, une des grosses sensations du Off de ce même Blues Passions. Un public de connaisseurs a fait le déplacement pour cette unique date parisienne et c'est une Nacelle copieusement garnie qui s'offre à la diva Québécoise.

_Fraîchement débarqués des environs de Nevers où ils se produisaient la veille, les héros de la soirée nous faisaient le plaisir de nous recevoir dans leurs loges pour quelques interviews et autres discussions autour d'un thème récurent : la musique, et plus particulièrement le Blues. Autant vous dire que cette après-midi passée avec eux n'a pas manqué de piquant entre la bouilloire sifflante de Dawn qui entretient sa voix et le tonnelet de bière que les Bordelais, plus habitués aux bouchons de liège, ont eu un mal fou à amorcer !


Photos by MIKE LECUYER

_A 21 heures précises, le théâtre se plonge dans le noir et le silence se fait pour accueillir Mudzilla, juste après le bref discours que nous ferons les représentants de Blues sur Seine et du Théâtre du Mantois, co-organisateurs de la soirée. Le quatuor se lance dans un long instrumental faisant la part belle au dialogue qui s'établit entre les claviers de Vincent Pollet-Villard et la Telecaster d'Anthony Stelmaszck. La salle s'enflamme rapidement, Vincent entame un furieux boogie, présente le groupe et se lance dans une chanson parsemée de ''sweet boogie girl'' et autres ''all night long …''. Le public, conquis, frappe dans ses mains. Dawn Tyler Watson vient rejoindre la place qui lui échoit pour pimenter les standards et les compositions originales de ses accents entre soul, rhythm'n'blues, jazz, swing et rock'n'roll. Les dates précédentes ont créé une certaine complicité entre la diva et le groupe et il est évident que le courant passe à merveille. Agrémentant son show de croustillantes explications tantôt en Français, tantôt en Anglais, Dawn nous donne le meilleur d'elle-même. Le public s'amuse de ses interventions et s'émeut de sa voix. De " Rollin' Joe " à " Flip Flap Flop ", en passant par " Latex Your Love ", tout n'est que bonheur et joie de vivre. Dawn s'implique dans ses textes, tout autant qu'elle le fait dans sa vie et il n'est pas rare d'y trouver des allusions qui rappellent ses expériences aux côtés des jeunes délinquants. Derrière elle, Nicolas Domenech à la basse et Nicolas Estor à la batterie imprègnent le rythme, ne se contentant pas de suivre les duels oppressants auxquels se livrent les claviers et la guitare. Quand Dawn attrape une guitare acoustique, ce n'est pas seulement pour interpréter " Tuning ", une private joke faisant allusion à un accordage un peu récalcitrant, mais surtout pour se fendre d'une longue ballade blues aux intonations subtiles. S'il lui manque des cuivres, la vocaliste serre les lèvres et les remplace à s'y méprendre … Et toujours ces nappes d'orgue qui donnent un charme fou à la soirée ! Anthony, qui triture ses cordes depuis un certain temps, part passer un coup de peigne à sa Fender avant que Dawn Tyler Watson ne se lance dans le superbe " You Can't Be True " qu'elle agrémentera de diverses plaisanteries autour de l'infidélité et du septième enfant qui scellera définitivement le pardon. Son prêche, fabuleusement gospel, nous rappelle qu'à cinq ans la belle chantait déjà dans les églises. De là découle en partie son immense talent de performer ! Il est temps d'aller revisiter " I Feel Good " puis " Purple Haze " en les teintant de sonorités entre jazz et rhythm'n'blues. Point de solo de guitare déplacé pour le standard d'Hendrix mais, en lieu et place, une subtile variation à l'orgue sublimant le morceau sans le plagier pompeusement. Remarquable ! Avant de nous quitter, Dawn demande à la salle de l'accompagner sur le très rythmé " Take It Outside ", scabreuse histoire de rixe entre ivrognes dans un bar mal famé … Chacun se fend de son solo pour terminer le morceau et tout le monde regagne les loges. Le concert a commencé il y a deux heures et personne n'a vu le temps passer ! Le groupe reviendra pour un ''encore'' comme on dit là bas, et interprétera " Young Men " que Dawn dédiera aux femmes de plus de trente ans pour des raisons de maturité sexuelle qu'il serait un peu long de développer ici. La salle se rallume et se vide calmement. C'était le dernier concert d'une série de huit. Demain matin, Dawn Tyler Watson ira visiter Paris pour la première fois. Elle en profitera pour ''magasiner'', c'est certain !

_Petit passage au foyer du théâtre pour y saluer les artistes venus se prêter au jeu des dédicaces et autres ventes d'albums. Le public est nombreux mais Dawn prend le temps de discuter avec chacun. Les Mudzilla discutent à la volée avec les spectateurs qui se rappellent les avoir rencontrés lors de Jazz in Marciac ou de Blues Passion … La soirée a marqué les esprits et il est certain qu'ils seront nombreux ceux qui reviendront quand une affiche annoncera le passage de la Canadienne ou des Bordelais. Rien de plus normal …

Fred DELFORGE - février 2003

Interview exclusive de DAWN TYLER WATSON
pour Zicazic.com


A quelques heures de son ultime concert français de la saison, la belle Dawn Tyler Watson nous recevait en exclusivité dans les loges de La Nacelle … C'est autour d'une bouilloire de thé et d'une tablette de chocolat que nous avons questionné la diva.

Bonjour. Après avoir commencé à chanter dans des églises à l'age de cinq ans, tu t'es orientée vers le Jazz et le Gospel en travaillant en même temps le violon et la guitare … Comment es tu passée ensuite au Blues ?
J'ai commencé le violon à dix ans et la guitare à treize ans. Le violon, c'était pour l'école de musique où mes parents m'ont envoyée. J'ai commencé à faire du blues il y a cinq ou six ans quand une personne d'un label à Montréal m'a proposé de faire quelques morceaux pour une compilation de chanteurs et chanteuses Canadiens. J'ai donc écrit des chansons pour ça et le groupe s'est développé très vite. Ca a pris très vite des proportions importantes mais ce n'était pas une décision tactique d'aller vers le blues, ça s'est fait naturellement. C'est les circonstances qui ont fait que ça a été un succès immédiat. J'ai toujours aimé le blues mais ce n'est pas moi qui ai décidé d'en faire une carrière …

Peux tu nous dire d'où est partie cette idée de venir faire une tournée en France avec Mudzilla ?
C'est à Cognac ! J'ai rencontré le groupe là bas et chaque soir, après le concert, on allait les voir au Off du Off et on faisait des jam ensemble et j'ai commencé à parler avec Vincent Pollet-Villard et on s'est dit qu'on ferait bien une petite tournée ensemble. C'est cher d'amener tout mon groupe du Canada, même si c'est quelque chose qui me ferait vraiment plaisir … En ce moment, ce n'est pas possible, je ne suis pas assez connue en Europe. Peut-être bientôt …

Tu es la révélation du dernier Festival de Cognac. Pour quelqu'un qui ne pratique le Blues que depuis quelques années, tu ne trouves pas que c'est un peu surprenant ?
Tu trouves ça surprenant ? Oui, c'est vrai que j'ai été moi aussi surprise. On avait un certain public d'amateurs au Québec, à Montréal, au Canada, mais je n'ai jamais vu une réaction comme celle de Cognac. C'est incroyable ! Et depuis que je fais la tournée avec Mudzilla, j'ai constaté que les Français avaient une véritable passion pour le blues et qu'ils connaissent bien son milieu. Chez nous, les gens aiment cette musique mais n'en savent rien. Il y en a quelques-uns uns bien sûr … Ici, les gens sont des passionnés et ils possèdent tout. Quelqu'un m'a approché avec une collection d'albums et m'a demandé : " Tu connais ce chanteur ? Et celui là ? ". Moi, je n'ai jamais entendu parler d'eux … C'est amusant non ?

Il semble que tu sois impliquée dans des actions en faveur des personnes socialement défavorisées … Tu peux nous en parler ?
Oui, j'ai fait des travaux avec des jeunes qui avaient des problèmes de délinquance juvénile, d'alcool, de drogue, de violence … Je fais aussi en parallèle de la musique pour les personnes âgées depuis plus de dix ans. Je leur chante de vieilles chansons, ils adorent ma voix et ça leur apporte quelque chose …

Tu penses que la musique doit avoir un rôle social …
Absolument ! C'est un langage universel, ça permet de communiquer avec les gens et c'est très important, ça touche les jeunes et c'est parfois le seul moyen de le faire …

Comment se porte le Blues au Canada ?
Ca se passe bien, chaque ville à sa compagnie de blues. Les amateurs sont très actifs, il y a des musiciens ... Quand on fait des concerts, les gens sont réceptifs mais on a le même problème que dans tout le monde musical. Les gens n'achètent pas les disques, ils les copient et ce n'est pas très lucratif pour les artistes. Ce n'est pas comme pour le rap où la pop où ils ont des moyens ... A Montréal, il y a peut- être trois vrais clubs de blues et il doit y en avoir trois cents dans tout le Canada. C'est peu ! Les gens préfèrent rester devant leur télé ou leurs jeux vidéo. Ca ne les intéresse pas de sortir voir les musiciens, ce n'est plus comme avant, quand c'était une des seules sources de loisirs ...

Te verra t'on bientôt en France avec ton groupe habituel, le Dawn Tyler Blues Project ?
J'espère car j'aime beaucoup mes musiciens ! Ils ont une culture très diversifiée. J'ai passé un superbe moment avec Mudzilla mais tu vois, je trouve qu'ici les musiciens sont très spécialisés dans le blues et qu'ils font ça très bien. Ils connaissent le jazz et d'autres styles mais ils n'ont pas l'occasion d'en jouer, alors c'est plus un challenge pour eux de jouer avec une artiste qui n'est pas directement orientée blues. Ma musique est plus diversifiée, comme ma façon de chanter... Il faut avoir une ouverture musicale pour intégrer le meilleur de chaque style.

Des projets à court et moyen terme ? J'ai entendu parler d'un film …
On ne sait pas encore … Dans le milieu du cinéma, c'est toujours très lent. Ca m'intéresse beaucoup, c'est l'histoire du jazz à Montréal, un film historique qui commence dans les années 30 pour aller jusqu'aux années 70, une époque passionnante pour la musique à Montréal ! Et puis je continue aussi à écrire des chansons pour un nouveau disque …

Merci Dawn et bon concert !

Propos recueillis par Fred DELFORGE - février 2003

Interview exclusive de MUDZILLA
pour Zicazic.com

http://mudzilla.free.fr

[ Lire la Chronique ]


Après avoir quitté Dawn Tyler Watson, quoi de plus naturel que d'aller rejoindre Vincent Pollet-Villard, le leader de Mudzilla, groupe qui accompagnait ce soir la chanteuse Québécoise ? C'est dans une ambiance très décontractée que le génial pianiste nous a reçu un long moment …

Bonjour, tu peux nous présenter rapidement le groupe ?
Ce soir, il y a Anthony Stelmaszck à la guitare, à la batterie c'est Nicolas Estor, à la basse Nicolas Domenech et puis moi, Vincent Pollet-Villard au piano, à l'orgue et au chant … On est un groupe de blues et on vient de sortir un album avec nos propres compositions qui sont ouvertes vers le rock mais aussi le funk ou le jazz. Le blues est la source mais l'ensemble est assez ouvert …

Mudzilla est un nom d'écrevisse si je ne m'abuse ? C'est un clin d'œil à ton passé à New Orleans je suppose …
Tout à fait, c'est en rapport avec cette époque là. J'ai passé un an et demie à accompagner un guitariste qui s'appelle Brian Lee avec qui on a tourné en Europe mais aussi au Brésil. On a commencé à jouer à New Orleans pendant un bon moment puis on est parti sur tout l'Ouest des Etats Unis avec Kenny Wayne Shepperd …

Vous avez rencontré Dawn Tyler Watson à Cognac l'été dernier. Comment est venue l'idée de travailler avec elle ?
A chaque fois que l'on rencontre des musiciens Canadiens ou Américains pendant les festivals, ça se termine en jam et on se dit toujours qu'il va falloir faire quelque chose ensemble, que l'on va se revoir … Sur ce coup là j'ai décidé de prendre les choses en main pour concrétiser des paroles qui sont souvent en l'air et le résultat est cette fois bien concret.

Ce n'est pas un peu opportuniste de vouloir travailler avec " La Révélation " du Festival ?
Si, complètement bien sûr. Il ne faut pas se cacher la vérité … C'est opportuniste mais en même temps nous n'aurions pas pu bosser avec elle si elle avait été chiante ou si ça avait été une diva comme des fois on en rencontre dans ce milieu. C'est vraiment parce qu'il y a eu quelque chose de fort quand on s'est rencontrés, on est resté en contact, on s'est téléphoné et le reste est venu tout seul …

A côté de ça, vous êtes un vrai groupe avec un album et de vrais projets … Ca se concrétise comment ?
Ca se concrétise par des concerts qui tombent tout au long de l'année, une programmation au prochain Festival de Cognac et au prochain Festival de Cahors, toujours dans le blues et avec plein d'idées d'enregistrements et de compositions pour continuer à défendre une musique qui ne reste pas ancrée dans une espèce de blues traditionnel sclérosé.

On peut donc s'attendre à vous retrouver sur les festivals cette année …
Oui, logiquement …

Vous pensez avoir un rôle social à jouer au travers de votre musique ?
Non, je ne pense pas … On n'a pas un rôle social particulier, on est juste là pour que les gens passent un bon moment. Après, je n'ai pas vraiment la prétention d'amener une pierre à l'édifice … S'il y a des trucs qui me font sortir de moi, ça se concrétisera un jour par des morceaux mais je ne conçois pas la musique comme ayant un caractère social.

Vous avez créé un site web sur http://mudzilla.free.fr . Pensez vous que c'est un média adapté pour aider au développement des artistes ?
Oui, les gens s'équipent de plus en plus d'ordinateurs. Ca a le mérite d'être très rapide et d'être de la communication directe. Ca évite les intermédiaires aussi … Je préfère que les gens achètent un disque sur un site au lieu d'aller le payer 150 balles à la Fnac. C'est moins cher pour eux et j'aime bien l'idée ! En plus, les gens sont informés sur les prochaines dates, tout le monde y gagne …

En tant qu'artistes, vous utilisés les sites spécialisés pour vos besoins professionnels ? Vous connaissez Zicazic par exemple ?
Euh … non, pas du tout ! En fait notre site est animé par Nicolas, le batteur, et c'est lui qui est le plus au courant de ce qu'il se passe de ce côté là … Moi je n'ai pas d'ordinateur.

Merci Vincent.

Propos recueillis par Fred DELFORGE - février 2003