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ANGE pdf print E-mail
Ecrit par Fred Delforge  
samedi, 01 juin 2002
 

ANGE Compte rendu de concert, et chroniques d'albums et DVD

http://www.angemusic.com Toute une vie d'Ange, de 1970 à nos jours...
Histoire à lire, histoire à suivre avec 6 disques d’or et plus de 3 millions d’albums vendus...


Culinaire Lingus
(Un Pied Dans La Marge - M10 - 2001)
Durée 73'51 - 12 Titres

_Nous connaissons tous Ange, ne serait ce que de réputation … Un barbu à la stature imposante, à la langue virevoltante et à la poésie salace, le Père Décamps, maître de cérémonie et fil conducteur du dinosaure, instrumentiste inspiré, poète caustique, géniteur musical et lyrique, seul rescapé de la grande aventure … La nouvelle génération, à commencer par le longiligne Tristan, dépositaire des talents de son père à la puissance cent. Une équipe de choc, Hassan, Hervé, Thierry, Caroline … Précurseur du rock psychédélique, sorte de Pink Floyd à la française, Ange s'impose comme la dernière légende d'un authentique rock hexagonal. Avec beaucoup de fioritures, mais sans aucune concession aux sirènes du business, Ange est resté intègre, fidèle à son esprit. C'est dans cette attitude honnête que se reconnaissent ses fans, tout autant que dans une musique toujours novatrice plus de trente ans après ses débuts …

_" Culinaire Lingus " n'est pas qu'une ligne de plus à la discographie déjà bien fournie d'Ange, vous pouvez en être certain ! Christian, poète prolixe, a encore et toujours des choses à dire et choisit de le faire en musique. Si ses côtés lubriques refont surface en quasi-permanence, Décamps n'en a pas moins une conscience et c'est par " Jusqu'où iront-ils ? ", en forme de constat tragique, qu'Ange débute cet opus avant d'éclore et de se plonger dans les méandres de l'esprit torturé du magnat de la fantasmagorie. De " Cueillir les fruits du sérail " à " On sexe " en passant par " Les odeurs de cousine " ou " Adrénaline ", Ange nous démontre que nul n'est besoin de petites pilules azurées pour garder une vigueur de jeune homme. Musicalement, l'alchimie est parfaite. Christian compose, prend de l'énergie à la source Tristan mais aussi à l'occasion chez Hassan, Thierry et Hervé, et nous offre des envolées qui n'ont pas à pâlir devant le Floyd ou Led Zep ! Cerise sur le Kouglof, " Culinaire Lingus " se termine par un long panégyrique, " Autour d'un cadavre exquis ", où se suivent majestueusement dans un immense solo les guitares de Tommy Emmanuel, Claude Demet, Dan Ar Braz, Norbert Krief, Serge Cuenot, Paul Personne, Jean-Pascal Boffo et Jan Akkerman. Pour le bonheur d'au moins deux générations, Décamps prouve une fois de plus que son Ange n'est pas prêt d'être déchu et qu'il reste bien caché derrière son petit nuage pour pouvoir satisfaire, à la demande, les treize plaisirs capitaux de ses imbibés … A bon entendeur, salut !

Fred DELFORGE - 09 Novembre 2002

Tome 87
(Musea - 2002)
Durée 57'43 - 11 Titres

_Dans la lignée logique de la réédition de sept des albums d'Ange chez Musea, voici venu " Tome 87 ", la retranscription du légendaire concert du 25 octobre 1987 au Zénith de Paris. Longtemps remisées au fond d'un placard poussiéreux, les bandes ont fini par prendre le dessus sur l'histoire pour enfin arriver jusqu'à nos oreilles. Pour la petite histoire, précisons que le concert de ce soir, qui clôturait " L'événement " organisé par Lionel Baillemont avec à l'affiche Au Bonheur des Dames, Dick Annegarn, Martin Circus et Ange, était présenté par ces derniers comme une répétition en public et qu'il était assuré par la formation quasi-originelle d'Ange, la plus connue, celle de " Par les Fils de Mandrin ", avec Francis Décamps aux claviers, Jean-Michel Brézovar à la guitare, Daniel Haas à la basse et Jean-Pierre Guichard à la batterie. Pour ceux qui n'y étaient pas, rappelons également qu'Ange arrivait sur scène en sortant par l'arrière d'un tub Citroën, que Brézovar avait ressorti sa panoplie d'alchimiste et que le public avait, ce soir encore, communié avec Christian Décamps … Souvenirs, souvenirs !

_Si Ange a toujours été un monument du rock hexagonal, c'est sur scène qu'il atteint sa véritable dimension, et ce quelles que soient l'époque ou la formation qui le compose. Christian y serait pour quelque chose que nous n'en serions pas surpris … Ce soir, l'émotion est grande et c'est sur le thème de " Le chien, la poubelle et la rose " qu'Ange investit un Zénith où 4000 personnes les attendent. Quelques pains, une mise en place un peu chaotique, une émotion à fleur de peau et c'est parti pour une petite heure de bonheur. Les imbibés et autres ploucs apprécieront ! Décamps, frères et consorts, revisitent l'Ange éternel en dépoussiérant " Exode ", " Les longues nuits d'Isaac ", " Ode à Emile ", " Sur la trace des fées ", " Le cimetière des Arlequins ", " Hymne à la vie " … Francis brille sur " Le nain de Stanislas " qui obtient pour l'occasion son premier bon de sortie discographique en live. Trace indélébile d'un moment inoubliable, d'une répétition générale ultime, " Tome 87 " a été mixé par le fidèle et talentueux Jean-Pascal Boffo et s'offre une pochette dépouillée qui n'est pas sans rappeler celle du " No Sleep 'Til Hammersmith " de Motörhead. Seul manque à l'appel le bombardier du Père Lemmy, remplacé ici plus modestement par … le tub Citroën du Père Décamps pour un moment d'intense émotion. Et en bonus, une interview vidéo inédite de Christian Décamps par Bruno Versmisse, enregistrée au Studio Amper en décembre 2001, pendant le mixage … Incontournable !

Fred DELFORGE - 09 Novembre 2002

ANGE
CHRONIQUE DVD
70's / 80's - 2 Décennies de Concerts (DVD)

(Musea - 2003)
Durée 130' environ

http://www.musearecords.com

Fnac_Musea a définitivement décidé de dépoussiérer la légende d'Ange et nous offre cette fois une intemporelle craquerie qui nous conduit à travers les temps à la rencontre du plus mythique des groupes français. Après avoir retrouvé le line up originel sur l'épitaphe qu'était " Tome 87 ", on redécouvre cette même formation sur deux documents uniques dont un concert à Lunéville en 1977 et une émission en live pour la télévision suisse datée de 1976. C'est entre l'autre l'occasion de se remémorer les facéties capillaires de l'ami Décamps que l'on revoit en hippie blondinet à Lunéville ou en baba cool en Suisse … Ce n'est pas beau de se moquer, d'autant que ses légendaires coéquipiers que sont Francis Décamps (claviers), Daniel Haas (basse), Jean-Michel Brézovar (guitares) et Jean-Pierre Guichard (batterie) ne sont guère mieux lotis, signe que l'époque en question faisait la part belle à une imagerie tout aussi percutante que délirante. On découvrira également sur ce DVD le concert du Zénith parisien de 1985 où officiaient, outre les frères Décamps, Serge Cuenot à la guitare, Laurent Sigrist à la basse, Francis Meyer à la batterie et Martine Kesselburg aux chœurs. C'est Christian lui-même qui nous offrira pour terminer un bonus de dix minutes regroupant des archives photos commentées par le Maître en personne.

_Passée la délirante interview de 1976 où l'on découvre Ange arrivant à tombeau ouvert dans un bolide pour venir s'encastrer dans un autre avant de se prêter aux questions du journaliste, c'est avec une petite pointe de nostalgie que l'on retrouve de visu un groupe précurseur d'un rock progressif à la Française. Les bandes de la télé suisse se révèlent être de bonne qualité et nous permettent de redécouvrir, entre autres, des versions datées de " Par les Fils de Mandrin " ou " Ainsi s'en ira la Pluie " … Détour par Lunéville avec un Christian très en verve ce soir là qui harangue son public pour faire monter en lui une transe irréelle. Le son est calamiteux, les images sautent mais le spectacle est énorme. On y revisite " Sur la Trace des Fées ", " Le Nain de Stanislas ", " Au-delà du Délire " … L'instant est magique ! On retrouve les terrifiantes marionnettes sur " Le Soir du Diable ", on s'amuse du look décalé des artistes … Le bonheur à l'état brut ! On poursuit par les bandes du Zénith, techniquement correctes, FR3 oblige, qui nous remémorent " Les Yeux d'un Fou ", " Là pour Personne " ou " Crever d'Amour " avant de nous quitter avec " Ces Gens-Là ", le tout entrecoupé d'interventions extérieures et de tranches de vie dont un étonnant tableau vivant de Christian totalement nu au milieu d'un pré … Amusant ! On terminera de se régaler avec la présentation théâtrale des archives photos, pour la plupart connues mais qui nous rappellent quelques bons moments passés à écouter l'œuvre d'Ange … Tout fan du groupe se doit de posséder cet objet unique et indispensable, mais les amateurs de rock progressif feraient bien eux-aussi d'y poser un œil et une oreille, histoire de voir ce qu'était Ange à l'époque. Si Décamps et consorts avaient étés un peu moins fous, la face du rock en aurait certainement été changée …

Fred DELFORGE - 12 Avril 2003

Compte rendu de concert
PARIS (LE ZENITH) 13 OCTOBRE 2002

_Un concert d'Ange est toujours un moment exceptionnel ! Mais ce n'est pas d'un banal concert dont il est question en cette fin d'après-midi mais plus précisément de " La Fête à Ange " comme l'annoncent les invitations. Un horaire inhabituel en ce dimanche automnal, 18 heures, histoire de permettre à chacun de regagner ses pénates à une heure décente pour prendre le sommeil du juste et retourner à ses activités du lundi matin … Le Père Décamps s'offre un Zénith, mais à sa façon, pour une soirée charnelle entre amis.

_Accueillis par un Hassan Hajdi qui récupère difficilement son manque de sommeil, nous nous engouffrons dans une loge pour parler de l'événement et faire plus ample connaissance avec le guitariste, intarissable dès qu'il est question de musique. Et le prodige se lâche, nous raconte sa passion pour l'instrument, ses études de chimie qui l'ont conduit bon an mal an jusqu'à une licence, son parcours d'autodidacte, ses groupes de collèges et autres orchestres de bal. On fait rapidement le tour du processus de composition d'Ange … Derrière nous, une caméra filme la scène qui sera peut-être utilisée en bonus pour le DVD à venir. Hassan nous parle du respect immense de Christian pour ses musiciens, de son talent exceptionnel, du charme de l'homme, entre patriarche et gourou, de sa stature imposante sur scène et de sa gentillesse hors du commun dans la vie. On évoque les séances de travail à la ferme, les morceaux qui naissent en yaourt avant d'évoluer au contact de tous pour devenir enfin les chefs d'œuvre que l'on connaît, l'attitude démocratique qui prédomine, les départs pour le studio alsacien où Ange finalise ses albums … Et si on se prend à regretter une carence dans une organisation au coup par coup des concerts, qui ne permet pas au groupe de faire une véritable tournée, on se plait à noter l'efficacité d'Un Pied Dans La Marge, l'association bénévole qui gère le Fan Club, ou plus exactement le Fan Clan d'Ange … En professionnel consciencieux, Hassan écoute au loin la balance qui se termine ! Ce soir, tout doit être parfait. On ne rate pas un pareil événement …

_En attendant le grand moment, nous errons dans un Zénith totalement vide … Ange vérifie une dernière fois les réglages, fignole sa balance avant que les premiers fans n'investissent calmement les lieux. Il règne une atmosphère quasi-religieuse dans ce Zénith qui se présente ce soir dans sa forme restreinte. On retourne une dernière fois au contact du groupe et de ses invités pour mieux appréhender la suite. Arrivent Eric Bamy, Farid Medjane et tant d'autres … On évoque le bon vieux temps, les tournées avec Hallyday, les projets à venir, les concerts d'Ange il y a des années, aux débuts du groupe … Toute une carrière défile en quelques instants. Dernières photos, avec Tristan et Thierry qui nous entonnent un petit coup de Claude François en prenant la pose et Hassan qui sautille tel un kangourou furibond. Une caméra immortalise l'instant. Christian regarde le tableau, amusé, donne le coup d'envoi et part prendre possession de la scène …

_Le charme opère instantanément, les 3 000 personnes présentes se taisent et communient. Tous ceux qui seront appelés à rejoindre le groupe sur scène au cours de la soirée sont dans la salle, au milieu des fidèles, pour ne pas rater le début de la grand messe du soir. Un début de concert assez classique, qui nous donne en pâture trois standards, " Nonne Assistante … ", " Ethnies " et " Le Ballon de Billy ". Christian exulte, Caroline est dans un état second, plus magique et majestueuse que jamais ! Première surprise, Gilles Pequignot se présente, branche son violon et entre dans la danse avec " Adrénaline ". Initialement prévus, les deux chanteurs de Matmatah qui devaient participer au morceau ne seront pas de la fête, retenus par quelques soucis de studio. On continue d'explorer le répertoire récent avec " Jusqu'où iront ils " et " Culinaire Lingus " avant de replonger vers 1978, à l'époque de " Guet Apens ", avec Claude Demet qui vient se joindre aux musiciens pour interpréter " Virgule ". Suivent Guenole Biger et Daniel Haas qui prennent les places respectives d'Hervé Rouyer et Thierry Sidhoum et revisitent tour à tour " Ode à Emile ", " Sur la Trace des Fées " et " Au-delà du Délire ". On retrouve le vieil Ange … La scène se vide, Tristan allume son lampadaire et se lance dans " Le Bal des Laze ". Plus rien d'autre n'existe, le génie a fait le vide absolu autour de lui et vit le morceau plus qu'il ne l'interprète … Le public, abasourdi, mettra un moment à reprendre ses esprits. Caroline entame le " Sketch de Lola ", suivi de " On Sexe ", qui marque une nouvelle apparition d'un Gilles Pequignot venu placer sa guimbarde puis sa flûte sur le morceau. C'est ensuite Francis Lalanne qui entre en scène et interprète " Shéhérazade " en duo avec Décamps. Le public apprécie à sa juste valeur une interprétation très aboutie qui ressemble à la suite logique d'une victoire écrasante des Bleus, la veille, sur la Slovénie … Francis est radieux, salue l'assistance et retourne très vite dans la salle pour ne rien manquer de la suite. Jean-Marc Miro et Manu, de Tryo, viennent colorer " Si j'étais le Messie " de quelques accords de guitare et de quelques tablas avant que Caroline et Tristan ne se donnent à en " Crever d'Amour ". " Cadavres Exquis " et son final hypnotique sur la guitare entêtante d'Hassan qui vous torture les méninges vient clore le premier acte du spectacle. Exit un Christian solennel en cape, c'est un Décamps pathétique qui nous revient, tel un Capitaine Haddock remisé en cale sèche, vêtu d'un pull marin, une bouteille dans une main, une cane dans l'autre, pour nous régaler d'un " Capitaine Cœur de Miel ". Pendant ce temps, le peintre Juan Ramirez se lance dans une grande fresque réalisée à la pointe de l'épée. Il faut dire qu'il a fière allure et la prestance de D'Artagnan avec son chapeau et sa superbe fibule. Le temps d'une chanson, une superbe œuvre originale représentant Maître Décamps naît de sa lame. Le résultat est impressionnant, au moins autant que la vision d'un Ramirez croisant le fer contre un ennemi fantoche, avec à ses pieds quelques pots de peinture multicolore … La scène se vide, un Ange passe ! On nous offre un court intermède pendant lequel Chraz vient présenter le groupe, livrant quelques plaisanteries salaces sur le compte de chacun, avant de replonger dans un répertoire fourni avec " Docteur Man " et " Vu d'un Chien " qui verra l'entrée en scène de Serge Cuenot à la guitare. Décamps rend hommage à Brel, dont l'âme erre du côté des Marquises, avec " Ces Gens Là ", version Ange, avant de prendre congé de l'assistance sur " Quasimodo " et " Hymne à la Vie ". Ange salue, comme à son habitude, remercie son public, sincèrement, le félicite … On s'attend à les voir quitter la scène. Déjà les premiers spectateurs enfilent vestes et manteaux et commencent à descendre les gradins. Mais le groupe reste immobile, imperturbable … Ultime facétie, Christian appelle les derniers invités de la soirée. Jean-Pascal Boffo, Claude Demet, Norbert Krief et Serge Cuenot viennent rejoindre Hassan " Autour d'un Cadavre Exquis ". Cinq guitaristes, et pas des moindres, se retrouvent dans le même délire, voire même au-delà, pour un moment inoubliable de guitare. Boffo, Demet et Cuenot sont perchés derrière la batterie, Nono et Hassan font leur numéro, côte à côte, chacun regardant l'autre d'un regard envieux et l'invitant à tout donner … Une petite étincelle brille dans leurs yeux ! Pouvait-on imaginer un meilleur final ? Tous les invités de la soirée reviennent une dernière fois, dans un ultime salut … On se congratule, on s'embrasse, on se félicite ! Le public est debout, les caméras filment la salle tant la réaction est merveilleuse. Et déjà les habiles techniciens attaquent leur ballet méthodique pendant que le Zénith éructe ses derniers badauds … Trois heures magiques se sont écoulées !

_Retour dans les loges où un certain brouhaha est de mise. Beaucoup de monde ce soir car les fidèles se sont vus remettre un backstage pass leur donnant accès à la sauterie salée qui suit le show. Hassan est radieux, Caroline craque tant elle s'est donnée, Christian allume un cigare, Tristan remet sa mèche en place … Sylvie, l'assistante dévouée, le bras droit de Christian, ne sait plus où donner de la tête tant il y a de monde et de choses à gérer. Les télévisions font leur travail, le buffet est avancé et chacun s'y rend de bon cœur … La bonne humeur est de mise et on discute avec les amis, la famille, un fan japonais fraîchement débarqué de Yokohama. Chacun se prête aimablement au petit jeu des autographes, de la photo souvenir, du petit mot amical … Hassan à du mal à emmagasiner tous les qualificatifs dont il est le bénéficiaire. Il a été grand ce soir, comme chaque fois … Une fois de plus, Ange a fait l'unanimité ! Après 32 ans passés au service de la musique, le Père Décamps a encore la foi. Et il s'y connaît mieux que quiconque quand il s'agit de faire la fête. Alors quand c'est la sienne …

Fred DELFORGE - 13 Octobre 2002

Compte rendu de concert
VERNOUILLET - LA SCENE 01 JUIN 2002
( http://www.lascene.fr )

_Pour son unique apparition en région parisienne, Ange avait mis les petits plats dans les grands ! Rien de moins que La Scène, magnifique salle de 1500 places située dans les Yvelines, à moins de 30 kilomètres de Paris. Une campagne d'affichage un peu restreinte en raison du peu d'affiches mises à disposition du staff technique et le résultat est là, c'est devant une salle amputée des deux tiers de sa capacité que Christian Décamps et les siens vont se produire ce soir. Le Team Zicazic était bien entendu sur le coup, accompagné pour l'occasion de deux légendes du rock, à savoir BB des Porte-Mentaux, qui nous avait une nouvelle fois rejoint et Nono (ex-Trust, Hallyday …) qui nous faisait le plaisir de se joindre à nous.  

 

_Petit tour dans la salle, histoire de constater que si la majorité du public est composée de quadras et plus, il flotte quand même un certain air de jeunesse. Christian nous le confirmera d'ailleurs plus tard dans la soirée et nous confiant sa surprise de voir des jeunots dans les premiers rangs pousser la chansonnette avec lui du début à la fin, connaissant par cœur les titres, des plus anciens aux touts nouveaux ! Un Ange n'a pas d'âge …

_C'est sur les coups de 21 heures 30 que le groupe investira la scène après des préliminaires qui semblent avoir été du goût des fans. On démarre calmement, poétiquement, fabuleusement … Le chantre du rock hexagonal, chancre d'un folklore qui aurait su résister à la pénicilline pour mieux infecter les foules, attaque sont show par " Ethenies ", suivi dans la foulée par " Nonne Assistante ". Le ton monte, s'électrise, la guitare d'Hassan Hajdi prend ses marques et insuffle sa puissance de feu au groupe, brillamment soutenue par la basse de Thierry Sidhoum et la batterie d'Hervé Rouyer. Tristan, l'enfant prodigue, explose dans son coin de scène, enveloppant les morceaux d'une gangue à la fois épaisse et concise tirée de ses claviers magiques … Caroline Crozat va et vient, posant sa voix et son charme aux cotés du Père Décamps. L'osmose est totale ! Ange enchaîne les titres, Christian les ponctue de ses commentaires … " Ballon Billy ", " Adrénaline ", " Jusqu'où iront ils ? " … On attaque le titre phare du dernier album, " Culinaire Lingus ", qu'Ange porte haut et fort. Le groupe s'efface un instant, laissant Christian s'exprimer seul au piano, avant de revenir de plus belle " Sur la trace des fées ". Ange a atteint son plein régime depuis un certain temps et même si on note quelques baisses d'attention sur certains passages, on reste suspendu aux mots du maître, faisant qui le chat, qui le chien, qui l'oiseau, à sa demande … La communion est totale et ce n'est pas une défaillance de micro qui viendra perturber l'assistance. Christian s'en amuse, plaisantant sur le sujet … Passées " Les longues nuits d'Isaac ", oublié " Au delà du délire " … Tristan, seul face à la foule se lance dans " Le Bal des Laze ", pour en donner la plus belle interprétation qu'il soit possible d'entendre, le disciple ayant à ce stade dépassé son mentor ! La salle frissonne, un Ange passe … Caroline entre en scène pour le sketch de Lola, histoire de remettre le public en phase avant de retourner aux choses sérieuses … Et de fait, on repart de plus belle à la recherche du sexe des Ange, en commençant par " On sexe " pour finir par " Crever d'amour ". " Cadavres exquis " ponctue ce premier acte, chacun ayant soin de tirer respectueusement sa révérence avant de quitter l'arène, prenant au passage son lot d'applaudissements amplement mérités. On se quittera après un rappel cossu, Ange ayant choisi d'enfoncer le clou avec " Docteur Man " et " Quasimodo ", histoire d'en repasser une dernière couche à public qui était pourtant déjà aux Ange … Un dernier salut, un clin d'œil à " Un Pied Dans La Marge " qui soutient plus qu'activement le groupe, un autre à la technique et c'en est fini de la dégustation des treize plaisirs capitaux. Il flotte dans la salle comme un air de grand soir … L'ambiance est la même dans les loges, où même si on ne se congratule pas en se regardant le nombril, chacun est conscient d'avoir donné un bon concert. Les quelques proches présents plaisantent, Christian nous parle des projets du groupe pour les années à venir, laissant augurer une suite tant charnue que charnelle à une œuvre déjà conséquente … Mais quoi de plus naturel, un Ange n'est-il pas éternel ?

Fred DELFORGE - 02 juin 2002