mardi, 01 avril 2003
Le grave se rebiffe
(Small Axe - Tripsichord - 2003)
Durée 52'32 - 15 Titres < /p>
http://www.gravedegrave.com
_Adeptes
des bons mots et des musiques festives, c'est à vous que
Grave de Grave s'adresse. Pour leur deuxième album, les
cinq rigolos affichent une vision radicale de notre monde dissolu
et de ses travers qui ont pour nom marée noire, malbouffe,
misère et religion
Autour de l'Ecureuil, le chanteur
bondissant, on découvre Gib à la guitare, Mc Pennec
à l'accordéon, Mr Brin-Brin à la basse et
Ludo à la batterie. " Le grave se rebiffe " est
l'album de la maturité pour un groupe qui affiche dix ans
de carrière et plus de sept cents concerts au compteur,
mais aussi l'album de tous les dangers puisqu'il sort presque
en même temps que celui de la sulfureuse et foireuse Nolwenn,
bruyante major de sa promotion à la dernière Star
Caca-et-demie
Difficile pour eux de lutter, malgré
tout leur talent, contre la masse de pognon qui va dégueuler
en face ! Mais après tout, on s'en fout, l'important c'est
la prose
_Sous de faux airs beaufs, les Grave
de Grave remuent le couteau dans une plaie sociale béante,
ouverte par quelques crétins en manque d'inspiration
Tout va y passer, du plein de la voiture fait directement sur
les plages (merci Total Fina) à l'église qui fait
discothèque le samedi soir en passant par les RTT pour
les tueurs à gage et le poisson pané surgelé.
Le tout sur un fond de trash rock musette assez folichon qui s'offre
quelques touches de reggae, de musique slave ou de funk à
l'occasion
L'ensemble est foncièrement délirant,
bourré d'autodérision et de second degré
à l'image des " Ma Brandt " en hommage à
Mike, " Sur vos tongs ", " Danse " et autres
" Nul si découvert ". On mélange chanson
d'humour noir avec chanson d'amour gris en phase de rupture avec
" Je l'èèèmeuh ! ", tout autant
qu'on aborde la face cachée du sexe au travers des deux
parties de " Le loup est masseur ". Humour toujours,
mais dans une version plus ironique, avec " La phobie des
glandeurs " ou " Métro, goulot, dodo "
Pour l'anecdote, on signalera la présence en fin d'album
de la cover du " Mme Oscar " de la Mano, d'une ghost
track minimaliste qui reprend l'intro du célèbre
" Angie " des pierres qui roulent et d'une plage vidéo
gentillette qui illustre le non moins gentillet " Ni queue
ni tête ". Un album aussi décapant que charmant
qui déchire Grave
De Grave !
Fred
DELFORGE - 10 mars 2003
COMPTE RENDU DE
CONCERT
LES CROQUANTS - GRAVE DE GRAVE
NEW MORNING - PARIS (75)
LE 18 AVRIL 2003
_Rendez-vous avait
été pris avec les Grave de Grave en ce début
de long week-end pascal pour un concert d'anthologie dans ce haut
lieu de la musique qu'est le New Morning
Pour l'occasion,
le groupe et sa production avaient invité le Team Zicazic
à les rejoindre pour prendre part à la fête.
C'est donc installés à une table, derrière
un ordinateur, que nous avons commencé cette soirée
par quelques démonstrations en live de notre portail indépendant
! Avant de passer aux choses sérieuses, nous tenons à
remercier tous les curieux qui nous ont fait le plaisir de venir
découvrir le site et aux fidèles habitués
qui sont venus nous encourager ou simplement nous passer un petit
bonjour

_Tout devait commencer par une conférence
de presse. Tout le monde a été convié et,
comme d'habitude, il ne manque que les ténors de la plume,
ces derniers ayant sans doute d'autres chats à fouetter
Dommage car les Grave de Grave dérogeront ce soir
aux sempiternelles interviews pour nous servir en acoustique trois
des brûlots de " Le grave se rebiffe ", leur tout
nouvel opus. Ajoutez à cela que le buffet regorge de quelques
gâteries bien appétissantes issues de quelques volailles
dodues gavées au grain et que les grands crus millésimés
coulent à flots, vous n'en resterez que plus dubitatif
quant aux raisons de l'absence de la presse mainstream à
cette joyeuse sauterie
_Il est temps pour
Les Croquants d'investir la scène pour revisiter les standards
de la chanson française allant de Brassens à Bobby
Lapointe en passant par Gainsbourg ou quelques classiques d'avant-guerre,
prouvant par-là même que cet exercice n'est pas le
domaine réservé de ce très cher Patriiiiick
Bruel. Avec une vivacité inouïe, un talent fou et
quelques gimmicks imparables, le duo du Sud a su partir à
la conquête d'un public qui a rapidement succombé
au charme un peu vieillot des morceaux interprétés.
A voir l'ovation qui leur a été réservée
par l'assistance à la fin de leur set, on peut d'ores et
déjà parier qu'ils seront nombreux à se déplacer
en mai prochain pour leur nouvelle date parisienne au Trabendo.

_Après un court intermède,
c'est au tour des Grave de Grave d'attaquer " La phobie des
glandeurs ". Dans le pit, la salle démarre au quart
de poil ! Sur la gauche, l'ambiance est plus calme au grand dam
de Gib qui ne cesse de harceler les spectateurs pour qu'ils se
bougent enfin
La fan base du groupe s'est plus ou moins
regroupée sur la droite et assure un parallèle assez
atypique. L'Ecureuil est en grande forme ce soir et c'est avec
sa gouaille très particulière qu'il va se lancer
dans un tour complet du répertoire du groupe en déflorant
au passage les désormais traditionnels que sont devenus
" C'est l'été ", " La vie est dure
", " Sur vos tongs ", " Ma Brandt " et
autres " Yvan Duvan ". Ayant très rapidement
atteint son rythme de croisière, Grave de Grave aurait
pu se contenter d'asseoir un set carré et minimaliste.
Il n'en sera rien puisque le quintet barré va se lancer
dans un récital intemporel, n'hésitant pas à
prendre des risques pour mieux prendre aux tripes une salle qui
n'en demande pas moins. Ludo quittera un temps ses fûts
pour venir sur de levant de la scène et se lancer dans
un délirant " Le loup est masseur " avant que
le groupe ne poursuive la visite de son dernier opus au travers
de " Nul si découvert ", " Métro,
goulot, dodo ", " Danse ", " J'veux du pétrole
" ou " Sans queue ni tête ". Les Grave attendront
jusqu'à la dernière ligne droite pour nous servir
enfin leur cover du " Mme Oscar " de la Mano
Premier rappel, servi sur trois titres avec " Je l'èèèmeuh
! ", " Pécole " et " Télé
". Le public est déchaîné et en redemande
! Plus que cinq petites minutes avant qu'il ne soit minuit, l'heure
fatidique où le groupe se doit de devenir silencieux s'il
ne veut pas se voir transformé en citrouille et se faire
cueillir par une maréchaussée très vivace
en ces temps bassement Sarkozyens
Il va falloir jouer serré
et après avoir jeté un dernier coup d'il à
la pendule, les Grave remontent en piste pour nous servir une
deuxième mouture de l'imposant " Yvan Duvan ".
Un petit tour dans les loges et tout le monde se retrouve au bar
pour quelques canettes bienvenues et moult dédicaces
Il faisait chaud ce soir, très chaud même par moments.
Le New Morning a vibré au son des accords festifs des poulains
de La Noreille et de Small Axe et les quelques 350 personnes qui
avaient fait le déplacement n'ont pas eu à regretter
d'avoir fait le mince effort de différer leur départ
en week-end. A Pâques, quand les Grave de Grave sont en
ville, le gigot n'a qu'à bien se tenir ! Les dindes sont
prévenues, Noël sera chaud
Fred
DELFORGE - Avril 2003
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