vendredi, 01 février 2002
" Quelqu'un m'a dit "
(naïve / décembre
2002)
12 titres< /p>
http://www.naive.fr/
_Voici
LA surprise, LA sensation, LA touche de fraîcheur du moment.
Qui a dit que pour avoir une femme belle et douée il fallait
en prendre deux ? Celle là sait (presque) tout faire :
lisez plutôt.
_Quand quelqu'un vous dit qu'un ancien
mannequin se lance dans la musique on se dit que l'on va encore
avoir droit à du sous Jennifer Lopez, une de plus perdue
dans les méandres de la FM, une de plus qui se lance dans
l'aventure musicale sans la moindre sensibilité artistique
mais seulement pour l'amour du fric ; l'éternelle course
Or on a ici affaire à une demoiselle qui connaît
bien son affaire et ce en dépit de son inexpérience.
Elle s'en entourée du meilleur bras droit, du meilleur
lieutenant qui soit en la personne de Louis Bertignac, bavard
guitaristique des Téléphones.
Signalons également au passage que la Dame Bruni a fait
le chemin inverse de tout artiste qui se doit en composant d'abord
pour autrui avant de s'occuper de soi ; en effet elle a signé
quelques textes du dernier Julien Clerc dont " si j'étais
elle ".
On ne peut donc qu'admirer sa démarche puisqu'elle n'a
pas opté pour un style musical très in, gros vendeur.
Elle a plutôt choisi de mettre une grosse claque au paysage
musical Français avec des formes que l'on croyait oubliées,
voire caduques : ce qui n'est pas le cas à la surprise
générale.
_Même si l'ensemble reste simpliste
et épuré, il ne tombe pas dans la banalité.
La chanson titre de l'album, " Quelqu'un m'a dit ",
en est le parfait exemple. Paroles et ton mélancolique
sur fond de guitare acoustique servie par une voie chaude et suave
qui rappelle vivement celle de Françoise Hardy.
Elle a su faire des chansons tristes comme " Chanson triste
" sans pour autant tomber dans le piège facile de
la mièvrerie, nous offrir la simplicité sans la
banalité avec " le toi du moi ". Titre qui rappelle
la musique acoustique Brésilienne des années 60.
Elle suscite en outre la malice avec Raphaël qui montre l'influence,
ici plus qu'ailleurs, du regretté George Brassens. Le Sétois,
qu' elle cite dans ses références et influences
aux côtés de Léo Ferré, Barbara, Françoise
Hardy et Serge Gainsbourg. Maître Gainsbarre qui a droit
à une reprise totalement inattendue en " la noyée
". Titre volontairement enregistré avec des imperfections
(on sent la chanteuse au bord du rire par moments) comme l'aurait
désiré le grand Serge.
Il y a aussi un titre meta meta Italien/Français (elle
a des origines Italienne : brunI) avec le langoureux " Le
ciel dans ma chambre " où Bertignac n'a pu s'empêcher
de glisser quelques touches de guitare électrique dans
un petit solo traînant qui marque la frontière entre
la partie Française et Latine : SUPERBE mais surtout INGENIEUX.
On a également droit à de l'électrique sur
" le plus beau du quartier " qui provoque avec son second
degré le sourire à coup sûr. Il est à
supposer d'ailleurs que beaucoup d'étalons en herbe vont
se reconnaître dans ce titre : courage les gars !
La clôture de cet album se fait avec intelligence sur "
la dernière minute " : chanson de
1 min (c'est
bien vous suivez) qui traite justement d'une certaine peur de
voir sa vie s'écouler trop vite sous ses yeux et de n'avoir
le temps de réaliser tout ce dont elle se devait. Tout
ceci dans un second degré intelligent qui contourne le
larmoiement inutile en nous donnant le sourire pour se quitter
en attendant une nouvelle rencontre au prochain album
on
l'espère.
_Carla
Bruni réussit le pari risqué de s'imposer dans l'impitoyable
monde de la musique et ce avec un album oscillant entre poésie
et malice sans jamais montrer le moindre signe de faiblesse. Bruni/Bertignac,
couple, duo infernal qui réussit un certain coup de force
(tranquille) avec un opus qui va rester dans les anales de la
chanson Française aux côtés des plus grands.
Et avec un pareil pavé, le plus dur sera dans un premier
temps la scène mais surtout le second album.
Attention, il y a du monde qui vous attend au tournant.
Stef
BURGATT 01 février 2002
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