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SKUNK (Chronique/interviews et compte rendu de concert) pdf print E-mail
Ecrit par Fred Delforge  
samedi, 01 mars 2003
 

Kinki
(Enragés Productions - Small Axe - Tripsichord - 2002)
Durée 55'15 - 13 Titres
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http://skunkdiskak.free.fr

_Sous des faux airs de Marvel Comics, les Basques de Skunk nous reviennent avec un line up remanié depuis leur dernier album live. Plus d'une décennie passée au service d'un skapunkreggaecore militant laisse forcément des traces et s'il ne fallait en retenir que quelques-unes unes, nous évoquerions les quatre précédents opus, les concerts qui ont conduit le groupe du Moyen Orient en Amérique du Nord, mais également tous ces concerts donnés pour les copains du Pays Basque. Plus qu'un groupe, Skunk est une grande famille. Iban Skunk (guitare et voix), Iñaki Skunk (batterie et voix), Kristof Skunk (basse et voix), Pipo Skunk (cuivres et voix), Pollux Skunk (trombone et voix), Rafa Skunk (guitare et voix) … L'énumération coule de source ! Apôtres d'Euskal Herria, les Skunk s'expriment dans la langue de leurs racines, chaude et colorée, mais ont la bonne idée de traduire leurs textes en espagnol, français et anglais, histoire de faire profiter tout le monde de leur poésie vitriolée.

_Une chose est certaine, la nouvelle formation a resserré les rangs et c'est dans un élan général que Skunk se jette vers ce cinquième album. Une énergie hors du commun et des idées innovantes viennent apporter à " Kinki " une touche originale qui le démarque de ses prédécesseurs. Si le style reste jovial, les Hendaians ne se contentent pas de surfer calmement sur la vague festive qu'ils avaient ouverte, mais entrent au contraire à l'intérieur de rouleaux vigoureux qu'ils arrivent à maîtriser pleinement. Si on s'écorche souvent les oreilles avec les grosses guitares qui passent le mur du son, on arrive à se farter les tympans avec des morceaux qui tirent carrément vers un jazz de bonne facture (" Banopzioa ") ou des essais plus accessibles (" Ikutu Gabe ", " Tiki ", " Tartalo " …). On termine l'album par une douche écossaise avec " Dbkatuta " qui déambule pendant un gros quart d'heure entre sens interdits, mouvements de marées, commentaires intemporels et interventions décalées. Réalisé par André Gielen (Lofofora, GrimSkunk, Tagada Jones …), " Tiki " s'offre un son percutant ! Skunk nous insuffle un vent nouveau, semblable à ceux qui arrivent à provoquer des révolutions de palais. Ah les salauds !

Fred DELFORGE - 12 Octobre2002

SKUNK
Compte Rendu de Concert
SALLE MUNICIPALE - LIMAY (78)
LE 29 MARS 2003

_Limay est en passe de devenir la ville la plus rock des Yvelines grâce à une poignée d'irréductibles débarqués tout droit de la scène alternative des lointaines années ! Habiles dans l'art délicat de programmer des concerts, ils ne se privent pas de le faire le plus souvent possible pour le bonheur de tous. C'est au tour de Skunk de venir fouler ce soir les planches d'une petite scène qui monte, qui monte … Pour l'occasion, Laurent des Enragés a fait le déplacement et c'est lui qui nous accueille dans les studios de répétition d'une des dernières banlieues rouges. Il est 18 heures 30, les Basques sont toujours sur la route et on les attend d'ici une petite demi-heure. Pendant ce temps, Clitoscratch s'affaire à sa balance … Une camionnette immatriculée en Espagne arrive enfin sur le parking. Quelques jeunes gens hirsutes et courbatus en descendent et s'étirent. Après 9 heures de route, les Skunk sont dans la place. Reste à décharger le matos, à l'installer et à jouer … Pas évident la vie d'artiste !

_Le temps de prendre quelques chopes, un peu de repos et un léger repas et le public arrive. Au programme de la soirée, trois groupes. Limay ne fait pas les choses à moitié ! Occupés à interviewer le groupe, nous raterons la prestation de Clitoscratch dans sa quasi-totalité … Bavards les Basques, d'autant qu'ils sont remontés à bloc et qu'ils se livrent à nous sans aucune retenue. Le courant passe bien et les langues se délient. Le gros de la prestation des Yvelinois se passera donc en notre absence et nous arriverons juste à temps pour les derniers titres parmi lesquels nous reconnaîtrons " Larchouma " et " Clitoscratch ". La salle semble bien réceptive à un groupe qu'elle a l'habitude de retrouver régulièrement sur les scènes locales … L'ambiance est chaleureuse, à l'image de la température étouffante qui règne dans la pièce. Dans le public, on reconnaît quelques acteurs de la scène régionale dont quelques représentants de Lucrétia, 100 Raisons, Jabul Gorba, L'Rouquin et les Zot's, Les Gallopins et j'en passe …

_C'est au tour des Assoiffés de s'y mettre. Pour les avoir vus il y a trois semaines dans le cadre du Festival A Donf ! de Pierrelaye, nous attendions beaucoup de ce groupe qui est en phase de préparation de son nouvel album. Il est 23 heures quand les protégés de La Cour Des Miracles investissent la scène. Le set se veut classique, égal à lui-même … Les compos tournent toutes seules et Eric, la canette vissée à la main, n'a plus qu'à assurer ! Et il le fait brillamment le bougre. On se régale des traditionnels que sont " Le con d'en face ", " La Cloche ", " Célibataire " … Le temps passe à une vitesse folle et déjà le groupe attaque " Brebis galeuse " avant de finir son set par l'excellent " J'ai tout fumé ". On est en droit d'espérer un rappel, le public le réclame d'ailleurs … Il est minuit et par respect pour Skunk, les Assoiffés choisiront de ne pas revenir. Le dernier train n'est pas très loin et la salle va très rapidement déverser son flux de spectateurs vers la gare locale …

_Des quelques deux cents personnes qui avaient répondues à l'appel, il ne reste qu'un maigre parterre de fidèles venus assister au concert des petits gars d'Hendaia. Pas de panique, le groupe fera de son mieux pour leur en donner pour leur argent malgré un son qui fait des siennes et un backdrop qui est resté dans le camion pour des problèmes techniques d'accrochage … En une heure et vingt minutes, Skunk va tout donner pour ce qui ne sera certainement pas son meilleur concert mais pas le pire non plus. Emmenés par un Iñaki des grands soirs qui fait virevolter sa crinière blonde derrière ses fûts et un Kristof très en forme, les apôtres d'Euskadi vont revisiter leurs cinq albums dans le détail avec toutefois une certaine propension à interpréter quasiment tous les titres de " Kinki ", le dernier en date. Même si la salle ne ressemble pas à proprement parler à une autoroute un jour de départ en vacances, jamais la pression ne retombera tant Skunk y met du sien pour faire bouger l'assistance. Les puristes se réjouiront à l'écoute des " Ibantxo ", " Etsipena ", " Hapetenia Ska Jazz Ensemble " et autres " Iforokomencer ". Sur la scène, le son est épouvantable ! Dans la salle, c'est à peine mieux. On se prend même à penser à une confusion entre la façade et les retours tans les vagues sont importantes … Après un long rappel, Skunk regagne sa loge. Il est 2 heures du mat' et comme nous sommes le 29 mars, il est donc 3 heures. Ca se bouscule au portillon entre les copains qui viennent souhaiter un bon anniversaire à Laurent et les Jabul Gorba venus passer un petit bonjour aux Skunk et échanger quelques disques. La bière commence à manquer et Nico se fait prier pour aller faire le plein … Dehors, les Assoiffés remballent. Leurs prochaines sorties les conduiront en Bretagne et en Vendée, dans leur jardin pour ainsi dire tant le groupe y est apprécié. Ensuite, ce sera le nouvel album et encore la route … On en reparlera, c'est certain !

Fred DELFORGE - mars 2003

INTERVIEW SKUNK
POUR ZICAZIC.COM


Après dix heures de route dans une infâme camionnette et quelques contrôles de Police, les Skunk arrivaient enfin à Limay en cette soirée du 29 mars 2003. Quoi de plus agréable pour eux que d'apprendre qu'une interview les attendait ? On aurait pu penser qu'ils seraient brefs et concis, il n'en fut rien ! Quand Skunk se lâche, c'est du grand art …

Bonjour, " Kinki " est votre 5ème album et on s'aperçoit que le line up évolue à une vitesse folle … Vous en êtes où actuellement ?
Pippo : Salut, c'est Philippe alias Pippo à la trompette pour les intimes, au féminin. Donc je suis trompettiste et je suis accompagné de Pollux le tromboniste qui s'étouffe, de Rafa, chanteur et guitariste qui boit sa bière et de Iban, chanteur et guitariste aussi qui regarde très gentiment et de loin cette interview. Donc le line up vite fait … Skunk dans sa version actuelle a démarré en 1994 avec deux chanteurs guitaristes, deux cuivres, une basse et une batterie. Auparavant, il y avait un chanteur qui jouait des claviers, il y avait aussi une saxophoniste … Mais maintenant on est de nouveau à six et ça marche par trois binômes : un binôme de guitaristes chanteurs, un binôme de cuivres et un binôme de basse batterie. Voilà, et puis on fait aussi des matchs de foot, des tournois de mouche et des pétanques ensemble. Donc si le line up évolue, c'est comme pour tous les groupes du monde, il y a des gens qui à certains moments ont envie de faire autre chose ou qui ne s'entendent plus entre eux et qui décident d'arrêter. C'est pour cela qu'on est plus que six actuellement. Mais à six c'est très bien, ça marche impeccable, ça tourne et puis il y a aussi notre éclairagiste gourou qui s'appelle Ibantxo mais qui n'est pas là en ce moment donc en réalité, nous sommes sept et sept, c'est le chiffre de la musique donc tout va bien !

On annonce ce soir un concert ska contre le racisme. C'est une cause qui vous est chère ?
Pippo : Ah bon, c'est un concert ska contre le racisme ? J'ai pas lu les affiches …
Rafa : Oui, c'est tout à fait ça parce qu'en fait le micro ondes est Sharp donc skinhead et c'est là que j'ai su que c'était un truc anti-raciste.
Pippo : Ouais ben évidemment qu'on est contre le racisme … Je ne vois pas qui pourrait être pour le racisme. On joue depuis des années dans des concerts qui sont contre la racisme.
Rafa : Et on ne joue pas dans des concerts pour le racisme !
Pippo : Ils ne nous invitent pas ... Et donc ska, ben oui on est tout le temps dans les concerts ska même si maintenant Skunk a un peu dévié puisqu'on fait du rock, du funk, du ska, du reggae, du punk, du métal et bien d'autres encore …

Skunk est un groupe engagé, politique disent certains, qui défend l'identité culturelle basque … Cela consiste en quoi exactement cette identité culturelle ?
Skunk chante depuis 1990 en Euskada, c'est à dire en langue basque. Nous on vient du Pays Basque donc ça nous est cher de parler dans la langue qui est la notre mais ce n'est pas pour cela que l'on reste forcément fermés sur notre identité et sur notre langue puisqu'on fait des chansons en Français, en Espagnol et plus récemment en Italien avec " Ti Amo Ancora " … On a même parlé un jour de faire quelque chose en Hongrois ou en Tchèque. On est pas du tout hermétiques aux autres cultures, on souhaite juste faire connaître la notre dans le plus d'endroits possibles … Donc après, engagé politiquement, et bien qui ne l'est pas aujourd'hui ? Si chanter en langue basque signifie être engagé politiquement, alors on l'est … Dans nos textes, il y a aussi nos revendications sociales, on y parle aussi du rapprochement des prisonniers politiques basques qui est un thème assez important en ce moment chez nous. D'ailleurs il y avait aujourd'hui même une manifestation à Bayonne … Pour te brosser un portrait de ce qu'est une manif au Pays Basque, il devait y avoir aujourd'hui cinq bus de CRS d'un côté de la frontière et autant de l'autre plus sur la frontière de l'autoroute d'autres bus de Gardes Mobiles et de la Policia Nacionale … Tout ça pour dire que les forces Françaises et Espagnoles paraissaient vraiment hostiles à ce qu'il y ait des gens du Pays Basque sud qui viennent à cette manifestation ! C'est régulièrement comme ça, il y a régulièrement des contrôles et je pense qu'on doit avoir une densité policière assez élevée comparée à celle de toute l'Europe. Donc pour ce qui est du rapprochement des prisonniers politiques Basques, brièvement (rires), il y a une plate forme qui existe en France et en Espagne et dont la revendication est que chaque prisonnier politique soit incarcéré dans la région la plus proche de son domicile. En ce moment, il y a 671 prisonniers politiques Basques, je ne sais pas combien en France, mais la majorité est dans les prisons à proximité de Paris ce qui fait en général 2000 kilomètres aller et retour pour les familles qui vont les visiter. Donc voilà, c'est un droit légitime que tout prisonnier est en droit de réclamer. Ce n'est pas pour défendre ce qu'ils ont fait, c'est à eux de l'assumer mais on demande au moins que ce droit là soit respecté. Pour moi, il est d'autant plus important que c'est à mon avis la clé pour commencer la résolution du conflit ! Les états Français et Espagnol ne veulent pas résoudre ce conflit, enfin on va voir ce que dit Sarkozy puisqu'il a commencé avec les prisonniers politiques Corses, mais manifestement les deux états n'ont pas envie de se bouger la nouille pour résoudre ce problème.
Iban : Au contraire ils cherchent à empirer les choses en interdisant un journal entièrement rédigé en langue basque qui faisait quarante et quelques pages et qui faisait un travail très professionnel sans aucune implication politique, subventionné par le gouvernement Basque. Il y a aussi les attaques contre les écoles d'alphabétisation en langue Basque pour les adultes, l'interdiction des partis politiques comme Batasuna, ce qui nous rapprochent du modèle turc où un parti a aussi été interdit … Je te passe l'interdiction des associations culturelles qui militent en faveur de la culture et de la langue.
Pippo : Ce que veut dite Iban en fait, c'est qu'il y a la lutte anti-terroriste contre l'ETA mais que suite à ça, il y a une espèce de chasse aux sorcières et que tout ce qui découle du mouvement culturel ou politique basque est bafoué et criminalisé. Ils appliquent la loi anti-terroriste à toutes les associations, à tous les partis politiques, les journaux et plus généralement tout ce qui contient le mot Basque. Les gens se font arrêter, ils sont torturés parce que même en 2003 l'Espagne continue à torturer dans ses prisons et ses commissariats.
Rafa : Il y a eu 160 cas de torture en 2001 et ce n'était pas l'année la plus noire … Ce sont les chiffres officiels déclarés par Amnesty International.
Pippo : Donc voilà, il y a plusieurs choses à savoir quand on parle du problème basque ! Il y a les actions qu'ETA mène, légitimes ou non, bourrines ou non, mais il y a aussi les groupes anti-terroristes de libération qui ont été créés par la France et l'Espagne avec des mercenaires pour tuer les gens recherchés …

Musicalement, vous mélangez des guitares furieuses et des cuivres subtils … Vous en arrivez à un style original qui vous démarque des autres groupes. C'est une volonté de sortir du paquet ?
Pippo : moi je repose la question … Si la question est de faire absolument une musique qui va marcher dans tous les coins du Monde, qui est méga-festive et qui est vue et revue dans tous les coins, c'est vrai que ce n'est pas l'ambition de Skunk ! Notre but, c'est de faire notre musique en prenant des risques contrairement à des groupes qui sont très biens mais qui ne prennent aucun risque et qui font des disques qui se ressemblent éternellement … Dans le ska festif il y en a un paquet et comme la position est assez confortable ils pensent qu'il n'y a aucune raison d'en bouger. Nous on prend un petit plus de risque en faisant des chansons plus métal mais aussi du reggae, du trad pouêt-pouêt et aussi tout simplement du rock et donc nous arrivons à avoir notre propre style. Si ça plait aux gens, et bien tant mieux !

Sur l'album, chaque musicien est crédité du nom de famille Skunk … Le groupe est vraiment si soudé qu'il en est devenu une famille ?
Pippo : Oui, c'est une certaine famille. Pour certains, ça fait neuf ans qu'on se côtoie quasiment chaque jour. On mange, on dort, on pète dans le même lit parfois, on boit des coups, on fume des pé … euh des clopes et donc c'est vrai qu'on en arrive à une certaine familiarité entre nous mais je n'ai vu personne à poil encore. Donc je ne peux pas dire qui a un gros ou qui a un petit kiki ou qui a des tatouages mais j'ai quand même ma petite idée … Donc voilà, neuf ans, cinq cents et quelques concerts dans les pattes, des tournées dans le monde entier, dont les limites sont le Québec, le Liban, la République Tchèque, l'Autriche, l'Allemagne, la Suisse … Ca fait pas mal de moments passés et donc on peut appeler ça une famille

Vos chansons sont en langue basque mais vous prenez le soin de traduire les textes dans plusieurs langues pour faire passer le message … Vous pensez que les gens prennent le temps de les lire ?
Pippo : Bon, nos paroles ne font pas partie de la grande littérature. C'est du rock'n'roll, il y a des trucs qui sont spontanés, d'autres qui sont plus keupon ou plus philosophiques. C'est vrai que c'est en langue Basque et que finalement il y a très peu de gens qui parlent le Basque, ce qui est un peu normal d'ailleurs. On a voulu donner la chance à tout le monde de savoir de quoi on parlait. Nous on est assez habitués au tri-linguisme et on y a rajouté l'Anglais pour que ce soit compréhensible par tous.
Rafa : Je pense que les gens se donnent la peine de les lire en général. Ce n'est pas toujours le cas, il y a des chroniques où il était écrit que nous étions un groupe français qui chante en Italien ou en Catalan … Parfois, on entend des gens qui disent que c'est dommage que l'on chante en Catalan parce qu'ils n'y comprennent rien alors que dans les pages d'à coté c'est traduit. Mais je pense qu'en général c'est assez lu puisqu'il y a même des gens qui nous ont écrit en Basque sans même le comprendre, juste avec des phrases traduites dans le livret pour essayer de faire une petite lettre …

Vos tournées précédentes vous ont conduit dans pal mal d'endroits … Vous avez des destinations exotiques prévues pour celle là ?
Pippo : précisément, dans le calendrier on reste en France en général pour mars et avril. En mai, il y a une tournée prévue avec pas mal de dates en Suisse, en Autriche et en Allemagne. Il y a un public intéressant avec lequel on s'entend bien et donc on y va. En Suisse, il n'y a pas que des cons. Ils ont plus de fric que les autres mais il n'y a pas que des cons. D'ailleurs, ce soir on est avec un ami Suisse germanophone et francophone qui vient apprendre le Français au Pays Basque. Dans les autres destinations, il y aurait une tournée prévue au Mexique en octobre et novembre et nous espérons qu'il y en aura aussi une au Québec.

Vous êtes un des groupes précurseurs d'une nouvelle vague de musique festive qui nous envahit depuis quelques années. Ca représente quoi pour vous ?
Pippo : Si on fait un petit flash back, on s'aperçoit que dans les années 1995 à 2000 a eu lieu une émergence de groupes reggae, ska et rock avec des cuivres. C'est vrai qu'il y a eu une grosse vague, on peut citer Spook And The Guay, Les Marcel, la Ruda, les Caméléons … Skunk faisait partie de cette même famille entre guillemets, les gens nous mettaient à chaque fois dans le même lot et d'ailleurs nous avons fait pas mal de festivals avec tous ces artistes. Il y avait aussi un besoin de déconner, la musique festive devait déjà exister mais certainement pas dans une version aussi patate. Bien entendu, juste avant il y a eu la grosse influence de la Mano Negra, les Négresses Vertes, les Satellites et bien d'autres encore. Il y en a qui ont commencé à mettre des cuivres sur leurs chansons, à faire le même genre de musique, à chanter en Français et en Espagnol parce que ça devenait à la mode … Donc on s'est retrouvés un peu dans cette vague là mais n'est il pas temps de tourner la page ? Moi j'analyse naïvement ça dans le sens où avant il y avait un phénomène punk, hardcore, métal ou hard rock et que les gens avaient besoin d'une musique plus faite pour bouger, plus positive et colorée, avec des cuivres parce que l'utilisation des cuivres, c'est le retour à de vrais instruments qui ne sont pas électriques … Peut-être que je me plante mais moi ça me paraît pas mal comme explication. Donc on en arrive en France à une émergence incroyable de groupes de tous niveaux et de tous styles, reggae, rock, ragga, ska de toutes familles et tout le reste … Donc nous on essaie de s'en détacher parce qu'on ne souhaite pas faire tout le temps la même musique comme tout le monde !
Rafa : On a toujours été une bande de punks depuis la formation de Skunk et même quand on jouait du reggae ou du ska, ça a toujours été avec une façon très punk de penser la musique.
Pippo : Le fait maintenant de faire de la musique festive est délibéré et peut être même dans le cahier des charges dès le début, ce qui n'était pas du tout le cas pour Skunk. Donc on continue à faire notre musique comme ça nous chante. En ce moment, on travaille sur une reprise de Richard Gotainer et il y a une reprise des Béru qui est en route donc comme tu vois, c'est no limit !

Où en est cette vague maintenant ?
Pippo : Et bien je te retourne la question … A mon avis les groupes de cette vague de musique festive ont encore de beaux jours devant eux mais à mon avis ils ne vont plus inventer grand chose, ça va tourner un peu en rond. Tant que ça marche et que ça met du bonheur dans les chaumières, pourvu que ça dure … Il vaut mieux ça que du death métal et que tout le monde se mette à se trucider. Non, je plaisante mais bon …
Rafa : Du festif métal …
Pippo : Ouais putain, on va peut-être faire ça ! Dans dix ans, on sera reconnus comme les précurseurs du festif métal …

Comment envisagez vous l'avenir du groupe à moyen terme ?
Pippo : Et bien, toujours des concerts, à gauche et à droite et surtout sans aucune limite géographique … En France, la petite tournée en Suisse, Allemagne et Autriche, des Festivals en veux tu en voilà, Le Mexique si ça peut se faire, le Québec … Il n'y a plus qu'à monter des dossiers et à obtenir des aides parce que c'est assez lourd tout ça. On a de bons collègues avec qui on a joué au Québec en 2000, les gars de Grimskunk, Balthasar, Vulgaire Machin … C'est un peu grâce à eux qu'on avait été hébergés.

Autre chose ?
Pippo : Non, pas grand chose … On paraît peut-être un peu aigris et tristounets mais c'est parce que la période est morose, qu'il y a la guerre … Je laisse le soin à d'autres médias d'en parler, objectivement s'ils le peuvent. Autrement, c'est un peu flippant de voir chez nous ce qu'ils se passe, voir qu'on saborde un journal en langue Basque, non engagé politiquement et qui fait son travail le mieux qu'il peut le faire
Rafa : Et puis au niveau européen il n'y a eu aucune retombée, aucun journal n'en a parlé … Quand on interdit un journal en Côte d'Ivoire, on en fait des tonnes, le Monde Diplomatique sort un supplément et à coté on interdit un journal en Espagne entre guillemets, il y a une manif avec 120000 personnes et personne n'en a parlé …
Pippo : donc voilà, un quotidien interdit, un parti politique interdit, des associations de jeunes interdites elles aussi …
Rafa : Des journalistes torturés …
Pippo : Donc c'est pour ça que vous trouverez la chanson " Debekatu " sur notre dernier disque qui s'appelle " Kinki ". C'est une chanson un peu pouêt-pouêt, un peu fanfare où l'on parle de debekatu, debekatuta, ce qui signifie interdit. On y énumère toutes les choses, ironiquement au début puis ensuite plus sérieusement, qu'un Aznar ou qu'un Bush pourraient interdire … Et voilà !

Merci.

Propos recueillis par Fred DELFORGE - mars 2003