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TAGADA JONES pdf print E-mail
Ecrit par Stephane Burgatt  
samedi, 01 novembre 2003
 

L'envers du décor
(Enrage Production - Small Axe - Tripsichord - 2003)
Durée 42'49 - 13 Titres
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http://www.tagadajones.com

_Pour qui est adepte d'un punk aux relents hardcore et même métal, Tagada Jones est un véritable délice ! Pour leur quatrième album, les Bretons ont décidé de persévérer dans le militantisme et d'utiliser plus que jamais leurs textes pour faire passer un message qui leur est propre. Autour des deux voix du combo, Gus (samples) et Niko (guitare), on entrevoit un petit nouveau, Seb, qui reprend le poste de bassiste laissé vacant par Pepel, mais aussi les incontournables Boiboi (batterie) et Stef (guitare). Avec plus de six cent concerts dans une vingtaine de pays et presque dix longues années de travail, les Tagada Jones ont gagné le respect de leurs fans et leurs prouvent une fois de plus qu'ils le méritent puisque cet album entre dans la droite lignée des traditions du groupe. Efficacité, droiture, absence de compromis … Tout ce qu'on aime quoi !

_S'il était un groupe qui pouvait prétendre à la place de leader de la scène punk hardcore française, il a désormais des soucis à se faire car cet " Envers du décor " affiche clairement ses ambitions de tenir la dragée haute à d'éventuels prétendants au trône. Usant intelligemment des harmonies là où ils pourraient se contenter de beugler leurs revendications, les Tagada Jones proposent une musique forte, violente et colorée qui frappe droit au but. Engagés jusqu'aux bouts des ongles, les textes sont autant d'exutoires qui laissent transparaître les motivations fortes d'un combo qui a du mal à encaisser les travers de notre société. Les refrains vous pètent à la tronche comme autant de petites bombes dérangeantes et on a vite fait d'emmagasiner les plus féroces ou les plus actuels … " A gauche comme à droite ", " Un Kulte ", " Les Cobayes ", " Apocalypse ", " Star System " ou " Reality show " sont autant de classiques sur lesquels les kids vont lancer leur infernal pogo lors des concerts à venir. La contestation est restée le credo des Tagada Jones et pour tout vous dire, ça nous fait bien plaisir. Il fallait oser ce genre de protestation en des temps où les Ernest-Antoine, Endémol et autres petits Nicolas ont décidé de prendre les rennes du pays en main … Tagada Jones l'a fait. Chapeau bas !

Fred DELFORGE - 24 septembre 2003

TAGADA JONES
Compte rendu de concert
Le poste à galène - Marseille
7 novembre 2003


_Comment une salle aussi mal gérée peut elle accueillir des groupes de renom tels les Tagada Jones ? Les noms des invités, notés au dos d'un fly, sont bien souvent perdus, l'accueil est autant impersonnel qu'exécrable. Sauf bien sur dès qu'il s'agit d'ouvrir la porte monnaie. On appelle ça comment déjà…ah oui, ça me revient : vampires des comptoirs. Par contre il faut leur reconnaître une qualité : ils savent susciter le rire. Car quand tu vois les vigiles fouiller le groupe star de la soirée à l'entrée, ça dépasse les limites de l'imaginable. Et des gérants comme ça on aimerait bien vite les oublier. Hélas, ils s'offrent de bien belles têtes d'affiche.
Heureusement, que le groupe se montre très ouvert et l'interview accordée pour l'événement nous permet de respirer un peu. Nous manquerons ainsi la performance des Unfit (désolé pour eux) ; mais comme on dit, il faut ce qui faut. Mais d'après l'analyse de Stef, le grateux des Tagada Jones, ils ont servi un bon hardcore à l'américaine et des prémices de pogo se sont fait sentir.

_Opération " fuck the star system " oblige, le groupe fait lui-même les derniers réglages sur scène et Niko lance furieusement la partie (quand il s'agite il fait vraiment penser à Michaël J Fox. Si si, vous verez). Le public, bien que moyennement abondant, à peu près 200 personnes, réagit bien à l'énergie débordante du groupe et de son second chanteur, Gus, qui n'hésite pas à descendre micro au poing dans la fosse. Le public adore ce qu'on lui met dans la tronche et le fait savoir. Les premiers titres font honneur au dernier opus de la bande qui n'oubliera pas ses vieux classiques tels " SOS ". Des slams sont tentés par des individus volumineux (pour certains) devant un public trop maigre…c'est le sol qui fera office de réceptacle ; c'est le risque que tout punk en herbe doit prendre en conscience !
Seul un petit veinard réussira l'unique slam réussi de la soirée, le seul qui ne s'est pas éclaté comme une merde. Pendant ce temps, TJ écorche le star système ou encore nos politiques, soutient José Bové…bref, ils font leur taf sans taches. Et après une sorte de faux rappel (anti star système oblige n'est ce pas ?), ils terminent la partie en lâchant carrément les commandes des micros à des fans qui n'en reviennent pas et sautent bien volontiers sur cette occasion en or. Les Tagada sont énormément soutenus par leurs fans et ils le rendent bien…star système où étais tu ce soir là ?

Stef BURGATT pour Zicazic.com - 07 Novembre 2003

TAGADA JONES
INTERVIEW EXCLUSIVE POUR ZICAZIC

Rencontre détendue au troquet du coin avec Niko le leader, chanteur et grateux des Tagada Jones. Et ce pendant la première partie de leur show assurée par les Unfit. Eh non la punk attitude n'est pas morte, elle a encore pas mal de punch a revendre ; la preuve.

Stef : Une question que l'on a jamais du te poser une seule fois : le nom Tagada Jones, hormis les influences " picsou magazine ", c'est quoi ?
Niko : C'est vrai qu'on nous la pose souvent celle là. Il n'y a pas vraiment d'explication en fait. Au tout début du groupe, en décembre 93, on a du changer six fois de nom dans les premiers mois. Le premier c'était les " Mamie surfe dans le golfe ", à l'époque de la première guerre en Irak ; c'était complètement débile (rires). L'explication c'est les quelques grammes d'alcool dans le sang et les " tagadagadagada " de la guitare. Ensuite, pourquoi est on parti là-dessus, je ne vois plus aucune autre raison plausible. Et puis ce nom est resté. On aurait pu prendre un nom plus sérieux, plus marketing mais on s'en fout. Comme le titre des chansons, on s'en foutait aussi. Et les répets…c'était plus des beuveries qu'autre chose (rires) !

Stef : à vos débuts, vous étiez très punk rock pour ensuite évoluer sur du hard core. A ce jour, tu penses plutôt retourner aux sources ou faire encore évoluer ta zic ?
Niko : le côté punk reste toujours, dans les paroles et dans le style vindicatif et revendicatif. Et tu sais quand on a commencé, on ne savait pas du tout jouer et puis moi je venais de l'alternatif donc on est resté sur du simple avec 4 accords. Et comme tous les groupes, tu prends un peu de technique et tu as envie de jouer avec ce que tu viens d'apprendre. Et puis pour nos albums on ne nous a jamais collé de producteur exécutif donc on a toujours pu faire les choses à notre idée. On vit au quotidien sans vraiment réfléchir et en jouant ce qui nous fait plaisir. Il n'y a que sur le dernier album qu'on s'est fait une espèce de pré-prod. Je pense que celui là ressemble un peu plus à ce qu'on a envie d'écouter personnellement.
Et puis surtout on n'écoute plus les mêmes choses qu'il y a 10 ans.

Stef : c'est un vrai coup de chance pour un artiste d'avoir ce contrôle sur son produit…
Niko : on a créé enragé prod avec l'intention de nous produire. Et du coup on n'a jamais eu à faire face à des concessions vu qu'on a toujours voulu faire notre boulot tout seul sans jamais avoir envie d'aller ailleurs. Et je fréquente assez le milieu pour voir que les groupes qui sont sur un gros label indépendant ne font pas ce qu'ils veulent. Par exemple les Uncommonmenfromars, je trouve vraiment dommage de la part de Wagram d'attendre autant de temps pour les faire enregistrer leur disque ! Et je ne te parle même pas des majors où tu as un directeur artistique qui te cadres bien vers là où tu dois aller ; et ce, même sans que les artistes ne s'en rendent compte. On aurait été à leur place c'est clair que l'on se serait fait bouffer petit à petit mais on a posé les limites dès le début. On a déjà été contactés par des boites mais on est restés fidèles à notre discours.
Et tu sais, c'est dans ces cas là que tu en vois plein tourner leur veste. Les avis changent avec le temps…

Stef : quelqu'un à vendre en particulier ?
Niko : non, ce n'est pas pour être méchant que je dis ça mais de nos jours, l'attrait de l'argent est devenu si puissant que les groupes ne résistent pas. Quand tu discutes entre 4 yeux, tout le monde est copain mais dès que tu en as un qui arrive et qui pose un chèque de X milliers de Francs sur la table…l'argent prend le dessus. Beaucoup se sont fait bouffer comme ça !
Quand tu vois tous ces groupes montés de toutes pièces comme la star ac', qui sont pressés de toutes parts. Ca gave tout le monde vite fait ; c'est un produit de consommation rapide et au bout de 3 ans tu le balances à la poubelle.

Stef : d'être le capitaine d'une boite indé ça relève pas de l'acrobatie ? Surtout quand tu vois le naufrage de Boucherie prod'…
Niko : je ne sais pas pourquoi ils ont coulé. C'est quand même eux qui ont lancé le premier disque de la Mano Negra mais peut être qu'après ils n'ont pas su rester en phase avec les envies du moment. Pour le moment je trouve que nous on n'est pas à côté de la plaque. Peut être que dans 5 ans je ne te dirai pas la même chose. Peut être même que l'on aura arrêté le disque pour passer sur un support dur. Là dessus je pense aussi qu'on peut suivre. On a toujours fonctionné avec peu de moyens. Et puis quand tu sais que dessus c'est Tagada qui fait le gros des ventes tu te rends mieux compte de la chose ; on ne vend pas des cent et des milles. Le dernier on l'a écoulé à 6000 ex et celui là on compte franchir les 10 000 ex. Cumulé, on a du vendre 40 000 ex. On est pas perdant dessus mais on est tout juste gagnant. L'envergure d'un salaire peut être.

Stef : vous êtes très engagés dans vos textes. Quelle est la chose qui te révolte le plus en ce moment ?
Niko : l'individualisme des gens. On vit dans un monde super égoïste et la solidarité n'existe plus. Chacun vit dans son coin et ne voit plus personne. Une révolution sociale était prévue pour octobre et ça m'a bien fait rire car personne ne peut se saquer ! Quand les fonctionnaires descendent dans la rue ils se font traiter d'enculés par ceux du privé. Quand les intermittents bloquent des festivités ils se font gueuler dessus car ils empêchent certains de se faire des tunes…
Au bout du compte, personne ne se serre les coudes et rien ne se passe. Et ça les fait bien rire là haut car leur plan de diviser pour mieux régner marche à merveille.
Dans cette pyramide de l'intermittence, tu as ceux d'en haut qui n'ont même pas besoin de cette alloc pour vivre et ceux d'en bas qui s'en sortent tout juste et qui ont besoin de cette tune pour pouvoir continuer à créer. Et c'est à ceux-là que l'on s'attaque, encore une fois on sabre le bas de la pyramide. Et de notre côté on a pas réussi à aller de l'avant, on n'a fait que se tirer dans les pattes et les réformes sont quand même passées. C'est cet individualisme qui est en train de me tuer en ce moment.

Stef : il y a un nouvel arrivé dans la bande ; qu'à t'il apporté ?
Niko : un groupe c'est une famille, tu vis les uns sur les autres tout le temps. Donc, un nouveau venu ça change déjà beaucoup humainement parlant. Musicalement, lui joue avec les doigts alors que son prédécesseur jouait avec un médiator. Il a fallu s'habituer à ça, à son style de jeu. Mais bon, lui est arrivé juste avant l'enregistrement et il a pas eu le temps d'imposer sa patte. Je pense que ça se sentira plus sur le prochain…

Stef : Comme Trujillo au sein de Metallica. En parlant de ça, t'en as pensé quoi du Saint Anger ?
Niko : c'est clair que ça a bien changé déjà. Je respecte ce qu'ils font. Je le prend come un pied de nez à tout ce qui se fait de nos jours, à tous ces groupes surproduits. Eux à l'inverse ont fait un album " roots style ". A leur niveau ils s'en branlent de ce que les gens en disent. Ils se sont déjà pas mal fait baver dessus.

Stef : les punks Québécois ont-ils différents de ceux d'ici ?
Niko : les gens sont beaucoup plus ouverts. Tu rencontres un mec dans la rue, c'est ton " pote " et tu vas boire un coup avec lui. Ici c'est l'inverse, il faut que le mec te montre qu'il est cool pour que tu ailles boire un coup avec lui. Là haut il faut qu'il te montre qu'il est con pour que tu arrêtes de boire un coup avec (rires). Ca n'a strictement rien à voir. Le côté négatif, c'est que c'est les états unis et ils sont autant individualistes que eux ; chacun pour sa gueule. Quand tu creuses un peu c'est très superficiel. Là bas le punk c'est une mode vestimentaire et rien de plus. Par contre tu passes des vacances à coup sur.

Stef : actu punk, le grand retour des Beruriers noirs…
Niko : ma question c'est : est-ce que j'ai le droit de donner mon avis là-dessus ? Tu vois, nous on ne va pas jouer aux Transmusicales. C'est le festival le plus subventionné de Rennes. Et j'ai du mal à voir le rapport entre les Bérus et ce festival qui n'a jamais fait de punk sauf au moment où ça a été la mode. Pourquoi avoir choisi de faire leur retour là ?
C'est très critiqué à Rennes d'autant plus qu'ils jouent au milieu d'un chanteur Breton et de Stephan Eicher. Leur choix m'étonne.
J'aimerai être une petite souris pour voir Eicher jouer devant des punks.

Stef : tu espères quoi pour l'avenir ?
Niko : continuer à jouer, si possible avec Tagada et pour faire une musique qui colle avec l'esprit du groupe, pas pour utiliser le nom juste pour vendre. Pas faire de la pop sous le nom de Tagada sous prétexte qu'on est bien ensemble. Le jour où on aura envie de jouer autre chose on changera de nom tout simplement. Et surtout qu'il n'y ait jamais un petit con qui vienne me taper sur l'épaule en me disant " eh, vieux croulant, arrête tes conneries ! ".
Je me vois bien grand patron de major, les doigts de pieds en éventail, j'aurais fait deux ou trois tubes et je me ferais les poubelles de la star ac'

Stef : eh pourquoi pas…En tout cas merci pour ce sympathique moment interview.
Niko : Merci à vous et longue vie à votre zine car des groupes comme nous, qui ne sont pas parachutés du haut par les majors, ce sont les médias comme vous qui nous font sortir du lot...

Propos recueillis par Stef BURGATT por Zicazic en Novembre 2003