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TRYO pdf print E-mail
Ecrit par Fred Delforge  
mercredi, 01 octobre 2003
 

Grain de sable
(Yelen - Sony Music - 2003)
Durée 56'41 - 15 Titres

http://www.tryo.com

_Le cap du troisième album est bel et bien franchi par un Tryo qui évolue une nouvelle fois à quatre ... Après les excellents " Mamagubida " et " Faut qu'ils s'activent ", on s'attendait quelque peu à une poursuite dans la direction d'un frenchy reggae acoustique des plus enchanteurs et force est de constater que ce " Grain de sable " a réussi le tour de force de réunir en un ensemble cohérent les ingrédients qui ont fait la réputation de la bande à Manu, Mali, Guizmo et Daniel. Avec un petit million d'albums vendus et un gros millier de concerts au compteur, Tryo revient quelque peu assagi mais toujours aussi engagé. Un moment annoncé comme un album post-21-avril, le troisième opus de ces éléments éminemment perturbateurs a su prendre le parti de la dérision et aborder des sujets divers, graves certes, mais présentés comme à chaque fois avec humour et intelligence ... Ce n'est pas le bêtisier vidéo qui nous est offert en bonus qui viendra pas me contredire.

_Tryo commence fort et se lance d'emblée dans un " G8 " qui me manque pas de faire allusion à un triste Gènes sanguinaire ... Le ton est donné, Tryo n'a rien perdu de sa superbe et compte bien faire partager ses vers assassins à un public de plus en plus étoffé. Tout va y passer, de la télé-poubelle avec " Sortez-les " au calvaire palestinien de " Si la vie ma mis là " en passant par l'immense " Pompafric " et les grandioses " Désolé pour hier soir ", " J'ai un but ", " Monsieur Bibendum ", " Comme les journées sont longues " ... Relevé d'un ton par un son à faire pâlir les meilleurs mais surtout par une production impeccable, " Grain de sable " n'en reste pas moins humain et sensible par la subtilité de son chant et de son jeu. Les quelques " Serre-moi " ou " Ta réalité " sont autant de chansons intenses aux sentiments profonds qui viennent pondérer les revendications sincères et légitimes de " Récréation " ou de " Dans les nuages ". Ce " Grain de sable " ne manquera pas de venir perturber une machine politique bien huilée en se transformant à l'occasion en caillou dans la chaussure de nos dirigeants. Tryo s'amuse toujours autant mais prend du volume en étoffant son répertoire de quinze morceaux bien construits. Résolument " Pas pareil ", il est désormais certain que l'on ne retrouvera pas Tryo cette année encore à la garden party de l'Elysée ... Dommage car ils auraient peut être pu donner quelques tuyaux utiles au Petit Nicolas pour occuper ses vacances !

Fred DELFORGE - 15 Juin 2003

COMPTE RENDU de CONCERT TRYO
LA SCENE - VERNOUILLET (78)
LE 11 OCTOBRE 2003

Bonne surprise à La Scène puisque la soirée affiche pratiquement complet, chose qui ne s'était vue jusqu'à maintenant que pour des têtes d'affiches telles que Calogero ou Jean-Louis Aubert … Autant vous dire que côté organisation, les mines sont radieuses ! Coté Tryo, on se remet de ses émotions. La route a été longue depuis Lorient où le groupe jouait la veille, d'autant que le tour bus n'a rien trouvé de plus malin que de tomber en panne sur le parcours. " Grain de Sable " dans une mécanique bien huilée ? Retour de bâton ? Rien de grave toutefois et c'est un groupe détendu qui nous accueille dans l'antre vernolienne. On cause un brin de cette tournée qui démarre et de cette troisième date qui s'annonce très chaude. Treize cents personnes, ce n'est pas une paille …

C'est Gérald Genty qui se charge de chauffer le public ce soir et c'est Tryo au grand complet qui se charge de l'introniser à la manière " Ecole des Fans " … Pour son one man show, Gérald a choisi la chanson française et l'autodérision et, tout bien pesé, il s'en sort assez bien face à un public qui réagit peu mais semble toutefois attentif. Après un lot de gag faisant appel à des raquettes de tennis, des lunettes de piscine, des mannequins en bois ou un téléphone, quelques mots fins et autres répliques truculentes, le soliste quitte la scène et laisse la place à un des groupes les plus en vue de la scène hexagonale …

Il est 21 heures 45 quand Tryo investit l'espace scénique et se lance dans un long délire qui laisse entrevoir son premier titre, " Dans les nuages ". Le groupe au grand complet affiche une banane des grands soirs et c'est avec une prestance hors normes que Manu, Mali, Guizmo et Daniel se lancent dans un set envolé qui, côté public, a quelque peu de mal à démarrer. Le son est énorme, bien calibré et parfaitement clair, comme on l'aime … En fond de scène, le bar de Totor reçoit ses premiers invités selon un rituel savamment organisé. Les nouveaux titres s'enchaînent, de " G8 " à " Serre-moi " en passant par " Sortez-les ", " Si la vie m'a mis là ", " Cogema " ou " Monsieur Bibendum ", mais ne reçoivent pas l'accueil espéré, même si le groupe se plaît à égratigner tour à tour la télé et la mondialisation ou à saluer les gens venus à Millau, Greenpeace et les étudiants qui ont soutenu leurs professeurs au printemps dernier … Non pas que l'accueil soit froid, mais il manque juste au public, majoritairement très jeune, le détonateur qui permettrait de lancer le délire et de débrider la soirée ! On passe encore " La révolution ", " La crise " et, après une heure de concert, c'est " La main verte " qui permet à l'ovni Tryo de prendre enfin la voie des étoiles … On n'y croyait plus ! Il va falloir jouer serré, d'autant que la set liste est déjà déroulée aux deux tiers.

Assurant à la perfection son rôle de trublion, Tryo va maintenant user de son pouvoir de séduction pour faire passer ses messages et c'est une revendication en faveur de l'école laïque et gratuite qui sert de carburant pour lancer une " Récréation " bien accueillie, même si la pression redescend d'un cran. Vernouillet reprendra vite son rythme de croisière, en partie grâce au long final de ce morceau mais aussi avec l'intro un brin psyché de la " Ballade en foret " qui suit, pour ne plus le quitter, soutenu dans son effort par les gags qui s'enchaînent. Coup de griffe à Jennifer et à Star Ac' avec " Désolé pour hier soir ", véritable ode aux pochtrons. Coup de patte amical à Noah qui montre son cul à tous ses concerts (sic) à l'entame de " Pompe Afric ". Couplet sur le clivage gauche droite et dénonciation de l'Elysée au milieu de ce même morceau … Tout nous sera servi avec beaucoup d'humour et dans une bonne humeur communicative et c'est après plus d'une heure trente de concert que Tryo regagne les loges sous les vivas d'une foule qui ne cesse d'en redemander.

On y retourne très vite avec une présentation un peu longuette de tout le staff qui se retrouve au bar de Totor pour " Comme les journées sont longues ", sur fond de bulles de savon et de plaisanteries potaches … On enchaîne presque instantanément sur " Yakamonéyé " et son final délirant fait d'onomatopées et de descentes de batterie avant que Tryo ne nous quitte brièvement une seconde fois. Le set est plié, tout le monde l'a bien compris, mais le quatuor revient et se plante face à un public aux anges pour lui offrir un " Maux 2 Bush " très country sur fond de pistoleros qui tirent en l'air. Un concert de Tryo sans " L'hymne " laisserait un arrière goût d'inachevé et c'est le public qui s'y colle, a capela, simplement suivi très discrètement par le groupe qui lui insuffle un maigre filet acoustique … Patricia, le big boss de chez Yelen, vient de nous rejoindre sur l'arrière de la scène pour assister à ce final émouvant et c'est tous poils en l'air que le groupe regagne définitivement ses quartiers après deux heures et quart d'un spectacle intense. Côté salle, Gainsbourg envoie sa " Marseillaise " … Tryo se congratule, sans flagornerie, et part se rafraîchir quelque peu avant de passer aux dédicaces. La Scène se vide tranquillement … On se dit qu'on aimerait bien la voir aussi bien garnie plus souvent. Le public prendrait il enfin conscience qu'il y a une salle à Vernouillet ? On l'espère de tout cœur !

Fred DELFORGE - Octobre 2003