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BOB CORRITORE’S ALL-STAR BIRTHDAY BLUES BASH! à PHOENIX (ARIZONA) pdf print E-mail
Ecrit par Fred Delforge  
jeudi, 03 octobre 2024
 

BOB CORRITORE’S ALL-STAR BIRTHDAY BLUES BASH!
THE RHYTHM ROOM – PHOENIX (ARIZONA)
Le 27 septembre 2024

https://bobcorritore.com 
https://rhythmroom.com 

Il y a des choses qui sont importantes dans le blues, l’amitié et le respect en font partie, alors quand un bon ami comme le génial harmoniciste Bob Corritore, qui a joué avec le gratin de la scène américaine et même plus encore, vous propose de traverser l’océan pour venir assister à sa soirée d’anniversaire, c’est assez difficile de ne pas accepter une offre aussi alléchante, d’autant qu’il a concocté une affiche exceptionnelle pour se joindre à lui et célébrer dignement non seulement ses 68 ans, mais aussi les 33 ans de son club, The Rhythm Room, qui a vu passer la quasi-totalité de tout ce que le blues compte de mieux depuis tout ce temps … Il fait 44° à Phoenix ce vendredi soir, et on annonce deux degrés de plus pour le lendemain, mais c’est paisiblement et en écoutant la fin des balances qu’une assistance nombreuse attend l’ouverture des portes annoncée à 19 heures précises !

Dès l’entrée dans la salle, on croise du beau monde, Bob Corritore bien entendu, mais aussi quelques amis comme Bob Margolin, Anthony Geraci ou encore Bob Stroger … Les discussions vont bon train et l’heure d’attente avant que les premières notes se mettent à fuser passe sans le moindre moment d’ennui, les échanges avec le public et les autres artistes présents dans la salle permettant au temps de filer très vite. A 20 heures pétantes, Bob Corritore prend le micro et remercie tous les amis présents ce soir, notifiant la présence de ceux venus de loin spécialement pour l’occasion. Nous sommes trois Français ce soir dans la salle, et nous aurons droit à une grosse salve d’applaudissements, mais c’est avant tout la suite qui nous intéresse car le concert est déclaré ouvert avec rien de moins que Jimi Primetime Smith à la guitare, Anthony Geraci au piano, Bob Strogger à la basse, Wes Starr à la batterie, et bien évidemment le maitre des lieux à l’harmonica qui débutent avec un bel instrumental bien envoyé !

La fête est lancée et Jimi Primetime Smith prend le chant lead après quelques morceaux, bientôt rejoint par Bob Margolin qui nous chantera à son tour quelques standards de Muddy Waters, dont il a été le guitariste pendant sept ans. Bob Stroger lui supplée bientôt et emballe l’assistance avec sa voix grave et profonde, délicieusement teintée par les marques de l’âge, ce qui n’a rien de surprenant quand on sait que cet incroyable bassiste soufflera ses 94 bougies à la fin de cette année ! L’œil vif, le pied alerte et le sourire omniprésent, Bob Stroger est un musicien d’un incroyable talent et d’une gentillesse qui n’est guère moins remarquable, autant dire que toutes les occasions de le voir et de l’entendre sont bonnes à prendre ! Derrière eux, Wes Starr assure comme un beau diable et joue les métronomes tandis qu’Anthony Geraci se promène allègrement entre blues et boogie et que Bob Corritore, rayonnant, souffle comme à son habitude ses splendides notes bleues avec une facilité déconcertante.

Première femme à prendre le micro pour cette soirée pleine de saveur, Carla Denise va faire le choix de ne pas monter sur scène et de se produire depuis la salle, restant au contact avec une assistance qui apprécie le côté suave et chaleureux de sa voix mais aussi son charisme qui ne peut pas laisser les gens indifférents. C’est ensuite au tour d’Oscar Wilson de venir s’y coller, mais avant que le chanteur des Cash Box Kings ne se lance dans sa prestation, il faut encore que Bob Corritore souffle ses bougies et que l’assistance lui entonne en chœur un vibrant « Happy Birthday ». Oscar Wilson s’exécute enfin et, à la manière de Carla Denise, il reste dans la salle pour mieux faire son show avec beaucoup de classe et de sensibilité, le tout pour le plus grand plaisir d’une assistance qui savoure l’instant avec gourmandise et bonheur !

Tia Carroll ne se privera pas pour sa part de monter sur les planches du Rhythm Room et c’est en jouant aussi bien avec son chant qu’avec son déhanché qu’elle vient littéralement électriser un public qui se presse de plus en plus devant la scène et qui n’en finit plus de danser. La salle est conquise depuis un bon moment et on souhaite que ce pur instant de bonheur ne s’arrête jamais tant l’intensité est palpable ! Willie Buck vient bientôt prendre sa place dans le show et, du haut de ses 87 printemps, il nous sert un Chicago blues certes très classique mais particulièrement bien dosé. Surprenant le reste du band, il finira par arrêter de chanter en plein milieu d’un morceau et s’en ira faire un tour dans le public pour vendre son dernier album, l’excellent « Live at Buddy Guy’s Legends » sorti il y a peu de temps chez Delmark … L’heure file et Bob Corritore siffle bientôt la fin du premier acte et décrète une pause d’une vingtaine de minutes …

Le retour se fera à l’heure dite et quasiment tout le monde reviendra en même temps sur scène, à l’exception de Bob Margolin qui a déjà quitté la salle et de Willie Buck qui continue à vendre ses albums … On s’attendait à en avoir un peu plus, ou du moins on l’espérait, mais il faudra se contenter d’un unique morceau, servi toutefois sur sa plus grande longueur avec moultes interventions individuelles mais aussi et surtout avec une impressionnante cohésion collective. Chacun des musiciens se met au service des autres et personne ne cherche à tirer la couverture à soi, les regards sont complices et souriants et le résultat est d’une infinie qualité. En trois heures trente d’un show qui n’a pas un seul instant été envahi de guitares dégoulinantes mais qui a été au contraire orienté sur les nombreuses voix présentes, cette soirée d’anniversaire a réussi à mettre tout le monde d’accord sur le fait que le blues est une musique qui n’a pas fini d’apporter du plaisir aux gens !

On se promène encore un long moment dans la salle à la rencontre des amis musiciens et on se donne rendez-vous pour certains en novembre, au Bay Car Blues Festival pour les uns, au Blues Alive en République Tchèque pour les autres, et puis bien entendu à Memphis en janvier et à Clarksdale en juin prochain, et pourquoi pas à Phoenix une prochaine fois ? Dans deux ans pour un double anniversaire en forme de jubilée par exemple … Parce qu’une chose est certaine, cette amitié si précieuse qui nous lie est plus forte que tout et nous ne sommes pas prêts à y renoncer !

Fred Delforge – octobre 2024