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GET YOUR KICKS ON ROUTE 66 … AND MORE - USA pdf print E-mail
Ecrit par Fred Delforge  
samedi, 28 septembre 2024
 

GET YOUR KICKS ON ROUTE 66 … AND MORE
ARIZONA – NOUVEAU MEXIQUE (USA)
Du 21 au 28 septembre 2024

https://rhythmroom.com  
https://www.laroute66.com 

Ce n’est pas la première fois que nous venons faire un tour en Arizona, mais ce voyage revêt un caractère un peu particulier puisqu’il a été imaginé en janvier dernier, à Memphis, pendant l’International Blues Challenge, lorsque le génial harmoniciste Bob Corritore nous a une fois encore invité à venir fêter son anniversaire et celui de son club, le Rhythm Room, qu’il tient assidument à Phoenix depuis trente-trois années avec une programmation à tomber sur le cul ! Les planètes semblaient cette année alignées puisque Air France annonçait déjà pour le mois de mai l’ouverture d’une liaison directe Paris Phoenix, soit près de neuf milliers de kilomètres en seulement onze heures, et que l’affiche de la soirée anniversaire affichait la présence de nombre de musiciens et amis qui nous sont chers ! Braver la distance, la fatigue d’un quatrième voyage transatlantique en moins de neuf mois et les presque 40° de ce début d’automne étaient dès lors devenu chose évidente, d’autant que nous profiterions de l’occasion pour aller faire un rapide tour sur la fameuse Route 66 en guise d’amuse-bouche … Et c’est donc de bonne heure et de bonne humeur que nous grimpions ce matin du 21 septembre dans un joli Dreamliner porteur de plein d’espoirs …

Dimanche 22 septembre :

Les effets du jetlag aidant, il est à peine plus de 7 heures ce matin quand nous enfourchons notre fidèle destrier, en l’occurrence un véhicule de marque sud-coréenne répondant au doux nom de Soul, qui nous promet qu’après avoir cheminé trois longues heures et près de deux centaines de miles au milieu des cactus et autres Joshua trees, nous entrerons enfin sur l’Historic Route 66 dans une bourgade entièrement dévolue à la Mother Road, Kingman. Et en effet, à peine évadés de l’Interstate 40, nous commençons à découvrir le ballet des hôtels, stations-services et autres bâtiments en tous genres qui arborent le fameux logo de ce monument qui traverse les Etats Unis d’Est en Ouest pour aller de Chicago jusqu’à Los Angeles. Les visiteurs sont légion et sous la fameuse arche de Kingman, chacun attend son tour pour aller se faire prendre en photo avec sa voiture, une sportive de préférence, ou mieux encore, avec une Harley Davidson … Soul refusera la proposition qui lui sera faite en invoquant le fait que si le ridicule ne tue pas, mieux vaut éviter quand même de faire une heure de queue pour l’être immanquablement au bout du compte !

Après avoir bataillé un moment avec le GPS qui voudrait nous ramener avec une certaine arrogance sur l’infâme I-40 qui n’a vraiment aucun intérêt, nous suivrons notre nouvelle amie routière pour rejoindre Seligman, non sans nous arrêter régulièrement pour entrevoir quelques vieux souvenirs appartenant à la légende de la Route 66 et pour échanger avec d’autres visiteurs qui se montreront plutôt sympathiques, quand bien même certains se moqueront un peu de Soul qui, fière de ce qu’elle est et droite dans ses quatre pneumatiques, ne renverra pas la pareille au pilote d’une moto de marque japonaise qui essaie d’imiter, fort bien ma foi et sans aucun accent, les pétarades de ses grandes sœurs américaines ! L’arrivée à Seligman sera elle aussi un grand moment et nous prendrons notre temps pour faire un long tour dans la ville où des nuées de motards se restaurent où font le plein de souvenirs …

Direction l’étape du soir maintenant puisque nous poserons aujourd’hui nos valises à Williams qui, outre le fait d’être une ville témoin de la Route 66, est également un des points d’entrée du Grand Canyon dont on peut atteindre la Porte Sud en moins d’une heure de route, ou mieux encore en empruntant le fameux Grand Canyon Railway qui démarre de la ville. Si seulement trois milliers de personnes vivent à Williams, la ville regorge d’hôtels et d’autres attractions touristiques qui tournent forcément autour de ses deux grands points d’intérêts, et en particulier autour de cette fameuse Route 66 qui semble être pour nombre de foyers le moyen idéal de faire bouillir la marmite … Là encore nous en profiterons pour faire un tour en ville à la rencontre des lieux tantôt atypiques, tantôt un peu kitsch, et nous nous offrirons même un burger typique au Cruiser’s Route 66 Café. Apercevant un sosie de Martin, la fameuse dépanneuse de « Cars », Soul nous rappellera qu’il est temps pour elle aussi d’aller reposer ses injecteurs après une longue route d’environ 340 miles / 550 kilomètres …

Williams ne proposant pas grand-chose d’intéressant pour cette soirée de dimanche, nous déciderons de rester tranquillement à l’hôtel pour recharger les batteries car demain, c’est encore une longue journée qui se profile …

Lundi 23 septembre :

La proximité de la voie ferrée à cela d’intéressant qu’elle vous permet de profiter très tôt le matin des cornes de brume des locomotives qui annoncent leur passage et c’est donc sur les coups de 5 heures que les premiers trains se feront entendre, ce qui nous permettra aujourd’hui de dédouaner le jetlag et les neuf heures d’écart qu’il y a entre la France et l’Arizona … C’est donc dès potron-minet que nous jetterons un dernier coup d’œil à Williams avant de prendre la route qui nous emmènera ce soir jusqu’au Nouveau Mexique mais en cours de route, nous ferons notre première halte vers Bellemont où le Harley Davidson retailer local n’est pas encore ouvert mais où nous suivrons un peu l’ancienne Route 66 jusqu’à un Cul de Sac où notre timide et discrète Soul acceptera de se faire photographier, aucun touriste ne montrant le bout de son nez dans ce trou du cul du monde, et qui plus est à cette heure matinale !

Nous filons ensuite vers Flagstaff, une ville où nous ferons étape lors de notre retour, et nous passons faire un tour au très beau et très bien achalandé Visitor’s Center situé juste à côté et dans les mêmes bâtiments que la gare Amtrack. C’est l’occasion pour nous de saluer un peintre chargé de créer un énorme logo Route 66 avec ses petits pinceaux, puis de faire un rapide tour à la recherche des lieux historiques ou plus simplement agréables à l’œil dans cette ville imposante à la circulation souvent dense. Pas facile de s’arrêter pour prendre quelques photos mais il y a de quoi s’en mettre plein les yeux en cours de route. Et c’est bien ce qui compte !

Nous empruntons maintenant la I-40, qui ne nous en veut pas trop de l’avoir traitée d’infâme hier et qui accepte bon an mal an que nous la délaissions de temps à autres pour rejoindre l’ancienne Route 66, celle qui nous permet d’aller jeter un œil à des sites historiques, comme par exemple le Walnut Canyon Bridge à Winona, un pont sur lequel la Mother Road est passée entre 1926 et 1947. Pour leur part, les souvenirs de Twin Arrows et de Two Guns ont été pris d’assaut par des graffeurs qui ont littéralement vandalisé les lieux et qui les ont laissé dans un état pitoyable, ne laissant debout qu’une seule des deux flèches symbolisant le premier d’entre eux et plus grand-chose du second, l’Apache Death Cave, théâtre du massacre d’Indiens de 1878 ayant eu lui aussi à subir les dégradations volontaires de quelques imbéciles … Vu le nombre de casquettes rouges que l’on croise par ici, on est en droit de se dire que la connerie est génétiquement transmissible !

On s’offre ensuite une petite escapade culturelle du côté de Meteor Crater, un trou béant de 1.500 mètres de diamètre, profond de 190 mètres et formé par l’impact d’un météore de plus de 50 mètres de diamètre il y a 50.000 ans. Dans les années 1960, les astronautes de la NASA se préparant au premier atterrissage sur la lune ont travaillé et exploré le terrain unique et accidenté du cratère pour les aider à s'entraîner à ce à quoi ils pouvaient s'attendre dans l'espace. Meteor Crater est l'un des rares endroits sur terre qui est un site d'impact de météorite exposé et encore entièrement intact qui imiterait la surface de la lune. Spectaculaire et intéressante, une visite guidée en Anglais s’impose si vous passer par là !

Un rapide arrêt à Meteor City, un ancien Trading Post caractéristique avec son dôme blanc et ses tipis, qui est actuellement fermé pour travaux, et nous fonçons maintenant vers Winslow et son fameux Standin’ On The Corner commémorant la chanson « Take It Easy » qui a été écrite par Jackson Browne mais popularisée par les Eagles. On y remarque forcément les deux statues de musiciens en bronze le camion à plateau Ford qui n’est pas sans rappeler les paroles de la chanson. C’est également le moment que nous choisirons pour notre pause burger du jour, qui se fera cette fois au RelicRoad Brewing Company, avec en prime des chips maison taillées en spirale dans une pomme de terre transpercée par une brochette en bois … Vous avez dit surprenant ? C’est bien le moins que l’on puisse dire !

Il ne nous restera plus dès lors qu’à cheminer tranquillement vers Gallup et le Nouveau Mexique, en sortant encore de temps à autres de l’I-40 pour marquer encore quelques arrêts du côté de Holbrook, du Jack Rabbit Trading Post près de Joseph City ou encore de Lupton … Il reste encore plein de choses à découvrir sur la Route 66 en Arizona mais nous en avons gardé quelques-unes à faire sur le chemin du retour dans quelques jours ! Soul nous rappelle avec bienveillance que nous avons fait aujourd’hui pratiquement 250 miles / 400 kilomètres et qu’il va bientôt être temps de remettre un peu de carburant frais dans nos réservoirs respectifs ! Nous ne commencerons donc la visite de Gallup que demain matin …

Pas grand-chose à faire en ville ce soir, c’est donc en mode relax que nous finirons la soirée tranquillement à l’hôtel …

Mardi 24 septembre :

La nuit a été … merdique, avec une méchante toux récurrente qui s’est installée, merci la clim, et avec un réveil sur les coups de 4 heures du matin. Par chance, le Red Roof Inn offre le petit déjeuner à partir de 5 heures 30 mais comme le jour ne se lève que deux heures plus tard, ça nous laissera le temps de passer quelques coups de fil vers la France pour régler les affaires courantes puisque, contre toute attente, ce n’est pas les vacances et encore moins la retraite.

C’est donc avec le soleil en pleine face que nous allons faire un premier tour dans Gallup à la découverte des sites principaux et notamment des hôtels mythiques comme le superbe El Rancho et les non moins fameux mais aujourd’hui à l’abandon Blue Spruce Lodge et autres Lariat Lodge. La ville a un cachet plutôt sympa et nous y errons un bon moment, jetant un œil au passage au Dude Man qui trône sur le toit de la concession John’s Used Cars et au innombrables trading posts où l’on vent de tout, et surtout n’importe quoi ! Ce qui est moins drôles par contre, ce sont ces nombreux Chicanos qui, l’air pas bien réveillé et le balluchon sur le dos, attendent l’hypothétique patron qui viendra les embaucher pour un ou deux jours …

Une petite rasade d’Unleaded Premium et voilà Soul qui se sent pousser des ailes et qui nous emmène sans plus attendre vers l’étape suivante, à Grants, mais en passant par Bluewater, le chemin des bikers dirons-nous, ce qui nous permet en cours de route d’admirer de superbes paysages magnifiés par un soleil encore rasant. Grants s’est dotée d’une arche Route 66 pour la photo souvenir, mais nous nous attardons plus sur tous les petits détails des « à-côtés » et en particulier sur les enseignes des motels, souvent à l’abandon, ou tout au mieux en rénovation. Entre grandeur et décadence, l’Amérique de l’Oncle Picsou a pris du plomb dans l’aile ces dernières années, et ce n’est pas seulement à cause du Covid !

On file désormais vers Albuquerque, sans oublier de passer par l’ancien Pueblo de Laguna et d’admirer la Dead Man’s Curve, un passage routier sinueux à la vitesse très réduite. On passe encore par le Rio Puerto Bridge, ancien pont routier qui jouxte l’Interstate 40, et on arrive enfin dans la plus grande ville de l’Etat du Nouveau Mexique, traversée par le Rio Grande, ou quelques souvenirs de la fameuse Mother Road subsistent encore, mais essentiellement en ce qui concerne les hébergements et les lieux de restauration … On en profitera pour admirer quelques belles fresques murales, parfois socialement et politiquement très engagées, et on filera très vite à l’anglaise !

Comment résister à l’appel de Santa Fe, la capitale du Nouveau Mexique qui fut traversée par la Route 66 durant les dix premières années de son existence et dont il ne reste plus que d’infimes souvenirs qualifiés de « préhistoriques ». En une heure passée sur l’Interstate 25, au milieu des casinos érigés par les populations indiennes, nous voilà dans ce qui est devenu un immense complexe touristique, avec ses grands et ses petits hôtels et avec ses boutiques aux produits internationaux, pacotilles asiatiques en général … Mais la ville cache encore quelques trésors comme ces maisons rudimentaires en terre qui cohabitent avec les grandes haciendas, ou comme ces grandes guirlandes de piments qui sèchent tranquillement au soleil. On profitera donc un moment de cette atmosphère étrange et particulière qui nous attire, et qui en même temps nous repousse, et il faudra bien se résoudre à aller prendre un peu de repos après encore près de 250 miles / 400 kilomètres parcourus aujourd’hui …

A la fatigue est venue s’ajouter une légère fièvre et nous ne cocherons pas ce soir encore la case musique sur notre carnet de bal … Soul peut tranquillement causer avec ses voisines de parking, même si on aurait quasiment pu la prendre avec nous dans la suite que le Ramada Inn nous a attribué ce soir !

Mercredi 25 septembre :

Le programme du jour est relativement simple, on rembobine tout à vitesse grand V et on reprend la route, mais cette fois en sens inverse et en une seule étape pour rejoindre Flagstaff … Soul piaffe d’impatience et il est à peine quatre heures du matin quand ses injecteurs commencent à claquer des dents, finissant forcément par nous réveiller … Il faut dire qu’il fait 8° ce matin à Santa Fe et que la petite laine est de rigueur ! Le temps de bricoler un peu et d’avaler un petit déjeuner express un peu après 6 heures et nous serons en piste avant même le lever du soleil … Nous quittons la capitale du Nouveau Mexique avec une forte envie d’y revenir et nous filons donc en direction de Gallup, en jetant un œil au loin à Chaco Canyon, apercevant juste le superbe paysage, le timing serré de la journée ne nous permettant pas de visiter le site et les restes de ce lieu qui vit s’épanouir une culture complexe et une architecture très élaborée il y a un millier d’années.

Le temps d’un arrêt technique à Gallup et nous poursuivons déjà vers Fort Courage, une réplique librement inspirée du théâtre des opérations de la série télévisée « F Troop », construite à Houck dans les années 70 pour attirer le visiteur et pour engranger les dollars des fans qui venaient visiter l’endroit … Malheureusement, le lieu est fermé, apparemment pour des problèmes de vente sans autorisation de produits prétendument officiels liés à la production de la série, et il ne reste plus que des souvenirs de ce qui a dû être à une époque un petit Disneyland bien sympathique avec son Taco Bell, sa Pancake House et sa station-service Armco … Les éventuels repreneurs du Fort sont invités à contacter l’agent immobilier local, mais il faut quand même prévoir quelques travaux !

On s’offre maintenant une petite escapade routière du côté du Painted Desert pour profiter de la lumière qui sublime les paysages pleins de nuances et de charme ! Le détour pour s’y rendre est un peu long mais il vaut vraiment la peine d’être fait, en s’attardant si possible toute la journée car la luminosité doit offrir des colorations surprenantes à chacun des moments de la rotation du soleil. En ce qui nous concerne, il est quasiment au Zénith quand nous arrivons et c’est vraiment un plaisir à regarder et à photographier.

On s’offre finalement notre burger du jour chez Tom & Suzie’s Diner à Holbrook et on se refait un tour de cette jolie ville en plein territoire Navajo, non seulement pour digérer mais aussi pour revoir quelques endroits où l’on avait oublié de s’arrêter à l’aller, comme par exemple le Wigwam Motel qui vous propose de dormir dans des tipis en dur, mais aussi comme ces nombreux pawn shops et autres trading posts qui fleurissent un peu partout dans le secteur … Le temps file et nous encourageons Soul à nous ramener rapidement à Flagstaff où, surprise, le peintre qui officiait sur le parking il y a deux jours a cette fois terminé son superbe logo en l’honneur du centième anniversaire de la Route 66 qui sera célébré en 2026 ! Aujourd’hui, 500 miles / 800 kilomètres ont encore été parcourus …

La fin de la virée sur la Mother Road vient de sonner et nous retrouvons ce soir nos amis français pour une fin de séjour qui s’annonce beaucoup plus musicale, avec notamment un gros événement à Phoenix vendredi soir … Mais il reste deux jours de découverte avant le bouquet final que l’on vous promet exceptionnel !

Jeudi 26 septembre :

Le journée de route ne devrait pas être trop longue et nous quittons Flagstaff alors que le soleil est déjà bien haut dans le ciel pour rejoindre Phoenix en fin de journée … Entre temps nous allons traverser de superbes paysages en empruntant le chemin des écoliers et en cheminant par la montagne pour rejoindre Sedona, ville champignon à l’hypercentre hypertouristique qui s’est installée juste à côté d’un splendide canyon et pas très loin de grandes forêts de pins. Soul piaffe de plaisir en croisant des files entières de Corvettes qui partent à l’assaut des lacets de la montagne et c’est un véritable plaisir de voir ces belles Américaines en aussi grand nombre. Jouissant d’un climat doux, Sedona a attiré les artistes et les galeries fleurissent dans les rues, faisant le bonheur d’une clientèle aisée qui s’installe dans de nouveaux quartiers sans cesse en développement, des rues entières de maisons neuves faisant de l’œil aux acheteurs en affichant les particularités de chacune, grande cuisine, vaste salon, belle décoration étant des qualificatifs que l’on remarque sur les panneaux de mise en vente …

On profite de notre passage dans le secteur pour nous rendre dans ce qui est présenté comme la plus grande ville fantôme de l’Ouest Américain, Jerome, une ancienne cité minière qui, à son apogée, dans les années 20, comptait 15.000 âmes et produisait plus de trois millions de livres de cuivre par semaine. Attirant des hommes et des femmes du monde entier venus en Arizona pour trouver du travail et un nouveau mode de vie, Jerome s’est étendue sur la ville voisine de Clarkdale (à ne pas confondre avec Clarksdale, Mississippi) et a vu le chemin de fer arriver jusque dans les hauteurs de Cleopatra Hills. Réunissant à l’époque une cinquantaine de restaurants asiatiques et mexicains, la ville avait déjà une bibliothèque, une salle de spectacles et un cinéma mais aussi des bordels, des joueurs de poker et des contrebandiers qui contribuaient aux belles heures de la population. Ravagée à trois reprises par de gigantesques incendies et victime de l’éboulement d’un pan de montagne, Jerome ne compte plus aujourd’hui que 450 habitants et est devenu une destination touristique animée pleine d'artistes, de musiciens et de propriétaires de boutiques de cadeaux.

Deux heures de route plus tard, nous arriverons à Phoenix où nous nous installerons avec les amis Marc et Dan en prévision de la grande journée de demain ! Le thermomètre annonce 41° à notre arrivée et après 190 miles / 300 kilomètres, il est temps de penser à se rafraichir un peu …

Vendredi 27 septembre :

Le journée promet d’être chaude avec une pointe prévue à 44° et nous décidons de laisser sa journée de repos hebdomadaire à Soul qui nous a prodigué ses bons et loyaux services depuis notre arrivée à Phoenix samedi dernier et qui a quand même effectué près de 1.550 miles soit environ 2.500 kilomètres … Nous profitons dons de l’hospitalité de la voiture de Dan et Marc pour aller faire un tour en ville et partir à la découverte du Heard Museum, un musée consacré aux cultures nord-amérindiennes en général et plus particulièrement à celles des peuples autochtones de l'Arizona et du Plateau du Colorado. Fondé en 1929, le Heard Museum présente plus de 40.000 objets superbement exposés dans de belles et larges galeries et sa visite, en partie libre et en partie guidée, est un véritable régal pour les yeux mais aussi pour l’esprit.

Occupée durant deux millénaires par le peuple Hohokam qui y a créé les canaux d’irrigation et rendu les terres désertiques cultivables, Phoenix a été finalement abandonnée par ces derniers qui ont été remplacés par des tribus Akimel O'odham, Tohono O'odham et Maricopa qui ont commencé à utiliser la région, y cultivant le maïs, les haricots et les courges pour la nourriture ainsi que le coton et le tabac. Les guerres intestines et les événements internationaux feront que les populations autochtones seront poussées sans ménagement vers la sortie et que Phoenix deviendra une ville très appréciée des investisseurs et des entreprises multinationales pour son climat rendu vivable grâce à la climatisation et que ce sont eux qui, désormais, profitent des projets ambitieux pensés par les populations natives bien avant l’arrivée des premiers colons sur le sol américain.

Sur le chemin du retour vers notre gite pour nous préparer en prévision du grand concert de ce soir, nous ne manquerons pas de faire un arrêt obligatoire près des fresques murales de David Bowie peintes par l’artiste locale Maggie Keane et rafraîchies pour la dernière fois en 2020. Une étape incontournable pour tous les fans de ce génial caméléon qui l’ont autant apprécié dans la peau du Major Tom que dans celle de Ziggy Stardust ou du Thin White Duke !

Le grand moment de cette fin de road trip est arrivé et nous partons maintenant célébrer dignement le 68ème anniversaire de notre ami Bob Corritore dans le cadre d’un énorme concert qui est donné pour l’occasion dans son club de Phoenix, le Rhythm Room, un établissement qu’il tient depuis 33 ans et qui a vu passer le top du top des artistes blues internationaux. En se garant sur le parking, on entend la fin des balances qui est plutôt prometteuse et dès l’entrée, on retrouve à l’intérieur du club des gens connus venus spécialement pour l’occasion, des représentants de la Blues Foundation, de la Pinetop Perkins Foundation, de divers médias et radios des environs … On reconnait forcément Onnie Heaney qui gère toute la partie communication de Pinetop Perkins Foundation, la photographe Marylin Stringer récompensée cette année à Memphis par un Keeping The Blues Alive Award, et même l’immense Sugaray Rayford qui fera un arrêt express avant de partir pour Los Angeles … Bob Corritore ne manquera pas bien entendu de prendre le micro et de saluer toutes les personnalités du blues présentes, avec une mention spéciale pour ses trois amis français venus spécialement pour l’occasion …

Coté scène, c’est également du grand art avec rien de moins que Bob Corritore bien entendu, mais aussi Bob Margolin et Jimi Primetime Smith aux guitares et au chant, Bob Stroger à la basse, Wes Starr à la batterie, Anthony Geraci aux claviers et enfin les chanteuses Tia Carroll et Carla Denise et les chanteurs Oscar Wilson et Willie Buck, tout ce beau monde nous proposant une splendide soirée durant laquelle l’âme même du blues fera son apparition plus souvent qu’à son tour. Plus de trois heures d’un show débridé durant lequel les standards succèderont aux classiques, un concert mémorable comme ceux que donnent ces musiciens d’exception dont on vous parlera plus en détail dans quelques jours, après notre retour en France.

Pour l’heure, et après une courte nuit, il est déjà temps de boucler les valises et de rejoindre l’aéroport de Phoenix où un bel oiseau blanc nous attend déjà pour nous ramener à Paris après une dizaine d’heures de vol … Voilà quelques jours passés sur ces terres indiennes que nous ne sommes pas prêts d’oublier !

Fred Delforge – septembre 2024