lundi, 02 septembre 2024 BLUES IN HELL SCANDIC HOTEL – HELL (NORVEGE) Du 30 au 31 aout 2024
https://bluesinhell.no
Se rendre à Trondheim ressemble toujours un peu au parcours du combattant. Il faut d’abord aller à Roissy puis en passer par une escale à Amsterdam avant de se retrouver dans un petit coucou qui demandera à peu près deux heures de plus pour vous emmener jusque dans ce coin perdu de Norvège au bord d’un fjord. Dès l’arrivée, on retrouve immédiatement les amis du blues et la magie opère instantanément. Les gens l’appellent Hell, les locaux considèrent que c’est leur maison. Et ils ont bien raison car elle est particulièrement accueillante cette belle maison !

Vendredi 30 aout :
À peine arrivé et installé à l’hôtel, nous nous rendons dans la plus petite des deux salles qui sont à l’intérieur même de l’établissement pour assister à la fin de la prestation d’Angela Brown qui se produit en trio avec un pianiste, Christian Christl, et avec une deuxième chanteuse. Récompensée hier soir par le prix spécial du festival, Angela Brown fait le show et donne le meilleur d’elle-même devant une assistance qui boit avidement chacune de ses paroles. Et si ses jambes sont un peu usées et lui font défaut, l’énergie est toujours bien présente dans sa voix et elle sait très bien l’utiliser et se montrer communicative ! Voilà une belle entrée en matière !

Le temps de partager le dîner avec les amis de l’European Blues Union et nous nous retrouvons déjà dans l’amphithéâtre où se produisent des artistes que l’on connaît bien puisque Alabama Mike est accompagné des Soul Shot All Stars, les Frenchys Fabrice Bessouat, Julien Dubois, Anthony Stelmaszak et Damien Cornelis ! Une heure durant, tout ce joli monde, accompagnera le chanteur et harmoniciste dans un répertoire qui se promène entre le Delta et Chicago avec beaucoup de sensibilité et de finesse. La salle apprécie visiblement le show proposé par le quintet et c’est avec brio qu’Alabama Mike aura remporté une partie rendue un peu compliqué par l’enchaînement des vols, le groupe étant arrivé en toute fin d’après-midi avant de repartir demain à l’aube pour rejoindre Nantes où il se produira dans le cadre des Rendez-Vous de l’Erdre !

On reste dans l’amphi pour assister au début de la prestation des Cinelli Brothers et comme à chaque fois, le quartet anglais fait des étincelles, quand bien même l’assistance est un peu disséminée, l’autre salle proposant elle aussi une affiche alléchante ! Récompensé à l’International Blues Challenge et à l’European Blues Challenge en 2023, le groupe n’a pas changé d’un iota sa manière de faire et continue à jouer aux chaises musicales avec les instruments mais aussi avec le micro, chacun se montrant capable de chanter à la perfection et de jouer de tous les instruments. Vous leur ajoutez des physique de beaux gosses et une gentillesse de tous les instants et vous obtenez un groupe qui laisse forcément des traces partout où il se produit. Blues in Hell ne fera pas exception à la règle et son public se souviendra longtemps du passage des Cinelli Brothers !

On change de salle et on attrape au vol Oscar Wilson qui se produit avec des invités spéciaux, parmi lesquels on reconnaîtra forcément Erkan Özdemir à la basse ! Porté par un groupe hyper motivé, ce vieux bluesman chanteur des Cashbox Kings, la canne vissée à la main droite, va nous entraîner, dans des trésors de Chicago blues, mais pas seulement puisqu’il est capable de se promener aussi dans à peu près tous les styles que le blues peut offrir ! Scrutant régulièrement sa montre pour être certain de ne pas déborder sur l’horaire qui lui est imparti, Oscar Wilson obtiendra même un supplément d’une vingtaine de minutes qui lui permettra de régaler son public avec des titres comme « Thrill Is Gone » ou encore « Mannish Boy ». Alliant avec une réelle facilité le charisme et l’humour, ce personnage à la bonhomie fort sympathique n’aura pas manqué ce soir son rendez-vous avec la Norvège et c’est une véritable standing ovation qui le raccompagnera jusqu’aux loges !

La salle se vide d’un seul coup mais nous restons en place pour assister au show de Cat Squirrel, la fameuse formation Anglo-hispanique au sein de laquelle on retrouve Mike Vernon au chant et Mingo Balaguer aux harmonicas. Une fois encore, c’est une prestation de haut vol qui nous est proposée, les deux hommes étant accompagnés par un guitariste à la fois véloce et virtuose et par une section rythmique particulièrement efficace. Mike Vernon nous séduit par la qualité de son chant et par l’habilité qu’il a à passer des reprises aux compositions tandis qu’à ses côtés, Mingo Balaguer n’en finit plus de briller par son jeu fluide, précis et vigoureux. Ces deux-là se sont trouvés et il n’y a absolument rien à redire sur la qualité de la musique qu’ils proposent. Encore un bon show qui aura été quelque peu boudé par un public parti écouter Thorbjorn Risager, que nous aurons pour notre part manqué tant nous étions absorbés par la prestation de Cat Squirrel …

Samedi 31 aout :
Après un petit déjeuner plus que copieux sur fond de saumon fumé et autres douceurs norvégiennes, nous nous retrouvons dans le hall de l’hôtel avec les amis pour commencer à refaire le monde et nous avons la bonne surprise, sur les coups de 13 heures, de voir un duo s’installer juste devant nous avec un dobro, une basse et un footstomp. Reprenant les classiques du blues, le tandem attire les badauds et les danseurs et assure au passage la promotion du Ostersund Blues Festival qui aura lieu fin octobre prochain dans le nord de la Suède. Une bonne idée de destination, puisque la programmation est relativement alléchante. Une affaire à suivre de près !

On rejoint maintenant la salle principale et on retrouve Ian Siegal qui fait son show en solo sur la petite scène sponsorisée par une marque de lingerie, ce qui donne lieu à des photos cocasses ! En véritable entertainer, l’Anglais charme l’assistance par son jeu bien entendu, mais aussi par son humour, et c’est de très belle manière que la journée commence d’un bon pied ! Nous aurons même droit à la première standing ovation de la journée, ce qui est plutôt bon signe …

On en arrive maintenant à la prestation de Big Moe & Jolly Jumper en quartet avec le Jimbo Jambo Band et on se régale une prestation enjouée et pleine de malice tu as laquelle le guitariste Big Moon et son complice uniciste vont s’échanger le micro pour proposer une musique complémentaire et pleine de charme. La salle Apprécie des artistes locaux, ce qui n’est pas péjoratif car le niveau est vraiment très relevé et que le carte ne compte pas ces efforts pour vous en mettre plein des yeux et plein les oreilles. Quelques Blues musclés, et d’autres un peu plus intimiste fin de contenter tout le monde avant que le groupe ne termine par une reprise de Louis Prima pleine de malice, Buona Sera, Signorina. Une fois encore tout le monde est debout et il est bien difficile de refuser un rappel que tout le monde espérait.

Ce sont ensuite les Cinelli Brothers qui vont prendre le relais en proposant un set encore plus explosif que la veille, le quartet se montrant véritablement motivé par une assistance chaude comme la braise qui le pousse très loin vers le haut, et si les instruments changent moins de mains cet après-midi, il n’en reste pas moins que chacun aura tout le soi sur de démontrer ses multiples talents. Qui pourra oublier cet époustouflante démonstration de guitare ou encore ce solo de batterie totalement déjanté qui n’unira de mettre tout le monde sur les genoux ! Et comme le dit si bien Marco, si le cul vous brule, levez-vous pour lui apporter un peu de fraîcheur !! Un des très bons moments de cette édition 2024 .

Après le repas, nous retrouvons Jonne & Dæm et leur quartet à cordes qui nous proposent ce soir un blues rock progressif très psychédélique et non dénué d’intérêt. On plonge directement dans les seventies et le public semble adhérer à un set un peu décalé mais plutôt bien pensé ! Un peu de diversité ne peut pas nuire et c’est de là qu’elle est arrivée aujourd’hui …

Direction l’amphithéâtre pour le premier concert du soir avec l’Américain Rusty Zinn qui nous sert un blues instrumental bien balancé mais un peu longuet, les morceaux trainant un peu en longueur avec des solos et des démonstrations de virtuosité un peu hermétiques pour le commun des mortels … on quittera finalement le lieu pour rejoindre la salle principale où des amis belges vont se produire dans quelques minutes !

Juste le temps de trouver une place et voilà les Travellin’ Blues Kings qui s’installent pour nous offrir un bon gros show plein de fougue, de subtilité et de saveur. Ces gars-là ont du métier et ça s’entend non seulement au niveau de la section rythmique mais aussi des solistes, les guitares et les claviers se révélant redoutables et le chanteur harmoniciste se montrant également très habile avec son saxophone. Interprétant les compositions de son dernier album, le quintet ne manquera pas de nous présenter en exclusivité quelques extraits de son prochain effort qui devrait voir le jour l’an prochain. La Belgique nous a offert ce soir un excellent groupe à voir et à revoir d’urgence !

On attend maintenant Among Lynx, une formation majoritairement féminine où le seul représentant mâle est un guitariste arborant une superbe Les Paul Sunburst … les quatre jeunes femmes qui le chaperonnent se révèlent être de très bonnes musiciennes et emmènent le public dans leur univers fait de morceaux un peu planants, un effet encore un peu accentué par l’excès de fumigènes qu’elles ont elles-mêmes apportés ! La salle apprécie les harmonies vocales bien travaillées et les parties d’harmonica qui habillent au mieux les mélodies. On appréciera le spectacle pendant une vingtaine de minutes avant de prendre congé d’Among Lynx pour rejoindre l’amphi où nous attend le dernier gros morceau de la soirée …

On a connu les Boogie Boys en duo il y a bien longtemps, ils ont ensuite évolué pour devenir un groupe et les voilà ce soir encore avec une grosse section de cuivres pour nous servir un set totalement endiablé dont ils ont le secret. Véritable pile électrique, Bart Szopinski dirige la formation polonaise de main de maître et emmène son monde exactement là où il le souhaite, se révélant au moins aussi brillant sur le plan musical et vocal que sur la partie charisme qui manque jamais d’atteindre son but. À ses côtés, c’est du grand art et du grand show avec un ensemble guitare et contrebasse qui n’en finit plus de se démener et des cuivres qui emballent le tout pour le rendre encore plus enivrant. Le groupe sort ce soir son nouveau single et ne va pas se priver de nous l’interpréter en grande pompe devant une assistance complètement conquise.

On ne pouvait pas en ce qui nous concerne imaginer une meilleure fin de soirée, et c’est avec des étoiles plein la tête que nous regagnons nos chambres pour profiter du sommeil du juste en attendant le long vol retour de demain. Il est bon ton de remercier nos hôtes et tous les bénévoles qui contribuent à la bonne marche du festival et ce n’est d’ailleurs pas par hasard que nous leur avons remis dans l’après-midi le Zicazic Award du festival international de l’année 2024. Une récompense très largement méritée, compte tenu de la programmation et de la chaleur de l’accueil qui est chaque année réservé au public. Rendez-vous est déjà pris pour 2025…
Fred Delforge – septembre 2025 |