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BLUES IN QUEYSSAC 2024 pdf print E-mail
Ecrit par Fred Delforge  
dimanche, 07 juillet 2024
 

BLUES IN QUEYSSAC
VILLAGE – QUEYSSAC (24)
Les 5 et 6 juillet 2024

http://www.bluespourpre.fr 

C’est un peu le parcours du combattant qu’il nous faut emprunter pour nous rendre dans le Périgord Pourpre et assister à la septième édition du Festival Blues In Queyssac, ce premier week-end de juillet coïncidant avec la fin de l’année scolaire et les premiers départs en vacances … Un rapide vol pour Bordeaux et une fin de parcours à bord de notre destrier de location et nous voilà en plein cœur du Pécharmant, une région accueillante par sa gastronomie mais aussi par sa population chaleureuse et pleine de convivialité. La programmation est comme toujours alléchante et fait la part belle aux formations française de qualité, et comme souvent le festival démarrera avec en concurrence avec un match de foot, celui qui oppose cette fois la France au Portugal dans un Euro 2024 bien terne et très peu intéressant …

Vendredi 6 juillet :

L’ouverture des portes à 18 heures 30 est prometteuse et le public se presse vers le stand de restauration avant de se retrouver devant la scène une heure plus tard pour découvrir la prestation de Teddy Costa & The Lobby Boys, un groupe qui puise ses influences dans les juke joints mal famés du Mississippi et qui entretient à sa manière l’héritage du Hill Country Blues, celui des RL Burnside, Junior Kimbrough et autres John Lee Hooker. Oreilles chastes, s’abstenir, car le trio n’y va pas avec le dos de la cuillère pour nous raconter des histoires un peu graveleuses mais tellement typiques de cette région bénie par les dieux du blues, vous savez, ceux qui le soir fricotaient avec le diable à la croisée des chemins. Avec une musique à la fois redondante et hypnotique qui s’adresse plutôt à des amateurs un peu avertis, Teddy Costa et sa clique vont quand même réussir à emmener le public, essentiellement néophyte, dans une sorte de voyage initiatique qui réussira même à nous amener quelques danseurs sur le devant de la scène. Un léger détour par le bayou pour nous expliquer que les moustiques de Queyssac sont des petits joueurs à côté de ceux de Louisiane et Teddy Costa & The Lobby Boys auront réussi leur coup avec une première partie de soirée carrément réussie !

Le temps de laisser le public se désaltérer et nous revoilà devant la scène avec The Strikers, une formation auvergnate bâtie autour de deux des piliers de Little Mouse & the Hungry Cats, JC Sutter à la guitare et au chant et Eric Courrier à la basse. Le ton est très différent de ce que nous avons eu en apéritif et c’est en associant des fondations blues avec une grosse énergie rock que le quartet nous emmène faire un tour dans son univers où l’on trouve aussi à l’occasion quelques belles touches de jazz, voire même un peu de gospel. Sur scène depuis quelques temps déjà et avec en poche un EP quatre titres fraichement enregistré, The Striker n’a pas grand mal à attraper le public et à lui faire avaler des titres bien fagotés, ses propres compos bien entendu, mais aussi des reprises que le groupe se rapproprie avec beaucoup de justesse, de savoir-faire et d’ingéniosité. Le solo de batterie réussira à mettre tout le public au diapason et c’est en faisant de temps à autres quelques petits excès de gimmicks que les quatre complices parviendront à marquer un point face à une assistance littéralement conquise qui dansera en nombre devant la scène sur du Stevie Ray Vaughan durant le rappel. Blues in Queyssac parvient une nouvelle fois à combler son public et c’est en œuvrant de la sorte qu’il a réussi à le fidéliser en l’espace de seulement six éditions !

Si la France n’a pas encore réussi à trouver le chemin du but portugais, et réciproquement, on en arrive pour notre part au troisième et dernier groupe de la soirée, The Blue Footed Boobies, une formation emmenée par l’ami Ronan qui aura en prime ce soir l’honneur de devenir le Parrain de Blues In Queyssac. De la guitare slide à ne plus savoir qu’en faire, l’harmonica dévastateur de Marko Balland qui vient se poser là-dessus, et en prime une section rythmique de haut vol, après avoir mis le feu hier soir au Cognac Blues Passions juste après le passage de Deep Purple, c’est ce soir le Périgord Pourpre qui plie sous le poids de ces fous à pieds bleus qui vont nous en donner tout notre soûl. Les compos issues du répertoire du groupe que l’on a pu découvrir sur son premier album éponyme, celles de Ronan adaptées pour passer du format one man band au groupe ou encore quelques reprises soigneusement choisies, c’est en mettant les petits plats dans les grands que le quartet va réussir à faire lever le public, spectateur après spectateur, pour qu’à la fin il n’en reste plus aucun sur son siège ! Bien connu en ces terres de Pécharmant où il s’est déjà produit à maintes reprises, Ronan nous revient ce soir dans un format que nous avions déjà pu apprécier en d’autres lieux et remporte une nouvelle fois son pari haut la main ! Bien joué.

Les footeux s’en sont finalement sorti aux tirs aux buts, sans véritable gloire, alors que Blues in Queyssac a pour sa part gagné avec brio sa qualification directe pour une finale qui se jouera demain soir avec une fois encore une affiche particulièrement alléchante ! On a la classe ou on ne l’a pas …

Samedi 6 juillet :

On profite de notre installation sur le site même du festival pour trainer un peu au lit ce matin, d’autant que l’after s’est un peu prolongé hier soir autour de quelques chansons improvisées par les différents musiciens restés sur place. Passer une journée entière au milieu de la fourmilière des bénévoles qui s’agite pour que tout soit prêt ce soir est également un véritable plaisir et c’est sans avoir le temps de s’ennuyer un seul instant que nous nous retrouvons en place pour l’ouverture des portes à 18 heures 30. Les quelques averses qui ont arrosé le Bergeracois cet après-midi ont un peu ralenti les ardeurs du public et c’est à un rythme un peu ralenti que le public arrive aujourd’hui et on croise les doigts pour qu’il soit quand même présent en nombre !

La pelouse est maintenant bien garnie pour le début de la soirée et c’est devant un parterre bien chargé qu’Alyssa Galvan et son band vont venir nous présenter les titres de leur tout nouvel album, « Darling ». Né d’une rencontre faite sur les bancs du Pinetop Perkins Foundation Workshop à Clarksdale, Mississippi, le groupe est emmené par la jeune chanteuse et guitariste originaire du Missouri et ce sont trois brillants Toulousains qui l’accompagnent sur les routes de l’hexagone où elle va faire une très belle tournée estivale. Alyssa Galvan, c’est avant toute chose une voix unique et puissante mais aussi un tempérament bien trempé et déjà une véritable carrière professionnelle amorcée il y a quelques années de l’autre côté de l’Atlantique, avec en prime quelques très grosses scènes sur lesquelles elle a largement fait ses preuves. Proposant un blues frais et moderne avec des intonations venues du funk, de la soul et du rhythm’n’blues, le quartet n’y va pas par quatre chemins pour partir à l’assaut d’une assistance encore un peu figée qui se déridera peu à peu au fil des morceaux parmi lesquels on découvre déjà des inédits qui figureront sur de prochains ouvrages, c’est certain. Voilà un très beau début de soirée qui laisse augurer du meilleur pour cette seconde journée de Blues in Queyssac.

La transition est relativement rapide et on accueille maintenant des habitués des organisation de Blues Pourpre, mais dans une configuration originale puisque le duo La Bedoune est présent ce soir dans son format Bedoune Tech, un quartet dans lequel, outre Cécile et Greg Perfetti, on retrouve aux claviers et aux arrangements l’enfant terrible de la famille, Matéo, et Lucas à la batterie, ces deux derniers venant tout juste de se produire aux mêmes postes avec le Alyssa Galvan Band. On retrouve ainsi tous les standards de notre duo frenchy demi-finaliste à l’International Blues Challenge à Memphis en 2020 et finaliste deux ans plus tard dans des versions totalement réarrangées mais aussi et surtout particulièrement attirantes, ce petit coup de frais leur apportant quelques accents pas désagréables du tout. Si le contenu reste foncièrement le même, l’habillage change de façon significative mais il est toujours servi avec beaucoup de passion et de générosité par une formation dans laquelle on s’amuse, on se regarde et on prend un véritable plaisir à offrir des créations pleines de sens, de bons sentiments et même d’humour. Ceux qui aimaient déjà La Bedoune pour son côté intimiste et chaleureux vont apprécier La Bedoune Tech, d’autant plus que des morceaux à paraitre sur le quatrième opus du duo sont dévoilés ce soir en avant-première. Queyssac apprécie l’instant et c’est là encore un des très grands moments de cette septième édition du festival que nous venons de vivre !

Il est temps d’accueillir la dernière formation de la soirée et c’est une fois encore un groupe qui est déjà passé par Queyssac que l’on retrouve ce soir puisque Nasser Ben Dadoo et Matthieu Tomi étaient là l’an dernier dans le format White Feet Duo. Ce soir, ils sont en quartet avec claviers et batterie et c’est une toute autre dynamique qu’ils impriment sur le festival avec une musique métissée qui en appelle aux racines maghrébines d’un artiste attachant et brillant qui, lui aussi, a foulé les planches de l’Orpheum Theatre de Memphis en 2023 en atteignant la finale de l’International Blues Challenge. Le public se lève enfin et bouge devant la scène, en partie pour se réchauffer car avec la nuit, la fraicheur s’est installée, mais aussi et surtout parce que la musique de White Feet est une véritable invitation à la danse, aux déhanchements et aux mouvements corporels en tous genres. Brillant guitariste et chanteur avisé, Nasser Ben Dadoo est également un excellent orateur aux dons indiscutables d’entertainer et si d’aucuns pourront affirmer qu’il a la tchatche des Marseillais issus des Quartiers Nords, il a aussi et surtout la présence d’esprit de mélanger le meilleur de toutes ses cultures, de toutes ses expériences et de toutes ses passions pour en arriver à une musique qui tape droit au cœur avec ses accents qui nous emmènent des deux côtés de la Méditerranée et même parfois plus loin, du côté des clubs de jazz de New York. C’est ce genre de groupes qui fonctionnent à énergies hybrides qui parviennent à faire avancer le blues pour l’emmener un peu plus loin, un peu plus haut, et on ne peut qu’être fier d’avoir chez nous des formations de cette trempe.

Il est déjà bien tard et ce septième Blues in Queyssac ferme lentement mais surement ses portes … On traine un peu du côté du bar pour un nouvel after qui s’annonce chaud bouillant et comme toujours, il faudra bientôt penser à saluer tous les amis en se promettant de se revoir très vite, que ce soit ici ou ailleurs sur les routes du blues … Blues in Queyssac a vécu une nouvelle édition, sans doute la plus belle, du moins jusqu’à la prochaine. Demain, c’est jour de vote en Absurdie, avec en trame de fond un grand saut dans le vide qui nous emmènera forcément quelque part, ou pas. En attendant, on embrasse chaleureusement la soixantaine de bénévoles qui nous a permis de passer une fois encore un week-end formidable ! Bravo, et encore merci …

Fred Delforge - juillet 2024