Accueil du portail Zicazic.com


Zicazic on Twitter. Zicazic on Facebook.

Flux RSS ZICAZINE

Qu'est-ce que c'est ?




Accueil

> MENU
 Accueil
 ----------------
 Chroniques CD's
 Concerts
 Interviews
 Dossiers
 ----------------

BOBBY RUSH à CHATRES-SUR-CHER (41) pdf print E-mail
Ecrit par Fred Delforge  
samedi, 17 février 2024
 

BOBBY RUSH
LA MAISON DU BLUES – CHATRES-SUR-CHER (41)
Le 16 février 2024

https://www.bobbyrushbluesman.com 
https://www.lamaisondublues.fr 

Il y a des artistes qui ne se contentent pas d’être de véritables légendes pleines de talent et qui sont également des personnes pleines de gentillesse, de générosité et de valeurs humaines fortes. Bobby Rush fait incontestablement partie de cette espèce et quand il offre son amitié et son engagement, il le fait sans la moindre limite, partageant le gite et le couvert d’un côté comme de l’autre de l’océan et s’attachant à être à chaque instant un hôte dévoué ou un convive agréable. C’est donc tout auréolé de son troisième Grammy Award obtenu quelques jours plus tôt que ce toujours jeune homme de quatre-vingt-dix ans a accepté de traverser l’Atlantique pour quatre concerts exceptionnels à La Maison du Blues, dont il est le parrain et où un espace lui est dédié dans le Musée Européen du Blues, le voyage s’étant vu complété au fil de l’eau par quatre dates de plus dans l’Yonne, à Paris et en Angleterre.

Après une première mise en jambes le mercredi soir, c’est par une petite réception organisée à la Salle des Fêtes de Châtres-sur-Cher que le programme de la soirée commencera avec la célébration du Keeping The Blues Alive Award reçu il y a quelques semaines à Memphis par Jacques et Anne-Marie Garcia pour l’ensemble de leur œuvre et bien évidemment pour cette belle initiative réunissant un club et un musée de la trempe de ceux que l’on peut découvrir dans le Deep South. C’est donc en présence de Sylvie Doucet, Maire de la Commune, de Bobby Rush et de Mizz Lowe, qui l’accompagne au quotidien dans sa carrière, qu’une petite centaine de fidèles féliciteront chaleureusement nos amis récipiendaires avant de partager avec eux le verre de l’amitié.

Le temps de savourer un Chili Con Carne épicé juste ce qu’il faut, c’est cette fois sur la scène du blues club que nous retrouverons un Bobby Rush, qui comme à son habitude, se montrera souriant, attentif et surtout très convivial, échangeant entre chaque morceau avec un public qui ne le comprend pas toujours parfaitement mais qui ressent les ondes positives envoyées par l’artiste qui nous offrira quelques pépites de blues en formule guitare, voix et footstomping avant de se lever, d’attraper un harmonica et de partir jouer au beau milieu de l’assistance, avec quelques plaisanteries mais aussi avec beaucoup de chaleur humaine à la clef. Le jeu est fin, la voix assurée, et tout est réuni pour que la soirée soit excellente pour les fans mais aussi pour ceux qui découvrent l’artiste ce soir.

De retour sur sa chaise, Bobby Rush accueillera bientôt Didier Marty à ses côtés et partagera avec lui deux morceaux sur lesquels cette valeur sure de la scène hexagonales posera son saxophone, bientôt rejoint par Mizz Lowe qui, pour sa part, s’essaiera à deux ou trois titres tirés de son premier album, « Classy Woman », sorti en 2023. La complicité entre les deux artistes est totale et les échanges sont à la fois tendres, drôles et émouvants, Bobby se permettant de plaisanter sur les rondeurs de celle qui l’accompagne depuis plus de deux décennies à la scène et qui en a fait, à l’image de Big Joe Turner, Canned Heat ou encore Johnny Winter avant lui, sa « TV Mama » … the one with the big wide screen. On ajoute le geste aux paroles et cette fois, comme par magie, tout le monde a compris le sens de l’histoire.

Le concert file bon train, en un seul set à la demande de l’artiste, mais avant de quitter la scène, Bobby Rush nous gratifiera d’une longue explication sur ce qu’a été sa vie d’homme de couleur dans un monde où le blanc a longtemps été dominant, évoquera ses parents, sa grand-mère qui était esclave, rendra hommage à Martin Luther King mais aussi à tous ceux qui ont lutté et qui luttent encore et toujours pour les droits civiques, à l’image de ceux qu’il appelle Brother Jacques et Sister Anne-Marie qu’il invitera à venir le rejoindre sur la petite scène … L’émotion est palpable, la voix se voile un peu et on voit même quelques larmes qui peinent à rester accrochées aux yeux de ce grand homme qui a décidé de profiter pleinement de ce passage, peut-être pour la dernière fois, dans un lieu qui lui est cher, où il est apprécié à sa juste valeur et qui continue de l’impressionner pas sa très grande qualité.

Le rappel sera une fois de plus un moment fort avec une version formidable d’un titre que le bluesman né à Homer, Louisiane, et vivant aujourd’hui à Jackson, Mississippi, a écrit il y a soixante-dix ans et qu’il nous interprètera ce soir a-capela et avec une intonation qui parvient à lui donner un cachet proche du rap. La salle acclame Bobby Rush longuement, comme il se doit, et c’est sous un tonnerre d’applaudissements que cette légende du blues rejoindra bientôt la table où les gens pourront se procurer son dernier album, « All My Love For You », mais aussi son livre, « Ain’t Studdin’ Ya : My American Blues Story », et enfin le « Classy Woman » de Mizz Lowe … Le club se vide finalement de son public et c’est ensuite un moment privilégié que quelques bénévoles et happy few pourront encore partager avec un musicien fatigué par le jet lag, mais satisfait du travail bien fait. Il y a des événements à ne pas manquer et celui-là en était indiscutablement un !

Fred Delforge – février 2024