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KARRAS pdf print E-mail
Ecrit par Yann Charles  
samedi, 07 octobre 2023
 

KARRAS

https://karrasband.bandcamp.com/ 
https://www.facebook.com/karrasband 

Rencontre avec Diego Janson, chanteur et bassiste du groupe Karras. Il nous présente le dernier opus du trio grindcore, « We Poison Their Young », trois ans après l'excellent « No More Heretic » qui nous plongeait dans l'univers du père Damien Karras de « L'Exorciste ». Qu'en est-il de ce nouvel album ?

Salut Diego. On retrouve Karras pour un second album, « We Poison Their Young », trois ans à peu près après la sortie de « No More Heretic », est-ce que c'est la suite de ce premier album ?
Salut, merci pour cette interview. On peut dire que le second album est bien la suite du premier en effet (Rires). Plus sérieusement, pour ce qui concerne le concept, le premier album est une fiction qui a pour départ la défenestration de Damien Father Karras dans « L'Exorciste ». Le deuxième revient à la genèse puisse qu'il s'inspire d'un fait divers qui s'est passé fin des années 40 aux États-Unis et qui a pour personnage central un adolescent nommé Roland Doe. Ce même personnage qui a inspiré le livre de William Peter Blatty qui a servi à l'adaptation cinématographique de « L'Exorciste » de William Friedkin en 1973. Il y a donc un lien entre les deux albums puisqu’ils sont axés sur le même sujet mais avec une temporalité et une fiction différente.

Pourquoi ce nom un peu violent, « We Poison Their Young » ?
Dans notre fiction, le jeune Roland Doe est un fils unique supposé possédé, dépendant de ses parents , son entourage, des prêtres et de sa tante Harriet, second personnage de notre fiction. Cette dernière l'a convaincu qu'il avait le démon en lui. Il a toujours été sous l'influence des adultes qui l'entouraient mais à travers ses séances d'exorcisme, il a compris que tout ce qu'il avait appris était faux et qu'il avait été endoctriné. Cet album est un manifeste contre le processus de domestication de l'enfant. Nous n'avons jamais rien choisi, tout nous a été imposé. Ce qui est bien ou mal, ce qui est beau ou laid, ce qui est acceptable ou pas. Nous n'avons même pas choisi notre prénom n'est-ce pas ? Nos parents ou notre entourage ont toujours tout choisi pour nous, et parfois à mal. D’où le titre « nous empoisonnons NOS jeunes », replacé dans le contexte du Father Karras, « nous empoisonnons LEURS jeunes ». Tout ceci raconté dans une fiction, mais qui s'inspire forcément d'un peu de nos vies.

Un album court, 25 minutes, équivalent au premier qui faisait 26 minutes, vous aimez ces formats courts mais intenses ?
Personnellement le grindcore ou la musique extrême devient dure à écouter quand je dépasse les 30 minutes, je perds l'attention. Je préfère écouter deux fois un bon album de 25 minutes car j'ai déjà quelques repères. C'est un parti pris bien sûr, mais c'est le nôtre. Écoutez-le deux fois de suite, vous verrez que c'est plus cool qu'un album extrême de 50 minutes. (Rires)

Vous aviez travaillé principalement à deux, avec Étienne, sur « No More Heretic », ça a été le cas sur « We Poison Their Young » ?
Yann (Mass NDLR) est arrivé juste après l'enregistrement de « No More », qu'on a composé à deux en effet. Pour « We Poison » on a composé à trois. On a apporté quatre morceaux chacun plus un treizième morceau de huit secondes signé Etienne. On voulait que chacun y participe équitablement. Malgré nos différents styles de composition, le résultat est assez compact. On en est très fier !

Vous arrivez à vous retrouver régulièrement tous les trois ? Je pense par exemple à Yann qui tourne beaucoup avec Mass Hysteria en plus de son activité de coach sportif ? Comment avez-vous travaillé ? En studio ensemble ou bien à distance ?
C'est vrai que les plannings sont serrés, mais on arrive à trouver au moins une ou deux heures par semaine pour répéter. C'est important pour nous de garder cette “routine”. On habite tous pas très loin du local et on arrive à se caler, même au dernier moment, une répète. Tout est question de motivation, si tu l'es, tu trouveras toujours un créneau pour le faire, quitte à le prendre sur une de tes autres activités.

On revient sur « We Poison Their Young », qui aime se plonger dans ses sujets aussi "surréalistes", mais pourtant vrais ?
C'est moi. J'adore me servir de mes expériences ou de la vraie vie pour en écrire une fiction. D'ailleurs toute fiction part de là non ?

Musicalement, l'album est hyper intense, et il me semble plus "brutal" que le premier, je me trompe ?
Ce n'est pas calculé, mais oui il l'est. Yann a un style d’écriture plus radical que le nôtre, peut-être que ça a pesé dans la balance. Après quand tu écoutes bien l'album, il y a beaucoup de passages plus groove ou mid-tempo. Mais comme ça va plus vite, peut-être qu'on les entend moins. (Rires)

Vous avez tourné un premier clip, « Roland Doe », dans les catacombes. Ca a dû être un sacré boulot ?
Oui, ça l'a été. Il règne une atmosphère particulière dans les catacombes, Il n'y a pas de bruit, pas de lumière, c'est humide et assez claustrophobe. Une superbe expérience ! J'avais très envie d'y tourner un clip. La réalisatrice étant cataphile, elle a trouvé l'idée cool, elle connaît tous les accès, donc on a foncé.

Le second clip, « Lutheran Blade », vient de sortir. Il y en aura d'autres, vous avez des idées pour d'autres chansons ?
Le quatrième clip sort le 29 septembre, en même temps que l'album. Un concept complètement différent où le personnage central est le texte. On espère qu'il plaira.

J'ai eu la chance de vous voir en concert à Châteauroux il y a maintenant une paire d'années, est-ce qu'avec la sortie de ce second opus vous avez également une tournée programmée ? Ou déjà des dates où on va pouvoir assister à votre show ?
On a fait une mini tournée en octobre 2021 avec Blockheads, groupe de grindcore culte français, et on devait remettre le couvert en octobre 2022. Elle a été annulée par le tourneur un peu tard pour pouvoir retrouver des dates rapidement. On a été assez frustré sur le moment, mais c'est comme ça. Comme il faut au moins six mois pour monter une tournée, on va essayer de remettre ça pour mars/avril 2024. On travaille néanmoins sur des dates isolées en week-end. On joue aussi le 21 octobre au Tyrant Fest à Oignies, près de Lille, avec Bolzer, Enslaved et plein d'autres. Venez, ça va être cool !

On vous retrouve sur un nouveau label, M-Theory Audio, pourquoi ce choix ?
Il n'y a pas eu de grief mais Verycords qui a sorti le premier album ne souhaitait pas sortir le deuxième. Ils ont essayé, mais le metal extrême n’était pas leur créneau. J'ai donc envoyé les nouveaux morceaux a une cinquantaine de labels, en prenant le temps d’écouter leur roster pour ne pas envoyer à n'importe qui. J'ai reçu 5% de réponses, dont une positive et enthousiaste de M-Theory Audio. Étant un label américain, donc loin de la France, on a beaucoup discuté en amont, ça peut devenir problématique quand tu signes sur un label qui est à 5.000 kilomètres de chez toi. J'ai vu qu'ils étaient motivés et enthousiastes donc, et on a signé.

Heu, une chanson de 8 secondes, « Demons Got Rhythm », c'est pas quand même un peu court ? Corvius, groupe de metalcore, a sorti un titre de 12 secondes, c'est de la surenchère ?
En 1987, Napalm Death a sorti une chanson du nom de « You Suffer », d'une durée de 1,30 seconde. Ils sont d'ailleurs dans le Guiness des Records. C'est évidemment un clin d’œil, mais personne n’arrivera à faire plus court. (Rires)

Dernière question pour conclure : quel est le dernier morceau ou le dernier album que tu as écouté ?
Dans la catégorie metal, j'ai découvert un groupe cool de grindcore du nom de Escuela Grind, avec deux filles, ce qui n'est pas fréquent dans ce style, que je félicite et j'encourage. Dans un style plus shoegaze/pop, j'ai découvert Militarie Gun. Très cool, taillé pour la route.

Merci à toi pour cette interview, et au plaisir de vous retrouver sur une scène.
Merci à toi !

Propos recueillis par Yann Charles