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LEMAN BLUES FESTIVAL 2023 pdf print E-mail
Ecrit par Fred Delforge  
dimanche, 17 septembre 2023
 

LEMAN BLUES FESTIVAL
PLACE DE LA LIBERATION – ANNEMASSE (74)
Les 15 et 16 septembre 2023

https://www.leman-blues-festival.com 

Installé sur la Place de la Libération, en plein cœur d’Annemasse, le Leman Blues Festival a la particularité d’être un festival gratuit qui propose cette année sa troisième édition avec une affiche alléchante sur laquelle les valeurs sures françaises se mélangent aux pointures européennes ou américaines … De quoi donner des envies aux aficionados puisque du sud au nord et d’est en ouest en passant par le centre, c’est un public venu d’un peu partout dand l’hexagone que l’on croise dès l’ouverture du site !

Vendredi 15 septembre :

Comment pouvait-on mieux commencer la journée qu’en accueillant le groupe White Feet de Nasser Ben Daddoo dans sa version quartet ? Pour mémoire, rappelons que l’organisation du Leman Blues Festival, très attentive à ce qui se passe dans notre pays, a pour habitude d’inviter les groupes qui ont représenté la France à l’International Blues Challenge, et que c’est tout naturellement que Richard, à la tête de l’événement, a invité le finaliste de l’édition 2023 à Memphis. Toujours aussi charismatique, pour ne pas dire tchatcheur, Nasser le Marseillais originaire du Maghreb va nous régaler de sa musique bien entendu, mais aussi de ses interventions toujours pleines d’humour. Superbement secondé par Mathieu Tomi à la basse, Rob Hirons à la batterie et Pascal Versini aux claviers, le chanteur et guitariste va littéralement survoler l’instant, malheureusement devant un public un peu épars, mais qui se régalera d’une prestation que les retardataires regretteront d’avoir manqué tant le blues des Phocéens est délicieux avec ses côtés rock, folk ou même ethniques !

On ne présente plus Dr Feelgood, les précurseurs du pub rock, souvent imités, jamais égalés, et c’est pourtant Freddy Miller, le MC du festival, qui va s’en charger avec une pointe d’émotion dans la voix et sans doute un petit frisson sur la partie la plus velue de son anatomie. Puissant, efficace et déterminé, le groupe formé par les regrettés Lee Brilleaux et Wilco Johnson évolue aujourd’hui autour de Robert Kane au chant, Gordon Russell à la guitare, Phil Mitchell à la basse et Kevin Morris à la batterie, arborant ce soir un T-Shirt aux couleurs de l’Ukraine. Si Dr Feelgood a en poche un nouvel album que le groupe va s’efforcer de vendre ce soir, c’est quand même sur ses standards qu’il va capitaliser en nous servant des « Back In The Night » et autres « All Throught The City » avec en prime le classique rappel sur « Route 66 » repris en chœur par l’assistance. Les fans du bon docteur en ont eu largement pour leur argent ce soir et ceux qui découvraient le groupe ou passaient en simples curieux ont sans doute été conquis par tant d’énergie et de simplicité.

On retrouve maintenant les Biterrois de Red Beans &Pepper Sauce pour un de leurs shows traditionnels, efficace au niveau de la rythmique, expansif au niveau de la guitare, invasif au niveau de la voix et truculent au niveau des claviers et des orchestrations qu’ils apportent. Il n’est pas encore tard mais nous sommes vendredi et le public déserte peu à peu la place, ne rendant pas l’hommage mérité par ce fleuron de la culture rock française qui a produit pas moins de sept albums en une dizaine d’années et qui revisite allègrement son répertoire à l’attention de ceux qui ont su être patients et rester devant la scène pour assister à un show mené d’une main ferme et déterminée par une Jessyka Aké littéralement explosive. Un concert porté à bout de bras par un virtuose de la six-cordes, Laurent Galichon, qui nous sortira une fois de plus des riffs incroyables et des solos démoniaques, le tout soutenu par une section rythmique précise et assurée avec Pierre Cordier à la basse et Niko Saran à la batterie et magnifié par les claviers haut de gamme de Serge Auzier. Le Léman Blues Festival a choisi de proposer une première soirée au ton plutôt orienté rock et blues rock et s’en sort carrément bien avec déjà deux groupes bien ancrés dans ce style qui fonctionne à chaque fois.

On avait vu Sari Schorr en Norvège il y a une semaine dans le cadre de Blues In Hell, on la retrouve ce soir à Annemasse pour une prestation qui va elle aussi s’avérer explosive, cette superbe Américaine se révélant être dans une forme olympique et s’attachant à nous proposer un set superbement construit avec ses complices Ash Wilson aux guitares, Adrian Gautrey aux claviers, Roger Inniss à la basse et Phil Wilson à la batterie. Croisement de Janis Joplin et de Tina Turner, la New-Yorkaise fait plaisir à voir et à entendre avec une énergie folle et un véritable sens du partage avec son band qu’elle met parfaitement en valeur, communiant véritablement avec chacun de ses musiciens et leur laissant beaucoup d’espace pour qu’ils puissent parfaitement exprimer tout leur talent. Le public a une fois encore perdu quelques spectateurs qui ne savent pas à quel point ils ont eu tort tant le show de Sari Schorr aura été riche et intense mais aussi plein d’interactions entre la scène et l’assistance. Il faut dire que le groupe est en tournée depuis déjà un moment dans le cadre de son Freedom Tour et que l’on n’a pas fini de le croiser un peu partout en Europe jusqu’au printemps prochain !

Voilà une première journée carrément réussie qui nous laisse encore espérer de belles choses pour demain mais en attendant, il est temps d’aller prendre un peu de repos pour être certain d’être d’attaque dès l’ouverture à 16 heures !

Samedi 16 septembre :

C’est après une bonne choucroute alsacienne, traditionnel déjeuner du samedi avec les amis présents, que nous regagnons la Place de la Libération pour le premier show de la journée sous un soleil qui cogne fort mais qui ne stoppe pas les ardeurs de Red Retam, un trio d’Annecy que l’on croise depuis l’an dernier lors de concerts improvisés au milieu du public pendant les inter plateaux mais que l’on va retrouver cette fois sur la grande scène avec toute l’artillerie qui va bien, guitare saturée, clavier hypnotique et batterie surpuissante mais aussi, excusez du peu, une tronçonneuse à l’effigie du groupe avec laquelle cette troupe de doux dingues sacrifiera une chaise siglée Mass-Média … Le côté punk et un peu je m’en foutiste du groupe fait plaisir à voir et si on est à quelques encablures du blues, il n’empêche que l’assistance appréciera une prestation à la fois riche visuellement et puissante en termes de décibels !

Freddy Miller délaissera un moment son costume de MC pour enfiler celui de leader de son propre groupe et pour nous dévoiler une bonne partie des titres qui figureront sur son prochain album à paraitre le 18 novembre prochain, « Just Be Yourself ». Complétée par une section de cuivres, la formation de cet artiste du Loiret, et oui, ça existe, affiche encore plus de consistance et a véritablement gagné encore en envergure depuis notre dernière rencontre, c’était à Cahors en 2022 il me semble, et tout le monde avait déjà été interpelé par tant de maestria. De la voix chaude et puissante de Freddy jusqu’à un très bel équilibre trouvé tant par la guitare que par les ivoires, il n’y a rien à redire a un projet artistique qui a désormais trouvé non seulement une stabilité mais aussi et surtout un véritable fil conducteur que chacun s’attache à suivre sans sourciller. Ca aura pris un peu de temps et engendré pas mal de doutes mais cette fois tout est raccord et il n’y a plus qu’à dérouler la suite comme il se doit.

Le Leman Blues Festival a choisi une direction très rock cette année et cela se confirme avec Little Odetta, la formation française que l’on croise actuellement sur tous les festivals nationaux et qui fait à chaque fois le buzz, non seulement grâce à la plastique plutôt engageante de sa chanteuse, Audrey, mais aussi grâce à une énergie de tous les instants et à un show construit qui nous ramène directement du côté du son des sixties et des seventies. Du blues rock donc, pour ne pas carrément dire du rock, mais joué avec une classe folle et une petite touche originale qui fait que l’on n’est jamais totalement dans le vintage ni totalement dans un style contemporain mais à un très juste milieu entre les deux. Le public n’est pas encore totalement arrivé mais les spectateurs présents apprécient le moment et c’est bien ce qui compte, d’autant que l’on remarque que les tenues à l’effigie du groupe sont bien présentes en face de la scène.

On va rester dans le gros son bien gras avec une formation belge que l’on suit depuis un bon moment, les Boogie Beasts, et qui va confirmer tout le bien que l’on pensait d’elle. A seulement quatre sur scène, ces gars là dépensent au moins autant d’énergie qu’un big band au grand complet, et c’est emmenés par un harmoniciste exceptionnellement véloce et furieux qu’ils vont carrément faire mettre un genou à terre à un public qui n’en peut plus de voir autant de talent. Chacun participe à sa façon à un show débordant d’originalité et répond aux diverses invectives du groupe, y allant de son onomatopée du moment, de sa phrase en Anglais, ce qui n’est pas toujours évident, ou carrément de son pas de danse quand les Boogie Beasts, en fin de set, se mettront à nous proposer ce qu’ils appellent du disco blues. Mon voisin a failli s’étouffer en entendant ça mais force est de constater que la mayonnaise a parfaitement pris et que, posée sur les frites apportées par nos amis d’Outre Quiévrain, elle a contribué à faire de ce set un grand moment que le Leman Blues Festival n’est pas près d’oublier !

On avance dans la soirée et, miraculeusement, le public est enfin arrivé en nombre pour assister au concert de Koko Jean & The Tonics, une formation barcelonaise emmenée par la sulfureuse Koko Jean Davis et soutenue par une dream team avec, entre autres, l’ami Victor Puertas à l’orgue Hammond, à l’harmonica et même au chant quand la frontwoman est au repos. Une fois encore c’est du grand art qui apparait devant une assistance qui ne comprend pas toujours qu’elle est en train de vivre un instant unique, et qu’en plus cet instant lui est proposé gratuitement. Quoi qu’il en soit, l’important est que le message du blues et de la soul passe auprès des gens et il y a fort à parier que ce soir il est passé grâce à une artiste qui a fait l’effort de parler en Français, de faire quelques blagues peut être parfois un peu osées, public familial s’entend, et surtout qui a mis tout son poids dans la balance pour nous offrir un spectacle haut de gamme, non seulement dans les moments où elle assurait le lead mais aussi lorsqu’elle laissait la lumière des projecteurs à ses musiciens, qui constituent assurément la crème de la crème de la scène catalane !

On en arrive déjà au dernier groupe invité de ce troisième Leman Blues Festival et c’est en compagnie de sa jeune stagiaire, Diana, que Freddy Miller va assurer la présentation des Cinelli Brothers, formation italo-franco-britannique qui a réussi le tour de force de se placer en seconde position de l’International Blues Challenge en 2023 à Memphis puis en troisième position de l’European Blues Challenge à Chorzów en Pologne la même année. Les Cinelli Brothers, c’est du très haut de gamme musicalement parlant, avec des musiciens qui changent d’instrument d’un morceau à l’autre avec toujours autant de talent et avec là encore une dynamique qui va du blues à la soul en passant par le gospel, on en passe et des meilleurs. Le public a quelque peu déserté la place mais il reste du monde pour ce qui s’avère être un des groupes qui fait partie de ce qui se fait de mieux à l’heure actuelle et c’est un parterre confortable qui emportera le quartet jusqu’au bout d’un set invité à faire tomber le rideau sur une édition qui a tenu toutes ses promesses.

Que de monde croisé durant ces deux journées de festival, des amis de longue date, des nouveaux également, le plaisir de retrouver les fidèles aussi et d’échanger avec eux sur tout un tas de choses et souvent sur n’importe quoi … C’est aussi ça la magie du Léman Blues Festival ! Un très grand merci à Richard et à ses bénévoles pour l’accueil et bien évidemment à la technique qui a une fois encore réalisé un très bon boulot ! On attend maintenant l’affiche de la prochaine édition avec une certaine impatience …

Fred Delforge – septembre 2023