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LE BUIS BLUES FESTIVAL 2023 (2/2) pdf print E-mail
Ecrit par Alain Hiot  
lundi, 28 août 2023
 

LE BUIS BLUES FESTIVAL 2023 (2/2)
COMPREIGNAC – SAINT JOUVENT – NANTIAT – LE BUIS (87)
Du 16 au 19 août 2023

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Retrouvez toutes les photos d'Alain Hiot sur https://alain-hiot.com/ 

Vendredi 18 août après-midi, le rendez-vous incontournable du BBF, le spectacle pour les enfants, était donné de nouveau à la médiathèque de Nantiat, sous une chaleur très conséquente comme un peu partout en France. Cette année Cyril Maguy, un habitué des lieux très apprécié depuis plusieurs années, donnait la toute première représentation de « La Balade de l'Oncle John ou la conquête de l'Ouest ». Connaissant Cyril depuis le tout début de son aventure avec Vicious Steel, je ne l'avais jamais vu aussi tendu avant une prestation, ce qui n'a pas empêché les enfants de rentrer dans l'histoire sans aucune réserve, un récit durant lequel Cyril va rectifier à juste titre certaines idées préconçues sur le Far West. Comme pour les Bedaines de coton avec "hop dans mon panier" ou Rock the Cavern avec "Chasseur cueilleur", une expression va sans aucun doute rester bien calée dans les jeunes oreilles avec "haut les mains peau de lapin...", les enfants connaissant la fin sans même qu'il n'ait eu besoin de leur demander ! Encore un super spectacle imaginé par Cyril Maguy, et qui va en plus se bonifier au fil des représentations.

Il est pile 19h30 au Buis et, autre caractéristique du BBF, le premier concert de la soirée commence à l'heure exacte. Direction les racines ancestrales du Blues et de tous ses dérivés, nous allons voyager en Afrique avec Bafang, un duo Caennais dans la pure lignée de ce que peuvent nous offrir des formations telles que Tinariwen ou encore Tamikrest, dans une version uniquement guitare-batterie qui va tout déchirer. L'un de mes deux énormes coups de cœur de cette édition 2023, qui a fait remuer et danser devant la scène au son de ces rythmes envoûtants qui vous transpercent jusqu'à la moelle ! Les deux demi-frères, Lancelot et Enguerran, nous ont fait découvrir la langue Bamiléké du Cameroun nous rappelant forcément un artiste majeur disparu en 2020, Manu Dibango, et qui nous indique également sans trop d'ambiguïté son influence majeure sur la musique Caribéenne et Antillaise. Un immense merci aux deux "chiens hirsutes", Thomas et Pascal, qui ont attiré l'attention de Laurent Bourdier sur ce duo, et à ce dernier pour les avoir programmés tant ils ont mis le feu dans le public ! Énorme prestation qui a dû mettre mal à l'aise les sectaires de tout poil, s'il y en avait, ce qui me réjouit tout particulièrement !

Vainqueurs de l'European Blues Challenge 2022, ce sont les Néerlandais de Harlem Lake qui vont clore cette troisième soirée de la plus belle des manières. Des compos originales bien entendu entre Blues-Rock, Rhythm'N'Blues et Americana bien musclé, mais également un excellent cover de Don Bryant, « 99 pounds », en début de set, ou encore le « Ain't Nobody Home » de BB King, voilà de quoi rassasier sérieusement nos oreilles toujours avides de découvertes avec un public qui ne cesse de grossir de minute en minute. Ce petit arrière-goût des Seventies a vraiment tout pour me plaire, moi qui ai vécu cette période dans mes jeunes années, surtout venant d'une formation dont la moyenne d'âge ne doit pas excéder 25 ans et qui maîtrise ces styles avec une totale maestria. De larges plages instrumentales sont venues accentuer encore un peu plus l'impression hyper professionnelle laissée par le groupe, avec un guitariste incroyable et un organiste qui ne dédaigne pas tâter lui aussi de la six cordes avec le même talent ! Côté organisation les Food-Trucks ont fait le plein et ont fait l'unanimité dans le public venu s'y restaurer. Personnellement je recommande tout particulièrement les glaces "maison" et le Hamburger du chef à tomber ! Décidément cette 17ème édition ne cesse de faire grimper la température et ce n'est pas fini car le lendemain nous offrira un final en apothéose !

Samedi 19 août au matin, c'est du côté de la grange que cela se passait, avec un atelier peinture pour les plus jeunes qui ont relooké les fameux bidons qui font aussi l'identité visuelle du BBF, et qui seront ensuite remontés sur la place du village pour les concerts du soir. À l'intérieur on pouvait comme à l'accoutumée profiter de différentes expos, cette année les peintures de Jorge Ramirez et les vinyles chantournés de Béatrice et ses "Petits Objets", et aller discuter et prendre un abonnement au stand de Blues Magazine, présent tous les ans sur le festival.

19h30 tapantes, Laurent monte sur scène pour nous présenter ce qui va être mon second énorme coup de cœur cette année, les Hussy Hicks, un duo féminin australien accompagné pour l'occasion par un bassiste français, et qui vont elles-aussi retourner le public pour leur toute première fois en France ! Dans un registre Pop-Folk agrémenté de sacrés beaux accents Rock, mais avec également du Blues traditionnel, les harmonies vocales de Leesa Gents et Julia Parker font merveille et ont embarqué de suite le public. La dextérité de Julia à la guitare a été fortement remarquée et appréciée, d'autant qu'elle maniait également un Cajon à l'aide d'une pédale sous chaque pied, et lorsqu'elle a attaqué l'intro de « Thunderstruck » d'AC/DC le temps de régler un petit souci technique, c'était carrément du délire chez les spectateurs ! Du côté de Leesa, c'est sa voix qui nous a percuté de plein fouet, mais elle nous également communiqué sa bonne humeur et sa joie ostensible d'être sur scène, le trio nous offrant un set admirable à tout point de vue. On notera également le maniement de la "Fishing Tackle Box" , une boîte d'articles de pêche remplie de choses dont je ne connais pas vraiment la nature, au son très particulier et utilisée comme une Stomp Box manuelle sur un titre génial très entrainant, « Hypothetic Needles ». Après Arna Rox en 2019, les artistes Australiennes font décidément un véritable tabac lors de leur passage au BBF !

Changement de registre, et là on va monter sérieusement dans les tours avec du gros Rock bien pêchu et une énergie totale qui va en décoiffer plus d'un ! Little Odetta a confirmé la claque monumentale que j'avais pris l'année dernière en les voyant en Live pour la première fois. Au-delà de la prestation scénique et de la présence hors norme d'Audrey Lurie qui s'empare de la scène comme personne, c'est une formation qui musicalement fait preuve d'un talent et d'une inventivité maximale. Avec sa robe blanche à franges façon Tina Turner, Audrey va venir à plusieurs reprises sur les caissons de basse pour haranguer le public qui est déjà chaud bouillant, mais elle va aussi nous démontrer tout son talent vocal durant tout ce set explosif. Little Odetta c'est aussi la capacité à s'approprier un titre de CSN&Y, « Almost Cut My Hair », et d'en restituer une version personnelle sur laquelle Lucas à la guitare et Shax à l'orgue vont littéralement se déchainer dans de superbes chorus. La température va tellement monter qu'Audrey finira par se renverser une bouteille d'eau sur la tête pour se rafraichir, il faut dire que j'ai rarement vu une chanteuse se démener autant sur scène, avant de descendre chanter au beau milieu des spectateurs aux anges. Au-delà de leurs prestations scéniques respectives, la générosité dont ont fait preuve toutes ces formations envers le public forgent encore un peu plus la réputation de convivialité du BBF.

Cela faisait presque six ans que l'on n'avait plus vraiment de nouvelles, et on se demandait même si les Delta Saints reviendraient un jour sur scène. Autant dire qu'avec le souvenir qu'ils avaient laissé ici-même en 2014 ils étaient attendus avec une impatience non dissimulée, et disons-le de suite, ils ont été largement au-delà de nos espérances avec un show, lui aussi, ultra-vitaminé et aussi génial qu'il y a neuf ans. Nashville a donc fait un retour en force avec une mini-tournée en Europe, dont cette date au Buis, les musiciens déclinant eux aussi différentes approches du Blues tout en y restant finalement assez fidèles. De grands éclats de rire vont monter du public lorsque le chanteur va justifier le fait de ne pas parler Français à cause du "Shity public-school system", et qu'il va exprimer sa joie d'être en France, et pas uniquement pour le vin et le fromage ! Leur prestation aura été largement à la hauteur de notre plaisir de les revoir, énergique, communicative, et faisant honneur à toute l'organisation du festival qui nous a concocté une nouvelle fois une programmation de folie pour une édition qui restera fortement gravée dans les mémoires !

Mais ne pensez pas que c'était là le dernier concert de 2023 car, comme d'habitude, il se passe toujours des choses dans la grange pour un Off qui aura même du mal cette année à redonner les clefs pour la fermeture ! Un bœuf mémorable avec à tour de rôle les Hussy Hicks, Litte Odetta et les Delta Saints à peine sortis de scène, et il faudra insister un peu pour que l'on referme les portes sur ces quatre jours de plaisir avec « Proud Mary » ! Je sais, je me répète, mais qu'est-ce que l'on aime ces découvertes faites ici même tous les ans et qui nous ouvrent de larges possibilités musicales. Le temps des "puristes" aux œillères bien hermétiques nous serinant leur sempiternel refrain "c'est pas du Blues", est bel et bien révolu du côté du Buis et c'est tant mieux pour tout le monde ! L'ouverture d'esprit est aussi l'une des très belles caractéristiques dans le Limousin au mois d'août, et finalement que ce soit ou non du Blues, et en l'occurrence oui tout ce qui a été entendu ici en découle, l'important est juste que ce soit bon, et nom d'un chien 2023 était un sacré grand cru !

Alain Hiot – aout 2023