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STORMHAVEN pdf print E-mail
Ecrit par Yann Charles  
vendredi, 09 juin 2023
 

STORMHAVEN

https://stormhavenband.bandcamp.com 
https://www.facebook.com/stormhavenband 
https://www.instagram.com/stormhavenband 

Rencontre aujourd'hui avec Julien, claviériste de Stormhaven, un groupe qui évolue dans un style plutôt death prog. Ils ont sorti un nouvel opus, « Blindsight ». Un univers musical très particulier qui va vous entraîner dans des tempêtes de riffs et de solos énergiques en passant par des havres musicaux où le côté progressif saura vous apaiser. Un concept-album où les textes sont aussi puissants que la musique. Une belle rencontre et surtout un bel album à découvrir.

Salut. Si on traduit Stormhaven, on a déjà une contradiction avec Havre et Tempête en gros, mais ça caractérise bien votre musique ?
Exactement, tu retrouves ça dans les passages brutaux et les passages énergiques, mais aussi sur les passages plus ambiants et plus atmosphériques.

Et pour le nom, vous aviez déjà ça en tête ?
Non, il fallait choisir un nom de groupe et on trouvait que Stormhaven ça matchait bien. Et ça collait également au style de la musique. Et également aux deux publics à la fois death et prog. Ce n'est pas trop mielleux et ça ne fait pas trop bourrin non plus.

Justement, en parlant de musique, comment vous définissez-vous ? Metal prog, car les morceaux sont très longs, death, black, par moment trash, bref ...
Alors je te dirai que c'est du death progressif mais il y a également pas mal de petites références qui traînent. Tu vas avoir des passages trash dans certaines chansons, mais également des influences rock des années 70. Surtout sur cet album-là. Et forcément, il y a le côté progressif …

On va parler de votre dernier album, « Blindsight ». Où nous entraînez-vous avec ce nouvel opus ?
Alors on va, d'un point de vue production et composition, vers quelque chose de plus mature que le reste, de plus travaillé, de plus riche et aussi beaucoup plus complexe musicalement. En termes de concept-album, il y a une histoire qui sous-tend vraiment tout l'album et qui reste cohérente avec les albums précédents où tu as toujours une sorte de parcours initiatique. Tu entres beaucoup dans la tête des personnages.

Oui, j’ai écouté, ou plutôt survolé les albums précédents, et les constructions d'albums restent les mêmes.
C'est à la fois construit et déconstruit et tu ne vas pas retrouver les structures couplet/refrain classique, même si sur cet album, tu retrouves au moins deux refrains par chanson. Ce qui n'était pas le cas avant.

Vous dites que c'est un concept album, je dirais même que c'est un album scénarisé, il faut suivre l'histoire du premier au dernier titre.
Oui, effectivement, tu as un aspect scénarisé. Les chansons s'enchaînent dans l'ordre de l'histoire et tu suis vraiment ce qui arrive au personnage. Avec « Fracture », il lui arrive cet événement traumatisant où il perd la vue. « Vision », il commence à avoir des choses dans sa tête. « Shadow Walker », il se promène dans les méandres du cerveau. Et puis après petit à petit, il remonte un peu la pente. Il rencontre des personnages imaginaires. Tu as un côté scénarisé et tu as un côté conceptuel. Ce n'est pas vraiment une histoire qui va être racontée, mais plus tout un parcours autour des ressentis. Lorsque tu perds la vue, mais aussi surtout l'aspect psychologique. C'est-à-dire dépression, descente aux enfers et remontée. Voilà en gros comment tu vis tout ça. Comment tu vis quand tu as des personnages dans ta tête et que tu ne sais pas trop s'ils sont réels ou s'ils sont fictifs, s'ils sont bons ou s'ils sont mauvais. Et c'est ce concept ou ces idées qui sont toujours plus ou moins là dans les albums du groupe.

Qu'est-ce qui vous a inspiré pour cet album ?
C'est Zach le guitariste/chanteur qui écrit tout. Il compose et écrit les paroles. Il a cette inspiration toujours un petit peu ésotérique. Mais ce n'est pas inspiré de faits personnels.

Vous avez toujours fait des concepts-albums si on regarde votre discographie, c'est plus facile, si je peux dire, de se concentrer sur un seul sujet ?
Oui, je pense. Quand tu es musicien qui aime la musique instrumentale comme on fait, tu te dis que bon, à un moment, il va falloir mettre des paroles parce que sinon ce n'est pas trop accessible. Et quand tu commences à écrire des paroles, tu te dis qu'écrire de la musique sur vingt-cinq minutes ça va, mais écrire des paroles, c'est très compliqué, car il faut trouver un thème et un truc qui t'inspire. Et ça Zach, ça le branche. Ces thèmes l'inspirent, mais sans pour autant être torturé.

Vous n’êtes pas dans le sociétal ?
Non non, pas vraiment. Après, ce sont des choix personnels. Moi, c'est quelque chose dans la musique que je trouve déplacé et que je n'aime pas. Mais je respecte totalement les groupes ou les gens qui vont dans ces sujets-là. Je comprends tout à fait qu'il y ait des gens qui aillent dans la musique engagée. Mais en tout cas je ne pense pas que ce soit la volonté du groupe d'aller vers ce secteur-là. On est plus dans quelque chose de plus cohérent par rapport à nos personnalités et faire des choses qui nous plaisent vraiment musicalement. Quelque chose où on se retrouve tous.

Sur les albums précédents, les morceaux étaient déjà longs, mais sur celui-là, vous vous êtes lâchés … C'est la pandémie qui vous a permis d'aller plus loin dans vos recherches musicales ?
(Rires) Ah, tu avais déjà « Éclipse » qui faisait quinze minutes sur l'album précédent. Après, les chansons de sept, huit minutes, ça a toujours été les standards du groupe. Donc ça, ça va …

Oui, ça va. (Rires) Sept ou huit minutes, maintenant qu’on y est !!
(Rires) Je pense qu'au bout d'un certain moment, tu es dans l'incapacité de composer des trucs courts (Rires). Et surtout, tu n'en as pas trop la volonté (Rires). Et sur « Dominion », là, tu as les inspirations, tu as les idées. Et puis il y a plein de groupes que l'on aime bien qui font ce genre de choses aussi. Donc tu te dis "et si un jour, je peux arriver à faire le mien et bien, tu le fais". Sur les chansons longues comme celle-là, tu peux couper le morceau en trois. Et tu as vraiment trois parties bien distinctes sur ce titre. Que ce soit musicalement, mais aussi sur le plan des paroles. Tu as une intro qui fait un peu le résumé du reste de l'album. Un peu comme une sorte de rembobinage. Et par la suite, tu as une grande progression sur le reste de la chanson. Quelque chose qui monte en puissance.

Justement, sur « Dominion », on retrouve des sonorités tango, avec une guitare andalouse,. C’est posé comme un OVNI à la fin de l'album. Ce morceau est une sorte d'apothéose où on retrouve tout votre savoir-faire ?
Il y a un peu de ça oui. Même si le style du groupe reste le death prog, il y a également plein d'autres influences qu'on essaie de distiller un peu à droite et à gauche. Tu as des sonorités qui étaient apportées par l'ancien claviériste, Régis, qui aimait bien ce genre de choses. Et c'est vrai que sur un morceau de vingt-quatre minutes, c'est là que tu as plus de place pour explorer les choses. Plus en tout cas que sur un morceau standard. Dans ce cas-là, tu peux faire évoluer l'univers, faire quelque chose d'un peu plus cohérent.

Je reviens sur la pandémie. Même si elle n’avait pas été là, c’est quelque chose que vous auriez mis en place ?
Oui oui, c'est sûr. Tu prends « Eclipse » qui fait déjà quinze minutes, tu trouves déjà ces différentes ambiances. Mais c'est quelque chose que tu retrouves dans la musique de Stormhaven. Tu peux avoir quelque chose qui est très rentre dedans mais tu vas quand même avoir quelque chose de très aérien aussi à un moment dans la chanson. Un interlude un peu plus mélodique peut-être. Tu ne sais jamais sur quoi tu vas tomber.

En revanche, difficile de jouer tout en concert non ?
On s'est déjà posé la question. On a déjà fait, sur un concert, les quinze minutes d’« Eclipse ». Pour « Dominion », pour le moment, ce n’est pas prévu. Après, il faut se mettre à la place du public. Sur « Exodus », le deuxième album, on a déjà un titre avec trois parties comme ça, et qu'on a déjà joué. Et au bout de trente minutes, tu vois bien que les gens commencent à se déconnecter. Quinze minutes, on l’a fait l’an dernier et, en vrai, ça passe plutôt bien.

Je trouve cet album plus agressif musicalement que les précédents sur certains titres ? Mais avec peut-être plus de passages plus apaisants on va dire. Il y a un peu plus de plus dans les deux sens.
Je pense qu'il est plus poussé sur le côté violent. Sur « Fracture », justement, on en parlait juste avant, tu entres directement dans du blast. Il n'y a pas d'intro un peu mielleuse pour t'amener le truc, tu vois. Donc on a vraiment cette volonté d'être un peu plus tranchant sur les côtés plus agressifs et plus énergiques. Et le côté rock/prog qui arrive pour les côtés un peu plus calmes. On a mis aussi un petit peu plus d'ambiance acoustique. En fait, on a forcé le trait sur toutes les influences. C'est pareil, on a toujours eu chant clair et chant saturé, mais il y a un peu plus de chant clair dans « Blindsight ». En fait, on marque un peu plus les différentes ambiances.

Vous avez choisi « Fracture » comme premier single et premier clip. C'est le premier titre de l'album également, c'était une sorte de teaser, le premier épisode de ce concept album ?
Non pas vraiment. Tu as des morceaux parfois où tu peux dire que c'est le morceau le plus représentatif de l'album. Pour « Fracture », je ne suis pas sûr. Le morceau qu'on avait choisi au départ pour faire le single, c'était « Hélium », pour lequel on voulait un truc un peu single même si le morceau dure sept minutes cinquante (Rires).

Ça fait un beau single !! (Rires)
On est dans des standards un peu différents (Rires). Mais « Fracture », on s'est dit que c'était aussi une bonne idée parce que c'est un morceau qui est rentre-dedans et bien énergique.

Est-ce que quand vous composez, vous savez déjà que certains morceaux ne seront pas interprétables sur scène ou tous peuvent être joués ?
Non pas vraiment. Comme je disais, « Exodus » qui fait trois fois dix minutes a été joué sur scène, donc tout est possible. Là, c'était quand même plus se faire plaisir d'écrire ce qu'on avait envie d'écrire. Et ensuite est venu le vrai travail de savoir ce qu'on allait jouer sur scène et ce qu'on pouvait adapter pour la scène. Régis par exemple, l'ancien claviériste, faisait la moitié des voix claires et saturées. Donc, là, il a fallu qu'on se réorganise un petit peu. Quand je suis entré dans le groupe l'an dernier, c'était clair dès le début que je reprendrais cette partie-là. Et puis au-delà de tout ça et de la longueur des morceaux, comment allait-on pouvoir retraduire ça sur scène ? Il y a quatre pistes de guitare, quatre pistes de claviers, donc il y a des choses qu'on va pouvoir garder et des choses qu'on ne pourra pas conserver forcément. On utilisera aussi des samples pour essayer d'avoir quelque chose de cohérent. Et puis sur d'autres morceaux, on fera l'impasse tout simplement.

Est-ce que ça influence les compositions de savoir si tu vas garder ou pas un morceau pour la scène ?
Non. On n’est pas vraiment dans le style de musique où tu te dis ”les gens vont chanter sur ce riff ou sur ce refrain”. (Rires)

C'est un album qui est hyper technique musicalement, vous n'avez pas peur de perdre les profanes comme moi sur des morceaux longs ? Après, j'avoue que cette technicité est un pur régal aux oreilles sur l'album.
C’est une bonne question. Pour être rentré dans les chansons, en les apprenant récemment, au début, tu as les riffs qui s'enchaînent et tu ne comprends pas trop ce qui se passe. Et en fait les chansons prennent vie avec le chant. Alors oui, il y a beaucoup de technicité, mais ce n'est pas vraiment démonstratif. Et cette technicité est toujours au service de quelque chose. Ça reste abordable et puis je trouve que ce sont des ambiances assez marquées. Alors tu vas peut-être avoir un solo de guitare sur une intro qui dure trois minutes, mais il est mélodieux. Et c'est vraiment au service de la musique. Il y en a qui nous comparent à du death technique. Alors peut-être oui, sur certains passages un peu agressifs, on a fait ça, je trouve de manière cohérente. C'est-à-dire quand tu mets un solo de basse, tu ne mets pas un solo de guitare en même temps. On reste quand même sur quelque chose de très cohérent. Et de ce fait, tu laisses la place à chaque instrument pour s'exprimer.

En parlant de scène, il va falloir composer avec des titres des albums précédents ou bien, vous vous concentrerez uniquement sur celui-là ?
Là, on voulait vraiment mettre le nouvel album en avant donc je pense qu'on va quand même se consacrer principalement à ce dernier. Mais on fera aussi quelques anciennes chansons. Pour faire un set un peu varié. Il n'y a aucun problème à reprendre les anciens titres parce que ce sont des morceaux qu'on apprécie vraiment. On va peut-être même faire des set lists évolutives. On fera pas mal d'anciens de l'opus précédent parce qu'on sait que ça matche bien avec ce nouvel album. Et on fait le morceau de quinze minutes pour clore par exemple.

Oui. Après, il faudra tenter le morceau de vingt-quatre minutes. Peut-être avec un plat offert au milieu ...
Oui, genre une petite assiette de tapas. (Rires)

Quelles sont les évolutions , qu'elles soient musicales ou autres, depuis vos premiers albums ?
Comme je disais tout à l'heure, tout est beaucoup plus marqué. Que ce soit le côté énergique ou brutal. Beaucoup plus de chants clairs. Des influences rock prog qui interviennent un peu plus et qui vont continuer à faire évoluer notre musique. Et forcément sur cet album-là, la production. Les trois premiers albums étaient autoproduits avec une production maison qui a été tout à fait honorable. Mais là, il y avait la volonté de passer à un niveau supérieur. De faire intervenir des professionnels et de voir ce que ça allait donner. Et ça change totalement. Déjà, les retours des gens qu'on a eu sont déjà très satisfaisants. Ils nous disent que la production est vraiment très très bonne. Là, on a quelque chose qui est très bien et qui reste abordable pour tout le monde. Et ça va, financièrement, on n'a pas été obligé de mettre la maison en vente. (Rires)

Et pour terminer, dernière question rituelle : quel est le dernier morceau ou le dernier album que tu as écouté ?
Alors le dernier album que j'ai écouté et que j'ai découvert, c'est le dernier Kamelot, « The Awakening ». C'était un groupe que j'écoutais plutôt dans les années 2000. Et là, j'y suis revenu en me disant que finalement, ce n'est pas si mal.

Merci pour l’interview.
Un grand merci à toi.

Propos recueillis par Yann Charles