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EUROPEAN BLUES CHALLENGE 2023 À CHORZÓW (POLOGNE) pdf print E-mail
Ecrit par Fred Delforge  
dimanche, 04 juin 2023
 

EUROPEAN BLUES CHALLENGE
SZTYGARKA – CHORZÓW (POLOGNE)
Du 1er au 3 juin 2023

http://www.europeanbluesunion.com/ 
https://www.ebc2023.info 

L’European Blues Challenge a repris ses droits il y a tout juste un an avec une dixième édition qui avait eu lieu en Suède, à Malmö, et qui avait tenu toutes ses promesses en nous offrant un superbe palmarès avec tout en haut du podium les Pays-Bas, talonnés de près par la Suisse et par l’Espagne … On se retrouve cette fois à Chorzów, ville minière de Silésie à seulement quelques kilomètres de Katowice, pour un nouvel événement qui se déroulera pour la première fois en extérieur dans un lieu atypique dont nous aurons très vite l’occasion de reparler. Mais en attendant le début des festivités, c’est une première soirée de gala qui nous attend …

Jeudi 1er juin : soirée de préouverture à MDK Batory

C’est dans la belle salle de la Maison de la Culture que nous sommes conviés à un concert de lancement en compagnie d’un groupe que nous connaissons bien, les Boogie Boys, que nous avions déjà eu la chance de retrouver il y a une dizaine de jours à Eutin, en Allemagne, pour un show dynamique et entrainant. Toujours aussi efficaces, les pianistes Bartek Szopinski et Michal Cholewinski ont fait évoluer leur formule au fil des vingt ans que dure leur aventure et c’est désormais en quintet, qui plus est accompagné de cuivres, qu’ils viennent nous distiller leurs compositions mais aussi quelques belles covers parfois un peu téléphonées mais toujours très brillamment interprétées. Si l’assistance est majoritairement composée de locaux qui arborent fièrement les couleurs des Boogie Boys, il n’en reste pas moins que la communauté blues est déjà bien présente en Pologne ce soir et que l’on compte déjà pas loin d’une vingtaine de pays représentés. De quoi assurer un beau succès à un groupe qui le mérite amplement et laisser présager du meilleur pour la suite !

Vendredi 2 juin :

C’est une journée bien chargée qui nous attend puisqu’après le derniers préparatifs mis au point lors d’une réunion du Conseil d’Administration de l’European Blues Union, c’est un blues market très animé qui nous attend, l’occasion parfaite pour les membres de la communauté blues venus d’une vingtaine de pays de se retrouver et d’échanger autour d’une passion commune et surtout d’une véritable envie de faire évoluer les choses sur le vieux continent. C’est aussi un peu ça que le blues européen est en train de prendre une place de plus en plus importante sur la scène mondiale !

On démarre cette première véritable journée de Challenge aves Özgür Hazar’s Blues Syndycate, la formation belge qui nous propose un blues très fortement empreint des influences du Mississippi qui caractérisent un leader dont les origines viennent plutôt des rives du Bosphore. Emmené par une chanteuse à la voix juste et puissante, le quintet s’appuie sur une guitare véloce et peut compter sur l’appui d’une rythmique solide et sur des claviers ingénieux pour donner le change. Cédant à l’occasion le chant lead au frontman naturel du groupe, ce premier candidat imposera le ton d’entrée de jeu. Ce onzième challenge sera forcément réussi si la suite est tirée du même tonneau !

On passe rapidement au second candidat et c’est de Suède que la formation arrive, avec un nom étrange, From, mais avec une belle énergie qui laisse immédiatement augurer d’un bon moment de musique avec un orgue Hammond très présent et avec une guitare qui ne l’est pas moins. Si le blues de ces Suédois ne sort pas vraiment de l’ordinaire, au moins a-t-il le mérite d’être joué avec talent et ferveur par des musiciens qui ne se posent pas de question inutile et qui envoient leurs notes comme si leur existence en dépendait. Le résultat ne se fait pas attendre et l’assistance, encore un peu timide, montre son plaisir d’assister à la prestation de ce second candidat du jour.

C’est maintenant un duo hongrois qui investit la belle scène de Szygarta et c’est en y mettant l’art et la manière qu’Ecska & Huba viennent nous proposer un blues plein de subtilité et d’énergie, le combo prouvant par l’exemple que te terme acoustique n’est absolument pas un équivalent de manque de puissance et de vigueur. Les morceaux défilent bon train et après une entame de set pleine de force et de spontanéité, c’est en se lançant dans un blues plus posé que les Hongrois nous entrainent pour mieux finir par une sorte de feu d’artifice psychédélique et plein d’intensité qui ne laissera pas le public de marbre. On en aurait bien pris un peu plus, d’autant qu’il restait du temps au compteur du duo lorsqu’il a raccroché les gants.

On part maintenant vers le Portugal avec les Smokestackers qui se présentent exceptionnellement sans leur batteur qui n’a pas pu embarquer pour des sombres raisons de passeport périmé. Pas démonté pour autant, le trio se lance dans la bagarre avec un bon gros blues bien juteux porté par deux guitares, une électrique et une acoustique. La prestation monte lentement mais surement en intensité et nous entraine des rives du Douro jusqu’à celles du Mississippi avec quelques accents rapportés du Delta qui ne sont pas désagréables du tout à entendre. Le public se montre réactif et si l’on regrette un peu le côté statique du groupe qui se produit assis, musicalement le résultat est sans appel avec une prestation blues bien équilibrée et carrément intéressante.

Direction l’Autriche maintenant avec une formation qui commence très fort avec son frontman qui démarre le set guitare en main depuis le public. La section rythmique connait pour sa part un début de set plus compliqué avec un basse qui crachouille un peu mais l’équipe technique résout très vite le problème et c’est bille en tête et sur un ton très rock que Jörg Danielsen vient poser un bâton de dynamite sur une assistance qui n’en attendait pas tant. Une partie du public se lève enfin et le set file bon train avec des histoires de bartender et de whisky qui coule qui coule à flots. Associant avec intelligence le jeu, le look et l’attitude, le candidat autrichien n’aura pas manqué de se faire remarquer, ce qui est plutôt une bonne chose pour lui !

Place à nos amis helvétiques qui nous présentent un groupe plein de saveur avec Freddie & The Cannonballs, un sextet où l’on peut remarquer une paire de saxophones qui emmène le tout du côté d’une soul pas désagréable du tout, d’autant que la voix est bien en place et que le groupe semble en pleine confiance au moment de démarrer la partie avec une intro toute à son honneur. La suite n’est pas moins réjouissante avec une prestation cuivrée à souhait et des morceaux astucieusement saupoudrés d’orgue Hammond. Le public répond carrément bien avec des spectateurs qui dansent et qui applaudissent, et pas seulement pour se réchauffer, même si la température a baissé de manière drastique et qu’un vent glacial vient nous permettre d’avoir enfin la première bière à température optimale en deux jours.   

C’est maintenant à nos Frenchies de venir jouer leur carte et c’est avec détermination et passion que Miss Bee & The Bullfrogs investissent la scène devant une délégation française qui a fait le déplacement en nombre pour soutenir ses représentants. Victimes de problèmes de guitare sur le premier morceau, les Français vont très vite se rattraper en nous offrant une version très personnelle de « Ain’t Nobody’s Business » qui ne laissera personne indifférent tant le chant est profond et les harmonies vocales parfaitement maitrisées pour une montée en puissance au fur et à mesure de l’avancée du morceau. Si le pari est osé, il semble porter ses fruits car l’assistance assiste religieusement à la prestation d’un groupe qui a su mélanger les influences tribales apportées par son batteur à un jeu qui regarde avec intelligence du côté du blues sans jamais délaisser le jazz. Ajoutez une belle complicité entre les quatre musiciens et voilà un job qui sera parfaitement réalisé !

On part pour l’Italie avec un trio plein de saveur, The Crowsroads, emmené par un chanteur et guitariste plein de vigueur et de subtilité et secondé par un harmoniciste qui ne ménage pas son souffle et qui se donne comme un beau diable pour que le résultat soit majestueux. On sort de temps en temps du cadre stricto-sensu du blues mais c’est pour mieux y revenir l’instant d’après après avoir traversé des contrées dans lesquelles on sent autant l’influence des musiques celtes que celles du flamenco et bien évidemment du folk et de l’Americana. Belle surprise que cette formation qui pourrait aussi bien se produire dans des festivals rock quand dans de grands rendez-vous blues, un plus indispensable en ces temps où trouver des endroits où jouer et un public à convaincre est primordial. A n’en point douter, on reverra très vite The Crowsroards sur les scènes d’ici ou d’ailleurs.

Le groupe qui représente la Roumanie n’a pas fait les choses à moitié puisque ce sont sept musiciens qui se présentent à nous avec pas moins de deux voix, une féminine et une masculine, pour un résultat qui ne manque pas d’intérêt, la complémentarité étant de mise. Deux guitares et un claviériste qui délaisse à l’occasion ses ivoires pour attraper l’harmonica, une rythmique qui donne le change, le groupe ne se prend pas les pieds dans le tapis et nous délivre une ordonnance plutôt bien garnie avec des blues teintés de rock mais aussi de rhythm’n’blues qui invitent le public à se remuer un peu, quand bien même le vent est un peu retombé et que la fraicheur devient plus supportable. Le fait de terminer leur prestation par un blues lent aura peut-être un peu desservi The Southern Cockroaches qui n’auront toutefois pas manqué leur rendez-vous avec l’European Blues Challenge, ce n’est rien de le dire !

Ce sont maintenant les locaux qui arrivent sur les planches et ce n’est pas une nouveauté en ce qui nous concerne puisque nous avons déjà eu la chance de voir les Blues Fighters lors d’un set complet lors de leur passage au Bluesfest Eutin il y a une dizaine de jours. Toujours très teintée de rock, la musique des Polonais ne s’encombre pas de détails et joue la carte de la simplicité et de l’efficacité avec une paire de guitares qui part droit au but et avec une voix à la fois puissante et précise, quand bien même elle ne sort que très peu d’un registre classique. Parvenu à faire lever l’assistance qui répond à l’unisson à sa prestation, le groupe puise son énergie dans celle de son public et ça se ressent forcément dans un jeu qui gagne énormément en spontanéité et en sincérité. Voilà encore un groupe qui n’aura pas à rougir un seul instant de ce qu’il aura pu offrir lors d’une soirée qui, jusqu’à présent aura tenu toutes ses promesses.

L’Espagne est une des nations européennes incontournables en matière de blues et c’est Noa & The Hell Drinkers qui vont avoir le plaisir de nous le rappeler ce soir avec une chanteuse pleine de charme et d’énergie superbement portée par un groupe bien en place et visuellement très efficace. Si le ton se veut très rock, la présence de l’orgue Hammond ramène régulièrement la musique des Espagnols vers la soul et le rhythm’n’blues, le tout avec un dosage plus que précis et avec une ingéniosité qui fait preuve d’une belle expérience de la scène. Très à leur aise, Noa & The Hell Drinkers parviendront à gérer avec beaucoup de savoir-faire leur timing et l’équilibre de leur set et à n’en point douter, ils auront réussi ce soir à se faire connaitre des nombreux programmateurs présents dans l’assistance. C’est un des buts premiers de l’European Blues Challenge et il appartient à ceux qui veulent en tirer profit de savoir se mettre au mieux en valeur.

La soirée se termine déjà et c’est dans le bar de l’hôtel avoisinant que les derniers badauds se retrouvent avant d’aller profiter du sommeil du juste car la journée de demain sera longue …

Samedi 3 juin :

Après une matinée dédiée à l’Assemblée Générale de l’European Blues Union, on commence cette seconde et ultime journée de challenge dès 16 heures avec les Allemands de Bad Temper Joe & His Band, finalistes de l’International Blues Challenge à Memphis en 2020 et sérieux candidats avec un blues chaud et racé porté par un chant rugueux et solide. Deux guitares et une contrebasse emmènent le mouvement et c’est soigneusement parsemé de belles touches d’harmonica que les compositions se déversent sur une assistance baignée par le soleil, un public certes encore un peu amorphe en raison de ce timing propice à la digestion mais déjà bien motivé par cette entrée en matière de très bonne qualité. Et quand Bad Temper Joe se lance dans une démonstration de résonateur, c’est un rayon de soleil supplémentaire qui vient illuminer un paysage pas désagréable du tout.

C’est non sans plaisir que l’on retrouve maintenant les Norvégiens de Soft City que nous avions croisé à maintes reprises en janvier dernier du côté de Clarksdale où ils se produisaient de manière quasi-quotidienne, puis un peu plus tard à Memphis lors de leurs tours qualificatifs dans les clubs de Beale Street. Portés par l’appel d’une belle scène où ils ont tout le loisir de s’exprimer, les quatre musiciens et leur chanteuse vont laisser la magie opérer et nous offrir un set plein de finesse dans lequel le blues se laissera de temps en temps rattraper par la soul, ce qui n’est pas pour déplaire à une délégation norvégienne qui, comme toujours, s’agite avec des drapeaux devant son candidat. Visiblement emballés par le fait de se produire dans un nouveau pays, Soft City ne manquera pas son rendez-vous avec la Pologne et délivrera une prestation très réussie.

On redescend vers les Pays Bas pour accueillir un trio, Little Hat, dans lequel chacun porte bien entendu le chapeau et ou la guitare, l’harmonica et la batterie sont une véritable raison d’être. La voix bien perchée et l’énergie omniprésente, le leader du groupe se démène comme un beau diable et nous régale de ses riffs d’harmonica posés sur un boogie puissant et précis, sur un blues tranché très près de l’os ou encore sur un rock à la fois primitif et brut de décoffrage. Taillé sur mesure pour les clubs et les juke joints, Little Hat s’en sort plutôt bien mais sans beaucoup d’originalité sur la belle scène de l’European Blues Challenge et parvient à donner le change devant une assistance qui a toutefois du mal à entrer véritablement dans le mouvement qui lui est imposé. Dommage car les Néerlandais ont vraiment tout donné !

Venu de République Tchèque avec un guitariste originaire de Slovaquie, le Petra Börnerová Trio a la particularité de beaucoup tourner dans toute l’Europe de l’Est mais aussi de s’appuyer sur une chanteuse et accordéoniste accompagnée à la batterie de son jeune fils de seulement quatorze ans. Si l’accordéon apporte aux shuffles un petit côté exotique propres aux musiques du bayou, l’ensemble de la musique du trio n’en reste pas moins assez convenu, l’osmose qui règne au sein de cette famille totalement dévolue au blues apporte un côté éminemment chaleureux à une prestation qui sera tout naturellement agrémentée d’un solo de batterie du plus jeune participant à cette édition 2023 de l’European Blues Challenge.

Place maintenant au Danemark avec une formation emmenée par une chanteuse et guitariste, Sahra Da Silva, qui va nous proposer un set teinté de blues et de soul avec de belles parties de guitares mais aussi avec un orgue Hammond qui tire le tout vers le haut. La voix malicieuse de la frontwoman ne tarde pas à produire son effet sur une assistance qui commence à se couvrir un peu, le soleil déclinant et le vent commençant à apporter un peu plus de fraicheur dans le parc. Les compositions pleines de sens et de force produisent rapidement leur effet sur une assistance qui boit les paroles d’une artiste qui ne fait pas semblant quand elle met en avant ses sentiments les plus forts, d’autant plus qu’à ses côtés le groupe se donne sans compter et avec une précision de tous les instants, faisant des candidats danois une valeur sure que l’on risque fort de retrouver sur le podium final malgré le petit dépassement du temps imparti. La bonne surprise du jour de la part d’un groupe que nous ne connaissions pas encore !

C’est maintenant au tour du groupe qui a terminé à la seconde place du dernier International Blues Challenge de venir poser son empreinte sur la Pologne et plus largement l’Europe puisque les Cinelli Brothers qui représentent le Royaume Uni sont sans doute un des groupes les plus représentatifs de cette mixité qui caractérise le Vieux Continent. On assiste comme à chaque fois à la valse des instruments et à des trésors d’ingéniosité au niveau des harmonies vocales et c’est un show particulièrement bien rôdé que le groupe nous délivre, parvenant à embarquer l’assistance tout entière dans ce qui ressemble fort à une démonstration de blues au sens large du terme, avec des accents venus des sixties et des relents gospel absolument formidables. La tache du jury sera une nouvelle fois difficile cette année avec de nombreux groupes qui méritent véritablement de remporter la couronne et les accessits risquent fort de valoir autant que les premiers prix !

On rejoint maintenant la Croatie avec le duo Bok Blues qui nous propose un folk blues plutôt bien en place avec deux voix et une association très réussie de guitares et d’harmonicas pour une musique que l’on aurait pu entendre du côté des juke joints du Mississippi ou même lors des concerts que les bluesmen donnent devant le front porch de leurs cabanes. Intégralement faite de compositions, la prestation du duo ne manque pas de saveur et si le ton est parfois un peu linéaire, les intonations puissantes du chant finissent toujours par convaincre un public qui n’en finit plus de prendre du plaisir avec cette seconde soirée dont le niveau est particulièrement relevé. Fort d’une prestation réussie à Memphis lors de l’International Blues Challenge, Bok Blues continue son bonhomme de chemin avec une certaine réussite, sans aucune prétention et avec énormément d’entrain et ce n’est pas pour nous déplaire !

Direction l’Irlande cette fois avec The Mary Stroke Band qui va nous proposer ses propres morceaux en s’appuyant sur un chant puissant et en tirant parti de la seconde femme du groupe, une guitariste très inspirée et à fond dans son jeu. Derrière, la section rythmique en impose et c’est complété par un harmoniciste déterminé que le groupe nous fait faire un grand tour dans sa propre vision du blues avec des passages par le rock mais aussi avec des intonations directement rapportées de ses origines celtes qui transparaissent de temps en temps, en particulier lors des intros très riches au niveau vocal. On se laisse forcément prendre au jeu et on suit le groupe dans une démarche aussi osée qu’intelligente qui visiblement parvient à convaincre une assistance qui assiste au déclin du soleil en même temps qu’à l’envol de la musique du Mary Strokes Band. Si la fraicheur reprend ses droits, elle n'affecte en rien le jeu des Irlandais, incitant même le public à bouger un peu pour se réchauffer !

C’est une tradition dans les pays du Nord de l’Europe, les drapeaux sont à nouveau de sortie pour accueillir les Finlandais du Hi-Five Quintet, une formation là aussi emmenée par une chanteuse qui va nous présenter les chansons issues du récent album du groupe, « The Land Of Make Believe », des compositions qui nous entrainent du côté de la soul et du rhythm’n’blues avec une certaine fortune, d’autant que le groupe affiche un look qui colle particulièrement bien à sa musique, à la fois recherchée et élégante. D’aucuns regretteront que de temps à autres le ton vire un peu à la pop, mais ce n’est que pour mieux mettre en valeur des slow blues qui passent plutôt bien auprès d’un public qui réussit à se prêter au jeu d’un groupe visiblement un peu nerveux mais qui parvient à donner le change avec un set un peu hors des clous mais franchement réussi. Et comme ce qui prime reste avant tout l’opinion du public, on peut dire que le pari des Finlandais est réussi !

On arrive à la fin de la compétition officielle et c’est le Luxembourg qui est chargé de refermer les portes avec un duo piano et batterie, Pugsley Buzzard & Tommy Boy, qui va nous surprendre d’entrée de jeu avec un « Chocolate Jesus » plein de force et de relief, porté par une grosse voix bien rocailleuse comme on les aime. La suite n’est pas moins efficace avec de belles démonstrations de boogie woogie qui viennent apporter une touche finale pleine d’énergie à une édition 2023 qui aura tenu toutes ses promesses avec pas moins de vingt-et-un groupes aux couleurs et aux saveurs diverses mais avec chacun leur propre personnalité. Un dernier passage par « Help The Poor » dans une version très réussie et c’en sera bientôt fini d’une prestation luxembourgeoise qui aura su refermer brillamment deux belles et longues soirées de musiques dédiées au blues européen.

En attendant les résultats, le public pourra assister à la prestation d’un invité spécial venu d’Ukraine, Alexander Dolgov, musicien mérite introduit dans divers Blues Hall of Fame américains qui vient ce soir nous proposer en solo une prestation guitare / voix pleine de sensibilité et surtout pleine d’émotion de la part du représentant d’un pays voisin de la Pologne et qui plus est en guerre depuis plus d’un an. Le public se montre forcément touché par ce témoignage poignant et après la remise des prix spéciaux et des Blues Behind The Scenes Awards, l’heure est à la remise des récompenses avec cette année une victoire qui récompense l’Espagne, un premier accessit qui échoit à la Norvège et enfin un troisième prix qui récompense le Royaume Uni.

Ce onzième European Blues Challenge aura tenu, on l’a bien vu durant toute cette fin de semaine, toutes ses promesses, et c’est avec énormément d’enthousiasme que l’on attend d’ores et déjà les dates de la prochaine édition qui, en 2024, devrait se tenir à Braga, dans les environs de Porto au Portugal. Un grand merci à nos hôtes polonais pour leur talent, leur rigueur et leur professionnalisme qui ont permis à cette édition 2023 d’être exceptionnelle !

Fred Delforge – juin 2023