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ELYOSE pdf print E-mail
Ecrit par Yann Charles  
mercredi, 15 mars 2023
 

ELYOSE

https://www.elyosemusic.com/ 
https://www.facebook.com/ElyoseOfficial 

Rencontre avec Justine, chanteuse du groupe Elyose, qui nous présente leur tout nouveau projet, « Déviante ». Une évolution autant musicale que dans les thèmes abordés. Un nouveau palier franchi par le duo qu'elle compose avec Anthony Chognard (ex-Smash Hit Combo).

Salut. On va parler de votre dernier opus, « Déviante ». Où nous emmenez-vous avec cet album ?
Au 7ème ciel j'espère, avec plein d'"eargasms" ! En tout cas, dans un univers qui me ressemble à 100%. La collaboration avec Anthony m'a permis d'y mettre tout ce qui me fait vibrer et d'avoir toute liberté créative. Il y a aussi bien des gros riffs djent et des batteries "plein-ta-gueule" que des mélodies envoûtantes. Ce qui explique qu'il n'est si pas facile à étiqueter dans un genre ou l'autre. En ce sens, l'album porte bien son nom, car il ne respecte aucun code, à part celui de tenter offrir aux fans d'Elyose les meilleures compositions possibles.

Quels thèmes développez-vous ?
C'est sans doute l'album d'Elyose qui résonne le plus avec les thèmes d'actualité. La politique-spectacle dans « L'Assemblée », le consumérisme à outrance dans « Vendredi noir », l'aliénation psychologique du monde "corporate" (« Ils t'ont dit »), et même le féminisme (« Le glaive »). Il y a une vision assez sombre du monde qui ressort des textes et qui fait le point de jonction avec les thèmes futuristes cyberpunk (« Retour au réel », « Humaine »). Il y a un fil conducteur, c'est cette personne qui essaie de dévier, d'échapper aux carcans imposés par le monde.

Toujours une écriture en Français. C'est pour pouvoir exprimer plus précisément, voir plus subtilement ce que vous voulez dire ? L'Anglais est moins précis ?
Les textes en Français ont été toujours été partie intégrante de l'identité d'Elyose, même si notre public est international. C'est aussi une langue je trouve plus adaptée à mon style de chant qui reste influencé par le classique. Et puis, c'est d'abord un défi artistique, car c'est assez facile de faire sonner un texte en anglais sur les musiques actuelles, et d'utiliser des phrases un peu toute faites. Avec le Français, il y a une exigence d'écrire quelque chose d'intéressant, d'original, et en même temps qui soit musicalement agréable à l'oreille. Je suis très fière de la collaboration avec Jean-Baptiste Thomas-Sertillanges, pour moi, il s'agit sans doute des plus beaux textes de la discographie d'Elyose.

Musicalement, même si on vous a défini comme du metal symphonique, je trouve quand même qu'on se rapproche plus du nu metal, voir qu'on flirte un peu avec le metalcore. Je suppose que c'est les inspirations musicales d’Anthony qui poussent vers ça ? En fait comment vous définissez-vous ? Moi j'avais pensé à du nu metal symphonique, ça se peut ça ? (Rires)
Depuis notre album « Reconnexion », nous n'avons plus rien de symphonique dans notre musique. Je suppose que l'on nous associe à ce style parce que c'est une femme qui chante. Ou bien parce qu'on en a fait dans le passé ... Quoi qu'il en soit, je désapprouve totalement cette étiquette qui est trompeuse, tant au niveau de la musique que de la culture et l'esthétique qui l'accompagne. Nous nous sentons plus proches effectivement de la niche musicale nu metal ou alt-metal, avec quelques escapades dans le metalcore, tout à fait.

Je trouve cet album plus agressif musicalement. Je veux dire que les riffs sont puissants, l'atmosphère plus lourde. « Dévianteé me semble plus violent que les albums précédents ?
Depuis qu'Elyose est devenu mon projet solo fin 2019 j'ai enfin pu exprimer mes goûts pour le metal un peu plus brut. J'ai toujours écouté des styles plus extrêmes que d'autres et ça fait partie de ma culture. L'EP « Persona » de 2021 allait déjà vers un style plus metal et « Déviante » cette année confirme cette direction artistique, éloignée de nos débuts plus pop / electro metal.

Ta voix a beaucoup évolué depuis les albums précédents. Comment la travailles-tu ?
J'ai beaucoup travaillé ma voix lorsque j'étais élève au conservatoire au début d'Elyose, mais je dois avouer qu'aujourd'hui je travaille beaucoup plus la théorie musicale et la composition plutôt que ma voix qui, avec l'âge, a aussi tendance à mûrir par elle-même. On est bien meilleur chanteur naturellement en vieillissant, en tous cas en ce qui me concerne. Il va sans dire que c'est aussi très lié à la santé, à laquelle je veille particulièrement.

Comment avez-vous travaillé pour cet album ? Comment s'est déroulé le processus de création ?
Anthony habitant à Montréal et moi à Paris, nous avons travaillé à distance depuis nos home studios respectifs. Nous débriefions quasi quotidiennement par email ou avec les mémos WhatsApp donc nous nous sentions tout de même proches. Pour l'enregistrement de mes voix en revanche, nous avons décidé de faire ça ensemble en studio et Anthony m'a rejoint à Paris pour l'occasion. Nous avons alors pu ensuite nous accorder de vive voix sur les dernières étapes de finalisation de cet album, à savoir les choix de production, d'arrangements et de mix. Ça nous a paru un vrai luxe d'être ensemble pour cela !

Quelles sont les évolutions, qu'elles soient musicales ou autres, depuis vos premiers albums ?
En ce qui me concerne j'ai beaucoup plus d'expérience dans la composition et l'arrangement que lorsque j'ai commencé à écrire des chansons en 2010. Je n'ai jamais arrêté d'apprendre sur la musique, alors au fil des albums, je m'améliore ! Un journaliste m'a dit un jour qu'il m'entendait grandir à travers la discographie d'Elyose et j'ai trouvé cela pertinent. Ma rencontre avec Jean-Baptiste Thomas-Sertillanges et Anthony Chognard a été également déterminante pour Elyose. J'ai l'impression d'avoir brisé un plafond de verre avec eux. C'est comme si j'avais atteint une zone dans laquelle tout devient exponentiel. Nous avons également démarré Elyose comme un hobby à l'époque, avec une configuration de groupe classique qui fait des scènes et finance sa passion grâce à de "vrais boulots", et aujourd'hui c'est devenu officiellement un duo (même s'il y a une troisième personne dans l'ombre) et nous sommes tous les deux devenus des professionnels de la musique.

Je ne vous demande pas si cet album a été taillé pour la scène, c'est une évidence que c'est là qu'il s'exprime le mieux ?
Comme je le précisais précédemment, Elyose est à présent un duo et la richesse de la musique ne nous permet pas de la restituer sur scène à seulement deux musiciens. En studio nous n'avons aucune limite sur l'accumulation d'instruments et nous avons même reproduit des chœurs lyriques avec une dizaine de pistes de ... moi-même. Nous pourrions continuer à jouer avec des samples pour nous éviter une composition de groupe trop complexe, mais il faudrait quand même constituer une équipe spécialement pour le live, ce qui serait très onéreux, sans parler des autres coûts de production, de voyage, de matériel et même de devoir payer pour jouer en plus de tout ça dans la majorité des cas. C'est ce que l'on appelle le "pay to play", qui est de plus en plus répandu de nos jours, dans les festivals notamment. Donc non, Elyose est plutôt devenu un projet studio à cause de toutes ces raisons évoquées.

Dernières questions : pouvez-vous définir le groupe en deux ou trois mots ?
Alt-metal avec une touche gothique.

Et pour conclure, quel est le dernier morceau ou le dernier album que vous avez écouté ?
Le dernier album que j'ai écouté est celui de Myrkur intitulé « Mareridt », et j'ai découvert une niche musicale que je ne connaissais pas vraiment : le black metal atmosphérique. Au départ j'étais un peu déconcertée par ces guitares subliminales et ce côté flottant mais j'ai ressenti beaucoup d'émotions finalement, étant une grande amatrice de musique sombre et mystique.

Merci pour cette interview.
Merci Yann

Propos recueillis par Yann Charles