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ROD BARTHET pdf print E-mail
Ecrit par Yann Charles  
mardi, 24 janvier 2023
 

ROD BARTHET

https://www.rod-barthet.com 

Rencontre avec un artiste plutôt atypique dans le petit monde du blues français, Rod Barthet. Un univers musical particulier avec des chansons aux textes sensibles qui ne peuvent laisser indifférent. Le tout porté par des riffs puissants, mélodiques, des solos accrocheurs, fruit d'une expérience musicale qui l’a ammené à partager la scène avec des grands noms du blues comme Tommy Castro ou Robben Ford et tant d'autres … Il nous présente son tout dernier et très bel album, « A l'ombre des sycomores », qui sortira le 27 janvier via Festivest – Socadisc …

Bonjour. Peux-tu nous faire une petite présentation de Rod Barthet ?
Passionné de musique dès mon enfance, J’ai eu mon premier cachet en 1992 et depuis je n’ai jamais arrêté. J’ai assisté à mon premier concert de Deep Purple à 3 ans en 1973, AC/DC en 1981, puis je suis parti à San Francisco à 20 ans où j’ai vu plein de bluesmen en concert. J’ai partagé la scène avec certains. Cela fait maintenant 31 ans que je vis de ma musique sans interruption avec le même plaisir et la passion est toujours intacte.

Comment t'est venue cette envie d'aller vers cette musique ?
C’est venu naturellement, j’ai commencé par écouter Les Rolling Stones quand j’avais 6 ans, c’était les vinyles de mon oncle que je passais sur un électrophone. Puis à mon adolescence, j’écoutais du punk comme Black Flag, Dead Kennedys, vers mes 17 ans j’ai réécouté les disques de mon oncle, Jimi Hendrix, les Doors, Johnny Winter, et je suis venu naturellement vers les Yardbirds, Lightning Hopkins, Hound Dog Taylor, la boucle était bouclée. Mon inspiration serait le blues et tout ce qui tourne autour du blues

Tu chantes en Français, c'était une nécessité pour pouvoir exprimer au mieux tes envies et tes sentiments ?
Tout à fait. J’ai toujours pensé que c’était une évidence pour moi qui suis Français et qui vis en France de chanter en Français. Et aussi parce que la langue française est une magnifique langue pour la poésie et les textes de chansons. Cela me permet de m’exprimer plus profondément et d’être mieux compris.

Tu as collaboré avec Joseph D'Anvers en plus de ton complice depuis plusieurs albums, Boris Bergman, pourquoi ce choix ? Tu avais besoin de nouvelles inspirations ?
J’ai commencé par lire les livres qu’il a écrit et j’ai écouté les chansons qu’il avait faites pour d’autres artistes. Je me suis senti très proche de l’univers de ce que pouvait écrire Joseph D'Anvers et notre collaboration s’est faite naturellement et facilement. J’écris aussi moi-même mes propres chansons, c’est vrai qu’il est bien d’avoir de nouvelles inspirations. Mais c’est aussi sympa de collaborer avec Boris Bergman depuis 20 ans, nous commençons à nous connaître et cela facilite la création de chansons.

Difficile de réellement te définir musicalement même si le blues reste la référence, car tes inspirations sont diverses ? On parle de Bashung, forcément, HF Thiéfaine, mais aussi Bo Diddley, et John Lee Hooker bien sûr ?
Merci, si je suis difficile à classer, c’est certainement que j’ai ma propre identité je fais du Rod Barthet, c’est un des plus beaux compliments. J’ai eu la chance de parler longuement avec Martin Meissonnier à propos de direction artistique. Et je peux te dire que depuis cette discussion, je suis moi-même, je ne cherche à copier absolument personne. Ni sur la guitare, ni sur la façon de chanter, je laisse libre cours à ce que je ressens profondément. Je préfère une note qui va te sembler bizarre à la guitare qui soit la mienne plutôt qu’une belle note copiée sur un artiste déjà existant. Et un jour vous direz peut-être à d’autres artistes, cela ressemble à du Rod Barthet !

Tu as collaboré ou partagé la scène avec énormément de grands noms John Lee Hooker, Bo Diddley, Jimmy Johnson, Francis Cabrel, Popa Chubby, Alvin Lee, Mick Taylor, Robben Ford, Louis Bertignac, Robert Cray … Et beaucoup d'autres, quelles expériences as-tu tiré de toutes ces rencontres ? Est-ce que ces rencontres t'ont fait modifier ou changer ton approche de la musique ?
Effectivement, j’ai eu de la chance, et cela a certainement inconsciemment forgé mon approche de la musique. Notamment John Lee Hooker qui était tellement humble … Quand un artiste du calibre de John Lee Hooker avec la carrière qu’il a eue, est humble, tu te dis que personne n’a le droit d’avoir la grosse tête. Cette personne irradiait par son aura exceptionnelle. Il m’a montré sa salle de répétition et m’a raconté des anecdotes avec Keith Richards qui lui demandait de jouer pour lui, piquait des riffs pour les Rolling Stones. Puis son amitié avec Carlos Santana. Il a fait une chose incroyable, c’est de prêter une de ses cinq voitures avec son chauffeur et attachée de presse pour que je puisse aller écouter du Blues dans les différents clubs de blues de la baie de San Francisco. Il m’a même dit « You’ll keep the blues alive », Il y a des artistes que j’aurais pu rencontrer et dont je regrette de ne pas avoir croisé leur route, c’est Albert King, justement l’attachée de presse de John Lee Hooker qui m’avait invité à aller le voir et j’ai décliné, car fatigué ce soir-là … Le lendemain, elle m’a dit qu’il avait joué pour elle dans la loge pendant une heure trente et que j’aurais adoré, et effectivement je me dis mais qu’est-ce qui m’a pris de décliner cela. Il y a eu aussi Ike Turner qui aurait pu faire partie de mon album « Changer l’horizon » en tant qu’invité et à l’époque j’ai décliné la proposition. C’est mon pote Tommy Castro qui est venu à la place. Après j’ai aussi eu la chance de croiser Mick Taylor et Alvin Lee lors d’un concert en Grèce et parler avec eux c’était vraiment cool d’être dans la même loge qu’eux. Robben Ford est quelqu’un d’une extrême gentillesse et sur scène il est juste magique.

Tu es parti très jeune aux États-Unis, pareil, il fallait cette expérience pour aller plus loin dans ta musique ?
C’est une chose que je sentais de façon viscérale, il fallait que je m’imprègne des clubs, que je puisse voir jouer mes idoles de l’époque en vrai. Ce fut pour moi un apprentissage et je voyais cela comme une obligation doublée d’un plaisir immense. Tous les soirs, 7/7, j’étais dans les clubs pour jamer avec les bluesmen de la Bay Area, et il y avait du beau monde et l’ambiance était décontractée et amicale. J’ai vu deux fois Johnny Winter dans la même semaine tellement j’étais Fan. Albert Colins avec Coco Montoya c’était terrible la puissance qu’il dégageait sur scène surtout quand on est à un mètre de lui.

On va parler de ton nouvel album, « À l’ombre des sycomores », pourquoi ce titre ?
C’est un titre qu’a écrit Joseph D'Anvers et je trouvais le titre et l’image belle, les sycomores sont le symbole du renouveau, la renaissance et après la période d’arrêt forcé dû à la covid, c’était une évidence.

Où nous emmènes-tu avec cet opus? Quels thèmes sont abordés dans cet album ?
Je vous emmène dans des chansons mélancoliques avec « ÉTRETAT » (R.Barthet/R.Barthet), « près de l’horloge du temps... qui traîne... entre le vent... la pluie... et le froid ». Une expérience de vie avec LE CHEMIN (R.Barthet/R.Barthet) « au fond tu l’sais bien. La distance n’a pas importance, le plus beau des chemins, c’est le tien. » Chanson qui fait danser avec : « GAR' TOI LOIN DE MA MAMAN » (B.Bergman/R.Barthet) "Écout' moi pour un' fois, avant qu'tu t'blesses et que j'recouse gar' toi loin de ma maman... Quand ell'va chanter l' blues... L’amour avec : « Mon amour » ( R.Barthet/R.Barthet ) « et s'il ne restait que la pluie. Pour pleurer à ta place, mon cœur Je t’offrirai un ciel, rempli de poésie. Pour plus jamais, que tu ne pleures... »
Le vécu avec : « LES MERS DU SUD » (J. D'Anvers/R.Barthet) « et dans la chaleur, tropicale le chaos de mes bacchanales, J’touche au sublime, au divin, aux rêves dont jamais on ne revient ... »

Y a-t-il un titre que tu vas mettre en avant sur cet album ? Si oui pourquoi celui-là ?
Plusieurs titres sont à mettre en avant bien sûr « À l’ombre des sycomores », il y a aussi « Mon Amour » et « Gar toi loin d’ma maman » mais d’autres sont aussi sympa je les aime tous.

Comment tu as travaillé pour cet album ? Quand as-tu commencé à composer ?
Je travaille toujours de la même façon avec mon téléphone portable je note des extraits de musique quand cela me vient à l’esprit et au moment de composer un album je ressors tout cela. Et je me mets à écrire les textes puis je fais des guitares voix. Pour les auteurs qui m’envoient des textes, je leur envoie la musique sans le texte pour qu’ils s’inspirent. Après je réunis une équipe de musiciens et nous répétons en général deux ou trois fois maximum pour que cela reste frais et nous allons en studio directement. Après en général cela va très vite une journée maximum d’enregistrement. Ensuite je refais mes chants mes guitares et après sont ajoutés le piano et les cordes. Puis je fais la production et une fois que je suis presque satisfait (c’est très long, en général une année) je donne le tout à la personne qui va le mixer. Et ensuite je remixe quelques détails et cela part pour le mastering. Le travail de composition commence dès que l’album précédent vient de sortir.

Est-ce que la pandémie a été un frein dans la sortie de cet album, ou bien elle t'a permis de pouvoir aller plus loin dans ta recherche musicale ?
Pendant la pandémie, j’étais incapable de me projeter et de composer quoi que ce soit donc on peut dire que cela a été une pause. J’ai fait beaucoup de live en streaming, c’était sympa mais cela ne remplace pas les vrais concerts.

Sur scène, qu'est-ce que l'on va retrouver ? Uniquement cet album ou bien il y a des incontournables qui doivent être présents ?
Il y aura bien sûr 80% du dernier album et des incontournables comme « Frisco Boogie », « Une fille pareille », « Amour ma Fêlure », « Ascendant Johnny Cash ».

C'est quand même sur la scène que tu te sens le mieux ? Ou bien es-tu un adepte du travail en studio ?
Oui effectivement je me sens vraiment bien sur scène. Mais j’aime aussi beaucoup le travail en studio. Je dirais que c’est deux mondes différents, l’un n’est pas moins bien que l’autre. Par exemple, la période de création est un des plus beaux moments qu’un artiste puisse vivre, il n’y a rien et cela prend forme … C’est de la magie et c’est très excitant un moment de flottement qui devient concret.

D'ailleurs comment enregistres-tu ? Prises en One Shot pour donner plus de spontanéité à la musique, ou bien tu n'hésites pas à faire et refaire des prises ?
J’aime enregistrer en One Shot pour la basse batterie, d’ailleurs certains musiciens que je recrute m’ont déjà dit : « tu es sûr que tu veux enregistrer l’album en une journée ? » et la réponse est "oui je veux enregistrer tous les titres dans la journée !!!!"

Questions rituelles pour conclure cette interview : question pas facile, peux-tu définir Rod Barthet en deux ou trois mots ?
Mon ego pourrait dire que je suis quelqu’un de bien sous tous rapports !

Et dernière question : Quel est le dernier morceau ou le dernier album que tu as écouté ?
David Bowie, « Space Oddity ».

Merci pour cette interview.
Merci à toi.

Propos recueillis par Yann Charles