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DELIVERANCE pdf print E-mail
Ecrit par Yann Charles  
vendredi, 20 janvier 2023
 

DELIVERANCE

https://www.facebook.com/deliveranceband 

Rencontre avec Etienne et Pierre, du groupe Deliverance, qui nous parlent du groupe bien entendu, mais également de leur excellent dernier album, « Neon Chaos In A Junk-Sick Dawn ». Une belle découverte musicale que je vous invite vivement à écouter.

Salut à vous. On peut faire un petit rappel de qui est Deliverance ?
Salut à toi ! Deliverance est un groupe que j’ai formé avec Pierre il y a une dizaine d’années maintenant. Nous avons sorti un EP et trois albums, dans un style mélangeant black-metal, sludge, doom et rock psychédélique pour essayer de résumer.

Dans votre présentation on parle de vous comme un groupe "Post-Black Metal Expérimental". Mais honnêtement, sur cet album, c'est surtout le côté expérimental que l'on retrouve tellement il y a de styles différents, voire même très éloignés du metal en général. Pouvez-vous le définir musicalement ? Peut-il être défini d'ailleurs ?
Nous résumer à notre côté expérimental est flatteur mais aussi un peu réducteur je pense. Car si nous aimons explorer de nouvelles contrées musicales, j’ai aussi le sentiment que cela ne nous fait pas perdre le côté accrocheur de notre musique, qui reste souvent assez lisible. Nous naviguons donc entre ces deux aspects pour trouver notre équilibre propre. Comme je l’ai dit plus haut les termes black-metal, sludge, doom et rock psychédélique nous correspondent plutôt bien je crois.

On est dans la continuité de « Holocaust 26:1-46 » ou pas du tout ?
Oui, je crois que « Holocaust » avait montré la voie de ce que nous allions explorer et développer sur ce nouvel album. C’est une évolution assez logique je crois, même si cela peut surprendre. On garde vraiment nos fondamentaux sur notre nouvel album, tout en allant encore plus loin à tout point de vue.

« Neon Chaos In A Junk-Sick Dawn » est une évolution logique du groupe ou chaque album est-il abordé différemment du précédent ?
Il n’y a pas de réflexion précise quand on commence à écrire des morceaux. Juste des idées qui viennent et qui forment un tout au fur et à mesure. Les choix se font petit à petit en fonction des morceaux que nous avons devant nous. Puis on adapte, on retravaille, pour que le tout soit cohérent avec ce que nous sommes. Je pense donc que c’est simplement un cheminement personnel et collectif album après album. Ce que nous écrivons est forcément différent à chaque fois et à la fois une évolution logique.

Déjà sur les opus précédents, il y avait beaucoup de choses différentes, en fait ce côté expérimental du groupe c'est votre ADN ?
Cela fait partie de notre ADN oui, sans aucun doute. Nous sommes animés par l’envie de nous mettre en danger et de découvrir des choses sur nous-mêmes en tant que musiciens et personnes tout simplement.

Vous avez travaillé plus profondément votre musique en allant au bout des choses comme sur les morceaux « Odyssey » et « Fragments Of A Diary From Hell » qui durent dix-sept et dix-huit minutes ?
J’ai toujours été fasciné par certains morceaux longue durée. Ce sont de véritables épopées. Un univers tout entier peut être contenu dans un seul titre de ce genre et j’avais donc en tête ces idées qui menaient à des titres longs. Je crois que ce sont des titres très importants pour Deliverance, ils nous permettent vraiment de montrer l’étendue des possibles, rien ne nous est interdit.

Avec la coupure due au Covid, avez-vous repensé votre musique pour chercher à aller plus
loin ?
Je pense plutôt que c’est quelque chose qui mûrit en nous progressivement en continuant d’avancer dans la vie et en tant que musicien. Avec le recul, le covid a, en revanche, probablement eu un impact sur l’ambiance de l’album, entre étouffement et recherche de lumière.

Tous les morceaux pourront-ils être joués sur scène, ou forcément, il y aura des titres exclus ?
Oui, nous pouvons tout jouer sur scène, à l’exception de la première partie du titre « Fragments Of A Diary From Hell » qui est quasi improvisée et sur laquelle est posée une voix féminine qu’il serait difficile d’avoir avec nous à chaque concert. D’ailleurs l’album est en grande partie enregistré en conditions live, tous ensemble dans le studio où nous répétons. Dans le même ordre d’idée nous avons capté le titre « Odyssey » en live également pour montrer que ce que nous faisons, ça n’est pas du fake mais bien du réel.

Cet album a un titre très énigmatique « Neon Chaos In A Junk-Sick Dawn". Qu'est-ce qu'il signifie ?
Une sorte de cauchemar éveillé. J’ai composé une grande partie des paroles de l’album durant de longues nuits d’insomnie, en regardant par la fenêtre du quatrième étage une ville qui semble dormir, et des images me sont venues au fur et à mesure. Ce titre m’est venu assez rapidement, inconsciemment, et je trouve qu’il résume assez bien les thèmes abordés.

Dans la présentation de l'album, on parle d'un voyage immersif vers l’insondable. On pourrait même parler d'une véritable descente aux enfers presque. Quels thèmes abordez-vous, ou développez-vous ?
Toutes les formes d’addictions et les batailles quotidiennes qu’il faut mener pour vivre avec. Je m’inspire beaucoup des écrits d’Antonin Artaud et de sa « folie lucide » créatrice, et aussi d’autres figures comme Andy Warhol. De manière générale, je lis beaucoup, et entre deux albums j’amasse beaucoup d’idées et de concepts, plus ou moins digérés mais peu importe, je me les approprie et les retranscris selon mes envies, j’aime bien cette liberté.

C'est un exutoire pour vous cet album ?
La musique en général est un exutoire pour nous comme pour l’auditeur. Une manière de s’évader et d’être en lien avec quelque chose qui nous dépasse. On est très attachés à ces notions dans Deliverance.

Comment avez-vous travaillé pour cet album ? En fait, qui fait quoi ?
J’arrive avec des idées, souvent assez poussées et développées, et on teste ça tous ensemble. Par la suite Pierre y pose ses voix puis des mots en fonction de ce qu’il ressent sur la musique. Et on affine en prenant le temps qu’il faut pour que cela soit au niveau que nous souhaitons. On n’hésite pas à enlever parfois jusqu’à des morceaux entiers si cela ne convient pas parfaitement.

Avant de passer aux dernières questions, un petit mot sur la cover qui est vraiment très intrigante, à l'image de l'album ?
Comme pour les autres albums, Pauline Talarn est partie d’une photo de Mathieu Piranda pour réaliser cette pochette. On y retrouve une ville la nuit et Pauline a bien réussi à retranscrire le chaos de la musique et des paroles, mais aussi ce côté un peu étrange et apaisant en faisant apparaître ces trois monolithes (référence directe à « 2001 : A Space Odyssey »). A la base on voulait la cover plus orange pour le côté psyché mais l’impression en a décidé autrement.

Les questions rituelles pour terminer nos interviews : est-ce que vous pouvez définir Deliverance en deux ou trois mots ?
On est déjà à notre troisième album, beaucoup de choses se sont passées pour le groupe, mais actuellement pour résumer Deliverance je dirai : Libre.

Et pour conclure, quel est le dernier album ou le dernier morceau que vous avez écouté ?
Je découvre tardivement l’album « Valonielu » de Oranssi Pazuzu qui date de 2013. Je connais bien les deux derniers en date mais j’étais passé à côté de cet album qui est vraiment très bien.

Merci à vous pour cette interview.
Merci à toi.

Propos recueillis par Yann Charles