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EN TERRE DE BLUES 2023 (USA) pdf print E-mail
Ecrit par Fred Delforge  
dimanche, 05 février 2023
  Document sans nom

EN TERRE DE BLUES
MEMPHIS – CLARKSADLE – TUPELO – JACKSON – MONTGOMERY – LYNCHBURG – NASHVILLE … (USA)
Du 20 janvier au 4 février 2023

https://visitmississippi.org/
http://msbluestrail.org/
https://alabama.travel
https://blues.org

C’est avec toujours le même enthousiasme que l’on affronte la grosse vingtaine d’heures de voyage et les sept heures de décalage horaire qui nous attendent quand on sait que notre destination finale se situe dans le Deep South, cette région mythique, unique en son genre, qui a donné naissance à une musique à la fois hors des modes et hors des temps, une musique qui, depuis plus d’un siècle, a été une véritable source d’inspiration pour toutes les autres … Le Blues ! Cinq lettres souvent écrites en majuscule sur le fronton des nombreux clubs d’une région qui s’efforce d’entretenir cet héritage culturel, quand bien même on note parfois un certain essoufflement auprès d’une population qui est passée à autre chose, sans pourtant totalement s’en détacher.

S’il survit donc à sa manière au beau milieu de la pop, du rock et du rap, le blues n’en reste pas moins très présent et c’est dès la descente de l’avion à Memphis qu’il nous saisit, nous faisant quasiment oublier l’heure plus que tardive, la fatigue et les nombreuses escales de la journée … Bienvenue en Terre de Blues, et en route pour une quinzaine de jours de musique et de bonheur !

Samedi 21 janvier :

C’est une première journée de transition qui nous attend avec pour commencer l’attente d’une partie des amis qui vont nous rejoindre pour cette épopée sur le thème de la musique et en attendant de commencer véritablement les hostilités, nous faisons un rapide tour dans Memphis avec quelques passage obligatoires comme le célèbre Elmwood Cemetery qui accueille la dernière demeure de personnages célèbres mais aussi de soldats confédérés et même d’esclaves … Un rapide passage ensuite par I Am A Man Plazza et par la Blues Foundation et nous voilà bientôt sur les traces du blues sur la Highway 61 … Chemin faisant, nous ferons une halte au Hollywood Café de Tunica Resorts pour le déjeuner, réritable institution qui sert une cuisine simple mais surtout goûteuse et bien préparée. L’établissement a gagné ses lettres de noblesse en tant que juke joint en accueillant par le passé les plus grands musiciens, tant et si bien que Marc Cohn l’évoque dans sa chanson « Walking in Memphis ». Il ne nous restera plus ensuite qu’à filer jusqu’à Clarksdale pour y récupérer les hébergements qui ont été réservés au Shack Up Inn, là aussi un des établissements les plus agréables du secteur.

On aurait pu y finir la journée tranquillement mais il nous faut encore faire un aller-retour vers Memphis pour y récupérer une partie de la délégation toulousaine qui va venir trainer quelques jours avec nous dans le delta. Le temps d’une halte réparatrice à Wiseacre, superbe brasserie où nous apprécierons une bière locale et un rapide encas, et il ne nous restera plus qu’à regagner enfin notre home sweet home où nous pourrons assister à la fin de notre premier concert du périple puisque Soft City, les candidats norvégiens à l’International Blues Challenge, se produisent sur la superbe scène du Shack Up Inn devant un public pas très nombreux mais très motivé. On y apprécie le jeu subtil du groupe et la voix rugueuse de la chanteuse pendant quelques morceau et c’est très rapidement remplacés par une jam emmenée par Mojo Hands que la soirée va nous emmener vers les douze coups de minuit. On aura la chance de retrouver sur scène la délicieuse Heather Crosse à la basse et au chant mais aussi un des personnages bien connu de Clarksdale, Stan Street, qui nous sortira ses harmonicas pour quelques morceaux pleins de feeling.

Le jet lag est bien présent et c’est après un dernier briefing pour établir la programmation de demain que nous allons rejoindre nos cabanes pour un repos bienvenu !! On peut dire que le séjour est lancé, et bien lancé en plus !

Dimanche 22 janvier :

La nuit a été courte et on se retrouve de bonne heure et de bonne humeur au Bluesberry Café pour un petit déjeuner que nous prendrons en compagnie des jeunes Norvégiens entendus hier soir puisque ces derniers sont en train de s’installer pour animer musicalement le brunch de 10 heures. Nous assistons donc à leur balance et nous pouvons apprécier leur côté très professionnel puisque l’installation est réalisée en un temps record, et avec un super son en prime. Nous les quitterons toutefois juste avant le début de leur concert puisque nous avons quelques visites à faire tout au long de la journée, à commencer par la bien connue gare de Tutwiler, rendue célèbre par la découverte faite par W.C. Handy qui y a entendu un guitariste jouer en slide avec un couteau, ce qui lui donnera l’idée d’intégrer cette façon de jouer au show qu’il donnait alors avec ses musiciens. Immortalisée sur les fresques qui jouxtent la voie ferrée, la scène voisine celle qui indique entre autres la tombe de Sonny Boy Williamson II où nous nous rendrons ensuite. Il sera temps juste après de boucler la boucle et de rejoindre Glendora pour y rendre hommage au même harmoniciste né dans cet bourgade chargée d’histoire.

Glendora donc, où l’on peut trouver le Emmett Till Historic Intrepid Center, malheureusement fermé aujourd’hui, mais où l’on peut aussi passer rendre hommage au jeune garçon cruellement assassiné en allant faire un tour du côté du Black Bayou où sa dépouille a été retrouvée en aout 1955. L’endroit est glauque au possible et les charognes qui en jonchent l’accès enlèvent toute envie de s’y rendre. C’est toutefois l’occasion de faire ensuite un tour dans la petite église méthodiste où une vingtaine de fidèles cultivent leur foi. On filera directement après vers Money, l’autre village inscrit dans l’histoire d’Emmett Till et des Droits Civiques puisque c’est dans la Bryant Grocery dont il ne subsiste que des ruines que le jeune homme aurait potentiellement manqué de respect à la patronne, ce qui lui aura valu un lynchage d’une infinie cruauté et une mort d’une rare atrocité qui hante encore les histoires de bluesmen puisque Eric Bibb en parle une nouvelle fois dans son album à paraitre et qu’un film sur le jeune martyre sera disponible au cinéma à partir du 8 février.

On quittera finalement money pour rejoindre Greenwood, non sans un arrêt rituel au pied de la tombe officielle de Robert Johnson et de la petite église voisine qui accueille des messes un dimanche par mois puis nous filerons vers une institution de la ville, le Crystal Grill, où l’on sert une nourriture simple mais copieuse et pleine de saveur. Noirs et Blancs de toutes confessions s’y retrouvent dans une paix parfaite et c’est un réel plaisir de se remplir autant les yeux et les oreilles que le ventre en une aussi bonne compagnie, d’autant que les convives et le personnel sont toujours enchantés d’engager la conversation avec ces drôles de personnages exotiques que nous sommes à leurs yeux. Le gros coup de cœur est assuré à chaque fois et cette nouvelle visite n’aura pas manqué de faire un effet bœuf sur le petit groupe que nous sommes cette année. Et comme il faut bien digérer après un tel festin, c’est en passant par Dockery Farms pour y écouter les notes de Charley Patton distillées dans la plantation par de nombreux haut-parleurs et pour visiter ce haut lieu du sharecropping que nous transiterons avant de rejoindre Clarksdale où nous prendrons un peu de temps libre pour nous préparer pour les concerts du soir !

On se retrouve chez Red’s, juke joint emblématique de Clarksdale, pour une soirée musicale autour d’un artiste local bien connu, Big A Sherrod, qui se produit ce soir en trio accompagné de son bassiste et d’un batteur que nous connaissons bien, Lee Williams, qui est entre autres instructeur lors des stages de la Pinetop Perkins Foundation. Pas de fioritures, rien que du naturel et de l’essentiel, les trois musiciens débitent du standard au stère et régalent le public avec un jeu à la fois plein d’humour et de bonnes vibrations. La salle est relativement clairsemée mais le public est motivé et on y retrouve des musiciens bien connus comme Watermelon Slim bien évidemment, mais aussi Barbara Blue ou encore Mark Muleman Massey et bien entendu les Norvégiens de Soft City, chacun venant à son tour prendre part au show qui se terminera en une sorte de jam plutôt bienvenue et vraiment efficace. Red’s nous fait l’honneur d’être présent dans son propre club et c’est dans une bonne humeur générale et avec beaucoup de convivialité que nous passerons un très bonne soirée autour d’un blues qui, s’il n’est pas le plus original du monde, a le mérite d’être superbement joué !

Il faudra ensuite se résoudre à aller recharger les batteries en prévision d’une journée à venir qui sera essentiellement concentrée sur Clarksdale …

Lundi 23 janvier :

C’est une journée un peu relax que nous allons nous offrir aujourd’hui en prévision du grand rush qui nous attend pour toute la fin de la semaine et c’est dans Clarksdale que nous allons déambuler à la découverte des lieux, à la rencontre des gens et plus généralement à la (re-)découverte de l’atmosphère d’une ville que nous apprécions tout particulièrement. Avec moins de vingt milliers d’habitants, Clarksdale dispose d’un centre historique qui peut parfois la faire passer pour une ville fantôme tant les bâtiments sont cabossés, les façades décrépies et les routes défoncées … Mais c’est une ville qui a une âme, une ville qui a tout gardé de l’héritage du blues et qui vit un pied dans le passé, l’autre dans le présent. Ici, pas de Starbucks, on prend son café dans les rares clubs et restaurants ouverts le matin, pas de grands magasins, on achète ses disques et ses livres chez Cat Head où Roger Stolle nous réserve toujours le meilleur des accueils, on se fournit en guitares et en cordes chez Bluestown Music où Ronnie Drew nous montre des photos qui retracent un glorieux passé, on va rendre visite à Deak Harp qui customise des harmonicas mais qui se produit aussi en one man band pour ses visiteurs …

Clarksdale, c’est la ville où Robert Johnson aurait vendu son âme au diable au croisement des routes 49 et 61 où un monument a été spécialement érigé pour l’occasion. On aime ou on n’aime pas mais on ne reste pas bien longtemps insensible aux fameux ribs de Abe’s Bar-B-Q qui sont installés juste à côté du Crossroads, et après ça on refait un grand tour en ville à la découverte du Delta Blues Museum, on passe devant le Riverside Motel où Bessie Smith a poussé son dernier souffle, on file vers le Ground Zero Blues Club, propriété de l’acteur Morgan Freeman qu’il partageait avec l’ancien maire de la ville, le regretté Bill Luckett que nous apprécions tant. Chaque mur, chaque centimètre de rue est une invitation à penser blues, à respirer blues, à vivre pour cette musique qui est tellement forte et présente qu’elle réussit encore à envahir la ville tout entière … Pas étonnant dès lors que des musiciens comme Charlie Musselwhite y aient élu domicile et y côtoient des artistes comme le jeune Kingfish qui y a vu le jour ou comme toutes les pointures qui animent les clubs chaque jour de l’année !

C’est du côté du Shack Up Inn que l’on finira la soirée après l’arrivée en ville de Doc Lou & The Roosters, les candidats de Toulouse Blues Society à l’International Blues Challenge qui nous rejoindront pour un apéro concert au Hopson Commissary où nous finirons la soirée autour d’une formation de Nashville qui est venue pour proposer une country pas désagréable du tout. L’assistance est pour le moins disséminée et le duo va très rapidement céder sa place aux Frenchys qui, pas bégueules pour un sou, viendront nous servir quelques belles goulées d’un blues dont ils ont le secret pour le plus grand plaisir des quelques spectateurs présents dans la salle. Voilà une belle entrée en matière, d’autant plus qu’elle était totalement spontanée et inattendue ! La magie de Clarksdale ne s’explique pas, il faut y être pour la découvrir et l’apprécier …   

Il est maintenant temps de rejoindre nos shacks pour une ultime nuit à Clarksdale en attendant le retour sur Memphis, avec auparavant une petite surprise pour nos amis puisque chaque jour a son lot de découvertes …  

Mardi 24 janvier :

C’est aujourd’hui le grand jour de l’ouverture de l’International Blues Challenge, quand bien même la compétition ne commence que demain, puisque les groupes venant des pays extérieurs à l’Amérique du Nord se produisent une heure chacun dans la cadre de l’International Showcase. Mais en attendant de rejoindre Memphis, on s’offre un ultime détour par Indianola où nous retrouvons avec toujours le même plaisir le B.B. King Museum & Delta Interpretive Center, haut lieu de la culture régionale puisqu’outre les objets ayant appartenu au Roi du Blues et les multiples histoires sur son passé, le lieu accueille désormais sa dernière demeure dans un jardin des souvenirs fort bien pensé. C’est toujours avec le même plaisir que nous croisons les visiteurs à la sortie puisque ces derniers affichent à chaque fois une mine réjouie. Le temps de saluer le staff du musée et il ne nous restera plus qu’à filer vers Memphis, non sans avoir pris le temps de jeter un œil au Club Ebony dont la rénovation en profondeur devrait être achevée pour l’été.

On file maintenant rapidement vers le Berceau du Blues où nous attendent les représentants français et il faut encore satisfaire aux premières formalités sur Beale Street avant de nous rendre chez Alfred’s où Nasser Ben Dadoo et Matthieu Tomi vont nous proposer leur première prestation de cette fin de semaine devant un public particulièrement clairsemé. Il faut reconnaitre qu’essuyer les plâtres à 18 heures un mardi soir n’est pas la chose la plus simple, même si le duo a réussi à surprendre en mélangeant le chant en Anglais et en Arabe et en alternant les sonorités américaines et les influences nord-africaines. Au même moment, au Club 152, les Toulousains de Doc Lou & The Roosters vont réussir à donner le change devant une assistance plus fournie et visiblement très motivée par le programme du club où se produiront en fin de soirée les Cinelli Brothers qui représentent UK Blues Federation.

Nous profiterons encore de la prestation de deux groupes, les très énergiques et virtuoses Coréens de Mind, Body & Soul mais aussi les Néerlandais de Barn And Belle qui nous offrirons à leur manière un très belle bouffée d’oxygène sur fond de country blues mélangeant la guitare et le washboard. Un peu plus tard, ce seront encore les Norvégiens de Soft City qui parviendront à nous surprendre avant que la grosse baffe de la soirée ne soit assénée justement par des Cinelli Brothers toujours aussi précis et virtuoses. L’international Blues Challenge est lancé, et qui plus est bien lancé, il ne restera plus à présent qu’à l’accompagner jusqu’à son terme pour savoir qui succèdera aux Wacky Jugs pour cette 38ème édition.

Il est temps de raccompagner les musiciens à leur hôtel puis de rejoindre le nôtre pour aller prendre un peu de repos en prévision d’une fin de semaine mouvementée !

Mercredi 25 janvier :

Comment passer par Memphis sans profiter des attractions locales, et comme le temps est compté cette fois encore et qu’il faut faire des choix, le groupe décidera d’aller faire un tour à Graceland, le domaine d’Elvis Presley qui vient d’accueillir la dépouille de sa fille, Lisa Marie, décédée il y a quelques jours et inhumée dimanche dernier. Autant dire que les lieux sont fleuris puisque les fans du monde entier ont déposé leur offrande. Étonnamment, le site n'est pas énormément fréquenté aujourd’hui et chacun pourra profiter à sa guise de la visite de la maison, des avions, de la collection de voitures ou encore des effets personnels de cet artiste unique en son genre qui a réussi à s’approprier la musique des Noirs pour l’adapter à sa propre manière et devenir le King of Rock And Roll. Que l’on soit fan d’Elvis ou pas, l’endroit ne peut laisser personne indifférent et c’est avec une petite lumière dans l’œil que l’on retrouve à chaque fois le visiteur à la sortie, chacun arborant à sa manière un T-shirt, une casquette ou encore des lunettes à l’effigie de la légende !

On ne coupe pas au rituel déjeuner au Cozy Corner, un lieu qui ne paie pas de mine mais qui sert des ribs qui sont parmi les meilleurs de ceux que l’on peut trouver en ville, une véritable institution qui tourne à plein régime avec une clientèle simple et populaire qui passe sa commande au comptoir et qui déguste invariablement son plat dans la salle voisine ou à domicile, selon le programme du reste de la journée … En ce qui nous concerne, ce sera sur place avant de filer chez Shangri-La Records, la caverne d’Ali Baba de tout amateur de vinyles qui se respecte ! Le patron nous accueillera avec un joli sourire, d’autant plus que certains ressortiront les bras chargés de pièces pour agrémenter leur collection. Mais le temps tourne et il va falloir se résoudre à rejoindre Beale Street pour une première soirée dédié aux quarts de finale qui se dérouleront en deux manches.

On commence au Blues Hall avec Broke Blackburn de Grand River Blues Society qui démarre cette soirée en beauté avec un blues acoustique de belle facture servi avec classe talent et énergie. Le chanteur et guitariste de Toronto ne laisse rien au hasard et pèse chaque note, chaque intervention à l’adresse d’un public parmi lequel on remarque Jimmy Carpenter, Shakura S’Aida et Janiva Magness, trois artistes renommés qui resteront pour assister à la prestation de Nasser Ben Dadoo – White Feet, le représentant de France Blues. Proposant lui-aussi un blues plein de relief et de subtilité, le duo français nous régalera de sa musique métissée et de ses compositions très recherchées dans lesquelles il fait appel à la guitare et à la basse bien évidemment, mais aussi à un footstomp et à des karkabous qui, une fois samplés, apportent des couleurs qui rappellent le Nord de l’Afrique et le Proche-Orient. Le public ne s’y trompe pas et s’accroche à la voix de Nasser pour s’efforcer de le suivre et pour se perdre à ses côtés dans ce blues des sables intelligemment rehaussé d’une pointe d’accent phocéen. Un must !

On descend maintenant un peu plus bas sur Beale Street pour rejoindre le Wet Willies où se produiront Doc Lou & The Roosters un peu plus tard dans la soirée, mais en attendant, on se prend de plein fouet un son hyper violent et mal très dosé, un phénomène accentué qui plus est par des formations qui elles aussi ont des problèmes dans le discernement de la musique et du bruit. On découvrira ainsi Rich Ertelt & Blues Express de Capital Region Blues Network et Blues Breakdown de Cincy Blues Society mais aussi les excellent Pedro Cordeiro de Southern California Blues Society, avant de retrouver les Frenchys de Toulouse Blues Society pour une des meilleures prestations de la soirée dans ce club qui se révèle vraiment être une catastrophe au niveau non seulement du son mais aussi de la configuration et de l’éclairage. Avec des titres comme « Back To Louisiana », Doc Lou & The Roosters parviendront tout de même à faire danser un public qui visiblement apprécie cette touche de fraicheur avec du feeling et un harmonica au beau milieu d’une enfilade de trios au caractère essentiellement rock et blues rock.

La journée à une fois encore été longue et c’est vers l’hôtel que nous repartons très vite pour y recharger les batteries en prévision d’une suite qui s’annonce encore très chargée …

Jeudi 26 janvier :

Autant le dire immédiatement, la journée que nous allons vivre aujourd’hui est exceptionnelle car peu nombreux sont ceux qui ont l’opportunité de pénétrer dans l’enceinte de Stax Music Academy, la branche de Soulsville Foundation qui s’occupe de cultiver la légende en transmettant le patrimoine du label aux jeunes génération en échange d’un cursus universitaire diplômant qui leur permet d’échapper à une pauvreté récurrente dans la région. La philosophie du projet est simple, enseigner, développer et valoriser une musique en offrant aux jeunes un climat mélangeant à la fois sérénité et amitié, le tout accompagné par des encouragements et par une reconnaissance qui poussent les étudiants à donner le meilleur d’eux-mêmes. Accompagnés par l’incroyable Paul Mckinney, directeur artistique de l’académie, nous découvrirons les locaux et les programmes avant de nous rendre dans l’enceinte du musée où les visiteurs pourront profiter d’une visite de qualité regorgeant d’objets, de sons et d’images dont la valeur est inestimable.

Il est temps de déjeuner et nous nous rendons directement au Four Ways où nous pourrons profiter de l’excellente soul food de ce restaurant qui est une véritable institution où venait se restaurer jadis Martin Luther King quand il passait par Memphis. Si l’endroit a arrêté de prendre les commandes à la table depuis le covid, il n’en reste pas moins très fréquenté par une population locale, aujourd’hui un peu plus complétée par des visiteurs étrangers. Premier établissement où les Noirs et les Blancs se sont retrouvés assis à la même table, le Four Ways appartient à sa manière à l’histoire de la lutte pour les Droits Civiques et le personnel familial a compris qu’il fallait faire perdurer l’atmosphère unique de ce joyau à l’état brut.

Nous n’en avons pas fini avec Stax Music Academy et c’est cette fois avec les jeunes de l’International Blues Project que nous y retournons pour un moment totalement hors du temps puisque les cinq membres de ce projet franco-américain vont commencer par écouter les élèves de l’établissement se livrer à des reprises de standards du label avant de passer à leur tour sur le grill où ils interprèteront deux de leurs compositions. Difficile de savoir qui des deux groupes sera le plus impressionné par l’autre, toujours est-il que tout ce joli monde se retrouvera réuni pour interpréter deux morceaux de plus, le premier étant emprunté à Rufus Thomas tandis que le second commencé par un simple blues en sol se terminera par quelques mesures de « Thrill Is Gone » interprétées par la prof de chant de la fondation. Sur le chemin qui les ramène vers le centre de Memphis, les jeunes de l’International Crossroads Project sont encore sous le coup de l’émotion et semblent n’avoir qu’une envie, recommencer une expérience de ce calibre dès que possible !

Nous avons malheureusement manqué le début du second quart de finales de l’International Blues Challenge mais nous nous rattraperons très vite en allant écouter entre autres The Cinelli Brothers au Club 152 puis, bien plus tard dans la soirée, Nasser Ben Dadoo – White Feet qui refermera la scène au Blues Hall avec son world blues plein de subtilité. Il ne reste plus maintenant qu’à attendre la liste des qualifiés pour les demi-finales qui devrait arriver en début de nuit … et qui finalement arrivera relativement vite avec une bonne nouvelle pour France Blues puisque Nasser Ben Dadoo – White Feet est qualifié pour la suite de l’évènement. Moins chanceux, les amis de Toulouse Blues Society et Doc Lou & The Roosters s’arrêtent ici malgré deux prestations qui ne manquaient pas de classe et d’intérêt.

Il est temps d’aller prendre un peu de repos car les organismes commencent à être bien éprouvés … La nuit va être courte mais demain c’est fête alors il faut se préparer !

Vendredi 27 janvier :

C’est aujourd’hui que les nouveaux récipiendaires des Keeping The Blues Alive Awards vont être mis à l’honneur et recevoir la pyramide de granit récompensant leur engagement envers le blues, que ce soit dans l’organisation de spectacles, dans la rédaction de magazines, l’animation radio, la photographie, l’éducation, etc. Accueillant le who’s who de la scène blues mondiale pour l’occasion, le salon d’honneur de l’hôtel Doubletree fait belle figure avec non seulement la Maitresse de Cérémonie, la délicieuse Janiva Magness, mais aussi des spectateurs tels que Jonn Del Toro Richardson, Shakura S’Aida, John Nemeth, Sugaray Rayford, Bruce Iglauer, Mick Kolassa et nombre d’autres encore. Cette année, huit personnes et organisations sont mises à l’honneur, parmi lesquelles deux venues d’Europe, le Belge Franky Bruneel du magazine Back To The Roots et les Suisses du Sierre Blues Festival dans le Valais. On y remarque aussi quelques belles connaissances comme Jimmy Duck Holmes et son Blue Front Café ou encore la photographe Marilyn Stringer, le journaliste Ron Wynn et Lloyd Teddy Johnston du Teddy’s Juke Joint, autant de personnalité qui, par leur engagement, ont toutes à leur manière contribué à la grandeur du blues !

Le temps de recharger les batteries et nous irons bientôt au Hard Rock Café qui accueille ce soir, en collaboration avec Pinetop Perkins Foundation, deux formations qui participent au Youth Showcase de l’International Blues Challenge. C’est Alyssa Galvan qui se chargera d’ouvrir le bal avec sa formule guitare et chant en solo et cette délicieuse adolescente se laissera aller à des reprises réarrangées à sa propre manière pour le plus grand plaisir d’un public qui succombe à sa voix exceptionnellement riche. Trente minutes plus tard, on retrouvera sur scène la même chanteuse et guitariste au sein de The International Crossroads Project, une formation franco-américaine présentée cette année par France Blues. Incroyablement bien en place après seulement trois jours de répétitions, ce jeune groupe dont la moyenne d’âge est de 17 ans démontrera par l’exemple que la valeur n’attend pas le nombre des années, reprises mais aussi compositions à l’appui !

On file ensuite très vite vers le King Jerry Lawler’s Hall Of Fame où Nasser Ben Dadoo – White Feet va tenter de se propulser un étage plus haut, une tache peu aisée compte tenu non seulement du niveau général dans le club mais aussi des problèmes de son que le groupe peut rencontrer à chaque instant. Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, le duo va une fois encore mettre tout son poids dans la balance pour s’en sortir et c’est en jouant avec le feu et en terminant son set sur le fil du rasoir qu’il nous donnera certes des sueurs froides, mais intelligemment compensées par une immense chaleur humaine et beaucoup de communication avec une salle qui sait se montrer réceptive. C’est Mark Muleman Massey qui prendra ensuite le relais avec un show plutôt bien géré avec en apothéose son classique, « Don’t Put No Plastic Flowers On My Grave », qui ne passera pas non plus inaperçu dans une salle déjà bien chauffée par les Français.

Il ne restera plus dès lors qu’à papillonner de club en club jusqu’à l’annonce des résultats et c’est avec une bonne nouvelle en main que nous regagnerons notre hôtel puisque nous apprenons en chemin que retrouverons les White Feet demain en finale de l’International Blues Challenge, trente-huitième du nom !

Samedi 28 janvier :

La grande finale à l’Orpheum est toujours un événement qui mobilise les amateurs de blues venus du monde entier et cette année encore le programme s’annonce riche et varié avec une douzaine de formations partagées équitablement entre groupes et solos/duos. Deux représentants européens venus de France et d’Angleterre, deux Australiens et un Canadien se retrouveront donc confrontés cette fois à sept Américains forcément très motivés pour retrouver leur suprématie et reprendre la tête du podium qui leur avait été subtilisée en 2022 par The Wacky Jugs, les Frenchys présentés par France Blues.

On commence justement avec Nasser Ben Dadoo White Feet, les représentants de France Blues qui vont nous servir un set subtil et coloré, délicatement parfumé aux arômes du Maghreb et intelligemment rehaussé de karkabous, ces percussions venues du Maroc qui surprennent toujours un public pas forcément rompu à l’exercice de cet instrument dans le blues. De Charley Patton jusqu’à leur nouvel album, « Blue Legacy », Nasser et Matthieu qui ont la tâche ardue d’essuyer les plâtres s’en sortiront avec bien plus que les honneurs.

The Honey Badgers d'Adelaide Roots and Blues Association monte ensuite sur la belle scène de l’Orpheum et nous propose un bon blues subtilement cuivré et servi avec beaucoup d’élégance ! Essentiellement fait de pièces originales, le set des Australiens s’appuiera avec malice sur un chanteur et guitariste plutôt pointu et très bien soutenu par une section rythmique très présente. Deux saxophones et une trompette pour finir d’emballer la machine et voilà un premier candidat costaud pour la catégorie Groupes l

Jonathan Kalb de Jersey Shore Jazz and Blues Foundation est un artiste solo attachant, un de ces vieux routiers du blues qui nous offrent une musique roots en lui apportant de temps à autres un peu d’harmonica qui donne de la couleur à un folk blues joué avec le cœur et l’esprit. Casquette de laine vissée sur la tête et t-shirt Barcelona porté avec nonchalance sur un costume jeans basket, si le bluesman ne paie pas de mine, il sait de quoi il parle et il le fait bien, revisitant au passage Freddie King pour finir de séduire son monde.

On accueille maintenant Deuce 'N A Quarter de Columbus Blues Alliance, un quintet emmené par une section rythmique noire et par un chanteur harmoniciste et deux solistes blancs. Virtuose du manche, le guitariste barbu comme un ZZ Top nous décoche des solos puissants et c’est sur des intonations très typées blues rock que le groupe emballe la machine pour une vingtaine de minutes durant laquelle nous aurons quand même droit à notre dose de slow blues. Le public semble apprécier et ne se prive pas de le faire savoir !

Mark Montgomery de Kansas City Blues Society s’installe maintenant et vient à son tour nous délivrer un folk blues de bonne qualité, inondé de guitare et baigné d’harmonica. La voix chaude et colorée interpelle et nous promène le long des plaines interminables d’Amérique du Nord, permettant à l’artiste de nous faire profiter de ses talents de songwriter et de partager une vision du blues certes classique mais pas du tout renfermée sur elle-même. Un peu d’humour pour compléter le tout et voilà encore un bon moment passé en bonne compagnie !

C’est un trio jeune et motivé qui s’installe avec Mathias Lattin de Houston Blues Society, et du haut de leurs 22 ans de moyenne, ces jeunes Blacks vont nous montrer le côté le plus puissant de leur musique. Le blues est bien présent et chacun besogne à sa manière pour le rendre attirant et c’est en passant par un superbe blues lent que le trio va marquer des points ce soir, démontrant que le blues est une musique qui passe naturellement de génération en génération, y gagnant un peu en maturité à chaque fois et en sortant invariablement grandie.

On retrouve maintenant Adam Karch de Montreal Blues Society qui vient nous présenter une musique qui lui tient à cœur, un bon folk blues dont il a le secret et qu’il partage volontiers avec un public qui le lui rend bien. Un détour par les hills avec la relecture du « Poor Black Mattie » de R.L. Burnside finira d’installer le bluesman québécois sur un tapis confortable qui le portera jusqu’à la fin d’un set enlevé où il rendra hommage à sa manière à Robert Johnson et aux Bee Gees dont il livrera un version bluesifiée de « Stayin’ Alive » ! Ceux qui connaissaient ses albums ne seront pas surpris, c’est certain !

Premier groupe de la soirée à monter sur scène avec une femme, Dick Earl's Electric Witness de Las Vegas Blues Society propose un son intéressant avec ses deux guitares, son harmonica et sa contrebasse, le tout soutenu par la frappe habile d’une batteuse à qui il ne faut pas en raconter. Parfois très hypnotique, le blues de ces représentants du Nevada sait se teinter de slide ou de boogie pour mieux mettre l’accent sur une diversité de style pas désagréable du tout ! Ces quatre-là forment une famille, se font plaisir sur scène et ne manquent pas de le faire savoir et de partager très largement !

On accueille maintenant The Sugar Thieves Duo de Phoenix Blues Society qui va nous offrir un blues élégant à deux voix, celle très changeante et parfois un peu nasillarde de Madame contrastant avec la grosse voix rauque de Monsieur. Du picking et de la guitare slide, un peu de kazoo a l’occasion et c’est parti pour un très grand moment de blues comme on les aime, avec un travail tout particulier sur le relief, sur les nuances et sur un échange entre la scène et la salle. Encore un candidat sérieux pour la victoire finale !

Pedro Cordeiro de Southern California Blues Society débarque bille en tête avec un blues rock surpuissant et impose d’entrée de jeu un style qui restera très véloce, même dans les blues lents. La jeunesse du power trio n’enlève rien à la qualité de son jeu et c’est en accumulant les talents individuels de ses membres et en les mélangeant avec intelligence que le groupe parvient à sortir du lot et à imposer son style. Les compositions se tiennent et à l’arrivée, Pedro Cordeiro parvient à offrir un blues qui a de la richesse, du coffre et du cœur. On les reverra sur de belles scènes, c’est certain !

Dernier candidat solo/duo de cette finale, Frank Sultana de Sydney Blues Society enlève ses bottes et les pose à côté de lui avant de se lancer dans un blues pas désagréable du tout avec ses intonations puissantes et ses rythmes redondants. Le jeu est délicat, plein de sensibilité, et nous emmène très loin grâce à un picking efficace et à un jeu en slide très efficace. La longue barbe du bluesman et son chapeau lui donnent un petit côté vintage sympathique et c’est en nous servant des chansons où il est parfois question d’amour que Frank Sultana fera sa part du job avec non seulement l’art mais aussi la manière !

Ce sont les Cinelli Brothers de UK Blues Federation qui vont refermer les portes de cette 38ème finale de l’International Blues Challenge et comme à leur habitude les quatre musiciens vont s’attacher à séduire et à convaincre leur monde en changeant régulièrement d’instruments et en se partageant le chant ! Les originaux s’enchaînent avec des influences venues du gospel, du blues, du boogie et de la soul et c’est un véritable plaisir de retrouver cette formation européenne une fois encore à l’honneur sur cette semaine où nous aurons eu souvent l’occasion de croiser leur chemin ! Et comme à chaque fois, les Cinelli Brothers mettront le feu !!

En attendant l’annonce des résultats, c’est une énorme jam avec les anciens lauréats de l’International Blues Challenge mais aussi avec des artistes récompensés aux Blues Music Awards qui se déroule devant un public enchanté du spectacle puisque l’on y remarque Jonn Del Toro Richardson, Ben Rice, Sugaray Rayford, John Németh, Shakura S’aida, Janiva Magness, Jimmy Carpenter et nombre d’autres encore. Beaucoup de complicité entre tous ces grands noms et surtout un grand talent musical, c’est ce que l’on retiendra de cette vingtaine de minutes durant lesquelles nous pourrons profiter de deux morceaux où chacun y ira de son solo ou de sa partie de chant.

L’heure est venue pour Joe Whitmer et Kimberley Horton d’annonces le palmarès de cette édition 2023 qui se décompose comme suit :

Groupes :
1er : Mathias Lattin
2ème : The Cinelli Brothers
3ème : Dick Earl’s Electric Witness

Solo/Duo :

1er : Frank Sultana
2ème : The Sugar Thieves

Meilleur guitariste : Mathias Lattin

Meilleur guitariste solo/duo : Adam Karch

Meilleur harmoniciste : Deuce ‘N A Quarter

Meilleur CD auto produit : Josh Hoyer & Soul Colossal – « Green Light »

Dimanche 29 janvier :

L’international Blues Challenge est maintenant terminé et il faut se résoudre à voir le groupe d’amis se séparer, les uns et les autres repartant du côté de la Floride, du Missouri, de New York, de Corse, de Genève ou de Toulouse tandis que d’autres se paieront encore une tranche de bon temps dans le Mississippi et l’Alabama avent de rejoindre la France. Mais en attendant le grand départ, ceux qui ont eu la bonne idée de prendre un vol tardif auront la chance de pouvoir rejoindre la messe dominicale à la Peace Baptist Church, en banlieue proche de Memphis. Ceux qui ont eu la chance de pouvoir assister plusieurs fois à cette messe vous le diront, c’est à chaque fois différent, et cette fois encore le changement a été notable avec beaucoup de musique et moins de sermons, avec une chanteuse qui a porté le chœur et qui a embarqué tous les fidèles dans une sorte de transe, avec un nouveau venu qui a intégré la paroisse et avec des moments intenses durant lesquels le pasteur bénissait ses ouailles, leurs enfants et leurs petits-enfants, expiait leurs péchés et priait pour la disparition de leurs maux. C’est ainsi qu’une partie de Toulouse Blues Society et de France Blues a été mise sous protection spirituelle avant que Doc Lou ne rejoigne les musiciens pour poser son harmonica sur un « Oh Happy Day » avec en face de lui une fois encore une véritable ferveur populaire. La Coupe du Monde à côté, c’est de la rigolade, même après un triplé de Mbappé !

Un détour par l’aéroport pour débarquer les derniers voyageurs et nous partirons très vite en direction de Tupelo avec un passage par les Hills et un arrêt à Holly Springs pour y retrouver les souvenirs de Aikei Pro’s Record Shop mais aussi des juke joints de Junior Kimbrough dont il ne subsiste plus que les marques au sol, et encore, et par le dernier en date situé sur la Highway 7, qui n’a pas survécu au Covid … Il ne nous restera plus dès lors qu’à rejoindre notre hôtel, sans musique ce soir puisque Tupelo, ville accueillante et pleine de ressources, est au repos total le dimanche soir. Par chance, le Texas Grill pas loin de notre hôtel semble nous tendre les bras pour quelques Ribeyes de calibre XXL …

Lundi 30 janvier :

Marcher sur les traces d’Elvis Presley est un rituel quand on est à Tupelo, et quand bien même on y est venu à maintes reprises, il est toujours intéressant de voir les nouvelles additions que l’office du tourisme local fait années après année à la fameuse Elvis Trail. C’est ainsi qu’au fil des ans, la maison natale du King, le fameux Tupelo Hardware où il acheta sa première guitare et le Johnny’s Drive-In où il mangeait des hamburgers ont été rejoints par des lieux fréquentés par le jeune Elvis comme les écoles Milam Junior High et Lawhon Elementary School, le Lyric Theatre où il rejoignait ses amis Noirs dans la partie réservée aux gens de couleurs et même le Mud Creek Swimming Hole où les jeunes gens allaient se baigner, souvent nus, suffisamment loin de leurs parents pour éviter de se faire remarquer et rabrouer. Ici, tout tourne autour d’Elvis Presley et la ville ressemble à un havre de paix où l’on tombe à chaque coin de rue sur des fresques à son effigie ou sur des guitares stylisée qui décorent les avenues. L’endroit est devenu au fil du temps un de nos incontournables et nous y passons à chaque fois avec un réel plaisir.

La route va être longue jusqu’à Jackson mais elle commence par la superbe Natchez Trace Parkway, piste historique de plus de 700 kilomètres empruntée par les Indiens d’Amérique et par les explorateurs blancs. Ponctuée de diverses haltes retraçant le passage de ces voyageurs, la route nous offrira un beau paysage et quelques haltes intéressantes avant que nous la quittions pour gagner Greenwood par la Highway puis Itta Bena et les souvenirs de B.B. King, Belzoni et les traces de Pinetop Perkins, Rolling Fork et celles de Muddy Waters et enfin Bentonia où nous retrouverons un personnage particulièrement attachant, Jimmy Duck Holmes !

Légende vivante du Bentonia Blues, Jimmy Duck Holmes en assure la transmission aux jeunes générations et c’est dans son Blue Front Café qu’il accueille les visiteurs, la cigarette collée à la bouche et la bière à la main. Nominé aux Grammy Awards, récemment récompensé par un Keeping The Blues Alive Award, le personnage ne joue pas à la star mais s’efforce au contraire de rester simple, rarement souriant mais toujours attentif. Dans le juke joint, quelques locaux sont au téléphone ou regardent la télé tandis qu’une jeune disciple s’échine à travailler son style et à nous faire profiter de son jeu bien pensé et de sa voix superbement faites pour cette musique. L’air de rien, Jimmy s’approche et nous glisse à l’oreille une remarque du genre « ne partez pas trop vite, elle va jouer et ça va être intéressant … » et en effet, Morgane se lâche rapidement et se met à nous offrir le meilleur de sa musique, tous styles de blues confondus. L’instant est magique et Jimmy Duck Holmes, emballé, revient nous parler puis nous prépare et nous offre des pass VIP pour le prochain festival qu’il organisera à la mi-juin 2023. Nous serons à nouveau dans la région à cette époque et on se promet bien de ne pas louper ça ! Cet après-midi, le maître n’a pas joué, mais avoir eu la chance de pouvoir échanger avec lui n’est pas un moindre plaisir.

On file maintenant vers Jackson et on arrive juste à l’heure au Hal & Mal’s où se déroule chaque lundi le Blue Monday, une jam organisée par The Central Mississippi Blues Society autour d’un house band que nous avons déjà eu l’occasion de voir à l’œuvre. Accueillis par Peggy Brown, l’hôtesse de la soirée, nous prenons place et profitons de l’ambiance chaleureuse du club très rempli ce soir. On y voit se succéder des chanteurs et des musiciens souvent très inspirés qui se font plaisir et qui le partagent avec l’assistance sur des standards comme « Got My Mojo Working », « Thrill Is Gone » ou encore « Proud Mary » qui mettra littéralement les premières tables près de la scène en transe. Ici, on ne rigole pas avec le blues et chacun donne le meilleur de lui-même dans un band où l’on trouve guitares, basses et batterie mais aussi claviers et cuivres, le tout donnant des morceaux construits et interprétés avec ferveur et dans les règles de l’art. Rien d’étonnant dès lors de voir que le Hal & Mal’s a reçu un Keeping The Blues Alive Award en 2020 pour son Blue Monday !

Il est temps désormais de prendre un peu de repos après une journée qui a été longue en termes de route et intense en termes de musique … Par chance, notre hôtel n’est qu’à quelques centaines de mètres du club !

Mardi 31 janvier :

Le passage à Jackson aura été relativement court mais avant de quitter la capitale du Magnolia State, nous nous offrons quand même un rapide tour du Mississippi Civil Rights Museum, superbement bien organisé et parfaitement documenté. Le ton de la journée est ainsi donné puisque nous ferons route jusqu’à Montgomery mais avant de rejoindre l’Interstate 20, nous faisons quand même un détour par Farish Street, qui aura été le centre névralgique du blues en ville pendant un longue période, et par le fameux Queen Of Hearts, juke joint mythique visiblement toujours en service. Le quartier est toujours aussi glauque et on y assiste en passant à une descente de police plutôt musclée, l’un des pandores nous intimant l’ordre de circuler rapidement … Visiblement, il n’est toujours pas facile d’être Noir quand on vit dans les Etats du Sud, d’autant plus quand on n’est pas du bon côté du pistolet !

La route pour Selma est relativement longue et fastidieuse et nous nous offrirons quelques petites pauses auprès des Markers de la Mississippi Blues Trail, notamment à Pelahatchie où Rubin Lacy, bluesman né au début du 20ème siècle, est mis à l’honneur, mais aussi à Forrest d’où est natif Arthur Big Boy Crudup à qui un certain Elvis Presley a emprunté pas moins de trois morceaux dont le classique « That’s Alright Mama ». C’est ainsi que nous arriverons en milieu d’après-midi à Selma où nous pourrons nous attarder sur le Edmund Pettus Bridge et la Brown Chapel AME Church, hauts lieux de la lutte pour les Droits Civiques.

Point de départ en 1965 de trois marches en direction de Montgomery, dont une seule est arrivée jusqu’à son terme, la ville de Selma est à l’origine d’un des points culminants qui ont conduit les populations afro-américaines à obtenir le droit de vote, et on trouve encore dans la ville et à proximité les stigmates d’une lutte qui n’est malheureusement toujours pas achevée, le Black Voters Matter s’étant transformé au fil des années en Black Lives Matter. Complété par un mémorial installé au bord de l’Alabama River, le National Voting Rights Museum and Institute ouvre l’Historic Route US-80 qui conduit à son tour le visiteur vers Montgomery, capitale du Heart Of Dixie dont l’agglomération compte désormais environ quatre-cents milliers d’âmes. Si la découverte de Selma n’est pas en soi spectaculaire, il y règne aujourd’hui encore une atmosphère chargée d’histoire qui touche le visiteur droit au cœur et qui à elle seule mérite vraiment le détour !

Pas évident de trouver un endroit pour écouter du blues en semaine à Montgomery, nous nous dirigerons donc vers le B.B. King Blues Club local qui est situé à l’intérieur d’un complexe qui accueille hôtel et casino et qui sert bien à manger toute la semaine, mais sans musique la plupart du temps … C’est donc le ventre plein mais les oreilles vides que nous regagnerons notre hôtel pour une soirée détente !

Mercredi 1er février :

Nous sommes restés un peu sur notre faim musicale à la suite de la soirée d’hier et c’est bien décidés à en découdre que nous prenons la route ce matin, pas certains d’avoir de la musique live ce soir mais convaincus que notre virée sur la route des Droits Civiques sera riche en temps forts puisque nous nous rendons à Birmingham où le Civil Rights Institute est un must incontournable. Juste en face se trouve le Kelly Ingram Park où l’on trouve de nombreuses stèles et monuments relatant les faits marquants liés au mouvement et de l’autre côté de la rue est établie depuis 1873 la 16th Street Baptist Church, première église baptiste pour les gens de couleur, où un attentat à la bombe perpétré par le Ku Klux Klan en 1963 coutera la vie à quatre jeunes filles et en blessera vingt-deux autres. Les alentours du parc sont comme toujours fréquentés par quelques hobos sympathiques qui, contre quelques billets, se complaisent à raconter au chaland les divers événements qui se sont déroulés dans le secteur. Des témoignages pas toujours très précis mais qui ont l’intérêt de nous faire entrer en contact avec la population et d’apporter quelques dollars pour subsister à des gens qui en ont vraiment besoin !

On change de registre et on file maintenant vers Muscle Shoals pour retrouver les deux studios mythiques de la ville, avec pour commencer Fame Recordings Studios où nombre d’artistes prestigieux comme Aretha Franklin, Wilson Pickett et Etta James ou plus récemment Jason Isbell, Alicia Keys et Robben Ford ont enregistré des albums. Toujours intéressante, la visite des studios est rythmée par las groupes qui y sont en session et c’est l’occasion de découvrir de nouveaux artistes tout en retrouvant les souvenirs de leurs glorieux prédécesseurs. On file ensuite vers le Muscle Shoals Sound Studio, un peu excentré de la ville et au design plus rustique, qui pour sa part a vu passer des artistes comme Lynyrd Skynyrd, Bob Dylan, Duane Allman, Cat Stevens, Rod Stewart ou encore Paul Simon & Art Garfunkel. Les souvenirs sont riches l’atmosphère chargée et avant de quitter le secteur et par la même occasion l’Alabama, il ne reste plus qu’à se rendre à Florence où se trouve la maison natale de W.C. Handy et le musée qui lui est dédié. Trois lieux intéressants dans une rayon de quelques miles, voilà une bonne idée d’étape puisque la ville dispose en outre de quelques attractions musicales non dénuées d’intérêt.

Voilà qui fait déjà un début de journée déjà bien chargé pour nos organismes quelque peu fatigués, reste maintenant à emprunter la Highway 64 pour nous rendre à Lynchburg, la ville de la distillerie Jack Daniel’s où tout est à l’effigie du célèbre barbu qui aurait emprunté la recette de son Old #7 à un esclave à son service avant de mourir à la suite d’une gangrène survenue après avoir donné un coup de pied dans le coffre-fort dont il avait oublié la combinaison, signe que la colère et l’énervements sont parfois de mauvais conseillers. Aujourd’hui fréquentée par les collectionneurs, les badauds de passage mais aussi quelques rednecks nostalgiques de la grande époque des confédérés, la distillerie de ce qui est la marque de whiskey la plus vendue au monde est devenue une véritable usine à cash où tout est vendu à prix d’or et où tout est devenu un moyen imparable de vous faire sortir la carte de crédit. Dommage car le White Rabbit, le bottle shop lié à la distillerie, qui proposait il y a encore quelques années des choses intéressantes à des tarifs raisonnables, ne propose plus aujourd’hui que des produits courants vendus plus cher que dans les liquor store du Tennessee. Par chance, après 17 heures, la ville tire les rideaux et se vide de ses visiteurs et quand on a la chance de connaitre quelques locaux, on se retrouve parfois dans des endroits intéressants pour partager le diner, voire même pour écouter de la musique …

Pas de chance cette fois encore, étant en pleine saison creuse, tous les restaurants des environs proposant de la musique live sont fermés et nous finirons dans un Mexicain à Tullahoma entre deux anniversaires et un karaoké dédié à « Grease » … Par chance le Molcajete était comme toujours très copieux et la Jackarita fort bien servie ! La nuit n’en sera que meilleure …`

Jeudi 2 février :

On rejoint Nashville en un peu plus d’une heure trente de route depuis Lynchburg et la pluie semble être bien décidée à s’inviter pour la journée … Pas très engageant comme météo, d’autant plus que la nuit nous a offert des températures négatives et qu’en arrivant du côté de Music City, on remarque que les arbres sont recouverts de givre ! On s’offre donc un premier tour en ville avec un rapide focus sur Broadway et les multiples clubs et autres lieux de perdition que l’on y trouve puis on fait un arrêt au Country Music Hall Of Fame, encore un musée qui donne dans le grandiose et qui met à l’honneur un style souvent décrié mais toujours très apprécié des amateurs. Il est temps ensuite de partir s’installer à l’hôtel et de préparer le programme du soir, à cet effet nous ferons un rapide passage du côté de Nashville Shores Marina pour y rendre visite à Mike Turney du Papa Turney’s BBQ, un restaurant et juke joint qui programme régulièrement des concerts de blues de qualité avec même, de temps en temps, des artistes comme Bobby Rush qui s’y produisent. L’annonce de son programme du jour ne fait aucun doute, nous y commencerons la soirée !

Quand vous êtes à Nashville pour la soirée et que deux des artistes que vous avez pu apprécier sur album se produisent en live, il est difficile de résister à la tentation, d’autant plus que niveau timing, ça colle au quart de poil ! On commence donc chez Papa Turney’s avec le chanteur et saxophoniste mais aussi guitariste Scott Ramminger, un artiste qui se produit chaque jeudi dans ce juke joint bien connu des amateurs de blues des environs ! La saison étant calme, c’est en duo en compagnie de son pianiste que l’artiste de présente devant une salle quasiment vide à laquelle viendront au fur et à mesure s’ajouter quelques spectateurs venus pour dîner. La voix bien en place et le jeu soigné, Scott Ramminger nous offrira un set pour le moins improvisé mais très équilibré et ne manquera pas d’échanger avec nous un long moment, se montrant très reconnaissant d’avoir le plaisir de nous avoir en face de lui. La soirée n’aurait pas pu mieux commencer !

Une vingtaine de minutes nous séparent du centre de Nashville et nous les parcourons sans encombre jusqu’au moment de nous garer … Si d’aucuns se plaignent des tarifs prohibitifs du stationnement à Paris, ils devraient venir voir ici ce que ça donne avec un tarif de 25$ qui vaut de la première à la douzième heure de parking, et à ce prix, il n’est pas étonnant de voir qu’il y a de la place sans problème. C’est donc soulagés de quelque menue monnaie que nous partons vers le Bourbon Street Blues & Boogie Bar, véritable institution où se produisent ce soir Stacy Mitchhart et son band. La première bonne surprise de la soirée, c’est que l’on croise Robert Finley à l’entrée du club et que l’on peut discuter quelques minutes ensemble avant d’entrer. La seconde bonne nouvelle est que le club est plein mais pas bondé et que l’on peut assister à deux sets de folie furieuse, avec tout ce qui va bien avec et même avec un groupe qui se déplace régulièrement dans les allées pour y jouer et pour faire circuler une tip box qui ne désemplit pas.

C’est donc sur fond de bon blues et d’alligator frit que nous aurons droit à deux titres interprétés par Robert Finley au beau milieu d’une soirée qui n’aura manqué de rien au niveau du blues, du boogie et même du rock’n’roll. Il y avait ce soir comme un parfum de New Orleans dans l’air, mais pas le Nola des bobos branchés qui se pâment devant tout et n’importe quoi, celui de The Big Easy que seuls ceux qui grattent un peu pour faire sauter le vernis auront eu un jour la chance de découvrir …

Vendredi 3 février :

Le voyage tire à sa fin et il est désormais temps de regagner Memphis d’où nous décollerons demain midi, mais nous sommes bien décidés à profiter de cette dernière journée en faisant encore quelques visites, à commencer par le West Tennessee Delta Heritage Center et le Tina Turner Museum à Brownsville, un endroit peu fréquenté mais très attachant où l’on vous propose de visiter trois petits musées dédiés respectivement à la culture du coton, à la faune de la Hatchie River et aux musiciens de la région. Ajoutez l’école et les bancs où la jeune Anna Mae Bullock qui n’était pas encore devenue Tina Turner a posé ses fesses durant les premières années de son éducation et qui est aujourd’hui devenue un musée à son honneur mais aussi la maison de Sleepy John Estes et vous obtenez une halte indispensable à une heure de route de Memphis, le tout étant complété par des fresques murales et se révélant totalement gratuit. Les puristes complèteront la visite par la recherche de la tombe de Sleepy John Estes dont la dernière demeure est depuis 1977 au Elam Baptist Church Cemetery de Durhamville … Précisons quand même qu’un peu de patience s’impose pour la trouver !

On poursuit vers Memphis où nous arrivons en début d’après-midi, juste à temps pour aller déguster un dernier t-bone au Blues City Café avant de déambuler dans la rue, quasiment déserte, et d’aller faire les dernières emplettes chez Schwab, l’ancien drugstore local ouvert en 1876 et resté longtemps dans son jus avec la vieille caisse antique et la patronne qui ne prenait que les espèces sonnantes et trébuchantes … Depuis une dizaine d’années, les choses ont quelque peu évolué et si l’établissement a ouvert un coin repas et est passé à la carte de crédit, la caissière n’a pas changé et semble toujours à son poste depuis maintes décennies, pour ne pas dire depuis la création de l’enseigne. Et comme il nous reste un peu de temps avant de nous rendre à notre concert du soir, nous profitons de la tombée de la nuit pour aller essayer une bière locale chez Wiseacre, la brasserie installée depuis quelques années maintenant su B.B. King Boulevard, quasiment au même niveau que le Lorraine Motel. Proposant un choix de bières ahurissant, l’endroit est fréquenté par les jeunes et les moins jeunes qui y font à chaque fois de nouvelles découvertes car la carte évolue d’une semaine à l’autre. Une belle adresse pour les amateurs de bières de caractère !

Le temps de boucler les valises en prévision d’un départ matinal demain et nous fonçons maintenant vers le Wild Bill’s Juke Joint, un club qui durant le dernier quart de siècle a accueilli les plus grands artistes de blues du Sud mais aussi d’ailleurs et qui programme tous les vendredis une artiste que nous apprécions tout particulièrement, Ms Nickki. Situé dans le quartier historique de Vollintine Evergreen, Le Wild Bill’s est resté dans son jus et s’il a un temps figuré parmi les endroits recommandés par le Guide du Routard, on remarquera que les touristes ne s’y bousculent pas tant les alentours peuvent paraitre peu accueillants, voire carrément inhospitaliers, avec leur lot de homeless qui se montrent parfois assez insistants ! Une fois à l’intérieur du club, il en est tout autrement, la bière coule à flots et les spectateurs apportent leur alcool contre un droit de bouchon, ce qui contribue à ce que l’ambiance monte relativement vite. Accompagnée du house band avec une guitariste gauchère explosive, un guitariste rythmique qui assure tout en étant installé relax sur sa chaise, un bassiste zebulon qui n’en finit plus de tournicoter, un batteur toujours très inspiré et un percussionniste qui ajoute de jolis motifs aux morceaux, Ms Nickki impressionne par son charisme et par son chant et régale l’assistance de sa présence, de sa prestance et de sa voix à la fois précise, subtile et puissante. Les standards s’enchainent et le public, en grande majorité local, ne boude pas son plaisir. Déjà programmée dans tous les endroits qui comptent en France, la blueswoman a appris quelques phrases de Français et elle se plait à s’en servir de temps à autres pour nous rappeler à quel point elle apprécie notre pays, une raison de plus de l’aimer et de partager un petit pincement au cœur au moment de se quitter …

Sur le chemin du retour, on se dit que si le Wild Bill’s a perdu les couleurs criardes de sa façade et qu’il est désormais difficile à trouver une fois la nuit tombée, il est resté un de ces juke joints authentiques qui programment des artistes locaux de qualité et qui permettent au blues de rester bien présent dans les esprits. Ce serait regrettable de s’en priver !

Samedi 4 février :

On quitte l’hôtel de bonne heure et de bonne humeur pour rejoindre l’aéroport de Memphis et y satisfaire aux dernières formalités qui nous permettront d’embarquer et de quitter les Etats Unis, non sans avoir fait une dernière escale à Atlanta, dans ce hub immense qui est également la base de Delta Airlines, partenaire de l’Alliance SkyTeam avec le groupe Air France / KLM. Bien équipé, l’aéroport international Hartsfield-Jackson d'Atlanta dispose de toutes les commodités nécessaires et offre aux voyageurs Elite Plus toutes les commodités d’un salon VIP bien agréable quand on a quelques heures à tuer en attendant le vol suivant. De quoi siroter un dernier verre en attendant le retour vers Amsterdam puis vers Paris où nous arriverons le dimanche en milieu de journée.

Ainsi s’achève cette première échappée de l’année 2023 en Terre de Blues, un grand cru à plus d’un sens, musical déjà avec le beau parcours des formations françaises à l’International Blues Challenge, humain ensuite avec de nouvelles rencontres et des amitiés qui se pérennisent forcément après un tel moment de communion. On se retrouvera très vite, c’est certain, et peut-être même que l’on y reviendra un jour tous ensemble … En attendant, il faut penser à recharger les batteries car les organismes ont souffert durant deux semaines pleines et intenses.

Fred Delforge – février 2023