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RED MOURNING pdf print E-mail
Ecrit par Yann Charles  
mardi, 08 novembre 2022
 

RED MOURNING

https://www.facebook.com/RedMourning

Rencontre avec J.C. Hoogendoorn, ou Hoog "JC" Doorn, le chanteur du groupe Red Mourning. Difficile de définir dans quel univers ils évoluent car entre blues, metal, folk et prog, ils nous invitent à des voyages musicaux différents d'un titre à l'autre. Une particularité de ce groupe atypique. Une belle rencontre bien sympathique.

Bonjour. Peux-tu nous faire un petit rappel de qui est Red Mourning ?
Salut. Alors Red Mourning, ce sont quatre gars qui font du metal avec des influences qui vont du black metal au blues, du rock au stoner, du metal technique à la folk. Et nous avons sorti notre cinquième album, « Flowers & Feathers ».

On va parler de « Flowers & Feathers ». En commençant par te demander pourquoi ce titre ?
En termes de titre, c'est assez simple, c'est le nom d'un des morceaux tout simplement. C'est un titre qui véhicule une image qui est à la fois belle, poétique et intéressante, car cela fait allusion à un alphabet. La forme graphique d'un alphabet d'une nation qui essaie de survivre. Une langue et une culture minoritaire, qui, comme toutes les petites langues et les petites cultures, ont tendance à disparaître et à se faire absorber. Enfin, de manière générale, cela fait réfléchir à la société en général, mais aussi à titre individuel, sur ce que l'on fait, sur ce qui est important pour nous et combien de temps cela survivra. Voilà, en gros, pour le titre.

J'allais en parler plus tard, mais est-ce qu'on peut parler de la cover, très jolie, qui change complètement des précédentes ?
Oui, c'est vrai, et c'est volontaire. On n'est pas attaché ou marié à un style traditionnel si tu veux. On a des influences musicales ou graphiques. On voulait changer et continuer à évoluer, diversifier notre identité visuelle. On avait une volonté d'un visuel qui soit un peu plus clair, qui reste organique en conservant certains éléments de notre identité, mais qui sorte un peu de l'ordinaire. C'était volontaire.

Où va-t-on avec ce nouvel album ?
Je ne sais pas (Rires). D'album en album, on continue à expérimenter, à évoluer. Au premier album, tu m'aurais posé cette question, je t'aurais dit que je n'avais aucune idée qu'on arriverait déjà jusqu'ici, ni même que le groupe existerait encore, mais en fait notre aventure continue. On s'entend bien, et on expérimente, on écrit de nouvelles choses. Et c'est ce qu'on trouve sur cet album avec des prises de risques. Que ce soit avec les morceaux acoustiques. Que ce soit en termes de composition, avec des structures plus complexes, plus progressives, avec de nouveaux instruments, d'autres types de chants.

Oui, c'est difficile de vous mettre une étiquette, du coup comment vous définissez-vous musicalement ? On trouve tellement de choses, du metalcore, des riffs de blues, la longueur de certains titres qui fait penser à du prog …
Oui, mais cette difficulté à un intérêt pour nous. Ce n'est pas un inconvénient, mais plutôt l'objectif qui est recherché. C'est vrai que cela peut être un peu désorientant, mais écoute après écoute, c'est un album qui se révèle. Il fait réfléchir, il fait voyager, donc tout cela est volontaire. On est dans une logique de recherche, de se lancer des défis, de développer de nouvelles choses. Et surtout de ne pas faire du surplace. Ne pas refaire ce que l'on a déjà fait et surtout ne pas faire ce que d'autres ont déjà fait.

Tout en gardant vos bases, car on retrouve des riffs et des harmos que l'on retrouve sur les albums précédents ?
Oui. On a des choses que l'on aime et qui sont notre ADN musical et on ne va pas s'y soustraire. Mais avec le temps qui passe, on a fait des rencontres musicales, le line-up a évolué, un peu, pas beaucoup. Il y a cinq ans, on a été rejoints par Alex, et chacun ammène ses nouvelles touches, ses visions. Ma voix est ce qu'elle est, même si elle évolue un petit peu. On a évolué également dans les techniques d'enregistrement, ou dans les choix des instruments. Comme l'harmonica que l'on utilise dans les albums. Là, on a utilisé de l'orgue, du banjo.

On entend de l'harmonica, du lap steel sur certains titres, est ce que vous ne seriez pas un groupe de blues refoulé ?
Oui. Je ne sais pas si refoulé est le bon terme, mais moi, personnellement, j'aime le blues. Mon premier groupe était un groupe de blues. Clairement, le blues fait partie de nos influences fortes.

Oui, ça s'entend. Même sur les morceaux acoustiques.
C'est ce qu'on aime ces sonorités. C'est pour ça que l'on trouve des instruments qui nous permettent de tordre les notes. Les harmoniques, les fameuses Blue Notes. Les instruments permettent ça. Sur le plan vocal également, c'est ça que j'aime. Donc, oui, on est un groupe de metal, mais aussi un groupe de blues.

Oui, c'est un peu votre identité musicale.
Oui, un peu. Après, on est quatre, avec des influences différentes. On va donc chercher des choses différentes. Et avec le temps qui passe, je pense qu'on ne s'interdit presque plus rien. Certains titres, comme les acoustiques, sonnent blues, mais d'autres sont plus extra-terrestres. Et je pense qu'on va continuer à laisser s'exprimer ces choses-là.

Sur chaque album, vous arrivez à surprendre musicalement, et celui-ci ne déroge pas à la règle. Des riffs blues et psyché dans du gros son hyper agressif parfois. D'où vous viennent toutes ces idées ? Comment travaillez-vous ?
Sur cet album, on a évolué sur notre technique de composition. Aurélien, notre batteur, a composé un certain nombre de titres de l'album. Alex, le guitariste, aussi. Ce sont eux qui arrivent avec des bases instrumentales. Moi, en tant que chanteur principal, car on est tous un peu chanteur dans le groupe, je compose la plupart du temps les paroles et les voix. Ensuite, on retravaille ça ensemble, pour les harmonies vocales d'un morceau, pour le tester en répétition, le faire évoluer. Et au final, le studio, où là aussi, ils vont évoluer sous l'influence de Francis Caste qui est à l'enregistrement. Lui aussi a des idées, et les techniques d'enregistrement vont permettre d'autres choses, d'autres sonorités. C'est comme ça qu'il se retrouve sur l'album. Ensuite, on travaille et on prépare également nos concerts en adaptant les morceaux à la scène. Il y a des choses qui sont possibles sur scène, mais d'autres uniquement en studio.

Du coup, lors des compositions, vous ne pensez pas nécessairement au live ?
Exactement. On fonctionne étape par étape. On essaie de faire le morceau le plus abouti et le plus intéressant possible. On essaie de retransmettre cette image mentale que l'on a d'un morceau en sons. Et ensuite, lorsqu'on est en studio, on essaie de faire évoluer tout ça. Et pour le live, c'est encore une autre approche. Quand on enregistre, on sait que certains morceaux ne seront jamais joués sur scène, car on sait que cela ne rendra pas bien. Ils n'auront pas les effets recherchés. On avance pas à pas, sans forcément savoir ce que sera le final. C'est pour ça que parfois, on se retrouve à jouer des morceaux sur scène, avec des modifications par rapport à ce que l'on a fait en studio. Chaque univers est différent.

Je n'ai pas posé la question avant, mais est-ce un concept-album ?
Ah, c'est une question compliquée ça. Disons qu'il y a forcément une idée de thématique, d'ambiance ou de ressentis. Et un album est une étape dans la vie d'un groupe, mais également dans la nôtre en tant qu'individus. Donc, on va retrouver des fils rouges. Souvent, avec concept-album, on sous-entend que tous les morceaux traitent d'un même thème, mais ce n'est pas notre cas. Chaque morceau est écrit individuellement et indépendamment des autres, mais il y a une ambiance qui se dégage. Du coup, je ne saurais te dire si nous avons ou pas enregistré un concept-album.

Alors quels sont les thèmes que vous abordez ?
Cela correspond beaucoup à mes ressentis personnels. Des émotions, des impressions, des événements, des étapes. C'est ce que j'essaie de retranscrire, des réflexions personnelles sur la vie, le temps, la mort, l'identité, la folie. Ce sont ces types d'impressions que je vais traiter de façon allégorique, plutôt par allusions ou par images. Et il en ressort des textes qui permettent à chacun de se projeter dans les morceaux pour faire jouer leurs propres imaginations et leurs propres ressentis. C'est plutôt ça que j'aime faire, plutôt que d'essayer de raconter une histoire. C'est ce qui m'intéresse dans une chanson lorsque je l'écoute, c'est pouvoir me projeter à l'intérieur. Imaginer les choses plutôt qu'on me les raconte par A plus B.

Y a-t-il un titre que vous allez mettre en avant sur cet album ? Si oui pourquoi celui-là ?
On a sorti deux clips vidéo, donc forcément ce sont ces titres qui ont été mis en avant. « The Coming Wind » et « Flowers & Feathers ». Ensuite, nous avons sorti un single, « 225 ». Prochainement, nous allons sortir un autre clip pour « Blue Times », qui est un des morceaux acoustiques de l'album. Et à plus long terme, on sortira un quatrième clip pour le titre « Six-Pointed Star ». C'est un morceau qui me tient particulièrement à cœur qui est joué avec la Lap Steel guitar. Ce sont ces morceaux-là qui sont mis plus en avant, même si dans le groupe, chacun a ses morceaux préférés. Moi, par exemple, j'adore « Auburn » qui est un autre titre acoustique.

L'album ou le EP précédent était acoustique. C'est un exercice qui vous a plu ?
Oui. Plus ça va, plus on utilise aussi ces ambiances acoustiques sur nos albums. Sur « Flowers & Feathers », il y a trois titres acoustiques. Sur l'EP, c'était un challenge qui nous a énormément plu qui était de réinterpréter certains de nos morceaux entièrement, en ne gardant que les paroles. On a recomposé les morceaux, avec de nouvelles mélodies et des nouvelles lignes de chant, de nouveaux instruments, et ça a été un super kif. Et du coup, on est en train de terminer l'enregistrement d'un deuxième EP acoustique qui devrait sortir l'année prochaine.

Du coup, on pourrait peut-être même voir des concerts acoustiques ?
Tout à fait. On a déjà un set acoustique. Pendant ces concerts-là, on jouera les titres acoustiques de nos différents albums, car il commence à y en avoir un certain nombre au bout de cinq albums. Et on va également réinterpréter certains de nos morceaux électriques différemment. On est parti pour développer cette facette du groupe. Et je pense que plus tard, on regroupera ces deux EP pour n'en faire qu'un.

Quelles évolutions musicales notes-tu depuis les débuts ?
On progresse dans la maîtrise de nos instruments respectifs. Donc ça nous ouvre de nouvelles portes. Parmi les évolutions principales, je l'ai évoqué tout à l'heure, c'est qu'on ne se met plus de limites. On est maintenant ouvert à tous types de musique. On n'a aucun à priori sur ce qu'on peut faire ou ne pas faire. Il ne faut pas absolument avoir un couplet/refrain. On est vraiment très ouvert. En plus de l'harmonica qu'on avait à nos débuts, on a maintenant plus d'instruments avec lesquels on évolue. Les harmonies vocales se sont profondément développées. Et c'est quelque chose qu'on adore chanter à plusieurs. En termes de son. On a un son qui est de plus en plus naturel. On a de moins en moins de corrections, de triger. Au début, on était obligé de se cacher derrière l'ordinateur, chose qu'on ne fait plus maintenant. Aujourd'hui, on laisse sonner ces petites imperfections qui sont et qui font plus humaines. C'est plus organique. Dans les évolutions, il y a aussi quelques changements de line up. Pas beaucoup, car en presque vingt années de carrière, on est presque tous les mêmes qu'au départ.

Les questions rituelles pour conclure cette interview : peux-tu définir le groupe en deux ou trois mots ?
Je dirais : Emotion, Singularité, Sincérité.

Et dernière question : quel est le dernier morceau ou le dernier album que tu as écouté ?
Alors, à titre personnel, j'écoute pas mal de flamenco. Principalement un chanteur, Camarón de la Isla. Je ne pourrais pas te donner un titre en particulier, car il a sorti au moins une vingtaine d'albums, mais voilà ce que j'écoute en ce moment.

Merci beaucoup pour cette interview. Et j'aime bien cet album, bien dans votre style. Et un joli mélange des musiques que j'aime.
Merci beaucoup, c'est gentil. À très bientôt.

Propos recueillis par Yann Charles – Photo : Christiane Tastayre