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Ecrit par Yann Charles |
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mercredi, 19 octobre 2022
THE FOXY LADIES
https://thefoxyladies.fr/
https://www.facebook.com/thefoxyladiesband
Rencontre avec Lucianne du groupe The Foxy Ladies. Elle nous parle
de ce combo de filles lyonnaises, mais aussi de « Not Sorry », le
dernier album du groupe. Un rock'n'roll brut, provocant, libre et
sauvage. Et un quatuor explosif sur scène.
Salut. Peut-on faire un petit rappel de qui sont
The Foxy Ladies ?
Nous sommes originaires de Lyon. Nos influences sont grunge,
punk et metal. Pour la petite histoire, le groupe tire son nom du
célèbre titre d'Hendrix, « Foxy Lady ». Provocation rock'n'roll,
c'est aussi une façon de se jouer des clichés sexistes, le tout en
ramenant le rock à un essentiel WILD.
On va parler de votre nouvel album, « Not Sorry ». Où nous
entraînez-vous avec cet album ?
On souhaite vous emmener loin et de façon insidieuse, peut-être
tout près … Dans un monde post-apocalyptique ! La pochette évoquant
Sin City ou encore Sucker Punch, nous avons voulu faire de la femme
l'héroïne d'un monde en perdition. Ainsi, les titres abordent des
thèmes très urgents comme l'impact de l'homme sur son environnement
(« Conquest Of The Sun », « Find A Way » ou encore « Anthroposin »,
titre tiré de la contraction d’anthropocène et sin), la place des
femmes dans les sociétés (« Blossom With The Moon »), mais aussi des
questionnements plus personnels, explorant certaines de nos
névroses, notamment la difficile conciliation entre animalité et
nécessaire sociabilité …
Le titre « Not Sorry » prévient que vous allez bousculer les
choses ... Sans remord ?
C'est un titre assumé. Disons que nous avons décidé de lever les
filtres, tant sur notre créativité qu'on a décidé de ne pas borner à
un style musical, que sur les thématiques abordées. L'idée a été
d'aller là où on voulait, sans se limiter. Aussi, on s'est dit qu'un
peu de provocation, ça faisait du bien. On en a assez des remarques
sexistes alors oui, on a mis le paquet sur la pochette : on est un
groupe majoritairement féminin, et alors, doit-on nécessairement
porter des robes à fleurs ? La réponse est : seulement si on le veut
! Enfin, le dernier et premier sens à ce titre a pour objet cette
façon décomplexée que l'humain a de tout détruire … L'instinct de
survie dévorera-t-il l'égocentrisme ou l'exacerbera-t-il ?
Votre premier album était déjà bien énervé, mais là, boum, vous
vous lâchez encore plus ?
L'idée n'était pas d'être énervé.es, mais d'être en phase avec
nos émotions. Certains titres sont d'ailleurs beaucoup plus nuancés,
contemplatifs (« Weird Loves », « Anthroposin »). Néanmoins, si on
l'air énervé.es, c'est peut-être qu'on l'est un peu, sur pas mal de
titres. En tous les cas, la scène est un bel espace pour se libérer
! Et si certains titres sont plein de colère, nous avons aussi de
l'énergie positive à revendre (« Vulture Dance ») !
Comment vous pourriez le définir musicalement ? On trouve
beaucoup de styles différents ?
Difficile de se définir en effet … Le doit-on ? A défaut, on a
tendance à dire que l'on fait du wild-rock, simplement pour dire
qu'on va là où nos instincts, nos émotions nous portent …
Cet album est plein de contrastes, voire de contradictions, fun
et psycho, poésie sombre et troublante, alors que la poésie est
normalement plutôt délicate et touchante ? C'était quoi votre
idée, tout bousculer ?
Sommes-nous sincèrement des êtres délicats et touchants ? Oui,
là encore, l'idée était de lever les limites, les filtres. Gabi, qui
écrit les textes, a complétement lâché les rênes et s'est laissé
porter par ce qui l'imprègne. Ayant un parcours pro baigné de
biologie, d'écologie, elle n'a pas hésité à simplement laisser les
mots s'imposer, sans se poser de question sur leur technicité ou
leur simplicité. Si en sciences, il faut être objectif et rationnel,
dans la musique et l'art, on devrait pouvoir être tout à la fois.
C'est une revendication. Personnelle et universelle. Les émotions,
mêmes sombres et troublantes, ont leur place ici puisqu'elles
existent et reflètent une urgence. Là encore, personnelle ou
universelle.
Pourquoi ce choix de concept album ? Pour mieux vous concentrer
sur un sujet bien précis ?
Nous voulions raconter une histoire, une histoire portée par une
héroïne, qui traverse nos morceaux et leurs univers respectifs.
Aussi, Gabi est un peu obsédée par l'idée de système, au sens large.
Elle aime voir apparaître les liens entre les choses. Parce qu'elles
en ont. Ainsi, cet album propose une trajectoire, celle d'un monde
en déperdition, où tout est lié ...
Comment avez-vous travaillé pour cet album ?
La composition ayant démarré juste avant la crise sanitaire et
les confinements successifs, la situation nous a poussé.es, comme
pour pas mal de monde, à nous adapter et à revoir notre mode de
fonctionnement. Nous avons donc dû travailler à distance, et au
final, on est très contents et fiers de ce que l'on sort
aujourd'hui. Avec « Not Sorry », on peut dire qu'on n'a rien lâché
pendant ces deux années difficiles, essayant de mettre à profit le
temps dont on a disposé. Pour ce qui est de la composition, le duo
guitare-chant est ce que l'on pourrait qualifier de symbiotique.
Lucianne arrive avec des propositions à la guitare. Celles-ci
passent par l'épreuve du ressenti et de l'imagination et Gabi se
greffe alors au processus, et quand la magie opère, les mélodies
chantées et les textes viennent à leur tour façonner l'embryon de
morceau. Suite à une phase d'échanges, les idées se développent et
mûrissent. Puis lorsque celles-ci sont assez avancées, que la
structure de la composition est claire et que certains arrangements
posent les ambiances, elles sont présentées à Emilie et Alex qui, à
leur tour, apportent des idées d'harmonies et de rythmiques pour
enrichir le tout.
En parlant de scène, je ne vous demande pas si cet album a été
taillé pour la scène, c'est une évidence que c'est là qu'il va
s'exprimer le mieux ?
Nous avons hâte d'expérimenter nos morceaux sur scène, l'énergie
que nous donne le public les transforme ! Alors, on les redécouvre !
On a vraiment hâte ! Ah, mais ça, on l'a déjà dit.
Le premier album était finalement un galop d'essai. Avec « Not
Sorry », vous affirmez encore plus votre identité musicale ?
Nous avons évolué ensemble et la musique que l'on joue
aujourd'hui est celle qui nous ressemble. Depuis « Backbone », nous
n'avons cessé de travailler tout en nous nourrissant de nouveaux
groupes et d'univers artistiques. On espère avec « Not Sorry » avoir
réussi à produire un ensemble cohérent et riche en couleurs.
Un petit mot sur la cover à la fois provocante et violente, qui a
eu l'idée ?
On voulait partir cette fois sur une photographie plutôt qu'un
dessin, car nous avions envie de quelque chose de très impactant
visuellement parlant. L'idée est venue en parlant tous ensemble et
au fur et à mesure que l'univers musical de « Not Sorry » se
précisait.
Dernières questions rituelles chez nous : pouvez-vous définir le
groupe en deux ou trois mots ?
Protéiforme, sauvage, incandescent.
Et pour terminer, quel est le dernier morceau ou le dernier album
que vous avez écouté ?
Lucianne : Stiff Richards, l'album « Dig »
Gabi : Sir Chloe, « Animal »
Emilie : Tides Of Man, « Young And Courageous »
Alex : Cold Kingdom, « The Moon And The Fool »
Un super album, violent, puissant, bien dans le style que j'aime.
Vivement l’occasion de vous découvrir sur une scène.
Un grand merci pour ces compliments et à bientôt en concert !
Propos recueillis par Yann Charles
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