Ecrit par Fred Delforge |
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lundi, 03 octobre 2022
Lonely traveller
(Delmark – 2022)
Durée 58’52 – 13 Titres
https://delmark.com/product/665/
Connu pour sa très forte implication sur la scène blues de Chicago
dont il était natif, Jimmie Lee Robinson a été musicien de session
pendant des années avant de s’octroyer une pause de près de dix
années pour mieux revenir sous le feu des projecteurs au cours des
années 90 et commencer à proposer ses propres albums et ses propres
morceaux. Remarqué du côté de Maxwell Street alors qu’il n’avait que
onze ans, le jeune homme rencontrera Eddie Taylor peu avant sa
majorité et travaillera avec lui près de trois ans avant de fonder
les Every Hour Blues Boys avec un certain Freddie King, puis de
rejoindre Little Walter, Howlin Wolf ou encore Magic Sam. Parti en
tournée en Europe avec Buddy Guy, Big Mama Thornton et John Lee
Hooker dans le cadre de l’American Folk Blues Festival, Robinson
connaitra une baisse de popularité à la fin des sixties et remisera
même les amplis dans les années 80 avant de rejoindre Delmark pour
qui il enregistrera pas moins de cinq albums. Luttant activement
contre la gentrification de Maxwell Street, le bluesman composera «
Maxwell Street Teardown Blues » et fera une grève de la faim pendant
quatre vingt un jours avant que cet endroit mythique ne soit détruit
dans sa quasi-intégralité. Converti à l’Islam en 2000, Robinson
apprendra qu’il a un cancer incurable début 2002 et sera retrouvé
mort dans sa voiture au début du mois de juillet après s’être donné
la mort d’une balle dans la tête pour abréger ses souffrances. Vingt
années plus tard, Delmark lui rend hommage en rééditant son premier
album datant de 1994, « Lonely Traveller », un ouvrage sur lequel il
interprète en compagnie de Johnny Burgin et Dave Waldman aux
guitares, Scott Dirks aux harmonicas et Steve Cushing à la batterie
une grosse douzaine de titres issus de sa plume bien entendu, mais
aussi empruntés à l’occasion à Magic Sam (« Easy Baby »), Lightnin'
Hopkins (« Can't Be Successful »), Roosevelt Sykes (« 44 Blues ») et
Big Bill Broonzy (« Key To The Highway »). On y retrouve un groupe
au talent exceptionnel et au feeling impressionnant porté par un
chanteur et guitariste qui met tout son poids dans la balance pour
la faire pencher du côté d’un Chicago Blues de toute beauté
interprété avec un mélange de ferveur et de foi et on se régale
jusqu’à satiété de morceaux comme « Twist It Baby », « I'll Be Your
Slave », « All My Life », « Times Are Getting Harder », « Robinson's
Rang Tangle » et bien évidemment « Lonely Traveller ». Un grand
album de blues à découvrir ou à redécouvrir d’urgence !
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