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LEMAN BLUES FESTIVAL 2022
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Ecrit par Fred Delforge |
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dimanche, 18 septembre 2022
LEMAN BLUES FESTIVAL
LEMAN BLUES FESTIVAL
PLACE DE LA LIBERATION – ANNEMASSE (74)
Les 16 et 17 septembre 2022
https://www.leman-blues-festival.com
Vendredi 16 septembre :
A peine arrivé à Annemasse par le Léman Express, c’est avec LeanWolf
que l’on démarre cette deuxième édition du Leman Blues Festival et
d’entrée de jeu le ton est donné, si la dominante de la soirée sera
forcément mâtinée de blues, il faudra également compter sur les
teintes rock les plus solides et ça promet pour la suite. Porté par
un guitariste inventif, Quentin Aubignac, le quartet qui a ouvert
pour des artistes comme Lucky Peterson ou Keziah Jones ne va pas
donner dans la demi-mesure et nous proposer un set court mais bien
construit, montant rapidement dans les tours avant de nous offrir un
final plein de grâce sur un titre qui parle de dépression et qui
mélange le blues lent et les accents psychédéliques. Le public qui
est arrivé pendant la petite heure qu’a duré le set n’a pas fait le
déplacement pour rien !
Le temps d’un inter-plateaux assuré par Red Retam et c’est déjà à
One Rusty Band de monter sur la belle scène du Leman Blues Festival
pour nous présenter ses classiques bien entendu, mais aussi les
morceaux de son nouvel album, « One More Dance », à paraitre
incessamment. Toujours aussi puissant et inspiré, Greg nous régale
de sa voix délurée, de ses instruments bricolés et de son jeu
inspiré tandis qu’à ses côtés, Léa n’en finit plus de danser et de
bondir, faisant résonner la scène de ses claquettes pleines de magie
mais aussi à l’occasion de son washboard qui ne manque jamais de
surprendre un public fait en grande partie de gens qui découvrent le
blues, festival gratuit aidant. Capable de séduire par son
originalité mais aussi par ses sonorités rugueuses, One Rusty Band
trouvera ce soir encore la clef qui lui ouvrira en grand les portes
d’une assistance définitivement conquise. Pour leur retour au pays,
ces ex-frontaliers désormais installés en Bretagne n’ont pas manqué
leur coup.
On reste en Bretagne avec cette fois des vrais de vrais, des purs et
durs, les Wacky Jugs, que l’on retrouve de plus en plus loin de
leurs terres d’adoption depuis qu’ils ont remporté avec brio
l’International Blues Challenge à Memphis en mai dernier. Revisitant
à sa manière les Sleepy John Estes, Washboard Sam, Leadbelly et
autres Memphis Jug Band, le quintet a réussi à se trouver un son
construit autour de la mandoline de son leader et chanteur mais
aussi d’une contrebasse, d’un accordéon et d’un harmonica qui
pétille à chaque instant. On y ajoute une batterie solide et voilà
un groupe qui n’en finit plus de surprendre et qui sait le démontrer
puisqu’outre leur victoire aux Etats Unis, les Wacky Jugs s’étaient
adjugé en 2021 le tremplin des RDV de l’Erdre à Nantes et le
Challenge Blues Français. Proposant ce soir un subtil mélange de
reprises et de compositions, Jack Titley et consorts vont eux aussi
créer la surprise auprès d’un public qui ne savait pas forcément que
le blues ne se limite pas aux guitares puissantes et au couleurs
rapportées de Chicago. Une belle leçon de choses pour un public qui
une fois encore apprécie.
C’est avec Ana Popovic que nous refermerons les portes de cette
première soirée et c’est avec un band agrémenté de cuivres que la
diva originaire de Serbie mais aujourd’hui installée de l’autre côté
de l’Atlantique va s’efforcer de convaincre avec un jeu de guitare
véloce et une voix qui prend de la rondeur avec les années. A ses
côtés, le groupe n’est pas en reste avec un bassiste qui n’en finit
plus de faire le show et qui complète avantageusement un show qui
n’est jamais rectiligne et qui s’attache à avancer dans des domaines
qui ne se restreignent plus au rock et au blues rock comme Ana
Popovic l’a fait pendant longtemps. Très attendue par un public à
qui elle avait été soigneusement vendue et qui restera face à la
scène, bravant un vilain crachin qui prendra de l’envergure jusqu’à
la fin de la soirée, la chanteuse et guitariste marquera forcément
les esprits en donnant avantageusement le change et réussira même à
regagner l’estime de quelques anciens amateurs avisés qui
apprécieront une évolution musicale qui ne manque pas d’intérêt.
Pari réussi pour une équipe d’organisation qui nous a joué un bon
tour ce soir !
Samedi 17 septembre :
Après un déjeuner entre amis, on redémarre sans le moindre temps
mort à 16 heures pétantes avec Freddie & The Cannonballs,
formation transalpine qui va venir nous proposer un blues plein de
saveur et de subtilité servi par un chanteur bassiste très
charismatique et par une paire de solistes qui ne se prend pas au
sérieux, que ce soit à la guitare ou aux claviers. Ajoutez deux
cuivres qui donnent de la couleur aux morceaux et nous voilà partis
sans aucune arrière-pensée du côté d’un blues qui lorgne ouvertement
du côté du swing ou encore du jump. Le public, pas encore très
nombreux à cette heure, se montrera réceptif à des relectures comme
« Flip, Flop, Fly » qui font à chaque fois le même effet sur les
foules. Croustillant à souhait, le show de Freddie & The
Cannonballs installera cette seconde journée de festival sous les
meilleurs auspices, d’autant plus que le soleil a décidé d’être de
la partie.
On change de registre pour aller faire un tour du côté des musiques
tribales mâtinées de blues et de rock avec Little Big 6ster qui va
venir nous régaler de ses sonorités puissantes et de sa grosse
énergie communicative. Sélectionné lors du Mississippi Blues Trail
Challenge cet été à Cahors, le quintet breton ne cache pas son
plaisir de se produire aussi loin de ses terres et s’efforce de
donner le meilleur de lui-même non seulement musicalement mais aussi
visuellement, sortant l’artillerie lourde avec tout ce qui va bien
avec, de la tuque jusqu’au didgeridoo. Conjuguant avec beaucoup
d’intelligence les dissonances et les harmonies, Little Big 6ster va
une fois encore nous sortir le gros show qui fait mouche et marquer
des points auprès d’une assistance qui commencera à battre en
retraite à la fin de son set, quand le soleil commencera à décliner
et que la fraicheur commencer à s’installer durablement.
Depuis hier, Red Retam anime les inter-plateaux non loin de la
boutique et il est temps pour nous d’aller assister à leur show
déjanté mélangeant electro, rock et gros délires. Le public se masse
en face du trio et assiste, parfois un peu médusé, à la débauche
d’énergie que ces trois routiers au long cours du rock, une musique
dont ils sont de fervents amateurs, nous proposent avec beaucoup
d’humour mais aussi avec une envie de marquer les esprits tout en
faisant ce qu’ils aiment le plus, faire la fête tout en faisant
vibrer leurs instruments. Ceux qui les ont ratés sur cet avant
dernier passage du week-end auront droit à une séance de rattrapage
à l’espace VIP au prochain intermède !
Changement de registre cette fois avec le Reverend James Leg,
artiste biberonné au gospel, au bourbon et au rock des 70’s dans une
famille texane où le père était pasteur. Loin de suivre la trace
paternelle, James Leg choisira de prêcher pour une autre paroisse
que celle du seigneur et c’est à grand renfort de son Fender Rhodes
qu’il commencera à jouer un blues franc et massif, souvent poisseux,
toujours explosif. Avec pour seul accompagnement un batteur qui
imprime le rythme, cet enfant du Sud profond des Etats Unis va nous
en mettre plein les yeux et plein les oreilles, ne ménageant à aucun
moment ni sa voix, ni son instrument, et haranguant à coup de «
Dirty South » et autres « Drink Too Much » une foule certes un peu
moins nombreuse, heure de l’apéritif et des premières agapes de la
soirée oblige, mais extrêmement motivée et surtout très réactive aux
intervention d’un artiste qui ne parle pas le Français mais qui fait
quand même l’effort de placer quelques mots dans notre langue de
temps à autres. Un grand moment !
On ne présente plus Gaelle Buswel, artiste incontournable de la
scène française mais aussi internationale que l’on croise
régulièrement en première partie des plus grands noms du rock, de
Ringo Starr à ZZ Top. A peine rentrée du Kazakhstan où elle a
participé à un festival réputé, celle que l’on présente souvent
comme le juste milieu entre la folk, le rock et le power blues va
une fois encore laisser une empreinte indélébile sur une assistance
qui s’est massée devant le groupe pour ne pas en manquer une miette.
Une rythmique absolument parfaite, un complément idéal entre des
claviers aériens et une guitare incisive mais superbement dosée,
rien ne manque pour que le gros show de Gaelle Buswel soit
irréprochable, et surtout pas ce mélange de charisme, de bonne
humeur et de gentillesse qui caractérise cette artiste qui, comme
les plus grands champagnes, pétille à la perfection, ni trop, ni
trop peu. Revisitant allègrement les titres de son dernier effort en
date, « Your Journey », le quintet piochera à l’occasion dans ses
anciens ouvrages et refermera tout naturellement sa prestation du
soir par un de ses vieux classiques, « So Blue ». Ceux qui
découvraient Gaelle Buswel ce soir sont assurément devenu de
nouveaux fans ! Les autres savaient à quoi s’attendre et ils n’ont
pas été déçus.
La température a encore baissé d’un cran et c’est un Little Bob tout
refroidi qui vient prendre place sur la scène aux côtés de ses Blues
Bastards au sein desquels on reconnait forcément l’indéboulonnable
Gilles Mallet, riffeur hors pair qui continue à entretenir la flamme
aux côtés de celui qui est incontestablement le plus ancien pilier
du rock dans l’hexagone. Little Bob, c’est du bonheur à l’état brut,
un artiste buriné par le temps, par la route et par le rock, mais un
artiste intègre et unique en son genre qui ne fait jamais semblant
et qui joue chacun de ses morceaux comme si c’était la dernière
fois, donnant tout ce qu’il a en lui pour que le rock en ressorte à
chaque fois un peu plus fort. Soutenant leur boss avec beaucoup de
talent, les Blues Bastards vont lui installer une base bien stable
pour qu’il puisse combler un public nombreux et compact venu
spécialement pour lui, un public qui apprécie et qui le fait savoir
en accompagnant le mouvement sur des classiques comme « Ringolevio »
par exemple. En livrant ce soir un show comme il sait si bien en
donner, quand bien même on sent forcément que la légende a l’âge de
ses artères, Little Bob a contribué une fois encore à écrire une
page de la légende du rock, un livre qui ressemble à s’y méprendre à
l’histoire de sa vie.
Le froid, la fatigue et un léger manque de confort nous pousseront à
faire l’impasse sur le dernier concert du Leman Blues Festival,
celui de Thorbjørn Risager & The Black Tornado, un choix motivé
en partie parce que nous avons eu l’occasion de le voir à deux
reprises depuis le mois de juin, à Malmö en marge de l’European
Blues Challenge et lors du Cahors Blues Festival. Le temps de
regagner l’hôtel située à seulement quelques centaines de mètres et
il ne nous restera plus qu’à remercier chaleureusement tous les
bénévoles du Leman Blues Festival mais aussi une équipe technique au
top, et bien évidemment à saluer tous les amis artistes,
photographes, médias ou festivaliers avec qui nous avons eu la
chance de partager quelques instants, parfois un petit-déjeuner, ou
même une choucroute, voire tout simplement une bouteille d’eau
durant ce week-end !
Fred Delforge – septembre
2022
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