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Ecrit par Yann Charles |
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dimanche, 11 septembre 2022
YAROTZ
https://yarotz.com
https://www.facebook.com/YAROTZ
Une rencontre avec Fabien et Vincent du groupe Yarotz qui reviennent
nous parler de leur excellent album « Erinyes » sorti cette année.
Un groupe à suivre de très près. Et un entretien dans la bonne
humeur avec deux gars fort sympathiques.
Salut les gars.
On peut faire un petit rappel de qui est Yarotz ?
Fab : Salut. Alors Yarotz est un trio du Sud-Ouest qui existe
depuis 2019. Il est constitué de moi-même, Fabien, guitare/chant,
Vincent, ici présent, basse/chant et de Enzo à la batterie. On
mélange le punk, hardcore, metal extrême, le post metal. C'est très
difficile de nous mettre une étiquette. C'est assez varié. Et on a
sorti notre premier album cette année !!
On va parler de ce nouvel album, « Erinyes ». Déjà, quelle est la
signification de ce nom étrange ?
Fab : Ce sont les déesses vengeresses dans la mythologie
grecque. Ce sont les déesses qui persécutent les âmes des personnes
qui n'iront pas au paradis. C'est l'origine du nom de cet album.
Et vous vous sentez ces âmes-là ?
Fab : Non. On est dans une situation aujourd'hui avec le
réchauffement climatique, la guerre, les épidémies, où on paye les
conséquences de certaines choses qui ont eu lieu dans l'histoire de
notre société. Un jour ou l’autre, il faut payer ces erreurs. Et
notre musique est très centrée sur un côté exutoire autant dans les
textes que dans la musique elle-même. C'est ce qui a transparu à la
fin quand on a réfléchi au nom de l'album. L'idée de base, c'est ce
qu'on a retranscrit sur la pochette, c'est la pesée de l'âme dans la
mythologie égyptienne. Si son cœur est léger, il va au paradis,
sinon il se fait dévorer par Seth. Et de là, on a rebondi sur les
Erinyes. Chez les Romains, ce sont les Furies, et que ce soit chez
les Grecs ou chez les Romains, si elles te prennent en main,
généralement tu passes un sacré mauvais moment. (Rires)
L'album est noir, profond, quels thèmes développez-vous ou peut
être abordez-vous dans « Erinyes » ?
Fab : On ne développe pas principalement le sujet des Erinyes.
Ce n'est pas un album conceptuel. Tous les textes sont en réaction à
des faits de notre société. Je prends l'exemple de « Impunity ». On
a entendu parler d'un gars qui s'appelle Gabriel Matzneff et tu
apprends qu'il a été pédophile pendant trente ans, mais tout le
monde a toléré car c'était un grand lettré. Et nous, on utilise la
musique pour dénoncer ce genre de choses qui sont des faits graves.
C'est le contexte qui vous a inspiré pour cet album ?
Fab : malheureusement, des histoires comme ça, il y en a plein.
Pareil pour ce qu'on dénonce dans les autres titres. Bon, par
contre, on n'aborde pas la pandémie. Ce n'est pas un sujet dont on
voulait parler.
Vincent : surtout qu’on a écrit la plupart des textes avant la
pandémie. Mais je pense que cela aurait été une inspiration si elle
avait été là au moment où on écrivait. Mais comme l'a dit Fabien, on
s'inspire beaucoup de faits divers et de l'actualité. En fait, on
parle vraiment des choses qui nous tiennent à cœur.
Vous écrivez spontanément, je veux dire quelque chose qui vous
interpelle, vous écrivez immédiatement, ou bien vous vous laissez
le temps de la réflexion pour revenir dessus plus tard ?
Vincent : De par mon métier, je voyage beaucoup, souvent en
avion, et c'est quand je n'ai plus de connexion que je me pose dans
mes pensées. J'ai une phrase ou deux qui me viennent à l'esprit, et
j'enchaîne. Un titre, je l'écris en une heure ou deux. C'est assez
spontané oui. Après, pour Fabien, c'est peut-être autre chose.
Fab : Pareil. Et, en fait, ça fait un bien fou de se libérer avec
ces écrits. Il y a vraiment un côté thérapeutique.
Vincent : Il y a des groupes qui dénoncent. Nous, c'est plutôt de
l'ordre du constat. Et surtout cela nous permet de nous synchroniser
avec la réalité.
Je trouve cet album violent, ou agressif musicalement. Les riffs
et l'atmosphère sont très lourds, pesants, il me semble plus
violent que les précédents ?
Fab : Oui je pense. En tous cas pour moi, par rapport à ce que
j'ai pu faire avant, c'est le plus violent oui. Après, il n'y a pas
que de la violence. C'est ce que j'aime dans ce projet. Ce n'est pas
un album de grind qui dure quinze minutes. Musicalement, on essaie
d'aller plus loin que juste dans des riffs bourrins. Mais je prends
comme un compliment ce que tu viens de dire. On a quand même cherché
cet effet "pain dans la gueule" quand tu écoutes le disque. C'est
pour ça qu'il n'a pas d'intro dans cet album, c'est pour que tu te
prennes le riff direct.
Comment pourriez-vous le définir musicalement, car même au sein
des morceaux, il y a des changements de rythmes, d'atmosphères, on
dirait du déstructuré, mais maîtrisé. Je pense en particulier à «
Childish Anger » par exemple.
Je pense que cela vient de nos références comme Converge ou The
Dillinger Escape Plan qui sont nos ADN musicaux. Mais c'est vrai que
ce côté déstructuré n'est pas forcément quelque chose que l'on
cherche, et ça vient assez naturellement. Notre but n'est pas de
faire quelque chose de chaotique, mais plutôt quelque chose de cool,
mais qui envoie.
Vous parlez de psychostasie dans cet album.
Qu'est-ce qui vous a emmené à explorer ce sujet ?
Fab : La psychostasie c'est la pesée de l'âme comme on disait
auparavant. Dans la vie, on se pose toujours des questions. Et moi,
la question qui revient le plus souvent, c'est "Pourquoi tout ça ?",
"Pourquoi ne pas essayer de faire le bien un maximum autour de nous
?". Je ne pense pas qu'il y aura une pesée de l'âme à la fin, mais
j'essaie d'avoir un impact positif sur notre vie de tous les jours.
Et c'est génial cette idée de pesée de l'âme à la fin. Imagine. Je
pense que tout le monde n'aurait pas le même comportement. Et
franchement, j'aime bien cette idée-là. C'est ce qu'on essaie de
retranscrire dans la pochette. Cet être végétal qui tend un cœur
humain à un animal.
Pour cet album, il faut partir avec à l'esprit qu'il y a quelque
chose après ?
Fab : Non. On ne va pas aussi loin. On ne développe pas ce genre
de sujet. La religion, c'est quelque chose qui est personnel qu'on
ne veut pas forcément partager. Et on est très critique envers les
religions. C'est un de nos titres qu'on a appelé « BMAP ». Et on est
vraiment critique sur ça, même si les religions sont importantes. A
un moment, dans notre vie, on peut être emmené vers la religion pour
différentes raisons. Je ne sais même pas si on a déjà parlé de nos
fois à chacun. Vincent et moi, on se connaît depuis plus de vingt
ans et je ne pense pas qu'on ait eu des discussions sur la foi.
Vincent : Je pense qu'il ne faut pas le faire. (Rires)
Vous naviguez large dans vos inspirations car le titre « Erinyes
» se rapporte à la mythologie grecque, et la psychostasie plutôt
de l'univers de l'Egypte Ancienne, vous êtes passionnés d'histoire
?
Fab : Personnellement, je m'intéresse à beaucoup de choses. On
est ouvert, on est intéressé par beaucoup de domaines, dont ceux-là.
Vincent : On est curieux.
Fab : Et puis toutes les mythologies ont les mêmes racines, les
mêmes origines, voir les mêmes développements. Que tu sois en Egypte
ou dans les pays scandinaves. Les Erinyes ou les Furies existent
dans deux mythologies différentes, d'époques différentes, mais
pourtant, ce sont les mêmes choses.
La pandémie vous a-t-elle permis de travailler peut-être plus que
ce que vous aviez prévu vos compositions ?
Vincent : Oui. Carrément. On était bloqué à la maison, avec
comme unique moyen de se vider la tête la musique. On a insisté pour
travailler des choses qu'on n'aurait sûrement pas travaillées en
temps normal. Par exemple, on a placé pas mal de chants clairs, ce
qui est une première pour nous deux. On n'est pas des chanteurs
innés Fabien et moi. On a commencé le chant il n'y a pas si
longtemps et c'était parfait pour se dégager du temps pour pouvoir
travailler le chant.
Comment vous avez travaillé pour cet album ? Ensemble, à distance
? Comment s'est déroulé le processus de création ?
Vincent : Beaucoup à distance. On a réussi à se voir quelques
fois pour voir ce que cela donnait tous ensemble, mais comme on est
pas mal équipés, les compos se font faites comme ça.
Pour le futur, vous allez garder ce système de création à
distance ?
Vincent : On a vraiment tous les outils pour faire comme ça. Et
puis on n'a pas vraiment le choix, car géographiquement, on n'est
pas au même endroit. Moi, je suis à Nantes et Fabien et Enzo du côté
de Dax. Eux peuvent se voir assez fréquemment pour développer
musicalement en faisant des répètes et poser les bases d'un morceau.
Et moi, pour la basse, je travaille les morceaux à distance. Ce qui
fait que j'ai quand même un certain recul sur les titres.
Quelles évolutions vous notez depuis vos premiers albums ?
Fab : Je pense que le groupe est trop jeune pour pouvoir
prétendre à une évolution musicale. On a du recul sur ce que l'on
vient de faire, mais on évoluera, c'est sûr, sur les futures compos.
On a déjà fait l'auto-critique de cet album, mais par rapport à nos
débuts, on n'a pas assez de recul.
Cet album a été composé pour la scène ou tous les titres ne s’y
retrouveront pas forcément ?
Fab : C'est compliqué. À la base, on devait faire une tournée
début 2020. Une petite tournée en France puis en Suisse et Belgique.
Et puis la Covid a tout stoppé. En fait, on n'a pas eu l'occasion de
faire beaucoup de live. Enzo, il n'attend que ça. (Rires)
Mais sinon, on est un groupe de live. C'est là que tu défends ton
album que tu fais ressortir toute la dimension de ta musique. Et
nous, c'est ça qu'on veut. Jouer ça en live.
Vous avez partagé une chanson avec Christian Andreu, guitariste
de Gojira. Comment s'est passée la rencontre ?
Fab : On a gagné un tremplin en 2019 qui nous a permis d'être
suivis par le département des Landes. Et Christian était le parrain
de cette édition-là. C'est une structure qui nous a accompagné
pendant deux ans et demi. Et pendant tout ce temps, on a sympathisé
avec Christian, qui est adorable, et qui humainement est d'une
simplicité qui est quand même dingue à ce niveau-là. Et c'est là que
tu vois les vrais bonhommes. Tu en vois d'autres qui ont des melons
énormes alors qu'ils n'ont rien fait, tandis que lui, il est d'une
humilité ... Génial quoi. Et en enregistrant l'album, on lui a dit
"Christian, tu nous fais un solo ?". Mais comme ça, sans même penser
qu'il le ferait. Et on avait fini le mix quand il m'a recontacté
pour nous demander si c'était toujours OK pour le solo. Et en plus,
en enregistrant, on se disait qu'il faudrait un petit truc en plus
pour faire vraiment exploser le morceau. Et voilà qu'il nous a fait
ce solo énorme. Pour le fun. Tout simplement.
Dernières questions : pouvez-vous définir le groupe en deux ou
trois mots ?
Vincent : Agressivité. Réflexion. Et en trois, pyramides. (Rires)
Fab : J'aimerais qu'on retienne une part d'émotions. Des émotions au
sens large, mais c'est quelque chose qu'on essaie de mettre dans
notre musique. On n'est pas agressif ou violent pour être agressif
ou violent, mais derrière, on essaie de garder un aspect mélodique
et de garder de l'émotion, même dans un riff un peu extrême.
Vincent : Pareil, si c'est pour débiter du texte sans trop
réfléchir, cela n'a pas d'intérêt pour nous. Chaque fois qu'on les
interprète, on y croit. Et c'est ce qui nous motive à les jouer de
la manière la plus sincère qui soit.
Et pour terminer : quel est le dernier morceau ou le dernier
album que vous avez écouté ?
Fab : Emma Ruth Rundle. Son album acoustique. Hier soir pour
être précis, avec une petite lumière tamisée. C'est une sorte de
dark folk. Une atmosphère assez sombre et mélancolique.
Vincent : Bad Rescue. C'est le projet de David et Franck Potvin qui
sont d'Angers. Un projet electro-metal. Un truc hyper bien produit.
Merci les gars pour cette interview.
Fab : Merci Yann.
Propos recueillis par Yann Charles
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