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Ecrit par Yann Charles |
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mercredi, 03 août 2022
AS THEY BURN
https://www.facebook.com/astheyburn
2022 marque le retour de As They Burn (ATB) sur le devant de la
scène. Un single, puis un concert au Bataclan pour le Warm Up du
Hellfest et enfin un EP qui sortira en octobre. Le groupe avait tout
arrêté en 2015, mais le démon du metal les a titillés et les voilà à
nouveau dans la place. On a rencontré Milton et Luigi qui nous ont
parlé de cette renaissance.
Salut les gars. On peut faire un petit rappel de
qui est As They Burn ?
Milton : As They Burn est un groupe de metal qui s'est
formé en 2007, il y a déjà quinze ans, avec un EP et deux albums, et
beaucoup, beaucoup de tournées en France et dans toute l'Europe.
Quelques dates, au Hellfest, notamment en 2012. Puis arrêt du groupe
en 2015.
On peut en parler ?
Milton : Oui, oui bien sûr. L'arrêt du groupe est survenu
suite à l'essai de composition d'un troisième album qui
n'aboutissait pas et ne prenait pas la direction souhaitée. Et après
un an de compositions, d'essais en tous genres, une quinzaine ou
vingtaine de maquettes, on est arrivé à la conclusion, pour
plusieurs facteurs différents, qu’artistiquement, on n'arriverait
pas à proposer quelque chose de mieux que ce que nous avions déjà
produit. Et on s'était promis que pour nous, la musique, c'était
l'envie bien sûr, mais surtout la capacité de pouvoir proposer des
choses nouvelles et pas juste produire des choses machinalement, des
choses pas terribles. On n'arrivait pas à donner ce qu'il faut pour
obtenir le niveau espéré, et du coup on a pris la décision
d'arrêter. Elle n'a pas été simple car le groupe comptait beaucoup
pour nous, mais c'était une évidence pour tout le monde. Mais on a
voulu finir en beauté quand même. On a annoncé ça fin 2014 et avec
ça, une dizaine de dates d'adieu. Et ça s'est terminé au Divan du
Monde le 15 mai 2015. Cette date restera pour nous, nos familles, et
les fans comme l'apogée, un petit moment hors du temps. Un des plus
beaux jours de notre vie. Un moment aussi dur que beau. Et du coup,
on est sorti par la grande porte, par rapport à qui on était, bien
évidemment. Je pense qu'on ne pouvait pas mieux finir. On s'est dit
"la boucle est bouclée, et on ne part pas la queue entre les
jambes".
Ça venait de quoi cet arrêt ? Trop de choses, trop vite, un peu
de saturation ?
Milton : Non, non. On n'était pas arrivé à saturation,
mais on a vraiment eu un souci dans l'écriture du troisième album.
On avait vraiment envie de prendre une autre direction musicale. Et
je pense qu'à l'époque, tout le monde n'a pas pu s'investir dans le
groupe comme il l'aurait fallu. Et du coup, on a vu nos limites.
Avant, à chaque fois qu'on composait, on arrivait à se dépasser et à
tout donner, mais là, ce n'était plus le cas. On ne s'est jamais
jeté la pierre. On a essayé de trouver des solutions, et cela n'a
rien donné. Et on n'a pas été suffisamment confiant pour aller
jusqu'au bout du projet. Et on a préféré arrêter plutôt que faire
quelque chose de moins bien qu'avant. C'était vraiment dû à ça. Il
n'y avait pas de ras le bol par rapport aux tournées et tout le
monde était conscient que si on sortait cet album, il fallait
assumer la promo et faire deux ans de tournée. On n’avait plus vingt
ans. Certains avaient de nouvelles choses dans leur vie, sur le plan
personnel, et on a voulu respecter ça. Et on n'aurait pas été à 100%
dans le projet. Et on a eu le bon réflexe de se dire qu'il valait
mieux s'arrêter au plus haut. Pour nous je veux dire.
La question qui doit vous être la plus posée, vous vous doutez
bien ... Pourquoi une bombasse comme « Unable To Connect » n'est
jamais sortie avant ?
Milton : (Rires) Je croyais que tu allais
enchaîner avec pourquoi vous vous êtes reformés. (Rires)
Alors pourquoi ce n'est pas sorti avant ? Je pense que ce n'est que
maintenant qu'on est capable de produire des choses comme ça ! Il
nous aura fallu tout ce temps pour, enfin, être capable de faire ça,
et les autres morceaux qui font partie de l'EP qu'on a enregistré.
Avec le recul, c'est ce qu'on a voulu faire à l'époque. On ne s'en
rendait pas compte à ce moment-là, mais je pense que c'était ça
qu'on voulait faire. On voulait proposer un « As They Burn » plus
apuré dans la musique, mettre en avant des influences qui
s'entendaient moins sur les précédents albums. Et, encore une fois
pour plein de facteurs différents, on n'a pas été capable de faire
ça à l'époque. Et avec tout ce temps d'arrêt, on a pu se libérer de
plein de choses personnelles, intellectuelles, pour justement
pouvoir produire des choses comme ça.
Musicalement vous allez repartir dans le même style ou bien vous
allez évoluer vers autre chose ?
Milton : Il y aura plein de couleurs. Les gens qui ont
écouté « Unable To Connect » peuvent s'attendre à des surprises et
des choses différentes. Mais tout sera lié. A part le temps et le
retour du groupe, un élément phare est qu'on a changé de line up.
Cela permet également d'introduire Luigi. Maintenant il n'y a plus
qu'un guitariste, Luigi donc, qui est aussi producteur, et ça a
emmené quelque chose. Le challenge avec Luigi a été qu'il apprenne à
faire du ATB, mais également que ATB apprenne à travailler avec
Luigi.
Luigi : Salut. Je pense que ce qu'on a réussi avec cette
nouvelle collaboration, même si on se connaissait avant, c'est
apporter une nouvelle couleur à ATB comme tu le disais juste avant.
Il a fallu que j'apprenne, mais maintenant ATB a vraiment une
couleur différente d'avant. Mais ATB reste ATB. Et je pense que les
gens qui ont déjà écouté L'EP vont reconnaître ATB mais vont aussi
découvrir cette nouvelle palette de couleur qu'on leur propose avec
cet EP. Et je pense qu'ils vont kiffer. (Rires)
Ce retour c'est juste une fois comme ça, ou bien ça vous
titillait et du coup vous vous êtes dit "on remet ça" et c'est du
vrai plaisir de se retrouver ?
Milton : Je pense que tu as tout bien résumé. Avant tout
c'était l'envie de se retrouver entre nous. Humainement, on ne s'est
jamais vraiment perdu de vue. On est des frérots tu vois. A la base,
on n'avait absolument pas prévu de revenir de cette manière-là. Il y
a encore quelques mois, on ne prévoyait pas de faire des interviews,
des concerts ou quoi que ce soit. On s'était dit qu'on allait juste
essayer de faire de la musique et on a toujours gardé ça en tête. Il
nous a fallu du temps. On ne s'est jamais emporté. Entre maintenant
et les premières compositions, il nous a fallu deux ans et demi. On
a fait une quinzaine de morceaux dont la moitié ont été mis de côté
et ne sortiront jamais. On voulait faire revivre ATB musicalement,
c'était ça le plus important. On se s'est pas tout de suite projeté
sur "on va refaire des albums et des concerts".
Luigi : C'est ça. on ne s'était pas formalisé sur quelque
chose. On est parti pour juste refaire de la musique. Et de fil en
aiguille, on en est arrivé là. On a eu la chance de pouvoir se
comprendre et d'avancer avec des gens qui nous font confiance.
Milton : Faire de la musique c'est ce qui nous anime depuis
qu'on est gosse. On a toujours travaillé là-dedans et c'était
vraiment un très gros plaisir de pouvoir relancer ATB.
Ça n'a pas été trop compliqué de retrouver des gens
pour bosser à nouveau avec vous ?
Milton : On a très vite retrouvé des gens avec qui on
avait déjà bossé. Et un peu grâce à tout le monde, aujourd'hui, on
est là à faire des interviews alors qu'il y a six mois, on ne se
serait jamais projeté là-dessus.
Quelles sont les principales évolutions musicales par rapport à
avant ?
Milton : Je ne vais pas aller sur le terrain de la
maturité, ou comme les artistes qui te vendent que c'est vraiment
leur meilleur album. La première différence est dans la manière dont
on a écrit ça. Avant, on composait tout en répétition. On écrivait
pendant les tournées, en allant aux concerts. On respirait la
musique tout le temps. Tandis que là, on a pu le faire en ayant du
temps. Du coup on a travaillé différemment. L'autre grande
différence, c'est qu'on a réappris à travailler ensemble. On était
en coloc et Luigi a un très gros studio donc on a pu bien
travailler. Et puis surtout, on n'avait pas la pression du temps, ni
des gens car personne ne savait qu'on faisait du son. On a pu
totalement se détacher de ça.
Luigi : Avec ce projet comme tu l'as dit on n'avait pas de
pression. On a pris le temps de faire la musique qu'on avait envie
de faire. Sans être pris dans des codes particuliers et surtout sans
faire la musique qu'on attendait qu'on fasse. On a fait ce qu'on
voulait faire, sans se mettre de limite. Même si on savait qu'il
fallait qu'on reste ATB. On a surtout bien pris le temps de faire la
musique qu'on voulait.
Vous avez pu travailler plus profondément votre musique ? Voir la
repenser ?
Milton : Oui. A l'époque on le faisait déjà. On avait une
manière de composer qui était un peu différente des autres groupes.
Même s'il y avait des codes à respecter. Des codes qu'on n'a pas
respecté avec ATB. (Rires) C'est pour ça qu'on était
différents. Mais c'est vrai que cette fois-ci, on est vraiment allé
beaucoup plus loin. Et surtout faire uniquement ce qu'on voulait
faire comme l'a dit Luigi. A l'époque aussi, mais on voulait aussi
plaire à nos fans. Là, on l'a vraiment fait pour nous. C'est un peu
égoïste mais c'est la réalité. C'est surtout ça le grand changement
par rapport à avant. On s'est dit que si les gens ne comprennent
pas, on a fait ce qu'on avait envie de faire et on en est très fier.
Et maintenant qu'on a des retours positifs en ayant fait ce qu' on
voulait, ça fait très plaisir.
Luigi : C'est ce qui m'a frappé dans le concert qu'on a fait
au Bataclan pour le Warm Up Tour du Hellfest de cette année. C'est
cette osmose qui s'est recréée en quelques minutes et à laquelle,
j'avoue, je n'étais pas préparé.
Milton : On était préparés à tout, mais, on avait
complètement oublié la connexion avec le public. C'était
complètement intense. A tout point de vue. Que ce soit avec le
public, mais aussi entre nous. Avec les gens de la salle ou
l'organisateur du concert. Ça, on l'avait oublié. On s'était
préparé, répété, tout était carré, mais s’il y avait une chose à
laquelle on n'avait pas pensé, c'était comment on allait vivre le
moment sur place. Et c'était au-delà de nos espérances car on
n'avait pas du tout pris ça en compte. On a été pris par l'émotion
et le partage d'énergie avec les gens. Et quelle émotion ça a été
que de jouer dans cette salle-là. Quand on pense à ce qui s'est
passé, c'est génial que ce soit redevenu un lieu de vie. Et quand la
salle se remplit et qu'il y a le concert, tu ne penses pas une seule
seconde à ce qui s'est passé. Parce que la vie prend complètement le
dessus. Beaucoup d'émotions.
Une tournée est annoncée pour cette fin d'année. Ce sera quoi ?
Un revival ou bien vous allez sortir peut-être d'autre inédits,
voir des nouvelles compos ?
Milton : Ça va être assez hybride. Un gros mélange des
deux. On ne peut pas détacher l'ancien ATB du nouveau. Et on n'a
jamais eu l'intention de le faire. D'autant qu'il y a des morceaux
des anciens albums qui sont taillés pour le live. Et ce serait
complètement bête de ne pas les jouer. Surtout qu'on adore les jouer
en plus. On va essayer de construire un set très cohérent,
progressif. En fait la tournée va être scindée en deux. Une première
partie de tournée à l'automne, et on repartira ensuite au printemps.
Et également pour les festivals d'été 2023. Sur la fin de l'année
2022, il ne faut pas s'attendre à énormément de dates car le circuit
est un peu bouché à cause du Covid et des différents reports. Mais
on a quand même à cœur de faire des dates avant la fin de l'année
car l'EP va sortir à la rentrée vers septembre/octobre.
Est-ce que vous pouvez définir As They Burn, le nouveau, en deux
ou trois mots ?
Milton : Aujourd'hui ? Ah ce n'est pas facile. Fun. Je
dirais Pantera. Comme ça reste les patrons pour nous Korn. Le Kif.
Le plaisir. On fait ça pour ça. Si un jour on ne kiffe plus ça, on
ne viendra plus répondre aux questions. (Rires)
Pour conclure, quel est le dernier album ou le dernier morceau
que vous avez écouté ?
Milton : Pour moi, le dernier album de Limp Bizkit. Grosse
claque. Je l'ai bien rôdé, et j'ai vraiment bien kiffé.
Luigi : Pour moi, le dernier Deftones que je n'avais pas eu
le temps d'écouter. Je l'ai écouté il y a quelques jours et pareil,
une grosse claque.
Merci à vous, et vivement de vous revoir sur scène.
Milton : Merci. Oui, il y a déjà quelques dates en place.
Propos recueillis par Yann Charles
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