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BLUES IN QUEYSSAC 2022 pdf print E-mail
Ecrit par Fred Delforge  
dimanche, 03 juillet 2022
 

Queyssac 2022 BLUES IN QUEYSSAC
VILLAGE – QUEYSSAC (24)
Les 1er et 2 juillet 2022

http://www.bluespourpre.fr

Blues In Queyssac, c’est incontestablement un événement à ne pas manquer, et à plusieurs titres en plus. Le premier étant sans doute une programmation de qualité qui met à l’honneur des groupes français d’un excellent niveau, et ce n’est rien de le dire. Le second étant cette capacité qu’ont les organisateurs à ne pas se prendre pour ce qu’ils ne sont pas, cette humilité qui porte le tout très haut et qui fait que forcément, ce festival a un gout à part qui fait que l’on aime y revenir. Alors malgré la fatigue consécutive à une dizaine de jours passée à barouder dans le Sud des États Unis, on remonte très vite dans l’avion et on brave les grèves qui paralysent Roissy pour venir retrouver les amis et passer deux belles soirées en leur compagnie.

Le cocktail mouvement sociaux plus retard d’avion plus embouteillages bordelais a bien fonctionné et c’est avec une grosse vingtaine de minutes que nous arrivons sur le site, ratant pour le coup le début du set de Tiger Rose qui se produit devant un parterre de cinq centaines de spectateurs. Très affutés, Mig et Loretta nous sortent le grand jeu et envoient sans se faire prier les titres de leurs deux albums, mélangeant leurs deux voix et nous faisant profiter de leurs immenses talents d’instrumentistes, lui à la guitare, elle à la contrebasse. Sans aucune contestation possible un des meilleurs duos de la scène blues française, Tiger Rose est la formation que tous les festivals se devraient d’avoir à leur programme !

Après une si belle entrée en matière, il fallait impérativement mettre le paquet et c’est en faisant appel à Ronan dans sa formule one man band que Queyssac va encore placer la barre très haute. Finaliste de l’International Blues Challenge en 2019, le Breton a pris une sacrée envergure et c’est avec un réel charisme qu’il va s’adresser à la foule, lui proposant des titres de son cru mais aussi quelques reprises piochées du côté de Son House, de Tom Waits ou encore de Calvin Russel. La voix grave et superbement rauque, ce personnage haut en couleurs va comme toujours mettre tout le monde d’accord en proposant un set de très belle facture, le tout avec un joli trait d’humour et surtout avec une classe folle. Quel bonheur de voir un public debout qui danse devant la scène !

On aurait presque pu s’arrêter là tant ce début de soirée était réussi, mais c’était sans compter sur le bouquet final que Blues Pourpre allait nous offrir avec une des formations les plus capées de l’hexagone, Doo The Doo. Trois décennies de carrière et un excellent dernier album qui est un véritable chef d’œuvre, il n’en faut pas plus pour que les frères Jazz mettent le feu à Queyssac, au sens propre comme au sens figuré d’ailleurs puisque l’ampli d’Anthony Stelmaszack finira pas dégager une fumée étrange, obligeant le guitariste à le changer en cours de set. Parfaitement en place, Doo The Doo va laisser le bon temps rouler et nous offrira même une surprise de taille avec Benoit Blue Boy qui rejoindra le groupe pour quelques titres. Et comme un bonheur arrive rarement seul, c’est en invitant Fabio des Flying Saucers que les Bretons mettront un terme à leur prestation avec « Let’s Have A Pachanga ! », un classique du groupe qui restera gravé dans la mémoire des spectateurs présents ce soir.     

On retrouve le site du festival en tout début d’après-midi et on assiste au ballet des bénévoles qui se démènent pour que tout soit prêt pour l’ouverture des portes à 19 heures. C’est l’occasion de saluer ceux qui au fil des années sont devenus des amis et de retrouver des complices venus parfois de loin pour ne pas manquer une miette de ce super festival qui n’a pas eu à attendre trop longtemps pour devenir un des incontournables du circuit national. Les artistes arrivent tranquillement et on retrouve là encore des amis que l’on n’a pas eu la chance de voir depuis un moment pour certains, ce qui provoque forcément des bouffées de joie comme on les aime vraiment.

Le public prend place tranquillement et c’est devant un parterre bien garni que les Strawmen s’installent pour nous proposer un bon blues bien roots, mélange de compositions et de standards qu’Aymeric au chant et aux guitares et Julien aux harmonicas distillent avec talent et inspiration. De Son House jusqu’à Robert Johnson en passant par Willie Dixon ou encore B.B. King, le duo ne manque pas une occasion de donner de la couleur et de la saveur aux douze mesures, un phénomène qui se révèle profitable car l’assistance non seulement apprécie mais aussi parce qu’elle le fait savoir en applaudissant copieusement. Le soleil qui tarde à décliner fait de la scène une véritable étuve mais les Strawmen n’en démordent pas, ils veulent faire de ce rendez-vous avec Queyssac un grand moment et ils ne vont pas le manquer, pour le plus grand plaisir de tout le monde bien entendu.

Blues In Queyssac est un festival qui entretient des relations suivies avec les artistes et qui sait reconnaitre leur valeur et après avoir invité un finaliste de l’International Blues Challenge de 2019 hier soir, c’est ce soir un nouveau finaliste qui se retrouve sur scène avec La Bedoune, rentré de Memphis début mai dernier avec un galon de plus cousu à sa veste. Toujours aussi séduisants, Cécile au chant et à la basse et Greg à la guitare et aux percussions vont nous emmener dans un univers qui n’appartient qu’à eux mais qu’ils partagent volontiers avec ceux qui daignent leur prêter une oreille, ou même les deux. A force de chansons dans lesquelles le duo évoque ses joies et ses peines, petites et grandes, La Bedoune parvient comme toujours à gagner le cœur d’un public qui peine un peu à démarrer mais qui visiblement apprécie pleinement l’instant. Il faudra attendre la fin du concert pour que la foule se décide enfin à participer en reprenant un refrain en chœur ! Un très beau succès plus que mérité.

Il va falloir attendre encore un peu pour voir Cisco Herzhaft monter sur scène car quelques problèmes de son viennent entacher cette seconde journée de festival. Se présentant ce soir en quartet, cette pointure du blues hexagonal qui a joué avec John Lee Hooker va commencer son concert en solo avant de se laisser rejoindre par ses complices, trouvant un nouveau souffle avec l’apport d’une contrebasse, d’une batterie et d’un harmonica. N’hésitant pas à expliquer copieusement la genèse du blues et à raconter l’histoire de ses chansons, Cisco Herzhaft va très vite se mettre le public dans la poche en lui proposant du blues, du boogie ou encore du ragtime, autant de variations autour d’un même thème que le quartet va déposer avec brio dans une escarcelle dans laquelle chacun pourra se servir à son gré. Le public commence à se lever et une partie des spectateurs bouge devant la scène, ce qui lui permet de ne pas trop ressentir la fraicheur qui tombe progressivement sur Queyssac. Et c’est finalement un hold up en règle que Cisco Herzhaft réalisera en remportant assurément la palme de la prestation la plus applaudie de la soirée !

Blues In Queyssac n’a plus qu’à tranquillement refermer les portes de cette nouvelle édition qui aura tenu toutes ses promesses … Il restera encore aux bénévoles la difficile tâche de ranger tout demain et de remettre l’espace public en état de marche normal. Le village pourra alors retrouver sa vie normale et les voitures pourront à nouveau le traverser de part en part en attendant le premier week-end de juillet 2023 où le blues reprendra à nouveau ses droits dans ce petit coin du Périgord Pourpre tellement accueillant. On y sera une fois encore, c’est certain …

Fred Delforge – juillet 2022