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SUNSTARE pdf print E-mail
Ecrit par Yann Charles  
samedi, 21 mai 2022
 

SUNSTARE

https://www.facebook.com/sunstareband

Rencontre avec le groupe SunStare qui nous parle de son tout dernier album, « Ziusudra ». Si vous aimez l'histoire de l'humanité, les légendes et les mythes sumériens, vous aimerez ce voyage que vous proposent ces Lillois.

Salut, pouvez-vous présenter SunStare ?
Peb : SunStare est un groupe lillois qui existe depuis 2013. Nous définissons notre musique de manière un peu restrictive comme un mélange de doom, de sludge et de post-hardcore. Nous avons sorti deux albums, « Under The Eye Of Utu » en 2015 et « Eroded » en 2018, et nous nous apprêtons à sortir « Ziusudra » le 13 mai 2022 chez Source Atone Records.

On entre dans le vif du sujet. Parlez-nous de votre dernier album, « Ziusudra ». Où nous entraînez-vous avec ce nouvel opus  ?
Peb : Ziusudra raconte l’histoire d’Uta-Napishtim, le très sage, dont la quête n’est rien d’autre que de sauver l’humanité face à l’ire des dieux ! En effet, face au bruit incessant de l’humanité, les dieux prirent la décision de la détruire. Or, l’un de ces dieux, Enki, ne souhaite pas voir ses créatures disparaître et prend la décision de prévenir l’Atrahasis afin qu’il créé une arche pour sauver toute vie sur terre.

Comment pouvez-vous le définir musicalement, car on retrouve pas mal d'influences ?
Tom : Nous avons une base doom depuis notre premier album. Néanmoins nous cherchons aujourd’hui à faire des choses plus variées et plus contrastées. Cela se ressentait déjà d’ailleurs sur « Eroded ». Je dirais qu’on est juste allé un peu plus loin dans cette direction avec « Ziusudra ».

Comment vous est venue l'idée de parler des mythes et légendes sumériennes ? Qui est passionné ?
Peb : C’est un sujet qui est présent depuis les débuts du groupe. Les mythes et la cosmogonie sumérienne sont assez riches, aussi bien en termes de visuels que de légendes, pour pouvoir porter tout ce que nous avions besoin de partager dans notre musique. A travers l’utilisation de métaphores ou de personnification, nous nous impliquons personnellement dans la trame narrative, pourtant existante depuis des millénaires.

« Ziusudra » est un concept-album ou non ?
Peb : Effectivement, on peut le dire. Les chansons, bien que séparées par thématiques, ne prennent véritablement l’intégralité de leur sens qu’en étant associées et mises bout à bout au sein de cet album. La trame narrative en elle-même est portée par l’enchevêtrement des chansons et leurs échos les unes vis à vis des autres.

Quels thèmes développez-vous à travers ces textes et légendes ?
Peb : Contrairement aux autres albums qui étaient, d’un point de vue textuel, introspectifs, « Ziusudra » est tourné vers le monde et porte un jugement difficile sur celui-ci. Dans cet album, on traverse bien des sujets, que cela soit la morale, l’écologie, la solitude ou la colère. Nous souhaitons cependant laisser assez d’espace pour que chacun puisse s’approprier les chansons et y mettre ce qu'il veut.

Même si les textes sont noirs, la petite phrase "Dans le déluge je chercherai obstinément le soleil" laisse quand même un espoir ?
Peb : A chaque album, nous souhaitons laisser une lueur d’espoir. C’est un peu la seule chose qui nous tient debout. Après tout, sans cet espoir, à quoi bon ? C’est peut-être vainement chercher un sens à la vie, tout en étant paradoxalement conscient qu’elle n’en a pas.

A la fin de votre présentation, il y a cette phrase "« Ziusudra » c'est accepter l'inévitable, notre mortalité, notre imperfection". Une fois qu'on a réussi à prendre conscience de ça, on peut avancer plus facilement, plus sereinement ?
Peb : Je le crois, oui. C’est une question de résilience, en effet : tout en gardant en tête que notre impact est minime, continuer à faire le nécessaire pour aller de l’avant. Au final, tout cela a-t-il réellement une importance ? Pour nuancer mon propos plus tôt, je dirai que la vie n’a que le sens qu’on lui donne et que c’est peut-être cela qui la rend précieuse, d’une certaine manière.

Pensez-vous qu'au final l'Homme comprendra ses erreurs ? Ou on est trop imbus de nos personnes pour penser à ça ?
Peb : Je ne le crois pas, mais j’ai très envie d’y croire. Il y a une part d’égocentrisme, effectivement. Une part de bêtise, aussi. Et pourtant l’humanité n’est pas que capable du pire. Il y a tant de choses incroyables qui ont été faites ! C’est peut-être cela, le plus frustrant. Ce magnifique potentiel systématiquement gâché.

Est-on dans la continuité de vos albums précédents ?
Tom : Oui dans le sens ou la lourdeur et le côté doom sont toujours là. Mais je pense que c’est un album plus varié et plus cohérent dans le sens ou on avait la volonté dès le départ de produire un contenu où les morceaux s’enchainent de manière raisonnée. Sur les précédents album, nous travaillions davantage “morceau par morceau”. Là nous avons vu l’album comme un tout.

Comment avez-vous travaillé pour cet album ? Ensemble, à distance ? Comment s'est déroulé le processus de création ?
Tom : En général, chacun vient avec des idées plus ou moins abouties et nous les travaillons ensuite ensemble en répétition. Donc une partie du travail est effectivement faite chacun de son côté, mais on avance surtout ensemble. Ce qui fait que pendant les confinements, le projet a été mis en pause car c’était impossible pour nous de faire tout à distance.

Je suppose que la pandémie, à l'image de beaucoup de groupes, vous a affecté, mais est-ce qu'elle vous a aussi permis de travailler plus profondément cet album, ses sons, les enregistrements ?
Tom : Comme je disais précédemment, on a du mal à travailler à distance avec SunStare, on a réellement besoin de se voir pour avancer. Nous avons donc plutôt travaillé sur des projets persos pendant les confinements et avons repris le travail sur SunStare une fois que nous étions à nouveau libres de nos mouvements.

Cet album a été composé pour de la scène, ou pas forcément ?
Tom : Non, ça n’était pas vraiment une préoccupation. Nous étions plus concentrés sur le résultat global de l’album dans son entièreté. C’est seulement par la suite que nous nous sommes posé la question des morceaux que nous jouerons ou pas en live.

Quelles évolutions vous avez pu noter depuis vos premiers albums ? Evolutions musicales, votre son, peut être votre manière d'aborder la musique ?
Tom : Musicalement, j’espère que nous proposons aujourd’hui quelque chose de plus varié, peut-être plus cohérent. Plus spontané aussi dans le sens où nous nous préoccupons de moins en moins des codes du metal. En termes de production, l’évolution est je crois encore plus évidente. Guillaume Delachat, notre ingé son, a vraiment repoussé ses limites sur cet album, et nous sommes extrêmement satisfaits de la façon dont il sonne. Thibault Chaumont a également fait un super boulot sur le mastering. Donc je pense qu’à ce niveau on a vraiment beaucoup progressé.

L'expérience de la scène vous a-t-elle aidée pour écrire cet album ?
Tom : Peut-être que la scène nous a montré quels morceaux marchaient en live et lesquels moins et qu’inconsciemment ça a eu une influence sur l’écriture. Mais dans mon esprit la composition et la scène sont deux choses bien distinctes.

Un petit mot sur cette pochette d'album. La douceur des couleurs et cet arbre qui s'élève. Qui a eu l'idée ?
Peb : Nous aimons laisser libre champ aux artistes avec lesquels nous travaillons. Et malgré la possibilité de créer nous-même la pochette (Muf, notre batteur, est graphiste), il est important pour nous de laisser la place aux artistes en question afin qu’ils puissent se l’approprier et faire ressortir leur vision d’un album. Dans le cas présent, c’est Elodie Wysocki (l’artiste en question) qui nous a fait cette proposition qui nous a énormément plu. Cet “arbre aux loques” est un lieu de dévotion où l’on peut prier pour la santé.

Vous avez des dates déjà prévues maintenant qu'on peut remonter sur scène  ?
Tom : Nous jouerons au Rock In Bourlon fin juin et nous avons prévu une release party en fin d’année. D’autres dates sont prévues mais comme elles ne sont pas encore officielles, nous ne pouvons pas encore en parler.

Dernières questions rituelles chez nous : pouvez-vous définir le groupe en deux ou trois mots ?
Tom : Lourd, Hypnotique, Famille

Et pour terminer: quel est le dernier morceau ou le dernier album que vous avez écouté ?
Tom : « Nadir » de Black Tongue tourne en boucle en ce moment chez moi.
Peb : « Through Aureate Void » de Five The Hierophant. Cet album !!!

Merci pour cette interview.
Merci à toi.

Propos recueillis par Yann Charles