|
|
|
|
|
EN TERRE DE BLUES 2022 (USA)
|
|
|
|
|
Ecrit par Fred Delforge |
|
|
mercredi, 11 mai 2022
TERRE DE BLUES 2022
EN TERRE DE BLUES
NEW ORLEANS – VICKSBURG – CLARKSADLE – MEMPHIS – LYNCHBURG – BIRMINGHAM –
JACKSON ...
(USA)
Du 29 avril au 14 mai 2022
https://visitmississippi.org/
http://msbluestrail.org/
C’est une édition quelque peu exceptionnelle de ce périple qui nous
attend cette année puisque les contraintes sanitaires ont repoussé
l’International Blues Challenge de janvier à mai 2022, et parce que
la crise sanitaire qui a frappé le monde a tout particulièrement
impacté les Etats Unis dont la population n’a pas eu la chance
d’être soutenue comme nous l’avons été en Europe et en France. Nous
l’avions déjà constaté en novembre décembre/dernier, mais en quatre
mois, force est de constater que l’inflation frôle les 10%, que le
prix des carburants a plus que doublé, que les homeless fleurissent
dans les villes comme les magnolias au printemps et que le crack
circule désormais un peu partout, même dans les beaux quartiers …
Il n’en reste pas moins que le voyage vaut bien la vingtaine
d’heures qu’il dure de porte à porte, avec cette fois des escales à
Amsterdam et Atlanta avant de toucher enfin notre but … La Nouvelle
Orleans nous tend les bras, et ce n’est là que le début de cette
quinzaine en terre de blues !
Samedi 30 avril :
Arrivés à La Nouvelle Orleans hier en fin de soirée, nous avons
directement rejoint notre hôtel sur Old Gentilly pour nous remettre
de nos émotions et c’est dès potron-minet que nous partons
aujourd’hui faire un rapide tour en ville pour assister au ballet
des balayeurs qui évacuent les détritus laissés par la foule durant
la nuit … La ville est en plein festival de jazz et elle semble
retrouver une certaine fréquentation à la fois diurne et nocturne,
ce qui donne aux quartiers branché des allures de décharge à ciel
ouvert dans laquelle s’amoncellent les souvenirs plus ou moins
avouables laissés par une meute hétéroclite où les amateurs de
musique se mélangent aux bobos en goguette, donnant à Bourbon, à
Decatur ou à Frenchmen Street des faux airs d’Ibiza.
On laisse le quartier se refaire une beauté pour être présentable ce
soir et on file sur la I-55 pour rejoindre un endroit que nous
aimons tout particulièrement, Owl Bayou, un petit coin de paradis
posé au milieu de l’enfer puisqu’il est juste sous le viaduc de
l’Interstate, mais où la vue est magnifique, que ce soit le matin au
lever du soleil, le soir quand il se couche, ou comme aujourd’hui en
plein milieu de la matinée quand le soleil cogne déjà dur et que les
pécheurs sont à l’œuvre … On fantasme on se disant qu’il doit bien y
avoir quelques alligators qui guettent dans l’espoir de nous croquer
mais en cherchant bien, on ne voit que quelques escargots, de belle
taille certes, mais plutôt inoffensifs …
De retour en ville, on passe forcément devant la maison de Fats
Domino qui a retrouvé ses couleurs d’antan et on fonce bientôt au
Cajun Seafood sur Claiborne Avenue se prendre une bonne grosse dose
de crawfish et de gumbo, le tout pimenté à souhait au point de vous
mettre la bouche en feu pour le reste de la journée. Un petit arrêt
au Kermit's Tremé Mother-in-Law Lounge de Kermit Ruffins, un des
lieux culte des fans de la série Treme qui se trouve quasiment en
face, et il ne nous reste plus qu’à aller faire un grand tour dans
les cimetières avec un arrêt prolongé dans celui de St. Joseph,
moins prestigieux que les cimetières payants du centre qui
accueillent des tombes célèbres, et en même temps tellement plus
authentique.
On laissera ensuite les visiteurs se promener dans le Vieux Carré
avant de partir pour notre première soirée concert du séjour, et
quelle soirée ! On se dirige en effet vers Broadside, un espace en
plein air sur Broad Street où nous attendent quelques food trucks
mais aussi et surtout Jon Cleary’s Funky N.O. R&B Revue qui
évolue ce soir avec l’excellent guitariste Big D et le non moins
brillant percussionniste Pedro Segundo en plus de sa section
rythmique et d’une paire de cuivres. Groovy et funky à souhait, la
musique du pianiste qui est également chanteur et à ses heures
guitariste va nous emmener très loin dans les rythmes festifs et
épicés du jazz néoorléanais avec une pointe de swamp et une autre se
soul.
Et comme une bonne revue musicale ne saurait se faire sans des
guests de prestige, ce sont ce soir Walter ‘Wolfman’ Washington,
John Boutte et James Rivers qui se succèderont pour apporter qui une
guitare et une voix, qui un chant délicat, qui un saxophone et une
étrange flute-harmonica pour mettre en valeur une musique dans
laquelle on retrouve des couleurs qui font penser à Fats Domino, Dr.
John, Professor Longhair et Jelly Roll Morton mais aussi les Neville
Brothers, Bonnie Raitt et Taj Mahal. L’assistance très bien garnie
et particulièrement réactive est essentiellement composée de locaux,
visiblement des habitués du lieu à qui les plus de trente dollars de
droit d’entrée n’a pas fait peur. Il faut reconnaitre que le plateau
proposé valait largement le prix !
Après cette belle soirée de plus de deux heures de bonnes vibrations
servies par un groupe chaleureux et motivé, il ne restera plus qu’à
aller profiter du sommeil du brave, le cocktail décalage horaire et
lever aux aurores commençant à laisser quelques traces dans les
corps et dans les esprits …
Dimanche 1er mai :
On voyait le ciel s’assombrir au loin hier soir, c’est confirmé ce
matin, le ciel est gris-noir et l’orage nous guête en cours de route
… Il ne faudra pas attendre bien longtemps pour que nous allions
nous engouffrer dedans et c’est sous un véritable déluge que nous
quitterons La Nouvelle Orleans par l’Interstate-10 pour partir en
direction de Baton Rouge puis d’Atchafalaya Basin où nous ferons
traditionnellement une halte à Henderson pour y saluer les
innombrables chats qui s’agglutinent à proximité du Pat’s
Fisherman’s Wharf, signe s’il en faut que le poisson y est gouteux
et servi à profusion, tant aux clients qu’aux greffiers qui hantent
les lieux. On pousse encore un peu plus loin vers le Pontoon Bridge
de Butte La Rose et là, surprise, ce pont aussi magnifique que
branlant et atypique a tout simplement été enlevé pour être, on le
souhaite, restauré à l’identique.
C’est donc la mort dans l’âme que l’on retraverse le bayou en sens
inverse pour rejoindre là encore Baton Rouge et filer vers Natchez
où, tradition oblige, nous irons déjeuner chez Fat Mama’s Tamales,
un endroit aux couleurs vives et aux saveurs épicées où nous nous
régalons à chacune de nos visites. Pas étonnant que la presse du
monde entier évoque ce restaurant qui ne paie pas de mine mais où il
fait bon faire une pause avant de descendre tremper ses mains dans
le fleuve sur les rives du Big Muddy où un autre restaurant, le
Magnolia Grill, a commencé à nous faire de l’œil avec ses
spécialités de fruits de mer en prévision d’une prochaine halte dans
la ville. Un dernier regard sur les maisons antebellum, un des gros
points d’intérêt de Natchez, et il ne nous restera plus qu’à filer
vers Vicksburg où, dimanche oblige, il n’y a pas de musique live à
aller écouter … Soirée détente en perspective donc, mais c’est
plutôt bienvenu après une longue journée passée à rouler sur la
Highway 61 !
Lundi 2 mai :
Après un rapide petit-déjeuner à Vicksburg, on quitte la ville pour
prendre la direction de Clarksdale avec au programme quelques
haltes, la première d’entre elles étant prévue à Rolling Fork, la
ville natale de Muddy Waters, où l’on trouve un marker commémorant
l’événement mais aussi une reconstitution de la maison de son
enfance avec un front porch mais aussi un diddley bow sur lequel on
imagine qu’il a joué ses premières notes. Non loin de là, on
remarque Lee's Cotton Picker Art Gallery, un endroit tenu par un
vétéran qui réalise des statues à partir de vieux bouts de machines
à ramasser le coton et autres pièces métalliques, un personnage
attachant avec lequel nous discuterons un moment avant de poursuivre
vers Greenville, non sans avoir remarqué dans Rolling Fork les
nombreuses fresques murales et les statues en bois représentant de
jeunes ours.
L’arrivée à Greenville impressionne avec ce faux air de ville
abandonnée où la plupart des magasins sont en cours de perdition ou
déjà définitivement fermés. Sur Martin Luther King Avenue, une
cohorte de voitures de police s’affaire à arrêter un jeune noir qui
tentait d’échapper aux forces de l’ordre, la vision a quelque chose
de dantesque … Nous partons à la recherche de Mason Street, la rue
animée et particulièrement mal famée à la grande époque des bluesmen
de légende, et si elle a perdu pas mal de ses clubs, il n’en reste
pas moins quelques vieux souvenirs que nous immortalisons en prenant
garde à quelques locaux visiblement sous crack qui nous regardent
avec un sale œil, probablement dérangés par notre passage pourtant
discret dans la rue …
On remonte maintenant vers Cleveland et Dockery Farms pour y revoir
cette grande plantation où le blues a probablement vu le jour sous
l’influence d’un certain Charley Patton et on remarque que la
musique qui donne un certain cachet au lieu a une nouvelle fois
cessé d’être présente dans cet immense site en plein air. Un tour
dans le coton gin, un autre près de la station-service, et nous
voilà rapidement repartis en direction de Clarksdale avec un
traditionnel arrêt du côté de Merigold pour prendre connaissance de
l’état de délabrement du Po’ Monkey’s qui, en plus de se désagréger
petit à petit, empeste désormais la charogne sur quelques mètres aux
alentours … Triste fin pour ce qui fut jadis un club majeur de la
région !
Une innovation cette année avec la recherche du Wonder Light City,
le club du guitariste et pianiste Robert ‘Bilbo’ Walker qui l’aura
finalement achevé en avril 2017 avant de décéder quelques mois plus
tard. Désormais à l’abandon, le club est en perdition et subira un
jour le même sort que son aïeul Po’ Monkey’s, mais pour l’heure, on
peut encore s’en approcher en faisant un peu de gymkhana et
entrevoir les souvenirs de sa brève mais intense splendeur et
notamment une des scènes qui accueillait les artistes à l’extérieur
du club. Un petit pincement au cœur quand même en voyant les
camping-cars et autres véhicules qui pourrissent dans ce qui fut
autrefois le chemin d’accès au club, mais là aussi on note que la
paupérisation des musiciens et des spectateurs conduit à ce genre de
situation en tous points regrettable.
Quelques poignées de minutes suffisent maintenant à nous amener à
Clarksdale où nous nous arrêtons au Abe’s BBQ pour déguster ses
fameux ribs et jeter un œil sur le non moins fameux Crossroads qui
n’en finit plus pour sa part d’attirer le chaland. Un tour en ville
nous emmènera jusque chez Cat Head pour acheter quelques albums,
t-shirts et autres goodies et pour saluer l’ami Roger Stolle, puis
chez Deak Harp, célèbre musicien et préparateur/réparateur
d’harmonicas, qui nous gratifiera de quelques morceaux en solo avant
que nous ne partions pour le Shack Up Inn prendre nos quartiers pour
deux nuitées sur place … Clarksdale étant une ville où il y a de la
musique chaque jour, il ne nous restera plus ensuite qu’à nous
mettre en quête du ou des concerts du soir !
L’animation musicale du jour se limite à un concert sur la terrasse
du Blues Berry Café et c’est un groupe que nous avions déjà pu
apprécier en novembre dernier que nous retrouvons, Mississippi
Marshall, avec un grand père au chant et à la guitare et son
petit-fils de dix-sept ans à la basse. Plein de finesse et
d’élégance, les deux musiciens vont nous emmener durant deux heures
sur la route de leurs propres compositions mais aussi sur celles de
reprises très originales et fort bien interprétées de titres
empruntés à des gens comme Muddy Waters, Sam Cooke, Robert Johnson,
ZZ Top, Ray Charles et nombre d’autres encore. Les amateurs de blues
auront en outre la chance de remarquer de temps à autres Watermelon
Slim qui vient poser un harmonica sur les notes de ses amis mais qui
s’attache aussi à donner un coup de main au service quand le besoin
s’en fait sentir.
L’assistance est venue en nombre ce soir et ce sera l’occasion pour
nous de passer une partie de la soirée avec les deux formations qui
représenteront la France à l’International, The Wacky Jugs qui
concourront sous les couleurs de France Blues et La Bedoune qui
représentera Toulouse Blues Society. On en reparlera bien entendu
dans quelques jours …
Mardi 3 mai :
C’est une belle journée et calme journée qui nous attend aujourd’hui
avec pour commencer un passage à Tutwiler ou trône fièrement le
marker dédié à W.C. Handy mais où l’on remarque aussi les fameuses
fresques murales de la gare et notamment celle où John ‘Alabama’
Lowe joue sur sa guitare avec un couteau en guise de bottleneck,
parvenant à émouvoir le même W.C. Handy qui gardera le souvenir de
cette journée et de cette musique plaintive durant toute son
existence. Sur la même série de fresques, on trouve celle dédiée à
Alec Miller alias Sonny Boy Williamson avec un plan sommaire pour se
rendre à sa tombe, ce que nous ferons bien évidemment avant de
poursuivre la route pour Indianola en passant devant le pénitencier
de Parchman.
Il est maintenant l’heure de visiter le BB King Blues Museum où les
dernières touches ont été mises à l’extension avec toujours les deux
voitures et le tour-bus de l’artiste mais aussi avec de nouvelles
bornes interactives très bien faites et surtout très intéressantes.
La visite, enrichie de ces nouvelles additions, se terminera bien
évidemment par un moment de recueillement sur la dernière demeure du
King of Blues et par la traditionnelle photo souvenir aux côtés de
la statue en bronze d’un B.B. King qui semble pensif et détendu.
Nous profiterons du passage par Indianola pour aller jeter un œil
sur le Club Ebony, actuellement fermé pour travaux, en espérant très
vite pouvoir y retourner pour assister à un concert, un moment
toujours très impressionnant dans cet endroit
mythique.
Nous décidons de rentrer vers Clarksdale en faisant un détour par
Greenwood où nous ferons un arrêt rapide auprès de la tombe de
Robert Johnson mais où nous nous arrêterons aussi un instant auprès
d’un nouveau complexe, Tallahatchie Flats, qui n’est pas sans
rappeler le Shack Up Inn et qui pourrait bien accueillir à terme une
de nos prochaines virées « En Terre De Blues » tant l’endroit semble
calme et accueillant. La proximité de la rivière est un plus pour
les amateurs de pêche à la ligne qui trouveraient en prime une
occasion de décompresser un moment pour éviter l’overdose de blues,
du moins pour les moins accros d’entre nous … En quittant les lieux,
nous passons inévitablement devant la funeste Bryant Grocery où le
marker qui commémore l’assassinat du jeune Emmett Till a été remis
en place, un véritable pied de nez aux imbéciles qui à plusieurs
reprises l’ont détruit.
On continue à suivre les traces d’Emmett Till en remontant vers
Glendora où nous partons à la découverte du musée qui lui est dédié
mais où il est également grandement question des droits de l’homme
aux Etats Unis en général et en particulier dans la région. Petit
mais bien documenté, E.T.I.C (pour Emmett Till Interpretive Center)
s’efforce d’effectuer un travail de mémoire pour que ce genre
d’infamie ne se reproduise plus et c’est un endroit qui mérite
absolument un détour. Un coup d’œil sur le marker de Sonny Boy
Williamson à la sortie du musée et c’est en allant se recueillir,
non sans difficulté car l’endroit est envahi par les ronces et les
animaux sauvages, auprès du Black Bayou Bridge depuis lequel le
cadavre du jeune gamin de quinze ans a été jeté par les salauds qui
l’ont lâchement torturé puis assassiné, que nous finirons ces
quelques heures passées autour d’une des pages les plus sombres de
l’histoire de l’Amérique.
Il est temps de regagner le Shack Up Inn en faisant un arrêt du côté
de Dubin pour y admirer les cyprès chauves qui poussent au beau
milieu d’un bayou poissonneux où les locaux pêchent la carpe et le
catfish, un moment bien sympathique avant de retrouver l’ambiance
bric à brac un peu déjantée de notre home sweet home du soir posé en
plein milieu des champs de coton et au bord d’une voie ferrée
délabrée. Il sera alors temps de prendre un peu de repos en
attendant de trouver un concert pour ce soir, ce qui ne devrait pas
être trop compliqué puisque Clarksdale propose de la musique live
365 jours par an !
Un diner un peu tardif et une fatigue légitime finiront de nous
convaincre de renoncer à la jam proposée par Rae Gordon chez
Hambone, un mal pour un bien qui nous permettra d’aborder
sereinement et en pleine forme la grosse semaine d’International
Blues Challenge qui s’ouvre demain à Memphis …
Mercredi 4 mai :
Il faut maintenant prendre la direction de Memphis mais avant de
quitter Clarksdale, nous décidons d’aller faire un tour vers ce que
d’aucuns considèrent comme étant le véritable Crossroads, celui où
Robert Johnson aurait vendu son âme au diable, sur l’ancienne Route
69, a quelques mètres d’une voie ferrée en tellement mauvais état
que les trains de marchandises y roulent au pas. Pas grand-chose à y
voir, si ce n’est pour la carte postale, nous filons donc faire un
dernier tour en ville pour y chercher les nouvelles fresques et
revoir les anciennes, pour y prendre aussi quelques bouffées de
cette atmosphère blues que nous retrouverons ici même dans à peine
plus d’un mois puisque le retour en Terre de Blues est déjà planifié
pour les derniers jours du printemps … Pour paraphraser les Tontons
Flingueurs, on pourrait aisément dire qu’on ne devrait jamais
quitter Clarksdale !
Nous prenons la décision de passer faire un rapide tour en Arkansas
pour rejoindre Helena, la ville du fameux King Biscuit Festival qui
a été un endroit apprécié par des artistes comme Robert Johnson,
Pinetop Perkins et Sonny Boy Williamson qui y a vécu un certain
temps. Avec ses allures de ville fantôme, Helena n’a pas grand-chose
pour attirer le touriste en dehors de la saison du festival, ses
boutiques fermées et ses bâtiments effondrés n’inspirant que très
peu la confiance. Nous irons quand même faire un tour sur le Levee
Walk et jeter un œil distrait sur le fleuve, très industrialisé à
cet endroit, et immortaliser quelques fresques qui n’ont plus changé
depuis des lustres.
C’est au très fameux Hollywood Café à Robinsonville que nous ferons
étape pour déjeuner, un endroit au glorieux passé qui a vu passer
nombre de grands bluesmen et que Marc Cohn a cité dans son tube «
Walking In Memphis », pour le plus grand bonheur des propriétaires
de l’établissement qui voient désormais quelques touristes
débarquer. Resté fidèle à sa tradition, l’établissement propose une
belle carte de soul food avec son lot de catfish, de ribs et de
burgers mais aussi avec des pickles frits, des beignets de tomates
vertes ou de gombos et tout un tas d’accompagnements qui ne
demandent qu’à être dégustés. Malheureusement fermé lors de nos
dernières visites, c’est avec un plaisir non feint que nous
retrouvons non seulement l’endroit et sa cuisine mais aussi son
personnel très attentionné. Une de nos plus belles adresses de soul
food avec le Four Ways Restaurant à Memphis !
Il est temps de reprendre la route pour aller s’installer dans le
Berceau du Blues pour une semaine de retrouvailles avec Beale Street
est les belles animations que nous propose la Blues Foundation, mais
avant de reprendre la Highway 61, nous faisons un traditionnel arrêt
à la Gateway To The Blues qui, outre un Visitors Center très bien
documenté, propose un petit musée du Blues très intéressant à
visiter. Memphis nous tend les bras et nous ne sommes pas décidés à
renoncer à ses charmes !
Pas de sortie ce soir car nous devons gérer la distribution des
chambres et la récupération des derniers arrivants à l’aéroport
avant de profiter d’un repos bien mérité … Qui veut voyager loin
ménage sa monture, on ne le dira jamais assez !
Jeudi 5 mai :
La journée promet d’être longue avec ce soir la cérémonie des Blues
Music Awards, c’est donc un tour tranquille que nous programmons ce
matin avec un premier passage par le Sun Studio où nous renonçons à
la visite en raison du débarquement massif d’un bus d’Étasuniens
bruyants au possible … Nous glisserons donc tranquillement vers le
Motel Lorraine pour une visites en extérieur et par la Blues
Foundation où nous admirons l’exposition photo de Jérôme Brunet,
photographe né dans le Sud de la France, nous réservant des passages
plus approfondis dans ces lieux pour le reste de la semaine.
Nous ne renoncerons pas en revanche à un arrêt à la très touchante I
Am A Man Plazza située juste à côté de Clayborn Temple, un des
derniers endroits que Martin Luther King aura eu l’occasion de
fouler avant d’être atteint par la balle mortelle qui lui ôtera la
vie. Il sera ensuite temps de gagner le Blues City Café pour y
prendre un repas avec la délégation française quasiment au grand
complet puisque les Wacky Jugs et La Bedoune se retrouveront pour la
première fois à la même table pour un repas plein de convivialité,
de bonne humeur et de complicité. Chacun vaquera ensuite librement à
ses occupations et sous la menace d’un gros orage en attendant un
des grands moments de la semaine, la cérémonie des Blues Music
Awards.
Il est quasiment 17 heures quand nous entrons dans le Renasant
Convention Center et dès les premiers pas, nous commençons à croiser
nombre de VIP que nous retrouverons tout au long de cette soirée de
prestige qui récompense traditionnellement les artistes qui ont
marqué l’année écoulée. On salue ainsi Jeff Syracuse et Gina
Sicilia, Paul Deslauriers et Anika Chambers, Gaye Adegbalola, Trudy
Lynn, Chris Barnes, Jimmy Carpenter, Doug MacLeod, Zac Harmon ou
encore Trudy Lynn mais aussi des amis très impliqués dans les
affaires de la Blues Foundation comme Art Tipaldi, Paul Benjamin,
Jostein Forsberg et Peter Astrup venus pour passer un bon moment en
bonne compagnie.
Marquée par un son beaucoup trop fort et surtout par des réglages
catastrophiques, la soirée ne nous permettra pas de profiter
sereinement des prestations délivrées par Kat Riggins, Caroline
Wonderland, Vaneese Thomas, Hector Anchando, Trudy Lynn, Zac Harmon,
Eden Brent et nombre d’autres encore, mais elle nous offrira
toutefois de beaux moments d’émotion avec par exemple la remise de
l’Award de l’album révélation de l’année à Rodd Bland dont la Maman,
Veuve du grand Bobby ‘Blues’ Bland, partageait la table avec nous,
ou encore quand Eric Gales accompagné de sa famille déclarera à sa
fille avec qui il a passé trop peu de temps qu’il n’était pas trop
tard pour lui de devenir une véritable père. On se souviendra aussi
de l prestation de Kenny Neal qui, sur le tard, fera se lever toute
la salle pour la faire danser au son des rythmes néoorléanais
…
Voilà encore une grosse journée qui s’achève et il est temps de
reprendre un peu de forces en attendant le début de l’International
Blues Challenge demain après-midi …
Vendredi 6 mai :
C’est aujourd’hui que commence officiellement l’International Blues
Challenge et dès la fin de la matinée, Beale Street ressemble à une
ruche dans laquelle les musiciens viennent confirmer leur
inscription, retirer leur badges et prendre connaissance de leurs
lieux et heures de passage pour ce soir et demain soir. Nous aurons
donc la chance de retrouver ce soir trois formations hexagonales
avec pour commencer Les Wacky Jugs présentés par France Blues qui
ouvriront la soirée à 18 heures 30 au Rum Boogie Café où la
concurrence sera rude puisque Lil’ Red & The Rooster se
produiront à 21 heures 25 sous les couleurs de Columbus Blues
Alliance avant que le duo caussadais La Bedoune représentant
Toulouse Blues Society ne referme les portes du Wet Willies à partir
de 22 heures …
La pluie qui tombe par averses soudaines sur Memphis n’incitant pas
à la flânerie, nous profiterons des quelques éclaircies pour faire
un tour rapide en voiture dans les faubourgs de la ville à la
recherche de quelques curiosités à mettre sous l’objectif de nos
appareils photos avec notamment une collection de fresques qui n’en
finit plus de s’agrandir au fil des ans, signe que le street art est
un phénomène bien ancré dans la culture américaine. Il sera temps
ensuite de laisser la pression retomber avant de se jeter tête
baissée dans un grand bain qui s’annonce exceptionnel tant chacun
semble enchanté de retrouver la grand-messe annuelle du blues après
une année de suspension, voire même un peu plus puisque
l’International Blues Challenge a pris cette année quatre mois de
retard.
Nous serons en place au Rum Boogie Café bien en avance pour la
première prestation des Wacky Jugs mais le retard de deux des
membres du jury entrainera un report du début de la soirée alors que
les musiciens bretons sont déjà sur la scène à attendre le top … Pas
de panique, le technicien son en profitera pour peaufiner sa balance
pendant que le groupe fait discrètement tourner le riff de « La
Danse des Canards », ce qui amuse beaucoup le public américain qui
découvre ce tube intemporel revu et corrigé à la sauce maison. Mais
une fois parti, le show Wacky Jugs sera particulièrement bien en
place avec un frontman d’ascendance britannique qui s’adresse
à la foule dans un Anglais parfait et qui emmène son groupe dans une
prestation énorme où les compositions se mélangent à une reprise du
Memphis Jug Band, « Fourth Street Mess Around », qui ne passera pas
inaperçue auprès d’un public surpris, mais définitivement conquis.
Le groupe présenté par France Blues aura frappé fort d’entrée de jeu
et ce n’est pas pour nous déplaire !
Nous resterons un moment au Rum Boogie Café pour assister à la
prestation un peu brouillonne du Menza Madison Band et surtout à
celle des jeunes Coréens de Richiman & Groove Nice mais nous
partirons ensuite vers le Wet Willies sans pouvoir attendre le
passage de Lil’ Red & The Rooster qui va se chevaucher avec
celle de La Bedoune. Le temple du granite qu’est le Wet Willies nous
réservera deux surprises, une un peu décalée avec Nabraska Jr., un
extraterrestre aux qualités discutables, et une bien plus engageante
avec Johnny Riley qui nous offrira un set plein de charme en solo.
La Bedoune entre enfin en scène et vient nous offrir un set plein de
malice et de saveur avec des titres en Anglais bien entendu, mais
aussi avec des morceaux en Français qui attirent forcément
l’attention d’un public immédiatement sous le charme. Le son est
plus que correct et si côté visuel le duo est desservi par quatre
néons qui donnent à la scène un faux air de cantine scolaire, les
tenues portées par Greg et Cécile apporteront ce soir un petit
supplément d’âme à une prestation qui n’en avait certes pas besoin,
mais qui ne s’en portera pas plus mal, loin s’en faut. Le jury est
visiblement conquis et c’est porté par une délégation francophone et
francophile venue en nombre que La Bedoune déroulera un set qui ne
laissera personne de marbre, les commentaires des serveurs mais
aussi du public plus d’une heure après la fin du concert étant une
des meilleures preuves que l’on puisse en avoir.
Nous délaisserons la jam du soir pour aller prendre un peu de repos
en prévision d’un second quart de finale qui s’annonce corsé …
Demain sera un autre jour !
Samedi 7 mai :
Nous nous accordons un début de matinée détente à discuter dans le
hall de l’hôtel avant de partir faire un tour vers Soulsville avec
quelques arrêts obligatoires du côté de chez Stax, qui ne fait pas
encore le plein à cette heure pré-apéritive, de Royal Studio qui
n’accueille pas de session aujourd’hui, ou encore de la maison
natale d’Aretha Franklin qui perd petit à petit de sa superbe avec
le temps qui passe … Le quartier prend lui aussi une drôle de
tournure et si l’endroit n’était déjà pas très sûr autrefois à la
tombée de la nuit, il règne aujourd’hui une sorte de climat hostile
avec des gens qui s’interpellent avec une certaine véhémence et une
véritable agressivité de la part de personnes qui, depuis le passage
du covid, sont visiblement passées très en deçà du seuil de la
pauvreté. Maisons délabrées, voitures démembrées, jeunes et moins
jeunes qui tournent au crack et même de temps à autres une suspicion
de prostitution, la crise n’a pas épargné cette partie de l’Amérique
et la population n’a pas eu la chance d’être soutenue par les
autorités au même niveau que nous l’avons été en Europe.
C’est au Four Way Restaurant que nous ferons une halte pour déjeuner
ce midi et là aussi la surprise est au rendez-vous, mais pas
forcément dans l’assiette, même si les plats de soul food restent de
qualité. Fini le service à table, le refill de la délicieuse
lemonade ou de l’excellent sweet tee, on commande désormais à
l’entrée et on vous sert dans un contenant en polystyrène, en
chargeant directement les 15% de pourboire sur l’addition et en vous
priant de débarrasser votre table une fois le repas terminé. Le
charme en est forcément diminué et les échanges avec le personnel
deviennent totalement inexistants, ce qui est absolument regrettable
car nous avions lié ici des relations durables avec les patrons mais
aussi avec les serveurs. Nous repartirons donc le ventre plein mais
l’âme un peu en peine, en nous disant que le temps où nous
attendions avec impatience notre passage dans ce restaurant qui
affiche plus de 75 ans d’existence est quelque peu révolu …
En sortant de table, nous décidons de faire un tour par Elmwood
Cemetery, le plus vieux cimetière de Memphis, qui se visite en
voiture avec un audioguide à 10$ ou un plan à 5$ et qui regorge de
tombes plus monumentales les unes que les autres, mais aussi de
tombes de soldats confédérés et même de tombes d’esclaves. L’endroit
est immense, vert et ombragé et nous y serions presque en pleine
quiétude si les trains de marchandises qui passent juste à côté ne
faisaient pas hurler leurs klaxons sans discontinuer … On aperçoit
un enterrement au loin et on jette un œil attentif à la grandeur de
monuments dont certains n’ont rien à envier aux pyramides des
pharaons d’Egypte, preuve s’il en fallait que la modestie et
l’humilité sont des qualités que beaucoup n’arrivent jamais à
acquérir, même au moment de leur décès.
Le temps de recharger les batteries et nous repartons vers Beale
Street pour cette seconde soirée dévolue aux quarts de finale de
l’International Blues Challenge … On commence par le Rum Boogie Café
pour y retrouver Lil’ Red & The Rooster en format quartet qui va
essuyer les plâtres et faire monter la pression devant un public
déjà nombreux qui ne boude pas son plaisir en découvrant un
guitariste virtuose et une chanteuse pleine de finesse, tous deux
admirablement soutenus par une section rythmique épatante. Passant
du washboard à la guitare rythmique, Jennifer montrera toute
l’étendue de son talent sur un lot nourri de compositions bien
écrites qui ne manqueront pas de faire mouche auprès d’une
assistance qui boit littéralement ses mots, habilement mis en valeur
par la guitare d’un Pascal Fouquet très en forme ce soir encore.
Columbus Blues Alliance a eu le nez fin en adoubant une formation de
cette qualité, c’est certain !
On rejoint maintenant le Wet Willies où Nebraska Jr. fait son show
en attendant que La Bedoune ne vienne lui voler la vedette dès le
soundcheck durant lequel Cécile entonnera « La Vie en Rose »
a-capella. La prestation sera du même calibre que celle d’hier soir
avec un « Mississippi Flowers » très applaudi et surtout avec deux
titres en Français qui retourneront instantanément une assistance
avide de ce genre de choses. Quelques petits soucis de son ne
viendront pas pénaliser outre mesure les représentants de Toulouse
Blues Society qui auront une fois encore fait grande impression
auprès d’un public moins compact que dans les « gros » clubs, mais
essentiellement composé d’amateurs éclairés qui viendront saluer et
glisser quelques cartes de visite dans la poche du groupe après le
concert. Le job a été fait, et bien fait en plus, et on attend
maintenant un verdict qui accordera ou non une place en demi-finale
à La Bedoune.
On retourne au Rum Boogie Café où les Wacky Jugs ne vont pas tarder
à monter sur scène et on tire un premier bilan de cette expérience
exceptionnelle qu’est l’International Blues Challenge, une
manifestation qui permettra une fois encore ce soir à nos fiers
Bretons de se positionner sur un échiquier mondial où ils dénotent
un peu avec leurs influences venues tout droit des années 30 alors
que beaucoup de formations tapent allègrement dans le blues rock ou
dans le boogie. Différent de celui d’hier soir, mais quel bonheur,
le set des Wacky Jugs souffrira d’une légère baisse d’attention du
public sur un morceau un peu complexe mais c’est en mettant le feu
sur le final que le quintet emballera le tout et parviendra à
conquérir une salle pleine à craquer. La aussi la demi-finale est à
portée de main, il ne reste plus qu’a savoir si les juges auront été
sensibles à une musique qui sort des sentiers battus mais qui n’est
absolument pas hors sujet.
Nous choisirons de diner sur le toit terrasse de chez Alfred’s en
attendant la fin de ces seconds quarts de finale puis c’est vers
l’hôtel que nous nous dirigerons pour attendre les résultats avec
une certaine impatience …
Dimanche 8 mai :
Nous avons la bonne surprise de constater au réveil que les deux
groupes que nous accompagnons sont qualifiés pour les demi-finales
et c’est en fonction de cette qualification que nous préparons le
programme de la journée. Exit la traditionnelle messe baptiste sur
Tyner Street puisque la cérémonie de remise des Keeping The Blues
Alive Awards a lieu ce matin dans la salle de réception du Sheraton
et que c’est un moment à ne pas manquer, d’autant plus quand on en a
soi même reçu un dans les années qui précèdent. La réception sera
l’occasion de saluer le staff de la Blues Foundation, présent et
passé, et de retrouver des connaissances comme Chris Barnes, Jimmy
Carpenter mis à l’honneur cette année avec le Big Blues Bender’s
Hart Party, ou encore Billy Branch. Cette année, seules neuf
personnes et organisations viendront ajouter leur nom à la liste des
récipiendaires, ce qui raccourcira quelque peu l’événement précédé
par un luncheon assez apprécié des convives.
Pendant ce temps, une partie du groupe partira assister à la fameuse
messe du Reverend Al Green à la Full Gospel Tabernacle Church où
l’ambiance est toujours excellente, quand bien même l’office affiche
un côté un peu touristique avec beaucoup de personnes venues pour
entendre la légende de la soul chanter. De plus en plus présent dans
son église depuis qu’il ne court plus les routes, Al Green donnera
de la voix sur deux morceaux et comblera ses fans avec une
prestation toujours aussi intense, et même si le poids des ans
commence à peser sur le fameux révérend, il n’en reste pas moins un
monstre sacré qui n’a rien perdu de son talent et de sa superbe !
L’heure est au repos avant de repartir dans le grand bain de Beale
Street où les Français se produisent tard ce soir mais on profite
aussi de notre passage pour aller assister aux prestations de nos
voisins européens et en particulier à celle de Muddy What? dont
votre serviteur avait participé à la sélection en octobre dernier à
Eutin lors du German Blues Challenge organisé par nos amis de Blues
Baltica. Toujours aussi virtuoses, les Allemands laisseront
forcément leur empreinte sur les murs d’un Blues City Café qui qui
vibre à l’unisson d’un groupe qui a bons arguments pour
convaincre.
Le temps de laisser passer quelques groupes et c’est maintenant les
Wacky Jugs qui laissent le bon temps rouler avec une musique
toujours aussi croustillante, Jack Titley et consorts n’en finissant
plus de mettre à l’honneur leurs propres compositions bien entendu,
mais aussi en fin de set une reprise de Sleepy John Estes. Parvenus
à se mettre le public dans la poche avec une musique qui dénote, les
autres concurrents évoluant dans un blues rock électrique souvent
assez convenu, les Bretons mettront la barre très haute tout en
gagnant l’estime et la sympathie des autres candidats qui ne
s’attendaient pas, pour la plupart d’entre eux, à ce genre de
prestation à la fois roots, authentique et entrainante. On croise
maintenant les doigts pour qu’il y ait une suite à cette brillante
prestation !
Le temps de traverser la rue pour rejoindre le King Jerry Lawler’s
et on retrouve La Bedoune déjà en scène pour un moment assez
singulier puisque le duo doit conjuguer avec un manque évident de
matériel et notamment d’ampli pour la basse. Sans se démonter,
Cécile et Greg vont nous la jouer très pro et nous offrir un set
entièrement remanié tant au niveau des titres qu’au niveau de
l’énergie. Visiblement affamé, un des juges dévore son assiette, ce
qui ne l’empêche pas de garder l’œil attentif sur une chanteuse
magnétique qui n’en finit plus de briller et de joindre le geste à
la voix. Dernier groupe de la soirée à se produire dans ce club, le
tandem soutenu par Toulouse Blues Society refermera brillamment un
plateau relevé qui a vu passer en début de demi-finale l’Allemand
Bad Temper Joe, un sérieux candidat pour la finale.
Les réactions sont unanimes et le public que l’on croise dans la rue
félicite l’une et l’autre des deux formations françaises en lançant
des petits mots sympathiques à leur attention. Pour notre part, il
ne nous reste plus qu’à rejoindre notre hôtel où, sur les coups
d’une heure du matin, nous recevrons un appel nous informant que les
deux groupes se produiront demain sur la scène de l’Orpheum pour une
finale qui s’annonce épatante et où l’on retrouvera les jeunes
Coréens de Richiman & Groove Nice, seule autre formation
non-étasunienne à avoir atteint la finale avec les
Français.
Lundi 9 mai :
Direction l’Orpheum Theatre où nous attend le grand marathon de le
finale avec la bonne surprise de se retrouver avec deux groupes
qualifiés, ce qui n’est pas rien. On commence donc avec La Bedoune
de Toulouse Blues Society / France Blues qui va mettre le feu
instantanément avec un set de vingt minutes plein de malice et
d’entrain. Cécile détend immédiatement l’atmosphère en envoyant
quelques blagues qui ont un effet énorme sur le public et ne perd
pas son sang-froid quand la première guitare de Greg connaît
quelques soucis de branchement puis lorsqu’il casse une corde sur
l’acoustique qu’il a pris en remplacement ! Une attitude vraiment
professionnelle qui aura forcément été remarquée par le jury !
Richiman & Groove Nice de Korea Blues Society débarquent avec un
gros groove et continuent le travail entamé par les Français en
proposant un set très musclé. Les trois musiciens affichent une
belle complicité et surtout une parfaite coordination qui confirme
qu’ils ne sont pas arrivés en finale par hasard. Excellent
communiquant, le chanteur et guitariste joue avec un public qui le
lui rend bien. Un bon set qui annonce une finale très relevée !
Charles Tiner Jr. d’Illinois Central Blues Club impose son style en
solo au piano et nous livre un set plein de nuances grâce à des
programmations qui lui permettent d’improviser un solo de basse par
exemple. La voix chaude et colorée est un plus pour cet artiste au
talent certain et à la classe naturelle. La qualité est au
rendez-vous cette année et ça promet de belles choses sur la scène
blues pour les années à venir !
Les Wacky Jugs présentés par France Blues vont une fois encore créer
la surprise avec un set aussi intéressant que décalé qui fait un
effet bœuf sur une assistance qui apprécie à sa juste valeur une
musique à la coloration particulière et à la saveur délicatement
vintage. Un bon gros blues à la sauce jug band subtilement relevé
aux parfums venus d’Armorique et servi bien chaud à un public de
connaisseurs qui ne se trompe pas sur la qualité de ce qu’on lui
offre ! On croise les doigts pour que ça passe auprès du jury …
Éric Ramsey de Phoenix Blues Society entre seul en scène avec un
résonateur et une guitare et vient proposer ses blues songs sur fond
de slide ou d’accords, c’est selon son bon vouloir. Une chanson sur
le confinement pour mieux se souvenir de cette période douloureuse
et quelques autres teintées d’humour viendront amuser l’assistance,
comme cette « Hurricane Woman » de catégorie 4 à laquelle le
bluesman fait allusion avec beaucoup de second degré.
TC Carter Band de Piedmont Blues Preservation Society nous sert un
premier instrumental hyper bruyant et totalement inaudible avant que
l’épouse du guitariste n’attrape le micro pour proposer une soul
plus subtile, du moins quand le reste du groupe s’abstient de jouer
en remettant tous les voyants dans le rouge. Véritable insulte à la
musique, le bruit imposé par TC Carter et son band n’est absolument
pas révélateur de ce que le groupe est capable de montrer quand il
daigne baisser d’un ton ! Une cover de SRV pour finir de nous abîmer
les tympans et ce calvaire sera enfin terminé ! Dommage d’être
carrément passé à côté de ça …
Jhett Black de San Angelo Blues Society se présente seul en scène et
délivre un blues à la fois sale et puissant, rugueux juste ce qu’il
faut et tranché très près de l’os. La voix râpeuse et le résonateur
bien gras collent plutôt bien à la peau de ce bluesman aux faux airs
de Lucky Luke qui donne tout ce qu’il a en magasin, un peu comme si
c’était son dernier concert. Le public apprécie visiblement et Jhett
Black déroule soigneusement un show bien réglé et intelligemment
dosé ! Si ce n’est pas l’artiste le plus original de la journée, il
a au moins l’avantage de faire du bon boulot …
Soul Nite feat. D.K. Harrell de Mississippi Delta Blues Society of
Indianola va assez loin dans la ressemblance avec BB King en
ajoutant la guitare à la stature et en multipliant les petits
phrasés de Lucille inspirés du bluesman le plus connu du monde qui a
donné à Indianola ses plus belles heures de gloire. Il n’en reste
pas moins qu’il ne suffit pas de ressembler au King of Blues pour
lui arriver à la cheville, même si la prestation de D.K. Harrell est
de très belle facture et visiblement très appréciée de ses fans
venus en nombre qui applaudiront à tout rompre la reprise de « Why I
Sing The Blues ».
Dottie Kelly & Darrell Raines de Treasure Coast Blues Society
forment un duo attachant dans lequel la première donne de la voix
tandis que le second se charge des guitares et des percussions. Un
blues classique dans lequel il est question du quotidien, d’alcool,
de sexe et de tout ce qui fait que l’on peut avoir envie de chanter
le blues, il n’en faut pas plus pour que le duo nous offre une
prestation de bonne qualité dans la tradition de celles des
blueswomen fantasques d’autrefois. Un genre qui fait encore et
toujours recette !
Cros de Phœnix Blues Society est un sextet avec orgue Hammond et
saxophone qui distille un blues dans la veine de celui de Chicago,
mais sans se cantonner au style et en y ajoutant un trait de West
Coast et un autre de Texas blues. Capable de varier les couleurs
mais aussi les saveurs avec ses deux guitaristes et avec son
chanteur bassiste très énergique, Cros va nous présenter en 20
minutes l’éventail de ses divers talents pour mieux refermer cette
finale très réussie.
En attendant les résultats, c’est Jonn Del Toro Richardson qui
animera la jam avec à ses côtés le gratin de la scène blues
américaine et notamment les anciens participants à l’International
Blues Challenge. On retrouve ainsi Ben Rice, Jose Ramirez et nombre
d’autres encore auxquels viendront se greffer Kate Rigggins et Dawn
Tyler Watson pour un moment très apprécié.
L’heure des résultats tombe enfin et si La Bedoune passe à côté du
podium, l’histoire avec un grand H retiendra que les Wacky Jugs sont
les premiers Européens à remporter l’International Blues Challenge
dans la catégorie reine des « Groupes ». Une superbe satisfaction
pour tous ceux qui se sont impliqué dans cette participation !
Mardi 10 mai :
C’est avec la boule au ventre que nous abandonnons nos groupes
finalistes de l’International Blues Challenge qui rentrent pour les
uns vers Brest, pour les autres vers Toulouse, et nous prenons cette
fois la direction de Brownsville où nous attend le West Tennessee
Delta Heritage Center avec non seulement ses différents musées
dédiés à la musique, au coton ou encore à la nature, mais aussi ses
deux souvenirs superbement reconstitués, la maison plus que modeste
de Sleepy John Estes et l’école où la jeune Tina Turner a fait ses
premiers apprentissages. Sobre et très discret, l’endroit est
gratuit d’accès et présente une collection intéressante où la
Tigresse est bien évidemment mise à l’honneur, mais où c’est surtout
toute la région qui souhaite se faire connaitre des touristes, et il
faut dire qu’elle le vaut bien. Accueilli par des hôtesses fort
sympathiques, le visiteur se laisse guider pour un arrêt qui
finalement est toujours bien plus long que ce qui était prévu …
La suite de l’aventure doit maintenant nous entrainer vers Lynchburg
avec quelques haltes en cours de route, mais c’est sans compter sur
les nouvelles technologies automobiles qui diagnostiqueront un frein
de parking déficient sur notre Ford Edge, au demeurant superbe, et
qui nous permettront de visiter toutes les agences Hertz du
Tennessee pour finalement réussir à changer de véhicule à Nashville,
que nous regardons depuis les embouteillages, et finalement
récupérer une Chevrolet Equinox qui nous conduira à bon port après
plus de deux cents miles passés à entendre une « sonnerie
d’avertissement » qui réussirait presque à nous faire préférer …
(compléter au choix avec Jul, Stromae, Michel Sardou …)
C’est donc sur le tard que nous arrivons à Lynchburg pour y passer
la nuit, non sans avoir pris le temps de faire une halte rapide au
Barrel Shop où les goodies sont toujours vendus à un pris aussi
exorbitant. Il ne nous restera plus qu’à essayer de nous rendre à la
distillerie demain dès la première heure pour foncer ensuite vers
Birmingham, Alabama, qui ne manquera pas de nous offrir de nouvelles
découvertes plus que prometteuses.
Ceux qui connaissent le El Costal Mexican Restaurant & Grill à
Tullahoma et ses portions généreuses auront compris qu’il ne faudra
pas nous bercer bien longtemps ce soir pour que nous prenions enfin
le repos que nous attendons depuis une semaine intense passée à
Memphis.
Mercredi 11 mai :
La matinée commence par ce que nous aurions dû faire hier soir,
c’est-à-dire un passage à la distillerie de Lynchburg, mais comme il
est un peu tôt et que nous avons de la route à faire ensuite, nous
renonçons à faire le Angel Share’s Tour avec son grand tour des
installations de Jack Daniel’s et la dégustation de six sortes de
Tennessee Whiskey à la fin de la visite. Prudents, nous nous nous
contenterons de faire un tour dans l’exposition des anciennes
bouteilles et autres objets collectors, et bien entendu de faire un
passage au White Rabbit Bottle Shop pour revenir à la maison avec
quelques pièces collector. La chaleur commence à taper fort dès 9
heures ce matin et l’employé qui surveille les entrées au parking
des Tennessee Squire a les bras couverts de crème solaire, signe que
ça va cogner fort toute la journée … Pour notre part, nous saluons
définitivement le Tennessee et prenons la route en direction de
l’Alabama voisin !
Les presque trois heures de route vers Birmingham s’avalent
relativement bien avec leur lot de tatous morts sur le bord de la
route mais aussi avec quelques travailleurs qui élaguent les arbres
à grands coups de disqueuse, des rangers qui surveillent la
circulation et même des voitures qui ont raté leur trajectoire pour
se retrouver dans le fossé. On aperçoit chemin faisant les fusées du
centre aéronautique de Huntsville et on se retrouve finalement à
déjeuner dans un drôle de restaurant, le Seafood King Lakeshore, qui
propose un menu cajun avec moult crevettes, pattes de crabe des
neiges, saucisse fumée, etc., le tout soigneusement épicé et
particulièrement goûteux !
Si le passé de l’Alabama est ponctué d’entorses graves aux droits
civiques, cet état du Sud essaie aujourd’hui de s’acheter une
conduite et ça semble payer … On se dirige donc vers le centre-ville
où nous tendent les bras des lieux importants comme le Kelly Ingram
Park cet bien entendu le Birmingham Civil Rights Institute que nous
visiterons forcément. Si le Kelly Ingram Park est fréquenté par des
locaux qui viennent nous voir pour chercher le pourboire et nous
raconter les histoires liées à l’endroit, souvent intéressantes et
bien documentées d’ailleurs, le personnel du Civil Rights Institute
est particulièrement avenant et nous pose tout un tas de question
avant de nous laisser le loisir de découvrir des tableaux
reconstituant les hauts et les bas de la cohabitation des Noirs et
des Blancs dans l’Alabama. Une visite passionnante qui a elle seule
mérite un détour !
La douzaine de jours intense que nous venons de vivre a quelque peu
marqué les esprits et nous décidons donc de nous accorder une petite
soirée de break en attendant de reprendre la route demain matin vers
Jackson, Mississippi, qui sera l’avant dernière étape du
voyage.
Jeudi 12 mai :
C’est à la première heure que nous prenons la route avec un temps de
conduite estimé à quatre heures environ, sans les visites, et nous
traversons Tuscaloosa sans un arrêt pour finalement quitter
l’Alabama et rejoindre le Mississippi et saluer le personnel du
Lauderdale County Welcome Center à Toomsuba qui nous donnera plein
de renseignements utiles et un tote bag rempli de petits cadeaux en
échange de quelques leçons basiques de Français. Toujours très
avenantes, les hôtesses des différents Visitors Center sont
traditionnellement enchantées de recevoir des étrangers et en
particulier des Européens, surtout quand ils font la démarche de les
saluer et de tendre l’oreille pour comprendre leur accent parfois un
peu compliqué à déchiffrer. C’est aussi ce qui fait le charme du
Deep South !
Nous ferons une nouvelle étape à Meridian pour y découvrir les deux
markers érigés à la mémoire de Jimmie Rodgers, pas celui qui s’est
illustré aux côtés de Muddy Waters et qui nous a quittés il y a un
quart de siècle environ mais celui qui est considéré comme le père
de la country music, devenu célèbre dans les années 20, notamment
pour son yodeling rythmique. Décédé à New York en 1933 à l’âge de 35
ans, le musicien natif de Meridian y repose désormais aux côtés de
celle qui fut sa deuxième épouse et qui est décédée près de trois
décennies après lui.
L’Interstate 20 est certes un axe pratique pour traverser le pays,
mais on s’y ennuie très vite, et nous décidons donc de prendre les
petites routes pour rejoindre Jackson en traversant tout d’abord
Forest où nous nous poserons un instant à côté du marker dédié à
Arthur Big Boy Crudup à qui Elvis Presley doit son tube « That’s
Alright Mama » mais aussi quelques autres, puis où nous déjeunerons
dans un buffet traditionnel, The Garden Patch, qui sert une soul
food à volonté sur fond de sweet tea pas désagréable du tout.
Fréquenté par les locaux, qu’ils soient Noirs ou Blancs, l’endroit
est tenu par trois dames fort sympathiques et bien dodues qui ne
manqueront pas de s’extasier en apprenant que nous venons de France.
On poursuivra ensuite la route pour Jackson par Pelahatchie avec un
arrêt rapide auprès du marker de Rubin Lacy pour la photo souvenir !
En arrivant dans la capitale du Mississippi, nous faisons un détour
par l’artère qui a été renommée Bobby Rush Boulevard en janvier
dernier, mais si le changement devait être effectif un mois plus
tard, force est de constater que la rue est encore marquée à chaque
croisement par le panneau Ellis Avenue … Si l’on a l’habitude de
constater que tout est long à se faire dans le Sud, nous
regretterons quand même de ne pas avoir pu voir la nouvelle
signalétique dès ce voyage. Nous filons donc déposer les bagages au
Hampton Inn sur Greymont Avenue, un endroit idéalement placé pour
pouvoir se rendre rapidement au Mississippi Civil Rights Museum mais
aussi dans des clubs comme le célèbre Hal & Mal’s ou encore au
pub Martin’s Downtown juste en face …
Pour nous passer le temps, nous irons faire un tour sur Farish
Street et aux fameux Queen Of Hearts qui fonctionne toujours, même
si la façade et le quartier ne sont pas de nature à rassurer les
visiteurs, et nous échouons tout naturellement au Hal & Mal’s,
récipiendaire d’un Keeping The Blues Alive en janvier 2020, où nous
dinerons en écoutant le D’lo Trio qui se produit en quartet, drôle
d’idée pour un trio, et qui nous proposera un country-folk pas
désagréable du tout, avec violon et mandoline et avec en prime une
version du « In The Jailhouse Now » de Jimmie Rodgers à qui nous
avons rendu hommage ce matin … C’est ce que l’on appelle boucler la
boucle en beauté !
Les soirées se terminant vers 21 heures, nous rentrerons sagement à
l’hôtel en attendant une dernière journée de route de près de quatre
heures … Les miles sont un produit qui se consomme autant que le
poulet frit et le soda aux Etats Unis, et il ne faut pas craindre
d’abuser des premiers si l’on veut profiter d’un voyage pour voir du
pays !
Vendredi 13 mai :
A l’heure où la plupart de nos compatriotes se ruent chez les
buralistes pour gratter un billet ou valider une grille, nous
choisissons pour notre part d’aller visiter les deux grands musées
de Jackson, Le Mississippi Civil Rights Museum et le Museum of
Mississippi History qui ont le mérite d’offrir une entrée combinée à
15$ pour une panel d’expositions qui demanderait toute la journée si
l’on voulait totalement l’exploiter. Superbement documentés, les
deux musées ne sombrent pas dans le pathos mais présentent les
choses telles qu’elles ont longtemps été dans cet état qui est le
plus pauvre des Etats Unis et qui a longtemps oublié de ratifier le
13ème amendement concernant l’abolition de l’esclavage pour
finalement le faire le 7 février 2013, il y a moins de dix ans.
Ponctué de films documentaires très forts, le Civil Rights Museum ne
manque pas de rappeler le nombre de personnes lynchées pour des
raisons plus ou moins obscures, les disparitions étranges ou encore
les jugements iniques rendus après des affaires plus qu’immondes
comme l’assassinat d’Emmett Till dont nous avons déjà parlé au début
de notre voyage. Le Museum of Mississippi History met pour sa part
l’accent sur l’arrivée des Européens qui ont peu à peu remplacé les
peuples natifs et qui ont apporté leur lot d’esclaves venus
d’Afrique, contribuant par la même occasion à un grand changement au
niveau de la population. On soulignera enfin une section consacrée
aux guerres internes et externes auxquelles les forces américaines
et en particulier celles du Mississippi ont été associées, Vietnam,
Iraq, Corée et seconde guerre mondiale incluses.
Il nous faut désormais rejoindre La Nouvelle Orléans mais nous
choisissons de le faire par la route la moins directe, celle qui
passe par Hattiesburg où nous ferons un arrêt pour découvrir les
deux markers de la Mississippi Blues Trail que compte la ville, le
Roots Of Rock And Roll dédié aux frères Roosevelt et Uaroy Graves et
à Cooney Vaughan mais aussi celui qui met à l’honneur le Hi-Hat
Club, aujourd’hui disparu et à côte duquel on trouve désormais le CP
Lounge. Grosse bourgade tranquille traversée par la Route 49,
Hattiesburg réserve son lot de surprises avec, par exemple, lorsque
vous y faites le plein, la rencontre avec le beau-père d’un des
membres des Kings Of Leon … Quand on vous dit que la musique est
partout présente quand on fait l’effort de parler un instant avec
les gens !
Nous faisons maintenant notre entrée en Louisiane avec un passage
par le Visitor’s Center qui nous offre un joli stickers et nous
descendons vers Irish Bayou reconnaissable à son château médiéval
posé en bord de route et vers Bayou Sauvage où les maisons de
pêcheurs sont plus surprenantes les unes que les autres. On
regrettera juste que les axes secondaires soient transformés en
décharge sauvage à ciel ouvert mais on appréciera le côté
authentique de cette route peu fréquentée qui nous ramène vers Chef
Menteur Highway et vers Gentilly où nous passerons notre dernière
nuit avant le retour en France.
Un dernier diner au Cajun Seafood, notre cantine néoorléanaise
préférée, avec cette fois au menu gumbo, saucisse et crawfish
boudin, et il sera temps de rentrer vers l’hôtel pour boucler les
valises. On a beau avoir l’habitude de traverser cette Terre de
Blues avec laquelle nous sommes devenus familiers au fil des années,
cette dernière nous réserve à chaque fois des surprises, des joies,
des peines aussi, et c’est toujours un déchirement que de devoir la
quitter … Par chance nous y serons de retour dans un mois tout juste
pour de nouvelles rencontres, de nouvelles surprise. C’est donc
juste un au-revoir très simple qui marque notre départ aujourd’hui !
Et c’est le cœur plein de joie que l’on repense à nos deux superbes
concurrents à l’International Blues Challenge 2022, La Bedoune
finaliste en catégorie « Solo/Duo » et The Wacky Jugs, gagnants dans
la catégorie « Groupes » …
Fred Delforge – mai 2022
|
|
|
|