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EN TERRE DE BLUES 2022 (USA)
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Ecrit par Fred Delforge |
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mercredi, 11 mai 2022
TERRE DE BLUES 2022
EN TERRE DE BLUES
NEW ORLEANS � VICKSBURG � CLARKSADLE � MEMPHIS � LYNCHBURG � BIRMINGHAM �
JACKSON ...
(USA)
Du 29 avril au 14 mai 2022
https://visitmississippi.org/
http://msbluestrail.org/
C�est une �dition quelque peu exceptionnelle de ce p�riple qui nous
attend cette ann�e puisque les contraintes sanitaires ont repouss�
l�International Blues Challenge de janvier � mai 2022, et parce que
la crise sanitaire qui a frapp� le monde a tout particuli�rement
impact� les Etats Unis dont la population n�a pas eu la chance
d��tre soutenue comme nous l�avons �t� en Europe et en France. Nous
l�avions d�j� constat� en novembre d�cembre/dernier, mais en quatre
mois, force est de constater que l�inflation fr�le les 10%, que le
prix des carburants a plus que doubl�, que les homeless fleurissent
dans les villes comme les magnolias au printemps et que le crack
circule d�sormais un peu partout, m�me dans les beaux quartiers �
Il n�en reste pas moins que le voyage vaut bien la vingtaine
d�heures qu�il dure de porte � porte, avec cette fois des escales �
Amsterdam et Atlanta avant de toucher enfin notre but � La Nouvelle
Orleans nous tend les bras, et ce n�est l� que le d�but de cette
quinzaine en terre de blues !
Samedi 30 avril :
Arriv�s � La Nouvelle Orleans hier en fin de soir�e, nous avons
directement rejoint notre h�tel sur Old Gentilly pour nous remettre
de nos �motions et c�est d�s potron-minet que nous partons
aujourd�hui faire un rapide tour en ville pour assister au ballet
des balayeurs qui �vacuent les d�tritus laiss�s par la foule durant
la nuit � La ville est en plein festival de jazz et elle semble
retrouver une certaine fr�quentation � la fois diurne et nocturne,
ce qui donne aux quartiers branch� des allures de d�charge � ciel
ouvert dans laquelle s�amoncellent les souvenirs plus ou moins
avouables laiss�s par une meute h�t�roclite o� les amateurs de
musique se m�langent aux bobos en goguette, donnant � Bourbon, �
Decatur ou � Frenchmen Street des faux airs d�Ibiza.
On laisse le quartier se refaire une beaut� pour �tre pr�sentable ce
soir et on file sur la I-55 pour rejoindre un endroit que nous
aimons tout particuli�rement, Owl Bayou, un petit coin de paradis
pos� au milieu de l�enfer puisqu�il est juste sous le viaduc de
l�Interstate, mais o� la vue est magnifique, que ce soit le matin au
lever du soleil, le soir quand il se couche, ou comme aujourd�hui en
plein milieu de la matin�e quand le soleil cogne d�j� dur et que les
p�cheurs sont � l��uvre � On fantasme on se disant qu�il doit bien y
avoir quelques alligators qui guettent dans l�espoir de nous croquer
mais en cherchant bien, on ne voit que quelques escargots, de belle
taille certes, mais plut�t inoffensifs �
De retour en ville, on passe forc�ment devant la maison de Fats
Domino qui a retrouv� ses couleurs d�antan et on fonce bient�t au
Cajun Seafood sur Claiborne Avenue se prendre une bonne grosse dose
de crawfish et de gumbo, le tout piment� � souhait au point de vous
mettre la bouche en feu pour le reste de la journ�e. Un petit arr�t
au Kermit's Trem� Mother-in-Law Lounge de Kermit Ruffins, un des
lieux culte des fans de la s�rie Treme qui se trouve quasiment en
face, et il ne nous reste plus qu�� aller faire un grand tour dans
les cimeti�res avec un arr�t prolong� dans celui de St. Joseph,
moins prestigieux que les cimeti�res payants du centre qui
accueillent des tombes c�l�bres, et en m�me temps tellement plus
authentique.
On laissera ensuite les visiteurs se promener dans le Vieux Carr�
avant de partir pour notre premi�re soir�e concert du s�jour, et
quelle soir�e ! On se dirige en effet vers Broadside, un espace en
plein air sur Broad Street o� nous attendent quelques food trucks
mais aussi et surtout Jon Cleary�s Funky N.O. R&B Revue qui
�volue ce soir avec l�excellent guitariste Big D et le non moins
brillant percussionniste Pedro Segundo en plus de sa section
rythmique et d�une paire de cuivres. Groovy et funky � souhait, la
musique du pianiste qui est �galement chanteur et � ses heures
guitariste va nous emmener tr�s loin dans les rythmes festifs et
�pic�s du jazz n�oorl�anais avec une pointe de swamp et une autre se
soul.
Et comme une bonne revue musicale ne saurait se faire sans des
guests de prestige, ce sont ce soir Walter �Wolfman� Washington,
John Boutte et James Rivers qui se succ�deront pour apporter qui une
guitare et une voix, qui un chant d�licat, qui un saxophone et une
�trange flute-harmonica pour mettre en valeur une musique dans
laquelle on retrouve des couleurs qui font penser � Fats Domino, Dr.
John, Professor Longhair et Jelly Roll Morton mais aussi les Neville
Brothers, Bonnie Raitt et Taj Mahal. L�assistance tr�s bien garnie
et particuli�rement r�active est essentiellement compos�e de locaux,
visiblement des habitu�s du lieu � qui les plus de trente dollars de
droit d�entr�e n�a pas fait peur. Il faut reconnaitre que le plateau
propos� valait largement le prix !
Apr�s cette belle soir�e de plus de deux heures de bonnes vibrations
servies par un groupe chaleureux et motiv�, il ne restera plus qu��
aller profiter du sommeil du brave, le cocktail d�calage horaire et
lever aux aurores commen�ant � laisser quelques traces dans les
corps et dans les esprits �
Dimanche 1er mai :
On voyait le ciel s�assombrir au loin hier soir, c�est confirm� ce
matin, le ciel est gris-noir et l�orage nous gu�te en cours de route
� Il ne faudra pas attendre bien longtemps pour que nous allions
nous engouffrer dedans et c�est sous un v�ritable d�luge que nous
quitterons La Nouvelle Orleans par l�Interstate-10 pour partir en
direction de Baton Rouge puis d�Atchafalaya Basin o� nous ferons
traditionnellement une halte � Henderson pour y saluer les
innombrables chats qui s�agglutinent � proximit� du Pat�s
Fisherman�s Wharf, signe s�il en faut que le poisson y est gouteux
et servi � profusion, tant aux clients qu�aux greffiers qui hantent
les lieux. On pousse encore un peu plus loin vers le Pontoon Bridge
de Butte La Rose et l�, surprise, ce pont aussi magnifique que
branlant et atypique a tout simplement �t� enlev� pour �tre, on le
souhaite, restaur� � l�identique.
C�est donc la mort dans l��me que l�on retraverse le bayou en sens
inverse pour rejoindre l� encore Baton Rouge et filer vers Natchez
o�, tradition oblige, nous irons d�jeuner chez Fat Mama�s Tamales,
un endroit aux couleurs vives et aux saveurs �pic�es o� nous nous
r�galons � chacune de nos visites. Pas �tonnant que la presse du
monde entier �voque ce restaurant qui ne paie pas de mine mais o� il
fait bon faire une pause avant de descendre tremper ses mains dans
le fleuve sur les rives du Big Muddy o� un autre restaurant, le
Magnolia Grill, a commenc� � nous faire de l��il avec ses
sp�cialit�s de fruits de mer en pr�vision d�une prochaine halte dans
la ville. Un dernier regard sur les maisons antebellum, un des gros
points d�int�r�t de Natchez, et il ne nous restera plus qu�� filer
vers Vicksburg o�, dimanche oblige, il n�y a pas de musique live �
aller �couter � Soir�e d�tente en perspective donc, mais c�est
plut�t bienvenu apr�s une longue journ�e pass�e � rouler sur la
Highway 61 !
Lundi 2 mai :
Apr�s un rapide petit-d�jeuner � Vicksburg, on quitte la ville pour
prendre la direction de Clarksdale avec au programme quelques
haltes, la premi�re d�entre elles �tant pr�vue � Rolling Fork, la
ville natale de Muddy Waters, o� l�on trouve un marker comm�morant
l��v�nement mais aussi une reconstitution de la maison de son
enfance avec un front porch mais aussi un diddley bow sur lequel on
imagine qu�il a jou� ses premi�res notes. Non loin de l�, on
remarque Lee's Cotton Picker Art Gallery, un endroit tenu par un
v�t�ran qui r�alise des statues � partir de vieux bouts de machines
� ramasser le coton et autres pi�ces m�talliques, un personnage
attachant avec lequel nous discuterons un moment avant de poursuivre
vers Greenville, non sans avoir remarqu� dans Rolling Fork les
nombreuses fresques murales et les statues en bois repr�sentant de
jeunes ours.
L�arriv�e � Greenville impressionne avec ce faux air de ville
abandonn�e o� la plupart des magasins sont en cours de perdition ou
d�j� d�finitivement ferm�s. Sur Martin Luther King Avenue, une
cohorte de voitures de police s�affaire � arr�ter un jeune noir qui
tentait d��chapper aux forces de l�ordre, la vision a quelque chose
de dantesque � Nous partons � la recherche de Mason Street, la rue
anim�e et particuli�rement mal fam�e � la grande �poque des bluesmen
de l�gende, et si elle a perdu pas mal de ses clubs, il n�en reste
pas moins quelques vieux souvenirs que nous immortalisons en prenant
garde � quelques locaux visiblement sous crack qui nous regardent
avec un sale �il, probablement d�rang�s par notre passage pourtant
discret dans la rue �
On remonte maintenant vers Cleveland et Dockery Farms pour y revoir
cette grande plantation o� le blues a probablement vu le jour sous
l�influence d�un certain Charley Patton et on remarque que la
musique qui donne un certain cachet au lieu a une nouvelle fois
cess� d��tre pr�sente dans cet immense site en plein air. Un tour
dans le coton gin, un autre pr�s de la station-service, et nous
voil� rapidement repartis en direction de Clarksdale avec un
traditionnel arr�t du c�t� de Merigold pour prendre connaissance de
l��tat de d�labrement du Po� Monkey�s qui, en plus de se d�sagr�ger
petit � petit, empeste d�sormais la charogne sur quelques m�tres aux
alentours � Triste fin pour ce qui fut jadis un club majeur de la
r�gion !
Une innovation cette ann�e avec la recherche du Wonder Light City,
le club du guitariste et pianiste Robert �Bilbo� Walker qui l�aura
finalement achev� en avril 2017 avant de d�c�der quelques mois plus
tard. D�sormais � l�abandon, le club est en perdition et subira un
jour le m�me sort que son a�eul Po� Monkey�s, mais pour l�heure, on
peut encore s�en approcher en faisant un peu de gymkhana et
entrevoir les souvenirs de sa br�ve mais intense splendeur et
notamment une des sc�nes qui accueillait les artistes � l�ext�rieur
du club. Un petit pincement au c�ur quand m�me en voyant les
camping-cars et autres v�hicules qui pourrissent dans ce qui fut
autrefois le chemin d�acc�s au club, mais l� aussi on note que la
paup�risation des musiciens et des spectateurs conduit � ce genre de
situation en tous points regrettable.
Quelques poign�es de minutes suffisent maintenant � nous amener �
Clarksdale o� nous nous arr�tons au Abe�s BBQ pour d�guster ses
fameux ribs et jeter un �il sur le non moins fameux Crossroads qui
n�en finit plus pour sa part d�attirer le chaland. Un tour en ville
nous emm�nera jusque chez Cat Head pour acheter quelques albums,
t-shirts et autres goodies et pour saluer l�ami Roger Stolle, puis
chez Deak Harp, c�l�bre musicien et pr�parateur/r�parateur
d�harmonicas, qui nous gratifiera de quelques morceaux en solo avant
que nous ne partions pour le Shack Up Inn prendre nos quartiers pour
deux nuit�es sur place � Clarksdale �tant une ville o� il y a de la
musique chaque jour, il ne nous restera plus ensuite qu�� nous
mettre en qu�te du ou des concerts du soir !
L�animation musicale du jour se limite � un concert sur la terrasse
du Blues Berry Caf� et c�est un groupe que nous avions d�j� pu
appr�cier en novembre dernier que nous retrouvons, Mississippi
Marshall, avec un grand p�re au chant et � la guitare et son
petit-fils de dix-sept ans � la basse. Plein de finesse et
d��l�gance, les deux musiciens vont nous emmener durant deux heures
sur la route de leurs propres compositions mais aussi sur celles de
reprises tr�s originales et fort bien interpr�t�es de titres
emprunt�s � des gens comme Muddy Waters, Sam Cooke, Robert Johnson,
ZZ Top, Ray Charles et nombre d�autres encore. Les amateurs de blues
auront en outre la chance de remarquer de temps � autres Watermelon
Slim qui vient poser un harmonica sur les notes de ses amis mais qui
s�attache aussi � donner un coup de main au service quand le besoin
s�en fait sentir.
L�assistance est venue en nombre ce soir et ce sera l�occasion pour
nous de passer une partie de la soir�e avec les deux formations qui
repr�senteront la France � l�International, The Wacky Jugs qui
concourront sous les couleurs de France Blues et La Bedoune qui
repr�sentera Toulouse Blues Society. On en reparlera bien entendu
dans quelques jours �
Mardi 3 mai :
C�est une belle journ�e et calme journ�e qui nous attend aujourd�hui
avec pour commencer un passage � Tutwiler ou tr�ne fi�rement le
marker d�di� � W.C. Handy mais o� l�on remarque aussi les fameuses
fresques murales de la gare et notamment celle o� John �Alabama�
Lowe joue sur sa guitare avec un couteau en guise de bottleneck,
parvenant � �mouvoir le m�me W.C. Handy qui gardera le souvenir de
cette journ�e et de cette musique plaintive durant toute son
existence. Sur la m�me s�rie de fresques, on trouve celle d�di�e �
Alec Miller alias Sonny Boy Williamson avec un plan sommaire pour se
rendre � sa tombe, ce que nous ferons bien �videmment avant de
poursuivre la route pour Indianola en passant devant le p�nitencier
de Parchman.
Il est maintenant l�heure de visiter le BB King Blues Museum o� les
derni�res touches ont �t� mises � l�extension avec toujours les deux
voitures et le tour-bus de l�artiste mais aussi avec de nouvelles
bornes interactives tr�s bien faites et surtout tr�s int�ressantes.
La visite, enrichie de ces nouvelles additions, se terminera bien
�videmment par un moment de recueillement sur la derni�re demeure du
King of Blues et par la traditionnelle photo souvenir aux c�t�s de
la statue en bronze d�un B.B. King qui semble pensif et d�tendu.
Nous profiterons du passage par Indianola pour aller jeter un �il
sur le Club Ebony, actuellement ferm� pour travaux, en esp�rant tr�s
vite pouvoir y retourner pour assister � un concert, un moment
toujours tr�s impressionnant dans cet endroit
mythique.
Nous d�cidons de rentrer vers Clarksdale en faisant un d�tour par
Greenwood o� nous ferons un arr�t rapide aupr�s de la tombe de
Robert Johnson mais o� nous nous arr�terons aussi un instant aupr�s
d�un nouveau complexe, Tallahatchie Flats, qui n�est pas sans
rappeler le Shack Up Inn et qui pourrait bien accueillir � terme une
de nos prochaines vir�es � En Terre De Blues � tant l�endroit semble
calme et accueillant. La proximit� de la rivi�re est un plus pour
les amateurs de p�che � la ligne qui trouveraient en prime une
occasion de d�compresser un moment pour �viter l�overdose de blues,
du moins pour les moins accros d�entre nous � En quittant les lieux,
nous passons in�vitablement devant la funeste Bryant Grocery o� le
marker qui comm�more l�assassinat du jeune Emmett Till a �t� remis
en place, un v�ritable pied de nez aux imb�ciles qui � plusieurs
reprises l�ont d�truit.
On continue � suivre les traces d�Emmett Till en remontant vers
Glendora o� nous partons � la d�couverte du mus�e qui lui est d�di�
mais o� il est �galement grandement question des droits de l�homme
aux Etats Unis en g�n�ral et en particulier dans la r�gion. Petit
mais bien document�, E.T.I.C (pour Emmett Till Interpretive Center)
s�efforce d�effectuer un travail de m�moire pour que ce genre
d�infamie ne se reproduise plus et c�est un endroit qui m�rite
absolument un d�tour. Un coup d��il sur le marker de Sonny Boy
Williamson � la sortie du mus�e et c�est en allant se recueillir,
non sans difficult� car l�endroit est envahi par les ronces et les
animaux sauvages, aupr�s du Black Bayou Bridge depuis lequel le
cadavre du jeune gamin de quinze ans a �t� jet� par les salauds qui
l�ont l�chement tortur� puis assassin�, que nous finirons ces
quelques heures pass�es autour d�une des pages les plus sombres de
l�histoire de l�Am�rique.
Il est temps de regagner le Shack Up Inn en faisant un arr�t du c�t�
de Dubin pour y admirer les cypr�s chauves qui poussent au beau
milieu d�un bayou poissonneux o� les locaux p�chent la carpe et le
catfish, un moment bien sympathique avant de retrouver l�ambiance
bric � brac un peu d�jant�e de notre home sweet home du soir pos� en
plein milieu des champs de coton et au bord d�une voie ferr�e
d�labr�e. Il sera alors temps de prendre un peu de repos en
attendant de trouver un concert pour ce soir, ce qui ne devrait pas
�tre trop compliqu� puisque Clarksdale propose de la musique live
365 jours par an !
Un diner un peu tardif et une fatigue l�gitime finiront de nous
convaincre de renoncer � la jam propos�e par Rae Gordon chez
Hambone, un mal pour un bien qui nous permettra d�aborder
sereinement et en pleine forme la grosse semaine d�International
Blues Challenge qui s�ouvre demain � Memphis �
Mercredi 4 mai :
Il faut maintenant prendre la direction de Memphis mais avant de
quitter Clarksdale, nous d�cidons d�aller faire un tour vers ce que
d�aucuns consid�rent comme �tant le v�ritable Crossroads, celui o�
Robert Johnson aurait vendu son �me au diable, sur l�ancienne Route
69, a quelques m�tres d�une voie ferr�e en tellement mauvais �tat
que les trains de marchandises y roulent au pas. Pas grand-chose � y
voir, si ce n�est pour la carte postale, nous filons donc faire un
dernier tour en ville pour y chercher les nouvelles fresques et
revoir les anciennes, pour y prendre aussi quelques bouff�es de
cette atmosph�re blues que nous retrouverons ici m�me dans � peine
plus d�un mois puisque le retour en Terre de Blues est d�j� planifi�
pour les derniers jours du printemps � Pour paraphraser les Tontons
Flingueurs, on pourrait ais�ment dire qu�on ne devrait jamais
quitter Clarksdale !
Nous prenons la d�cision de passer faire un rapide tour en Arkansas
pour rejoindre Helena, la ville du fameux King Biscuit Festival qui
a �t� un endroit appr�ci� par des artistes comme Robert Johnson,
Pinetop Perkins et Sonny Boy Williamson qui y a v�cu un certain
temps. Avec ses allures de ville fant�me, Helena n�a pas grand-chose
pour attirer le touriste en dehors de la saison du festival, ses
boutiques ferm�es et ses b�timents effondr�s n�inspirant que tr�s
peu la confiance. Nous irons quand m�me faire un tour sur le Levee
Walk et jeter un �il distrait sur le fleuve, tr�s industrialis� �
cet endroit, et immortaliser quelques fresques qui n�ont plus chang�
depuis des lustres.
C�est au tr�s fameux Hollywood Caf� � Robinsonville que nous ferons
�tape pour d�jeuner, un endroit au glorieux pass� qui a vu passer
nombre de grands bluesmen et que Marc Cohn a cit� dans son tube �
Walking In Memphis �, pour le plus grand bonheur des propri�taires
de l��tablissement qui voient d�sormais quelques touristes
d�barquer. Rest� fid�le � sa tradition, l��tablissement propose une
belle carte de soul food avec son lot de catfish, de ribs et de
burgers mais aussi avec des pickles frits, des beignets de tomates
vertes ou de gombos et tout un tas d�accompagnements qui ne
demandent qu�� �tre d�gust�s. Malheureusement ferm� lors de nos
derni�res visites, c�est avec un plaisir non feint que nous
retrouvons non seulement l�endroit et sa cuisine mais aussi son
personnel tr�s attentionn�. Une de nos plus belles adresses de soul
food avec le Four Ways Restaurant � Memphis !
Il est temps de reprendre la route pour aller s�installer dans le
Berceau du Blues pour une semaine de retrouvailles avec Beale Street
est les belles animations que nous propose la Blues Foundation, mais
avant de reprendre la Highway 61, nous faisons un traditionnel arr�t
� la Gateway To The Blues qui, outre un Visitors Center tr�s bien
document�, propose un petit mus�e du Blues tr�s int�ressant �
visiter. Memphis nous tend les bras et nous ne sommes pas d�cid�s �
renoncer � ses charmes !
Pas de sortie ce soir car nous devons g�rer la distribution des
chambres et la r�cup�ration des derniers arrivants � l�a�roport
avant de profiter d�un repos bien m�rit� � Qui veut voyager loin
m�nage sa monture, on ne le dira jamais assez !
Jeudi 5 mai :
La journ�e promet d��tre longue avec ce soir la c�r�monie des Blues
Music Awards, c�est donc un tour tranquille que nous programmons ce
matin avec un premier passage par le Sun Studio o� nous renon�ons �
la visite en raison du d�barquement massif d�un bus d��tasuniens
bruyants au possible � Nous glisserons donc tranquillement vers le
Motel Lorraine pour une visites en ext�rieur et par la Blues
Foundation o� nous admirons l�exposition photo de J�r�me Brunet,
photographe n� dans le Sud de la France, nous r�servant des passages
plus approfondis dans ces lieux pour le reste de la semaine.
Nous ne renoncerons pas en revanche � un arr�t � la tr�s touchante I
Am A Man Plazza situ�e juste � c�t� de Clayborn Temple, un des
derniers endroits que Martin Luther King aura eu l�occasion de
fouler avant d��tre atteint par la balle mortelle qui lui �tera la
vie. Il sera ensuite temps de gagner le Blues City Caf� pour y
prendre un repas avec la d�l�gation fran�aise quasiment au grand
complet puisque les Wacky Jugs et La Bedoune se retrouveront pour la
premi�re fois � la m�me table pour un repas plein de convivialit�,
de bonne humeur et de complicit�. Chacun vaquera ensuite librement �
ses occupations et sous la menace d�un gros orage en attendant un
des grands moments de la semaine, la c�r�monie des Blues Music
Awards.
Il est quasiment 17 heures quand nous entrons dans le Renasant
Convention Center et d�s les premiers pas, nous commen�ons � croiser
nombre de VIP que nous retrouverons tout au long de cette soir�e de
prestige qui r�compense traditionnellement les artistes qui ont
marqu� l�ann�e �coul�e. On salue ainsi Jeff Syracuse et Gina
Sicilia, Paul Deslauriers et Anika Chambers, Gaye Adegbalola, Trudy
Lynn, Chris Barnes, Jimmy Carpenter, Doug MacLeod, Zac Harmon ou
encore Trudy Lynn mais aussi des amis tr�s impliqu�s dans les
affaires de la Blues Foundation comme Art Tipaldi, Paul Benjamin,
Jostein Forsberg et Peter Astrup venus pour passer un bon moment en
bonne compagnie.
Marqu�e par un son beaucoup trop fort et surtout par des r�glages
catastrophiques, la soir�e ne nous permettra pas de profiter
sereinement des prestations d�livr�es par Kat Riggins, Caroline
Wonderland, Vaneese Thomas, Hector Anchando, Trudy Lynn, Zac Harmon,
Eden Brent et nombre d�autres encore, mais elle nous offrira
toutefois de beaux moments d��motion avec par exemple la remise de
l�Award de l�album r�v�lation de l�ann�e � Rodd Bland dont la Maman,
Veuve du grand Bobby �Blues� Bland, partageait la table avec nous,
ou encore quand Eric Gales accompagn� de sa famille d�clarera � sa
fille avec qui il a pass� trop peu de temps qu�il n��tait pas trop
tard pour lui de devenir une v�ritable p�re. On se souviendra aussi
de l prestation de Kenny Neal qui, sur le tard, fera se lever toute
la salle pour la faire danser au son des rythmes n�oorl�anais
�
Voil� encore une grosse journ�e qui s�ach�ve et il est temps de
reprendre un peu de forces en attendant le d�but de l�International
Blues Challenge demain apr�s-midi �
Vendredi 6 mai :
C�est aujourd�hui que commence officiellement l�International Blues
Challenge et d�s la fin de la matin�e, Beale Street ressemble � une
ruche dans laquelle les musiciens viennent confirmer leur
inscription, retirer leur badges et prendre connaissance de leurs
lieux et heures de passage pour ce soir et demain soir. Nous aurons
donc la chance de retrouver ce soir trois formations hexagonales
avec pour commencer Les Wacky Jugs pr�sent�s par France Blues qui
ouvriront la soir�e � 18 heures 30 au Rum Boogie Caf� o� la
concurrence sera rude puisque Lil� Red & The Rooster se
produiront � 21 heures 25 sous les couleurs de Columbus Blues
Alliance avant que le duo caussadais La Bedoune repr�sentant
Toulouse Blues Society ne referme les portes du Wet Willies � partir
de 22 heures �
La pluie qui tombe par averses soudaines sur Memphis n�incitant pas
� la fl�nerie, nous profiterons des quelques �claircies pour faire
un tour rapide en voiture dans les faubourgs de la ville � la
recherche de quelques curiosit�s � mettre sous l�objectif de nos
appareils photos avec notamment une collection de fresques qui n�en
finit plus de s�agrandir au fil des ans, signe que le street art est
un ph�nom�ne bien ancr� dans la culture am�ricaine. Il sera temps
ensuite de laisser la pression retomber avant de se jeter t�te
baiss�e dans un grand bain qui s�annonce exceptionnel tant chacun
semble enchant� de retrouver la grand-messe annuelle du blues apr�s
une ann�e de suspension, voire m�me un peu plus puisque
l�International Blues Challenge a pris cette ann�e quatre mois de
retard.
Nous serons en place au Rum Boogie Caf� bien en avance pour la
premi�re prestation des Wacky Jugs mais le retard de deux des
membres du jury entrainera un report du d�but de la soir�e alors que
les musiciens bretons sont d�j� sur la sc�ne � attendre le top � Pas
de panique, le technicien son en profitera pour peaufiner sa balance
pendant que le groupe fait discr�tement tourner le riff de � La
Danse des Canards �, ce qui amuse beaucoup le public am�ricain qui
d�couvre ce tube intemporel revu et corrig� � la sauce maison. Mais
une fois parti, le show Wacky Jugs sera particuli�rement bien en
place avec un frontman d�ascendance britannique qui s�adresse
� la foule dans un Anglais parfait et qui emm�ne son groupe dans une
prestation �norme o� les compositions se m�langent � une reprise du
Memphis Jug Band, � Fourth Street Mess Around �, qui ne passera pas
inaper�ue aupr�s d�un public surpris, mais d�finitivement conquis.
Le groupe pr�sent� par France Blues aura frapp� fort d�entr�e de jeu
et ce n�est pas pour nous d�plaire !
Nous resterons un moment au Rum Boogie Caf� pour assister � la
prestation un peu brouillonne du Menza Madison Band et surtout �
celle des jeunes Cor�ens de Richiman & Groove Nice mais nous
partirons ensuite vers le Wet Willies sans pouvoir attendre le
passage de Lil� Red & The Rooster qui va se chevaucher avec
celle de La Bedoune. Le temple du granite qu�est le Wet Willies nous
r�servera deux surprises, une un peu d�cal�e avec Nabraska Jr., un
extraterrestre aux qualit�s discutables, et une bien plus engageante
avec Johnny Riley qui nous offrira un set plein de charme en solo.
La Bedoune entre enfin en sc�ne et vient nous offrir un set plein de
malice et de saveur avec des titres en Anglais bien entendu, mais
aussi avec des morceaux en Fran�ais qui attirent forc�ment
l�attention d�un public imm�diatement sous le charme. Le son est
plus que correct et si c�t� visuel le duo est desservi par quatre
n�ons qui donnent � la sc�ne un faux air de cantine scolaire, les
tenues port�es par Greg et C�cile apporteront ce soir un petit
suppl�ment d��me � une prestation qui n�en avait certes pas besoin,
mais qui ne s�en portera pas plus mal, loin s�en faut. Le jury est
visiblement conquis et c�est port� par une d�l�gation francophone et
francophile venue en nombre que La Bedoune d�roulera un set qui ne
laissera personne de marbre, les commentaires des serveurs mais
aussi du public plus d�une heure apr�s la fin du concert �tant une
des meilleures preuves que l�on puisse en avoir.
Nous d�laisserons la jam du soir pour aller prendre un peu de repos
en pr�vision d�un second quart de finale qui s�annonce cors� �
Demain sera un autre jour !
Samedi 7 mai :
Nous nous accordons un d�but de matin�e d�tente � discuter dans le
hall de l�h�tel avant de partir faire un tour vers Soulsville avec
quelques arr�ts obligatoires du c�t� de chez Stax, qui ne fait pas
encore le plein � cette heure pr�-ap�ritive, de Royal Studio qui
n�accueille pas de session aujourd�hui, ou encore de la maison
natale d�Aretha Franklin qui perd petit � petit de sa superbe avec
le temps qui passe � Le quartier prend lui aussi une dr�le de
tournure et si l�endroit n��tait d�j� pas tr�s s�r autrefois � la
tomb�e de la nuit, il r�gne aujourd�hui une sorte de climat hostile
avec des gens qui s�interpellent avec une certaine v�h�mence et une
v�ritable agressivit� de la part de personnes qui, depuis le passage
du covid, sont visiblement pass�es tr�s en de�� du seuil de la
pauvret�. Maisons d�labr�es, voitures d�membr�es, jeunes et moins
jeunes qui tournent au crack et m�me de temps � autres une suspicion
de prostitution, la crise n�a pas �pargn� cette partie de l�Am�rique
et la population n�a pas eu la chance d��tre soutenue par les
autorit�s au m�me niveau que nous l�avons �t� en Europe.
C�est au Four Way Restaurant que nous ferons une halte pour d�jeuner
ce midi et l� aussi la surprise est au rendez-vous, mais pas
forc�ment dans l�assiette, m�me si les plats de soul food restent de
qualit�. Fini le service � table, le refill de la d�licieuse
lemonade ou de l�excellent sweet tee, on commande d�sormais �
l�entr�e et on vous sert dans un contenant en polystyr�ne, en
chargeant directement les 15% de pourboire sur l�addition et en vous
priant de d�barrasser votre table une fois le repas termin�. Le
charme en est forc�ment diminu� et les �changes avec le personnel
deviennent totalement inexistants, ce qui est absolument regrettable
car nous avions li� ici des relations durables avec les patrons mais
aussi avec les serveurs. Nous repartirons donc le ventre plein mais
l��me un peu en peine, en nous disant que le temps o� nous
attendions avec impatience notre passage dans ce restaurant qui
affiche plus de 75 ans d�existence est quelque peu r�volu �
En sortant de table, nous d�cidons de faire un tour par Elmwood
Cemetery, le plus vieux cimeti�re de Memphis, qui se visite en
voiture avec un audioguide � 10$ ou un plan � 5$ et qui regorge de
tombes plus monumentales les unes que les autres, mais aussi de
tombes de soldats conf�d�r�s et m�me de tombes d�esclaves. L�endroit
est immense, vert et ombrag� et nous y serions presque en pleine
qui�tude si les trains de marchandises qui passent juste � c�t� ne
faisaient pas hurler leurs klaxons sans discontinuer � On aper�oit
un enterrement au loin et on jette un �il attentif � la grandeur de
monuments dont certains n�ont rien � envier aux pyramides des
pharaons d�Egypte, preuve s�il en fallait que la modestie et
l�humilit� sont des qualit�s que beaucoup n�arrivent jamais �
acqu�rir, m�me au moment de leur d�c�s.
Le temps de recharger les batteries et nous repartons vers Beale
Street pour cette seconde soir�e d�volue aux quarts de finale de
l�International Blues Challenge � On commence par le Rum Boogie Caf�
pour y retrouver Lil� Red & The Rooster en format quartet qui va
essuyer les pl�tres et faire monter la pression devant un public
d�j� nombreux qui ne boude pas son plaisir en d�couvrant un
guitariste virtuose et une chanteuse pleine de finesse, tous deux
admirablement soutenus par une section rythmique �patante. Passant
du washboard � la guitare rythmique, Jennifer montrera toute
l��tendue de son talent sur un lot nourri de compositions bien
�crites qui ne manqueront pas de faire mouche aupr�s d�une
assistance qui boit litt�ralement ses mots, habilement mis en valeur
par la guitare d�un Pascal Fouquet tr�s en forme ce soir encore.
Columbus Blues Alliance a eu le nez fin en adoubant une formation de
cette qualit�, c�est certain !
On rejoint maintenant le Wet Willies o� Nebraska Jr. fait son show
en attendant que La Bedoune ne vienne lui voler la vedette d�s le
soundcheck durant lequel C�cile entonnera � La Vie en Rose �
a-capella. La prestation sera du m�me calibre que celle d�hier soir
avec un � Mississippi Flowers � tr�s applaudi et surtout avec deux
titres en Fran�ais qui retourneront instantan�ment une assistance
avide de ce genre de choses. Quelques petits soucis de son ne
viendront pas p�naliser outre mesure les repr�sentants de Toulouse
Blues Society qui auront une fois encore fait grande impression
aupr�s d�un public moins compact que dans les � gros � clubs, mais
essentiellement compos� d�amateurs �clair�s qui viendront saluer et
glisser quelques cartes de visite dans la poche du groupe apr�s le
concert. Le job a �t� fait, et bien fait en plus, et on attend
maintenant un verdict qui accordera ou non une place en demi-finale
� La Bedoune.
On retourne au Rum Boogie Caf� o� les Wacky Jugs ne vont pas tarder
� monter sur sc�ne et on tire un premier bilan de cette exp�rience
exceptionnelle qu�est l�International Blues Challenge, une
manifestation qui permettra une fois encore ce soir � nos fiers
Bretons de se positionner sur un �chiquier mondial o� ils d�notent
un peu avec leurs influences venues tout droit des ann�es 30 alors
que beaucoup de formations tapent all�grement dans le blues rock ou
dans le boogie. Diff�rent de celui d�hier soir, mais quel bonheur,
le set des Wacky Jugs souffrira d�une l�g�re baisse d�attention du
public sur un morceau un peu complexe mais c�est en mettant le feu
sur le final que le quintet emballera le tout et parviendra �
conqu�rir une salle pleine � craquer. La aussi la demi-finale est �
port�e de main, il ne reste plus qu�a savoir si les juges auront �t�
sensibles � une musique qui sort des sentiers battus mais qui n�est
absolument pas hors sujet.
Nous choisirons de diner sur le toit terrasse de chez Alfred�s en
attendant la fin de ces seconds quarts de finale puis c�est vers
l�h�tel que nous nous dirigerons pour attendre les r�sultats avec
une certaine impatience �
Dimanche 8 mai :
Nous avons la bonne surprise de constater au r�veil que les deux
groupes que nous accompagnons sont qualifi�s pour les demi-finales
et c�est en fonction de cette qualification que nous pr�parons le
programme de la journ�e. Exit la traditionnelle messe baptiste sur
Tyner Street puisque la c�r�monie de remise des Keeping The Blues
Alive Awards a lieu ce matin dans la salle de r�ception du Sheraton
et que c�est un moment � ne pas manquer, d�autant plus quand on en a
soi m�me re�u un dans les ann�es qui pr�c�dent. La r�ception sera
l�occasion de saluer le staff de la Blues Foundation, pr�sent et
pass�, et de retrouver des connaissances comme Chris Barnes, Jimmy
Carpenter mis � l�honneur cette ann�e avec le Big Blues Bender�s
Hart Party, ou encore Billy Branch. Cette ann�e, seules neuf
personnes et organisations viendront ajouter leur nom � la liste des
r�cipiendaires, ce qui raccourcira quelque peu l��v�nement pr�c�d�
par un luncheon assez appr�ci� des convives.
Pendant ce temps, une partie du groupe partira assister � la fameuse
messe du Reverend Al Green � la Full Gospel Tabernacle Church o�
l�ambiance est toujours excellente, quand bien m�me l�office affiche
un c�t� un peu touristique avec beaucoup de personnes venues pour
entendre la l�gende de la soul chanter. De plus en plus pr�sent dans
son �glise depuis qu�il ne court plus les routes, Al Green donnera
de la voix sur deux morceaux et comblera ses fans avec une
prestation toujours aussi intense, et m�me si le poids des ans
commence � peser sur le fameux r�v�rend, il n�en reste pas moins un
monstre sacr� qui n�a rien perdu de son talent et de sa superbe !
L�heure est au repos avant de repartir dans le grand bain de Beale
Street o� les Fran�ais se produisent tard ce soir mais on profite
aussi de notre passage pour aller assister aux prestations de nos
voisins europ�ens et en particulier � celle de Muddy What? dont
votre serviteur avait particip� � la s�lection en octobre dernier �
Eutin lors du German Blues Challenge organis� par nos amis de Blues
Baltica. Toujours aussi virtuoses, les Allemands laisseront
forc�ment leur empreinte sur les murs d�un Blues City Caf� qui qui
vibre � l�unisson d�un groupe qui a bons arguments pour
convaincre.
Le temps de laisser passer quelques groupes et c�est maintenant les
Wacky Jugs qui laissent le bon temps rouler avec une musique
toujours aussi croustillante, Jack Titley et consorts n�en finissant
plus de mettre � l�honneur leurs propres compositions bien entendu,
mais aussi en fin de set une reprise de Sleepy John Estes. Parvenus
� se mettre le public dans la poche avec une musique qui d�note, les
autres concurrents �voluant dans un blues rock �lectrique souvent
assez convenu, les Bretons mettront la barre tr�s haute tout en
gagnant l�estime et la sympathie des autres candidats qui ne
s�attendaient pas, pour la plupart d�entre eux, � ce genre de
prestation � la fois roots, authentique et entrainante. On croise
maintenant les doigts pour qu�il y ait une suite � cette brillante
prestation !
Le temps de traverser la rue pour rejoindre le King Jerry Lawler�s
et on retrouve La Bedoune d�j� en sc�ne pour un moment assez
singulier puisque le duo doit conjuguer avec un manque �vident de
mat�riel et notamment d�ampli pour la basse. Sans se d�monter,
C�cile et Greg vont nous la jouer tr�s pro et nous offrir un set
enti�rement remani� tant au niveau des titres qu�au niveau de
l��nergie. Visiblement affam�, un des juges d�vore son assiette, ce
qui ne l�emp�che pas de garder l��il attentif sur une chanteuse
magn�tique qui n�en finit plus de briller et de joindre le geste �
la voix. Dernier groupe de la soir�e � se produire dans ce club, le
tandem soutenu par Toulouse Blues Society refermera brillamment un
plateau relev� qui a vu passer en d�but de demi-finale l�Allemand
Bad Temper Joe, un s�rieux candidat pour la finale.
Les r�actions sont unanimes et le public que l�on croise dans la rue
f�licite l�une et l�autre des deux formations fran�aises en lan�ant
des petits mots sympathiques � leur attention. Pour notre part, il
ne nous reste plus qu�� rejoindre notre h�tel o�, sur les coups
d�une heure du matin, nous recevrons un appel nous informant que les
deux groupes se produiront demain sur la sc�ne de l�Orpheum pour une
finale qui s�annonce �patante et o� l�on retrouvera les jeunes
Cor�ens de Richiman & Groove Nice, seule autre formation
non-�tasunienne � avoir atteint la finale avec les
Fran�ais.
Lundi 9 mai :
Direction l�Orpheum Theatre o� nous attend le grand marathon de le
finale avec la bonne surprise de se retrouver avec deux groupes
qualifi�s, ce qui n�est pas rien. On commence donc avec La Bedoune
de Toulouse Blues Society / France Blues qui va mettre le feu
instantan�ment avec un set de vingt minutes plein de malice et
d�entrain. C�cile d�tend imm�diatement l�atmosph�re en envoyant
quelques blagues qui ont un effet �norme sur le public et ne perd
pas son sang-froid quand la premi�re guitare de Greg conna�t
quelques soucis de branchement puis lorsqu�il casse une corde sur
l�acoustique qu�il a pris en remplacement ! Une attitude vraiment
professionnelle qui aura forc�ment �t� remarqu�e par le jury !
Richiman & Groove Nice de Korea Blues Society d�barquent avec un
gros groove et continuent le travail entam� par les Fran�ais en
proposant un set tr�s muscl�. Les trois musiciens affichent une
belle complicit� et surtout une parfaite coordination qui confirme
qu�ils ne sont pas arriv�s en finale par hasard. Excellent
communiquant, le chanteur et guitariste joue avec un public qui le
lui rend bien. Un bon set qui annonce une finale tr�s relev�e !
Charles Tiner Jr. d�Illinois Central Blues Club impose son style en
solo au piano et nous livre un set plein de nuances gr�ce � des
programmations qui lui permettent d�improviser un solo de basse par
exemple. La voix chaude et color�e est un plus pour cet artiste au
talent certain et � la classe naturelle. La qualit� est au
rendez-vous cette ann�e et �a promet de belles choses sur la sc�ne
blues pour les ann�es � venir !
Les Wacky Jugs pr�sent�s par France Blues vont une fois encore cr�er
la surprise avec un set aussi int�ressant que d�cal� qui fait un
effet b�uf sur une assistance qui appr�cie � sa juste valeur une
musique � la coloration particuli�re et � la saveur d�licatement
vintage. Un bon gros blues � la sauce jug band subtilement relev�
aux parfums venus d�Armorique et servi bien chaud � un public de
connaisseurs qui ne se trompe pas sur la qualit� de ce qu�on lui
offre ! On croise les doigts pour que �a passe aupr�s du jury �
�ric Ramsey de Phoenix Blues Society entre seul en sc�ne avec un
r�sonateur et une guitare et vient proposer ses blues songs sur fond
de slide ou d�accords, c�est selon son bon vouloir. Une chanson sur
le confinement pour mieux se souvenir de cette p�riode douloureuse
et quelques autres teint�es d�humour viendront amuser l�assistance,
comme cette � Hurricane Woman � de cat�gorie 4 � laquelle le
bluesman fait allusion avec beaucoup de second degr�.
TC Carter Band de Piedmont Blues Preservation Society nous sert un
premier instrumental hyper bruyant et totalement inaudible avant que
l��pouse du guitariste n�attrape le micro pour proposer une soul
plus subtile, du moins quand le reste du groupe s�abstient de jouer
en remettant tous les voyants dans le rouge. V�ritable insulte � la
musique, le bruit impos� par TC Carter et son band n�est absolument
pas r�v�lateur de ce que le groupe est capable de montrer quand il
daigne baisser d�un ton ! Une cover de SRV pour finir de nous ab�mer
les tympans et ce calvaire sera enfin termin� ! Dommage d��tre
carr�ment pass� � c�t� de �a �
Jhett Black de San Angelo Blues Society se pr�sente seul en sc�ne et
d�livre un blues � la fois sale et puissant, rugueux juste ce qu�il
faut et tranch� tr�s pr�s de l�os. La voix r�peuse et le r�sonateur
bien gras collent plut�t bien � la peau de ce bluesman aux faux airs
de Lucky Luke qui donne tout ce qu�il a en magasin, un peu comme si
c��tait son dernier concert. Le public appr�cie visiblement et Jhett
Black d�roule soigneusement un show bien r�gl� et intelligemment
dos� ! Si ce n�est pas l�artiste le plus original de la journ�e, il
a au moins l�avantage de faire du bon boulot �
Soul Nite feat. D.K. Harrell de Mississippi Delta Blues Society of
Indianola va assez loin dans la ressemblance avec BB King en
ajoutant la guitare � la stature et en multipliant les petits
phras�s de Lucille inspir�s du bluesman le plus connu du monde qui a
donn� � Indianola ses plus belles heures de gloire. Il n�en reste
pas moins qu�il ne suffit pas de ressembler au King of Blues pour
lui arriver � la cheville, m�me si la prestation de D.K. Harrell est
de tr�s belle facture et visiblement tr�s appr�ci�e de ses fans
venus en nombre qui applaudiront � tout rompre la reprise de � Why I
Sing The Blues �.
Dottie Kelly & Darrell Raines de Treasure Coast Blues Society
forment un duo attachant dans lequel la premi�re donne de la voix
tandis que le second se charge des guitares et des percussions. Un
blues classique dans lequel il est question du quotidien, d�alcool,
de sexe et de tout ce qui fait que l�on peut avoir envie de chanter
le blues, il n�en faut pas plus pour que le duo nous offre une
prestation de bonne qualit� dans la tradition de celles des
blueswomen fantasques d�autrefois. Un genre qui fait encore et
toujours recette !
Cros de Ph�nix Blues Society est un sextet avec orgue Hammond et
saxophone qui distille un blues dans la veine de celui de Chicago,
mais sans se cantonner au style et en y ajoutant un trait de West
Coast et un autre de Texas blues. Capable de varier les couleurs
mais aussi les saveurs avec ses deux guitaristes et avec son
chanteur bassiste tr�s �nergique, Cros va nous pr�senter en 20
minutes l��ventail de ses divers talents pour mieux refermer cette
finale tr�s r�ussie.
En attendant les r�sultats, c�est Jonn Del Toro Richardson qui
animera la jam avec � ses c�t�s le gratin de la sc�ne blues
am�ricaine et notamment les anciens participants � l�International
Blues Challenge. On retrouve ainsi Ben Rice, Jose Ramirez et nombre
d�autres encore auxquels viendront se greffer Kate Rigggins et Dawn
Tyler Watson pour un moment tr�s appr�ci�.
L�heure des r�sultats tombe enfin et si La Bedoune passe � c�t� du
podium, l�histoire avec un grand H retiendra que les Wacky Jugs sont
les premiers Europ�ens � remporter l�International Blues Challenge
dans la cat�gorie reine des � Groupes �. Une superbe satisfaction
pour tous ceux qui se sont impliqu� dans cette participation !
Mardi 10 mai :
C�est avec la boule au ventre que nous abandonnons nos groupes
finalistes de l�International Blues Challenge qui rentrent pour les
uns vers Brest, pour les autres vers Toulouse, et nous prenons cette
fois la direction de Brownsville o� nous attend le West Tennessee
Delta Heritage Center avec non seulement ses diff�rents mus�es
d�di�s � la musique, au coton ou encore � la nature, mais aussi ses
deux souvenirs superbement reconstitu�s, la maison plus que modeste
de Sleepy John Estes et l��cole o� la jeune Tina Turner a fait ses
premiers apprentissages. Sobre et tr�s discret, l�endroit est
gratuit d�acc�s et pr�sente une collection int�ressante o� la
Tigresse est bien �videmment mise � l�honneur, mais o� c�est surtout
toute la r�gion qui souhaite se faire connaitre des touristes, et il
faut dire qu�elle le vaut bien. Accueilli par des h�tesses fort
sympathiques, le visiteur se laisse guider pour un arr�t qui
finalement est toujours bien plus long que ce qui �tait pr�vu �
La suite de l�aventure doit maintenant nous entrainer vers Lynchburg
avec quelques haltes en cours de route, mais c�est sans compter sur
les nouvelles technologies automobiles qui diagnostiqueront un frein
de parking d�ficient sur notre Ford Edge, au demeurant superbe, et
qui nous permettront de visiter toutes les agences Hertz du
Tennessee pour finalement r�ussir � changer de v�hicule � Nashville,
que nous regardons depuis les embouteillages, et finalement
r�cup�rer une Chevrolet Equinox qui nous conduira � bon port apr�s
plus de deux cents miles pass�s � entendre une � sonnerie
d�avertissement � qui r�ussirait presque � nous faire pr�f�rer �
(compl�ter au choix avec Jul, Stromae, Michel Sardou �)
C�est donc sur le tard que nous arrivons � Lynchburg pour y passer
la nuit, non sans avoir pris le temps de faire une halte rapide au
Barrel Shop o� les goodies sont toujours vendus � un pris aussi
exorbitant. Il ne nous restera plus qu�� essayer de nous rendre � la
distillerie demain d�s la premi�re heure pour foncer ensuite vers
Birmingham, Alabama, qui ne manquera pas de nous offrir de nouvelles
d�couvertes plus que prometteuses.
Ceux qui connaissent le El Costal Mexican Restaurant & Grill �
Tullahoma et ses portions g�n�reuses auront compris qu�il ne faudra
pas nous bercer bien longtemps ce soir pour que nous prenions enfin
le repos que nous attendons depuis une semaine intense pass�e �
Memphis.
Mercredi 11 mai :
La matin�e commence par ce que nous aurions d� faire hier soir,
c�est-�-dire un passage � la distillerie de Lynchburg, mais comme il
est un peu t�t et que nous avons de la route � faire ensuite, nous
renon�ons � faire le Angel Share�s Tour avec son grand tour des
installations de Jack Daniel�s et la d�gustation de six sortes de
Tennessee Whiskey � la fin de la visite. Prudents, nous nous nous
contenterons de faire un tour dans l�exposition des anciennes
bouteilles et autres objets collectors, et bien entendu de faire un
passage au White Rabbit Bottle Shop pour revenir � la maison avec
quelques pi�ces collector. La chaleur commence � taper fort d�s 9
heures ce matin et l�employ� qui surveille les entr�es au parking
des Tennessee Squire a les bras couverts de cr�me solaire, signe que
�a va cogner fort toute la journ�e � Pour notre part, nous saluons
d�finitivement le Tennessee et prenons la route en direction de
l�Alabama voisin !
Les presque trois heures de route vers Birmingham s�avalent
relativement bien avec leur lot de tatous morts sur le bord de la
route mais aussi avec quelques travailleurs qui �laguent les arbres
� grands coups de disqueuse, des rangers qui surveillent la
circulation et m�me des voitures qui ont rat� leur trajectoire pour
se retrouver dans le foss�. On aper�oit chemin faisant les fus�es du
centre a�ronautique de Huntsville et on se retrouve finalement �
d�jeuner dans un dr�le de restaurant, le Seafood King Lakeshore, qui
propose un menu cajun avec moult crevettes, pattes de crabe des
neiges, saucisse fum�e, etc., le tout soigneusement �pic� et
particuli�rement go�teux !
Si le pass� de l�Alabama est ponctu� d�entorses graves aux droits
civiques, cet �tat du Sud essaie aujourd�hui de s�acheter une
conduite et �a semble payer � On se dirige donc vers le centre-ville
o� nous tendent les bras des lieux importants comme le Kelly Ingram
Park cet bien entendu le Birmingham Civil Rights Institute que nous
visiterons forc�ment. Si le Kelly Ingram Park est fr�quent� par des
locaux qui viennent nous voir pour chercher le pourboire et nous
raconter les histoires li�es � l�endroit, souvent int�ressantes et
bien document�es d�ailleurs, le personnel du Civil Rights Institute
est particuli�rement avenant et nous pose tout un tas de question
avant de nous laisser le loisir de d�couvrir des tableaux
reconstituant les hauts et les bas de la cohabitation des Noirs et
des Blancs dans l�Alabama. Une visite passionnante qui a elle seule
m�rite un d�tour !
La douzaine de jours intense que nous venons de vivre a quelque peu
marqu� les esprits et nous d�cidons donc de nous accorder une petite
soir�e de break en attendant de reprendre la route demain matin vers
Jackson, Mississippi, qui sera l�avant derni�re �tape du
voyage.
Jeudi 12 mai :
C�est � la premi�re heure que nous prenons la route avec un temps de
conduite estim� � quatre heures environ, sans les visites, et nous
traversons Tuscaloosa sans un arr�t pour finalement quitter
l�Alabama et rejoindre le Mississippi et saluer le personnel du
Lauderdale County Welcome Center � Toomsuba qui nous donnera plein
de renseignements utiles et un tote bag rempli de petits cadeaux en
�change de quelques le�ons basiques de Fran�ais. Toujours tr�s
avenantes, les h�tesses des diff�rents Visitors Center sont
traditionnellement enchant�es de recevoir des �trangers et en
particulier des Europ�ens, surtout quand ils font la d�marche de les
saluer et de tendre l�oreille pour comprendre leur accent parfois un
peu compliqu� � d�chiffrer. C�est aussi ce qui fait le charme du
Deep South !
Nous ferons une nouvelle �tape � Meridian pour y d�couvrir les deux
markers �rig�s � la m�moire de Jimmie Rodgers, pas celui qui s�est
illustr� aux c�t�s de Muddy Waters et qui nous a quitt�s il y a un
quart de si�cle environ mais celui qui est consid�r� comme le p�re
de la country music, devenu c�l�bre dans les ann�es 20, notamment
pour son yodeling rythmique. D�c�d� � New York en 1933 � l��ge de 35
ans, le musicien natif de Meridian y repose d�sormais aux c�t�s de
celle qui fut sa deuxi�me �pouse et qui est d�c�d�e pr�s de trois
d�cennies apr�s lui.
L�Interstate 20 est certes un axe pratique pour traverser le pays,
mais on s�y ennuie tr�s vite, et nous d�cidons donc de prendre les
petites routes pour rejoindre Jackson en traversant tout d�abord
Forest o� nous nous poserons un instant � c�t� du marker d�di� �
Arthur Big Boy Crudup � qui Elvis Presley doit son tube � That�s
Alright Mama � mais aussi quelques autres, puis o� nous d�jeunerons
dans un buffet traditionnel, The Garden Patch, qui sert une soul
food � volont� sur fond de sweet tea pas d�sagr�able du tout.
Fr�quent� par les locaux, qu�ils soient Noirs ou Blancs, l�endroit
est tenu par trois dames fort sympathiques et bien dodues qui ne
manqueront pas de s�extasier en apprenant que nous venons de France.
On poursuivra ensuite la route pour Jackson par Pelahatchie avec un
arr�t rapide aupr�s du marker de Rubin Lacy pour la photo souvenir !
En arrivant dans la capitale du Mississippi, nous faisons un d�tour
par l�art�re qui a �t� renomm�e Bobby Rush Boulevard en janvier
dernier, mais si le changement devait �tre effectif un mois plus
tard, force est de constater que la rue est encore marqu�e � chaque
croisement par le panneau Ellis Avenue � Si l�on a l�habitude de
constater que tout est long � se faire dans le Sud, nous
regretterons quand m�me de ne pas avoir pu voir la nouvelle
signal�tique d�s ce voyage. Nous filons donc d�poser les bagages au
Hampton Inn sur Greymont Avenue, un endroit id�alement plac� pour
pouvoir se rendre rapidement au Mississippi Civil Rights Museum mais
aussi dans des clubs comme le c�l�bre Hal & Mal�s ou encore au
pub Martin�s Downtown juste en face �
Pour nous passer le temps, nous irons faire un tour sur Farish
Street et aux fameux Queen Of Hearts qui fonctionne toujours, m�me
si la fa�ade et le quartier ne sont pas de nature � rassurer les
visiteurs, et nous �chouons tout naturellement au Hal & Mal�s,
r�cipiendaire d�un Keeping The Blues Alive en janvier 2020, o� nous
dinerons en �coutant le D�lo Trio qui se produit en quartet, dr�le
d�id�e pour un trio, et qui nous proposera un country-folk pas
d�sagr�able du tout, avec violon et mandoline et avec en prime une
version du � In The Jailhouse Now � de Jimmie Rodgers � qui nous
avons rendu hommage ce matin � C�est ce que l�on appelle boucler la
boucle en beaut� !
Les soir�es se terminant vers 21 heures, nous rentrerons sagement �
l�h�tel en attendant une derni�re journ�e de route de pr�s de quatre
heures � Les miles sont un produit qui se consomme autant que le
poulet frit et le soda aux Etats Unis, et il ne faut pas craindre
d�abuser des premiers si l�on veut profiter d�un voyage pour voir du
pays !
Vendredi 13 mai :
A l�heure o� la plupart de nos compatriotes se ruent chez les
buralistes pour gratter un billet ou valider une grille, nous
choisissons pour notre part d�aller visiter les deux grands mus�es
de Jackson, Le Mississippi Civil Rights Museum et le Museum of
Mississippi History qui ont le m�rite d�offrir une entr�e combin�e �
15$ pour une panel d�expositions qui demanderait toute la journ�e si
l�on voulait totalement l�exploiter. Superbement document�s, les
deux mus�es ne sombrent pas dans le pathos mais pr�sentent les
choses telles qu�elles ont longtemps �t� dans cet �tat qui est le
plus pauvre des Etats Unis et qui a longtemps oubli� de ratifier le
13�me amendement concernant l�abolition de l�esclavage pour
finalement le faire le 7 f�vrier 2013, il y a moins de dix ans.
Ponctu� de films documentaires tr�s forts, le Civil Rights Museum ne
manque pas de rappeler le nombre de personnes lynch�es pour des
raisons plus ou moins obscures, les disparitions �tranges ou encore
les jugements iniques rendus apr�s des affaires plus qu�immondes
comme l�assassinat d�Emmett Till dont nous avons d�j� parl� au d�but
de notre voyage. Le Museum of Mississippi History met pour sa part
l�accent sur l�arriv�e des Europ�ens qui ont peu � peu remplac� les
peuples natifs et qui ont apport� leur lot d�esclaves venus
d�Afrique, contribuant par la m�me occasion � un grand changement au
niveau de la population. On soulignera enfin une section consacr�e
aux guerres internes et externes auxquelles les forces am�ricaines
et en particulier celles du Mississippi ont �t� associ�es, Vietnam,
Iraq, Cor�e et seconde guerre mondiale incluses.
Il nous faut d�sormais rejoindre La Nouvelle Orl�ans mais nous
choisissons de le faire par la route la moins directe, celle qui
passe par Hattiesburg o� nous ferons un arr�t pour d�couvrir les
deux markers de la Mississippi Blues Trail que compte la ville, le
Roots Of Rock And Roll d�di� aux fr�res Roosevelt et Uaroy Graves et
� Cooney Vaughan mais aussi celui qui met � l�honneur le Hi-Hat
Club, aujourd�hui disparu et � c�te duquel on trouve d�sormais le CP
Lounge. Grosse bourgade tranquille travers�e par la Route 49,
Hattiesburg r�serve son lot de surprises avec, par exemple, lorsque
vous y faites le plein, la rencontre avec le beau-p�re d�un des
membres des Kings Of Leon � Quand on vous dit que la musique est
partout pr�sente quand on fait l�effort de parler un instant avec
les gens !
Nous faisons maintenant notre entr�e en Louisiane avec un passage
par le Visitor�s Center qui nous offre un joli stickers et nous
descendons vers Irish Bayou reconnaissable � son ch�teau m�di�val
pos� en bord de route et vers Bayou Sauvage o� les maisons de
p�cheurs sont plus surprenantes les unes que les autres. On
regrettera juste que les axes secondaires soient transform�s en
d�charge sauvage � ciel ouvert mais on appr�ciera le c�t�
authentique de cette route peu fr�quent�e qui nous ram�ne vers Chef
Menteur Highway et vers Gentilly o� nous passerons notre derni�re
nuit avant le retour en France.
Un dernier diner au Cajun Seafood, notre cantine n�oorl�anaise
pr�f�r�e, avec cette fois au menu gumbo, saucisse et crawfish
boudin, et il sera temps de rentrer vers l�h�tel pour boucler les
valises. On a beau avoir l�habitude de traverser cette Terre de
Blues avec laquelle nous sommes devenus familiers au fil des ann�es,
cette derni�re nous r�serve � chaque fois des surprises, des joies,
des peines aussi, et c�est toujours un d�chirement que de devoir la
quitter � Par chance nous y serons de retour dans un mois tout juste
pour de nouvelles rencontres, de nouvelles surprise. C�est donc
juste un au-revoir tr�s simple qui marque notre d�part aujourd�hui !
Et c�est le c�ur plein de joie que l�on repense � nos deux superbes
concurrents � l�International Blues Challenge 2022, La Bedoune
finaliste en cat�gorie � Solo/Duo � et The Wacky Jugs, gagnants dans
la cat�gorie � Groupes � �
Fred Delforge � mai 2022
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