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FRED CHAPELLIER pdf print E-mail
Ecrit par Yann Charles  
jeudi, 07 avril 2022
 

FRED CHAPELLIER

https://www.fredchapellier.fr

Rencontre avec Fred Chapellier quelques minutes avant de monter sur scène pour présenter son tout dernier et très bon album, « Straight To The Point », avec lequel il est en tournée avant de rejoindre Jacques Dutronc en fin d'année. Un album de compositions après des albums hommages et un retour aux sources de sa musique, le blues. Mais un blues teinté de soul et de funk … Un très bon moment de partage et de bonne humeur.

Salut Fred. Bon avant de commencer, comment vas-tu ? La dernière fois qu'on s'est croisé, tu avais des soucis auditifs, c'est réglé ?
Salut Yann. Ah oui, c'est vrai qu'il y avait pas mal de problème. Ça a merdé, mais maintenant ça y est, tout est réglé. Je suis en pleine forme. Merci.

Après plusieurs albums consacrés aux artistes que tu admires, te voilà de retour avec un nouvel album où Fred Chap fait du Fred Chapellier, enfin !
Ah, mais je l'ai déjà fait sur « Electric Fingers » en 2014, c'était du pur Fred Chapellier. Pareil en 2016 sur « It Never Come Easy ». J'ai fait uniquement deux albums hommages. Un à Roy Buchanan et un autre à Peter Green. Mais c'est vrai que j'avais hâte de revenir à ma propre musique.

Tu as intitulé ton album « Straight To The Point ». Tu as décidé que maintenant, il n'y avait plus de temps à perdre et il fallait aller droit au but ?
Voilà, c'est ça. Ça commence à raccourcir pour moi. (Rires) Donc maintenant, tout ce qui est superflu, je le balaye et je vais directement à l'essentiel. J'avais envie d'un album assez spontané. Direct dans l'écriture des chansons, ainsi que dans la façon de les enregistrer. Ne pas tergiverser pendant des semaines et des semaines. Les chansons ont été écrites assez vite. L'enregistrement a été assez rapide également. Après, j'ai pris beaucoup de recul car on avait le temps. C'est le seul luxe qu'on a eu. Mais vraiment, j'avais envie de sortir quelque chose le plus pur possible. Un retour à l'essentiel.

Beaucoup de blues dans cet album. Tu avais besoin de ce retour vers tes racines ?
Oui, j'en avais vraiment besoin. Mais cela fait un petit moment maintenant que je suis dans ce retour. Déjà dans l'album « Fred Chapellier Plays Peter Green » il y avait ce retour au blues, car son répertoire était très blues. Mais, dans mon blues, il y a toujours un peu de soul, de funk et de rock. Ma musique, c'est ça. Un constant mix de tout ça. Mais c'est vrai que j'avais besoin de guitares très blues. Pendant presque deux ans, on a eu le blues, donc j'avais vraiment envie d'exprimer tout ça à travers le blues.

Il y a quand même quelques petits écarts avec un peu de soul, un son très groovy parfois …
Oui. Je suis un grand fan de tous ces chanteurs et chanteuses de soul. Ça fait partie intégrante de mes bagages. Tout ça, c'est mon ADN. Blues, rock, soul, funk …

Est-ce que tu avais besoin également de replonger ou de te ressourcer dans ce blues avant de partir en tournée avec Jacques Dutronc où, là, tu vas vers un autre style musical ?
Oui. Ça me permet vraiment de revenir à l'essentiel. Mais la tournée avec Dutronc ne va pas m'empêcher de tourner quand même avec mon groupe. On a quelques dates en avril, d'autres en juin, et des festivals. Et la tournée avec Dutronc c'est en novembre et en décembre. Donc ça me laisse tout loisir de jouer et de promouvoir cet album.

Un gros morceau instrumental en fin d'album, c'est pour le plaisir ?
Ah, j'aime bien les instrumentaux. Il y en a trois sur cet album. Ça aussi, ça fait partie de mon ADN. J'adore les mélodies, les belles guitares.

La pandémie a été un frein pour cet album ou non ?
Non, au contraire. Ça m'a permis de prendre tout mon temps. De pouvoir peaufiner. En fait, même si les chansons ont été écrites rapidement, j'ai eu tout le loisir de revenir dessus. De retravailler, d'affiner certaines compositions. Parfois je suis revenu dessus trois semaines après, avec des oreilles totalement fraîches, et j'ai corrigé quelques petites choses. Ce qui fait que j'ai eu du recul sur ce qui a été fait. Ce qui n'est pas toujours vrai avec les albums qu'on fait. On est huit jours en studio et quand c'est fini, c'est fini.

Tu as réussi à travailler avec tes musiciens ?
Oui bien sûr. On s'est retrouvé pour travailler les ossatures des chansons, la rythmique, et après, comme tout le monde, chacun un peu chez soi, on a continué à échanger. Mais le résultat est hyper cohérent.

On a l'impression de prises de son en one shot, presque de la jam sur certains titres ?
Oui, c'est vrai. Mais il faut dire qu'on a fait les rythmiques ensemble donc ça donne un son effectivement très proche du live. Et puis on a du métier, donc on arrive à donner cette sensation. Le son est très travaillé, mais je voulais vraiment que ça sonne le plus naturel possible et si tu as ressenti ça, c'est qu'on a réussi.

Tu as composé cet album tout seul ?
Non. Musicalement, sur les douze titres, j'en ai composé dix. Les autres l'ont été par Jimmy Britton, mon pote américain, qui en a écrit deux avec paroles et musique. Pour les textes, j'en ai co-écrit avec Billy Price et Neal Black. Billy a même écrit tout seul les textes sur deux ou trois titres. Habituellement, j'écris toujours deux ou trois textes, mais là, j'ai vraiment voulu que ce soit principalement écrit par mes potes.

Une chanson un peu particulière sur cet album, c'est « Mother Earth ». On se connaît depuis un moment maintenant et c'est une des rares fois où je te sens très très investi sur ce sujet ?
C'est vrai. C'est vrai que d'une manière générale, cet album est plus profond au niveau des paroles. C'est un sujet grave. On commence, enfin, à vraiment prendre conscience du massacre de la planète. C'est un message de plus dans cette direction. Il y a encore beaucoup d'efforts à faire pour préserver ce qu’il est encore possible de préserver, car on a déjà fait beaucoup de dégâts.

Tu es fidèle depuis des années à Dixiefrog, c'était le cas du temps de Philippe Langlois. Et désormais, il y a une nouvelle équipe qui a repris les rênes. Et ils font plutôt bien bouger les choses dans le monde du blues, en faisant signer de nouveaux artistes et en allant vers les nouvelles technologies de diffusion. Et tu participes à ça avec un titre enregistré avec Billy Price (qui a toujours une voix extraordinaire). Ils ont également sorti des vinyles en édition limitées, comme on le fait pour les groupes de rock, finalement, ils font bien bouger le monde du blues "Made in France".
Ah oui, ils remettent un bon coup de pieds dans la fourmilière. Ils sont très motivés, très énergiques et dynamiques. Ils tentent plein de choses. Par exemple avec le NFT. C'est un nouveau support numérique où les gens deviennent propriétaires d'une chanson. Il n'y a que 100 personnes qui peuvent l'acheter. Les morceaux sont numérotés, avec une pochette particulière pour ce ou ces morceaux. Après, ils pourront par exemple le revendre puisque les titres prendront de la valeur comme ils sont rares. C'est un peu comme la crypto monnaie.

Le blues a toujours été bien accueilli en France. Il n'y a qu'à voir le nombre d'artistes étrangers qui se font connaître ici avant de percer chez eux, mais mis à part l'été et les festivals, les organisateurs de soirées ont souvent du mal à faire le plein, c'est un peu paradoxal ?
Les gens ont soif de ressortir. Que ce soit au restaurant, au cinéma, au théâtre, et évidemment dans les concerts. Mais c'est encore un peu frileux. Il y a de plus en plus de monde. J'ai la chance d'avoir toujours du monde dans mes concerts, mais on n'est pas encore tout à fait revenu à la normale. On sent encore de la méfiance de la part du public. Je pense que ça reviendra à la normale quand toutes les restrictions seront levées. Après, je ne sais pas si le blues va profiter de ça. Mais ce que je sais, c'est que les fans de blues sont en manque. Et ceux-là seront présents partout où le blues sera à l'affiche.

On arrive aux questions rituelles chez nous. Généralement, je demande aux groupes de se décrire en deux ou trois mots, mais là, difficile pour toi de le faire donc j'ai demandé à un ami à toi ... Je pense que tu vas trouver rapidement de qui il s'agit. En trois mots, il m'a dit : "Mon frère de guitare".
Ah, c'est Neal Black. (Rires)

C'est ça oui. Il m'a dit "Mon frère de guitare parce que nous avons partagé beaucoup d'expériences ensemble en voyageant et en jouant de la musique et nous sommes de bons amis depuis la première fois que nous nous sommes rencontrés, il y a de nombreuses années".
Tout ça est vrai. Je ne peux que confirmer. C'est mon "Frère de Blues". C'est un de mes meilleurs amis. On est dans le même bateau. On fait la même chose, le même métier. On sait exactement ce que l'autre traverse que ce soit les moments positifs, mais aussi négatifs. On s'est soutenu pendant deux ans. Quand un n'avait pas le moral, l'autre était là pour l'aider et le soutenir.

C'est vrai. Je me souviens avoir fait une interview avec Neal Black et il me parlait de sa tournée qui, du coup, a été totalement annulée alors qu'il venait tout juste de sortir son album …
Pareil pour moi. On avait prévu une tournée « Fred Chapellier fête ses 25 ans de scène » avec le double best of qui est sorti. J'ai dû faire une date, peut être deux. Ensuite, la tournée était de ma chambre au salon, de la cuisine au garage … (Rires)

Justement, je pensais, sur scène, avec tous tes albums, la set list doit être bien casse-tête non ?
(Rires) Ah, ça, tu peux le dire ! Alors là, j'ai été obligé d'élaguer. J'ai quand même mis pas mal de nouveaux morceaux du dernier album, mais j'ai des incontournables. Mais il va y avoir des morceaux que je joue depuis tellement longtemps que je vais sûrement mettre de côté comme « Gary's Gone » ou « Blues For Roy ». J'ai d'autres morceaux que j'aimerais bien pouvoir remettre en avant. Histoire d'apporter un peu de nouveautés dans la set list, en plus des titres du dernier album.

On arrive à la dernière question : quel est le dernier morceau ou le dernier album que tu as écouté ?
Alors là, tu me poses une colle. Il faut que je réfléchisse. En venant, dans la voiture, j'ai écouté le « Never Mind » des Pistols. J'écoute cet album depuis quarante ans. Il est toujours dans ma voiture, et régulièrement je le mets à fond dans la bagnole !! (Rires) Moi qui suis grand fan de rock’n’roll, cet album fait partie des grands albums de rock.

Merci Fred pour cette interview.
Merci à toi Yann.

Propos recueillis par Yann Charles