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Ecrit par PAD |
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mercredi, 06 avril 2022
GREG ZLAP
https://official.shop/greg-zlap
Il y a des années que nous croisons Greg Zlap sur les routes de
France et d’ailleurs et il fait partie à ce titre des tous premiers
musiciens qui nous ont suivis, soutenus et encouragés … Après Yann
Charles qui lui avait posé quelques questions fin 2009, l’année de
son premier concert au pied de la Tour Eiffel avec Johnny Hallyday,
c’est cette fois PAD qui s’est fendu de son interview lors de son
passage aux Nuits du Blues à Abbeville … L’occasion d’en savoir un
peu plus sur un artiste qui est également un ami de longue date
!
Bonjour Greg et merci de participer à l'interview
pour Zicazic ...
J'aime beaucoup Zicazic.com !
Depuis le décès de Johnny, il y a eu le covid, et surtout la
sortie de ton album « Rock It », dans lequel tu t'es bien entouré,
de Tété à M entre autres, comment en es-tu venu à ces
collaborations ?
Quand je prépare un album, je pense toujours à la scène, pour
moi le plus important c'est la scène et donc j'ai pensé à des
artistes avec qui je l'ai déjà partagée. Et ce sont dans des moments
comme ceux-là que l'on découvre les gens, et après le feeling passe
ou pas, et donc je suis entouré sur cet album de ma famille de cœur.
Comment s'est noué le lien avec Alice Pol dans « Respire » ?
En fait, je voulais une voix féminine, je la connais
depuis vingt ans, cette chanson, « Respire », est une chanson
de ras-le-bol, notamment avec la situation sur le covid, et quand je
l'ai écrite, je voulais penser à du renouveau, à une renaissance, et
j'ai pensé à cette voix féminine qui aurait du caractère, une
énergie positive, et j'ai de suite pensé à Alice qui pouvait
incarner cette voix-là.
As-tu un morceau préféré sur cet album et pourquoi ?
C'est une question très difficile car chaque chanson à son
histoire, et je les aime toutes, et il m’est impossible d'en choisir
une.
Tu es chanteur, tu joues de l'harmonica, avec un point commun
entre les deux qui est la respiration, n'est-ce pas trop dur de
faire les deux en même temps ?
L'harmonica est le seul instrument qui se joue en respirant,
donc cela veut dire que pour jouer de l'harmonica, je souffle,
j'inspire, ce qui est un point commun avec la voix.
Johnny disait, tu chantes avec l'harmonica ?
C'est une phrase qui m'a frappée, et pour moi, il n'y a pas plus
grand compliment que cela, venant de Johnny.
Et pour cette respiration, tu as un entrainement ?
Non, je n'y pense même plus, c'est devenu naturel, cela fait
partie de mon corps.
Comment es-tu venu à l'harmonica ?
C'était un cadeau, à 14 ans mon oncle m'a rapporté un harmonica
des Etats Unis, et jusqu'au jour où j'ai écouté un enregistrement de
blues, j'ai été fasciné par les sons de cet instrument, qui
sonnaient comme une voix, avec des notes mystérieuses. J'en étais
fasciné et je me suis dit qu’il fallait que j'en découvre tous les
secrets, ce que j'ai fait.
Johnny te disait de faire le show, mais il me semble de toute
façon que tu étais prédestiné à cela ?
Il y a vraiment un avant et un après Johnny, j'ai toujours aimé
la scène, c'est pour cela que je suis devenu musicien, car j'adore
le contact avec le public, mais c'est Johnny qui m' a vraiment
libéré. J'étais déjà à l'aise sur scène, et c'est au cours des
répétitions pour le « Tour 66 », on a passé deux mois à
répéter, et un jour Johnny m’a demandé à faire un solo sur «
Gabrielle ». Lors des répétitions, il m’a dit : tu ne vas pas rester
planté comme un piquet derrière ton micro quand on va faire le
show … Et il m'a donc demandé de faire le show, il attendait plus de
moi, son instinct a fait que qu'il en voulait plus lors des
concerts, et je me suis creusé la tête pour faire le show, quitte à
être ridicule, me rouler par terre, courir, danser … Je me suis
lancé, et après le show, Johnny faisait des remarques à ses
musiciens, et il est arrivé vers moi et m’a dit : tu ne changes rien
! Je me suis dit que j'étais dans la bonne direction et il m’a dit
aussi : dorénavant, sur le solo de « Gabrielle », tu fais ce que tu
veux, je veux que les gens soient debout à la fin de ton solo. Il
m'a donné la liberté totale et c'est donc une histoire fabuleuse, et
quand on voit comment Johnny respectait son public, quand je
l'observais sur scène, son investissement, tout cela m'a
profondément marqué, et à cause de tout cela, je ne suis plus le
même, et c'est donc la raison pour laquelle je me donne aussi à fond
sur scène. La scène c'est quelque chose de sacré.
Tu dis que l'on peut tout jouer ou presque à
l'harmonica, as-tu déjà tout joué ?
J'ai joué beaucoup de choses, j'ai eu beaucoup de chance car il
faut être un peu fou pour faire de l'harmonica son métier, et comme
on n’est pas beaucoup à jouer de l'harmonica, quand on a besoin d'un
harmoniciste, cela permet de rencontrer des artistes que je n’aurais
peut-être pas rencontré si j'étais guitariste. Il y a eu des
expériences fantastiques, comme le jour où je me suis retrouvé au
sein d'un orchestre symphonique comme avec Vladimir Cosma, et là
avec un harmonica, j'arrive toujours à garder ma liberté car
personne ne sait ce que l'on peut jouer avec un harmonica, et donc
je propose et les gens découvrent.
Y 'a-t-il un lieu, une salle, un lieu géographique où tu aimerais
jouer ?
Il y a l'Olympia bien sûr, sinon j'ai déjà joué en parapente, à
bord d'un biplan, dans une montgolfière, sur l'eau, j'ai fait plein
d'expériences, mais un lieu géographique …
Dix ans avec Johnny, cela doit marquer un homme, qu'est ce qui
t'as marqué chez lui ?
Ce qui m 'a marqué le plus, c'est sa simplicité, son instinct,
il était extrêmement humain et il avait cet instinct de se connecter
avec les personnes qu'il croisait, il vous regardait dans les yeux,
il savait mettre les gens à l'aise et indéniablement Johnny sur
scène, c'est quelque chose … (long silence) Je n'ai même pas
de mot, et existe-t-il un mot ?
Les événements du moment vont ils te faire jouer de nouveau «
Solidarnosc » ?
J'ai replacé cette chanson dans la setlist et les événements en
Ukraine m'ont fait penser à cette chanson. Entre la Pologne et
l'Ukraine, il y a un point commun entre ces deux pays, ce sont deux
peuples très proches, j'ai connu cette période, je sais ce que cela
veut dire, la guerre entre deux pays, et là je pense à ce peuple, à
l'Ukraine.
Sais-tu aussi que l'harmonica est un des instruments de musique
les plus vendus dans le monde ?
Je sais que l'harmonica est très bien vendu, c'est un instrument
peu connu, et il y a une chose marrante qui n'a pas changé, le son
de l'harmonica est incroyable. Little Walter a fait connaitre
l'harmonica et les gens venaient le voir à la fin des concerts pour
lui demander de voir ses mains, de lui faire ouvrir les doigts, car
ils avaient du mal à croire que les sons pouvaient sortir de ce
petit instrument, et cela m'arrive aussi que l'on me le demande,
l'harmonica fascine les gens, car on ne connait pas les possibilités
de cet instrument.
Quels sont les deux derniers albums que tu as écouté ?
Il y a le live de Kiss, je suis fan de Kiss depuis pas mal de
temps, pour moi Kiss est un déclencheur de l'amour de la musique,
leur approche de la scène, le maquillage, les stades, cela me
faisait rêver et avec Johnny, j'ai renoué avec les sensations de mon
enfance, pour cette communion avec le public. Il y a aussi Keziah
Jones, qui a un univers très blues, très personnel.
Quels sont tes projets pour 2022 ?
Il y aura notamment à Orange, le 11 juin, « Dans le chœur de
Johnny », qui va réunir une centaine de choristes amateurs et des
musiciens professionnels qui vont relever une tache d'envergure en
s'attaquant au répertoire de Johnny, ce qui est très ambitieux, je
suis invité, et ce projet m'a séduit. Je vois cette manifestation
comme une transmission car j'ai vécu ces concerts avec Johnny et je
garde en moi ce niveau d'exigence, et avec ces choristes, j'aimerais
partager cette étincelle que j'avais avec Johnny.
Greg, merci pour ton talent et ta personnalité et à bientôt.
Propos recueillis par PAD
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