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Ecrit par Fred Delforge |
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mercredi, 30 mars 2022
CACHEMIRE
https://www.cachemiremusic.fr/
Une rencontre avec Freddy, le chanteur de Cachemire, qui nous parle
de leur album, « Dernier Essai » (voir
la chronique). Un album qui fait passer le groupe à un autre
niveau. Celui d'un vrai groupe de rock qui assume pleinement sa
musique, ses textes et sa façon d'être.
Salut Freddy. Avant de commencer, un petit rappel
sur qui est Cachemire ?
Alors pour l'histoire du groupe, « Kashmir » de Led Zep est un
des titres qui nous a le plus marqué dans l'histoire du Rock N Roll.
Et on l'a orthographié en Français car on a ce challenge de chanter
en Français. Ce qui n'est pas chose facile. On a des influences
anglo-saxonnes, mais avec des titres uniquement en Français. Voilà
pour l'histoire du nom. En ce qui concerne le groupe, on vient donc
de sortir notre troisième album, « Dernier Essai ». Un album qui
sort chez At(h)ome et qui sort chez Sony. Et pour ne rien te cacher,
on en est hyper fier. Sinon, on a démarré notre aventure en 2013, en
sortant un premier album sur le label parisien Big Beat Records et
un second album autoproduit, « Qui est la punk ? ». On fait du rock
brut, on va dire, mais si les gens connaissent notre second album,
on a une musique plus produite, des textes plus profonds, tout est
plus plus plus. Voilà brièvement la présentation de Cachemire.
Sortir un album qui s'appelle « Dernier Essai » pendant le
tournoi des 6 Nations, vous avez eu une super Team Com qui a bossé
là-dessus ?
Ah. Enfin quelqu'un qui nous parle de rugby !! Tout le monde
nous dit « Dernier essai », c'est parce que c'est votre dernière
tournée ? Non, c'est faux. En fait « Dernier Essai », c'est parce
qu'on va essayer de le transformer avec ce troisième album. Grosse
consonance rugbystique en effet.
Un gros son sur cet album, une grosse production, c'est on va
dire grâce à la pandémie que vous avez pu aller plus loin dans les
compos ? Vous avez eu plus de temps ?
Complètement. L'album était déjà pas mal écrit avant la
pandémie, on va dire en mars 2020. Mais en gros, c'est comme si on
avait un puzzle déjà construit, et moi, j'ai repris ce puzzle, j'ai
tout fait tomber sur la table, et j'ai tout reconstruit à partir de
cette pandémie. Et j'avoue qu'on était triste d'arrêter la tournée
assez vite, mais moi, je rêvais d'avoir 100 % de temps consacré à
ça. Et donc, j'ai pu reconstruire tout l'album et aller vraiment au
fond des choses. Si après cela ne plaît pas à notre public, ou à un
public plus externe au groupe, on ne pourra s'en prendre qu'à
nous-même, car on ne pourra pas dire qu'on a manqué de temps. On est
vraiment allé au bout des choses. .
Ça va changer votre façon de travailler dans le futur ?
Oui, j'avoue que c'est bien de bosser comme ça. Après tout
dépend de la volonté artistique qu'on aura. Mais pour ce troisième
album par exemple, même avant la pandémie, on voulait vraiment bien
le produire, en prenant du temps. On est retourné chez Charles De
Schutter à Bruxelles, qui travaille avec Superbus, No One Is
Innocent ou Mathieu Chedid, et donc qui sait bien faire sonner le
rock français. Et là, on a eu un challenge, car Charles ne prend
jamais le même artiste, sauf s'il y a une autre volonté artistique
et s'il faut reproduire beaucoup plus fort, alors là, il est
partant. Et nous, on avait cet objectif-là quand même. Mais c'est
vrai que la pandémie nous a permis de travailler plus et surtout
booster encore plus.
Je sais que les musiciens n'aiment pas ça, mais comment on peut
définir votre musique ? Un peu plus d'electro non ?
Non pas vraiment. Mis à part sur « Back To The », où
effectivement on a une batterie électronique, mais c'est un titre
qui veut mettre en avant le film « Retour vers le Futur », et on a
voulu accentuer la musique type année 80. On y entend aussi du
clavier, mais c'est vraiment une volonté artistique uniquement pour
ce morceau. Mais cet album est plus produit. Donc c'est vrai qu'on y
retrouve de la guimbarde, des cuivres, des cordes, mais ça reste
quand même un album avec 80 % voir plus de vrais instruments. Mais
on a voulu aller plus loin dans la production. Donc, il y a beaucoup
plus d'instruments.
Les textes percutants, avec un premier titre comme « Criez » qui
sent votre engagement dans cette cause de la différence, mais
surtout dans la liberté de chacun, c'était déjà des thèmes que
vous défendiez avant ?
On a toujours eu des thèmes sociétaux oui. On a souvent allié ça
avec du second degré et de l'humour pour faire passer le message.
Mais c'est vrai que sur le troisième album, le propos est beaucoup
plus direct et surtout plus engageant. On n'est pas des donneurs de
leçons. Et les sujets vont être plus percutants.
Beaucoup d'engagement comme je le disais avant, peut être encore
plus que sur vos albums précédents ? Même si vous vous défendez
bien de juger qui que ce soit ?
C'est un album qui est plus assumé, car on a eu des retours du
public qui nous disait de plus pousser dans les paroles. D'assumer
aussi ma voix aiguë. Ce sont des choses pour lesquelles j'y allais à
tâtons. Mais du coup sur ce troisième album, tant vocalement que sur
le plan de l'écriture, j'ai fait ce que je pensais, sans vraiment me
retenir. J'ai toujours eu peur de chanter en Français. C'était même
un challenge pour moi de chanter en Français. Et le côté second
degré et humour, de passer des textes plus ou moins compréhensibles,
et c'était dans ma tête moins kitch. Mais j'ai assumé pleinement ma
plume et ma voix pour faire ce que je suis réellement.
Vous présentez cet album comme quatorze
courts-métrages qui sont le reflet de cette société ? Ou juste un
instantané à l'instant T ?
Les courts-métrages, c'est parce qu'on est tous fans de cinéma.
Et c'est vrai qu'il y a un fil conducteur où chaque titre est en
fait un court-métrage, une petite histoire qui peut aussi
correspondre à un film. Après les paroles sont surtout basées sur
des faits sociétaux. Je pense à « Criez », le second single qui est
sorti, au milieu je parle de Jim Carrey en disant "la route, Jim te
l'a donnée ". Le message principal est d'être tolérant avec les gens
qui font ce qu'ils veulent malgré leurs religions ou leurs tendances
sexuelles. Et la ligne cinématographique, c'est Jim qui nous a donné
la ligne à suivre. Jim Carrey, c'est un vrai clown qui se moque de
l'image des autres, en tout cas, c'est l'image que j'ai de lui. «
Saturday Night » est un titre qui parle d'un type qui se prend pour
Travolta dans toutes ses époques, de « Saturday Night » à « Pulp
Fiction ». « Back To The » parle de « Retour vers le Futur ». «
Dernier Essai », le titre de cet album, parle d'un film qui m'a
marqué, c'est « Invictus » qui est un film sur le rugby. Donc, à
chaque fois, ce sont des petites scénettes qui sont aussi taillées
pour le live, car j'aime bien raconter une histoire en live.
Ça allait être mon autre question. Cet album a été écrit pour la
scène ? Il y a des titres qui ne seront peut-être pas dans la set
list ?
Il y a des titres qui ne seront pas dans la set list, c'est sûr.
Mais c'est surtout par faute de temps. Par contre tous les titres
sont taillés pour la scène. Donc ça changera au fur et à mesure de
la tournée.
Quelles différences ou plutôt quelles évolutions notes-tu depuis
les premiers albums ?
Surtout, comme je le disais, le fait d'assumer pleinement qui on
est et ce dont on a envie. Aujourd'hui, on a beaucoup d'influences.
Moi, j'ai des influences dans le punk et le rock anglais, mais aussi
dans la pop et dans la chanson française. Et ça, c'est quelque chose
que je n'assumais pas avant. Avant, on assumait le fait de passer de
Polnareff par exemple à Foo Fighters. Le titre le plus lent, « Plus
tu me », je l'ai écrit en pensant aux Foo Fighters. Alors avec une
batterie qui est assez puissante, mais vocalement, on est dans des
voix que Polnareff aurait pu assumer. Alors je dirais plus qu'un
album de la maturité, c'est un album qui est nous.
On peut parler de cette excellente reprise du morceau « Alors On
danse ». On ne le retrouve pas sur l'album, c'était quoi, une
parenthèse pour vous faire plaisir ? Histoire de s'occuper pendant
la pandémie ?
C'était une parenthèse pour montrer qu'on existe encore, car
l'album devait sortir plus tôt que prévu. Il y a eu la pandémie et
donc on ne l'a pas sorti, car on ne sort pas un album qu'on ne peut
pas défendre sur scène. Ça a tout décalé. On avait fait la reprise
de « La Nuit Je Mens » de Bashung entre le deuxième et le troisième
album. Et du coup, on s'est dit "pourquoi ne pas refaire une reprise
?" car la première avait plutôt bien marché. Par contre, toujours
avec du culot et de la surprise. Et puis, pour aller titiller les
puristes, pour les faire chier un peu (Rires). Avec la
reprise de Bashung, ça en a titillé plus d'un. Au moins un sur dix
des fans nous ont insultés carrément. Mais d'autres étaient
contents. Et pour « Alors On Danse », personne ne nous attendait sur
ce secteur-là. Alors par contre, on ne fait pas ça avec des artistes
qu'on n'aime pas. Et Stromae fait partie aussi de mes influences. On
aime sa façon d'écrire. Et le fait d'écrire des titres sombres, sur
une musique joyeuse, c'est typiquement Cachemire. Et quand un titre
est bon, que ce soit en pop, en electro, en variété ou en metal,
s'il marche, c'est qu'il est vraiment bon.
On le retrouvera sur scène ?
On se défend de ça. La reprise, à nos débuts, nous servait à
ramener le public. En gros, quand le public repartait au bar, il
suffisait de faire une reprise et tout le monde revenait.
Aujourd'hui, on a la chance que le public vienne pour nos titres.
C'est cool. On continue à jouer « La Nuit Je Mens » car elle fait
partie de l'histoire de Cachemire. « Alors On Danse », c'était une
parenthèse. On conserve le titre de Bashung, car quand on a sorti le
clip, on a réellement senti que plus de public venait nous voir.
On a des questions rituelles pour terminer nos interviews :
pouvez-vous définir le groupe Cachemire en deux ou trois mots ?
Alors je dirais : puissant, fédérateur et accessible.
Et quel est le dernier morceau ou le dernier album que tu as
écouté ?
Alors je vais pouvoir te le dire tout de suite. J'écoute
tellement de trucs. Je vais te donner le tout dernier … Ce n'est pas
très original, mais c'est le dernier No One Is Innocent. Alors en
plus, on a une petite histoire avec eux sur cet album. Kemar a posé
sa voix sur « Rouge ». Et Shanka, le guitariste des No One, nous a
beaucoup aidé pour l’arrangement de certains titres.
Vous êtes la génération qui vient après les No One et forcément,
ils restent une référence ?
Moi, quand j'étais branleur, j'étais très très influencé par
Téléphone, et je suis toujours fan. Puis est arrivé Niagara où je me
suis demandé ce qu'il se passait. J'étais hyper jeune. Ensuite, ça a
été Noir Désir avec sa poésie et les riffs de guitares. Et quand No
One est arrivé, il y avait la puissance sonore, qui allait avec la
poésie de Cantat. Là, je me suis dit "Il y a tout". Et je suis très
inspiré par Kemar, par rapport à sa plume. Il n'est jamais donneur
de leçons. Il trouve des mots hyper fins. Et ses textes, même sans
la musique, c'est de la poésie. Mathieu Chedid est également comme
ça lui aussi. Il va plus jouer sur les mots, sur une poésie plus
légère.
Merci beaucoup pour cette interview.
Merci à toi.
Propos recueillis par Yann Charles
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