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KO KO MO pdf print E-mail
Ecrit par Yann Charles  
mardi, 29 mars 2022
 

KO KO MO

https://www.ko-ko-mo.com

Rencontre avec Kevin et Warren du groupe Ko Ko Mo à l'occasion de la sortie de leur album, « Need Some Mo' ». C'est au Hard Rock Café à Paris que cet entretien s'est déroulé en collaboration avec le webzine Rock Metal Mag. Un agréable et très sympathique moment.

Rock Metal Mag :  Depuis vos débuts en 2012, et votre premier EP en 2014, votre parcours a été jalonné de succès et de bonne humeur, votre formule duo fonctionne toujours à 100%. Quel regard portez-vous aujourd'hui sur Ko Ko Mo qui va fêter ses dix ans d'existence ?
Kevin : Alors déjà, on est toujours ensemble, on s'aime toujours et on aime toujours monter ensemble sur scène. Même si on ne l'a pas fait depuis deux ans, mais nous ne sommes pas les seuls. Voilà donc, une grande fidélité entre nous et surtout on ne voit pas le temps passer. Pour nous, on est encore sur scène en 2012. Mais avec le progrès qui s'est passé et trois albums, puisque le troisième va sortir. On s'éclate toujours autant et c'est ce qui fait que l'on est encore là aujourd'hui.
Warren : Et puis hyper content de la fidélité que nous a apporté le public depuis le début et qui ne cesse de grandir. On ne peut être que reconnaissant. C'est trop chouette.

Zicazic : Gros succès avec l'album précédent, du coup ça ne met pas un peu la pression pour le nouvel album ?
Kevin : C'est sympa pour le gros succès, on en est content. Mais c'est vrai qu' il y a eu cette période très merdique, pour ne pas dire particulièrement merdique. Je ne peux pas dire que cela nous a fait changer notre fusil d'épaule puisque l'on reste Ko Ko Mo, mais cela a créé une autre histoire. On a créé notre troisième album et il fallait rebondir, pour différentes raisons.
Warren : Il fallait se réorganiser aussi, puisque nous n'avions jamais connu de pause depuis nos débuts et surtout depuis que l'on travaille avec LMP, notre manageuse et bookeuse. Il a fallu trouver un local pour répéter, investir dans du matériel et c'était l'occasion rêvée de profiter de ce temps disponible pour apprendre aussi énormément du studio et de plein de choses.
Kevin : Prendre du temps pour enregistrer aussi. Chose que l'on avait jamais fait puisque nos deux albums ont été fait en pleine tournée. On s'arrêtait une semaine par ci, une semaine par-là, mais on n'avait pas vraiment le temps de se poser. Et là, on a été forcé de se poser en mars et donc en septembre le troisième album est né.

Zicazic : Et justement, où nous emmenez-vous avec « Need Some Mo' » ?
Warren : Dans l'essence même de Ko Ko Mo. C'est ce que l'on a essayé de chercher et de trouver. Je ne sais pas si l'on a réussi et ça c'est le public qui le déterminera. Mais dans tous les cas on a essayé d'aller à l'essentiel sur cet album afin que les gens aient dans la tête, batterie, guitare voix, en l'écoutant et avec l'énergie live, si possible, même sans nous voir.
 
Rock Metal Mag :  Vous puisez vos racines dans le rock, le blues, le psychédélisme des seventies avec une pointe de disco/funk mais avec une bonne touche moderne. Quels sont les artistes qui vous ont le plus influencé et qui vous ont permis de trouver le son Ko Ko Mo ?
Kevin : Le truc c'est que l'on n'a pas réfléchi que l'on allait faire un son seventies moderne.
Warren : On n'a pas pensé aux influences, en fait.
Kevin : Oui, voilà, Warren vient du Delta Blues et moi je viens plutôt du Hip Hop, Electro, un peu avec Daft Punk et tout ça. Et quand on a commencé à jouer tous les deux , on a fait du rock, parce que l'on jouait dans les bars. Et donc on a mis les guitares fortes, j'ai ouvert les charley, les cymbales, Warren chantait dans les aigus et comme on est que deux sur scène et que l'on a besoin d'énergie on s'est mis à jouer du rock énergique. Et le son en fait est venu dans un second temps.

Rock Metal Mag : Oui mais c'est quand même lié à ce que vous avez écouté.
Kevin et Warren : Oui tout à fait, même inconsciemment.

Rock Metal Mag : J'ai trouvé qu'il y avait des influences de The White Stripes, de The Black Keys …
Warren : Qui ça? (Rires)
Kevin : Oui et nous sommes ravis.

Zicazic : Un peu de Slaves aussi, un duo qui n'existe plus je crois.
Kevin : Oui c'est sûr qu'indirectement et inconsciemment on retrouve des choses et c'est tant mieux. Cela nous fait très plaisir que tu nous parles des Black Keys, parce que c'est un groupe que l'on aime tous les deux. Donc voilà on a pas cherché notre son, on l'a trouvé.
 
Rock Metal Mag : Vous allez sortir votre troisième album, « Need Some Mo’ », quand avez-vous commencé la composition de cet album ?
Warren : Dès le premier confinement. Déjà on savait que l'on voulait prendre le temps pour l'album, donc là, on va dire que c'était que du bonus. On ne pensait pas d'ailleurs que ce serait autant de temps. Mais il fallait s'y mettre dès le début parce que l'on savait que cela allait être une réorganisation et qu'il fallait en profiter. Ce temps, je l'ai considéré un peu comme un cadeau, même si c'était dur et sans savoir de quoi demain va être fait. Mais on avait la chance d'avoir une super manageuse qui avait un discours ultra optimiste. C'était un peu la seule à nous dire : Tant pis, on y va et on le fait quand même, même si on ne sait pas où on va. Et cela nous faisait du bien.
Kevin : C'est important quand même.
 
Zicazic : Cette pandémie vous a fait travailler différemment par rapport à ce que vous faisiez avant alors allez-vous adapter ce nouveau style de travail puisque cette pause vous a permis d'aller plus profondément dans vos compositions ?
Kevin : Alors déjà, on devait finir la tournée précédente, « Lemon Twins », fin 2020. Donc elle s'est arrêtée un peu plus tôt mais on avait déjà prévu ce laps de temps de six mois pour enregistrer le futur album. Mais c'est vrai et tu as raison de poser la question car avec Warren et notre manageuse on s'est dit que pour le prochain album on allait faire ça aussi . Mais là, on va surtout penser à la tournée, parce que l'on a très envie de monter sur les planches et de voir des gens. Après effectivement, on ne fera plus un album en pleine tournée. On fera une pause exprès pour ça.
Warren : Et toutes les bonnes choses prennent du temps. Mais on ne fera pas un an de pause non plus et juste deux dates. (Rires)
 
Zicazic : Le 9 février, vous avez mis en avant « Your Kiss ». Pourquoi le choix de ce morceau ?
Kevin : Ce n'est pas forcément un choix de Warren ou de moi. C'est que l'on travaille avec une équipe et ce sont des choix qui se font plus radiophoniquement et aussi du fait que le morceau ressort un petit peu.
Warren : On a fait confiance aux retours des gens qui ont eu la chance d'écouter l'album et qui nous ont dit les titres qui ressortent le plus.
Kevin : Donc il est sorti avec un clip.
 
Rock Metal Mag :  Est-ce que vous travaillez toujours avec le producteur Al Groves pour le mixage ?
Warren : Alors, on avait travaillé avec lui pour le tout premier . C'était une expérience magnifique. Il a été sollicité pour le mix du troisième. Comme on ne voulait pas avoir de regrets, il faisait partie de ces gens à qui on avait proposé de faire un test sur un morceau.
Kevin : Un mix à l'aveugle.
Warren : Et le choix s'est porté sur le numéro 3 sans savoir qui c'était. D'ailleurs je ne sais plus qui était derrière le n°1 . Et la chance pour lui est qu'il a bossé avec nous depuis le début sur les préprods et qu’il nous accompagnera jusqu'au bout.
Kevin : C'est Loris Marzotto. Il est batteur et c'est surtout notre ami. Donc on bosse avec lui aussi pour le live. Pour cet album, on est vraiment allé au bout du truc avec Warren. On a positionné les micros, acheté notre matos, trouvé un son à la source qui nous plaisait pour avoir notre patte Ko Ko Mo. Et nous étions tous les deux derrière Loris pour le mixage.
Warren : Et c'est ce qui fait que l'on est content du résultat.
 
Zicazic : Sur scène, il y a beaucoup de complicité entre vous, sûrement comme dans la vie, mais est ce qu'il vous arrive de vous surprendre ou de vous laisser surprendre par un imprévu un peu flambant que l'autre va faire ?
Kevin : L'avantage d'être deux et ce que l'on prône toujours et ce que l'on adore c'est l'improvisation. Tu peux pas le faire à trois. A deux, il y a un côté hyper free. Même si les morceaux sont figés, je peux m'arrêter et faire différemment et Warren pareil. On se surprend et c'est pour ça que l'on dit souvent que l'on est un duo mais aussi un duel. Et c'est chouette.
Warren : C'est aussi tout l'intérêt. On se retrouve sur plein de disques que l'on a écouté tous les deux, mais on a aussi chacun dans le passé écouté des musiques différentes. Et c'est l'avantage de pouvoir ainsi se surprendre. S’il n'avait écouté que John Bonham dans sa vie, ce serait super, mais, il n' y aurait pas de surprise.
Kevin : C'est ce qui nous tient. Et c'est vrai que chaque concert est vraiment unique, pour nous comme pour le public. Il y a de l'impro et cela se voit. Il y a des pains aussi mais que l'on maîtrise. (Rires)
 
Rock Metal Mag : Vous avez signé avec PIAS, comment est née cette collaboration avec ce label ?
Kevin : C'est de rencontres en rencontres. Et nous n'avons pas eu besoin d'aller vers eux puisque pour le coup, ce sont eux qui sont venus vers nous. Depuis le début, on prône l'indépendance, puisque nous avons produits nos deux albums, seuls, et le troisième aussi d'ailleurs. En fait ils sont arrivés au bon moment et nous sommes très contents de bosser avec eux pour « Need Some Mo’ ».
Warren : C'est ce qui pouvait nous arriver de mieux.
Kevin : Oui, comme maison de disques en 2022 et avec tout ce qui s'est passé. On n'est pas sorti depuis deux ans quand même. Cela nous permet de rester avec la famille de base et de nous compléter tous ensembles.
Warren : L'idée n'est pas de se rajouter des problèmes. Enfin, ce ne sont pas vraiment des problèmes car c'est un luxe de pouvoir tout gérer entièrement et artistiquement. Au bout d'un moment il faut se démultiplier.
Kevin : Mais PIAS et Eric sont quand même au service des artistes. Ils ne sont pas non plus des requins et l'équipe est vraiment chouette.
 
Rock Metal Mag : Quel sens donnez-vous à MO dans le titre « Need Some Mo’ » ?
Zicazic : Moi, j'ai pensé au Mojo. Le feeling Mojo working. Enfin je le ressens comme ça …
Warren : Cela pourrait être ça. Il y a l'idée d'essence impalpable. Sinon la réponse au premier degré, c'est l'abréviation de more. Et il y avait ce jeu de mots entre Ko Ko Mo et « Need Some Mo’ ». Donc le Mo en fait, c'est peut-être l'essence de Ko Ko Mo. Donc voilà, cela peut être ça, comme plein d'autres choses.
 
Zicazic : Est-ce que vous vous êtes posé la question de passer du duo à un trio et plus si affinités ?
Kevin : Alors nous ne sommes pas fermés du tout. Mais au risque de me répéter, l'improvisation est ce qui nous tient aussi et à deux c'est plus pratique. On a déjà testé avec un ami sur deux/trois dates, avec basse et clavier. Musicalement, cela rajoute un truc évidemment, mais on n’est plus en couple. Cela enlève une grosse complicité.
Warren : Mais, on ne sait pas de quoi demain sera fait. Cela arrivera peut-être mais ce n'est pas d'actualité.
Kevin : Pour le moment on se suffit musicalement. Si un jour on fait un album et qu'il y a une mandoline tout au long de l'album, on prendra un joueur de mandoline.
 
Rock Metal Mag : La pandémie et les confinements ont dû influencer les textes de vos chansons, quand on pense à des titres comme « Walls Get Closer », « Non Essentiel Man » ?
Warren : Ce ne serait pas honnêtes de dire que ce n'est pas le cas. Donc oui, cela a influencé, mais l'idée n'était pas de faire un disque politiquement engagé mais juste de parler de ce qui se passe. L'inspiration est née de ce qu'il y a autour de nous et comme on a surtout baigné là-dedans, il était un peu normal que les textes soient un peu influencés. L'idée était plus de parler de choses tristouilles mais de danser là-dessus et de le célébrer de manière joviale.
Warren : Après je pense à « Your Kiss ». C'est un morceau directement venu d'un moment où l'on parlait de la difficultés des gens à se rencontrer et notamment les jeunes couples. Mais cela peut aussi parler d'une histoire d'amour qui ne se passe pas très bien.
Kevin : C'est toujours un peu à double sens. Depuis le début que Warren écrit des textes d'ailleurs, et cela peut toucher tout le monde. Mais il n'y a aucun message politique dedans.
Warren : L'idée est que les gens se reconnaissent un minimum.
 
Rock Metal Mag : « Breather » est en quelque sorte une respiration qui introduit « Non Essential Man ». Ce morceau a un côté plus Stoner, très lourd et hypnotique. Un avant-goût pour les futures compositions de Ko Ko Mo?
Warren : C'est vrai que placé là où il est dans la tracklist de l'album, cela pourrait être l'ouverture, comme en dissertation, mais on ne sait pas en fait. Comme on vient juste de pondre cet album-là, on va jouer ce morceau sans savoir s’il y en aura d'autres comme celui-là. Il est vraiment différent des autres.
Kevin : Il sort un peu du lot et je trouve qu'il représente vraiment cette période en fait. Quand on le joue en résidence, il y a un truc. On le joue et on le vit . Et on a hâte de le faire en concert par la suite car il raconte une histoire quand même.
 
Rock Metal Mag : Qu'est-ce qui vous a donné envie de reprendre « Last Night A DJ Saved My Life » d'Indeep ?
Warren : Alors c'est parti d'une connerie à la base. (Rires) Quand tu es à la sixième heure de camion sur la route et que tu es sur tes projets sur l'ordi derrière, au bout d'un moment tu ponds ça et ça te fait marrer. Je me souviens que nous l'avions fait écouter à notre sondier, Yoan, qui nous accompagne depuis longtemps sur la route. Et il  nous avait dit de le faire sérieusement car cela risquait de faire bouger le choses. Du coup, on l'a fait. Mais c'était avant la pandémie et du coup, après, on ne savait plus quand le sortir. On avait tourné un clip dans un hôpital désaffecté et complètement destroyed et on devait le sortir en mars. Et c'était le moment où le nombre de morts tombait. Alors on se demandait dans quoi on s'était embarqué.
Kevin : Donc, on a laissé pisser le truc et on l'a sorti en octobre. Et les gens l'ont regardé et l'ont adoré.
 
Zicazic : Tout à l'heure vous parliez de tournée, du camion. Vous ne pourriez pas faire une tournée en train ? (Rires)
Kevin : Dans le camion, on est avec tous les copains. (Rires) On charge le matos, ça sent la sueur, ça sent les pieds, on écoute de la musique. Ce sont des moments fatigants, je l'avoue. On est content de partir mais on est aussi content de rentrer. On passe une heure sur scène et 24 ou 48 dans le camion. Donc faut s'entendre avec les copains, les personnes avec qui tu joues. Mais ce sont de superbes moments. Après pour des journées promo, on vient en train.
Warren: Et puis en tournée, on s'est trop habitué à jouer avec notre matos. C'est quand même un confort. Tu ne pars pas à zéro à chaque fois. Ce serait compliqué maintenant.

Rock Metal Mag : Et par rapport à votre tournée, vous avez déjà pas mal de concerts annoncés dont  votre Release le 26 qui est Sold Out, mais est-ce que vous avez pu reporter toutes les dates qui devaient avoir lieu ?
Kevin : Oui la plus grande partie des dates de 2019, ont été reportées pour 2020, mais après tout a été annulé. Donc au début on a eu une perte de 5% de dates. Ensuite c'était un peu l'hécatombe. On en a fait une quinzaine l'été dernier. Mais on a eu de la chance.
Warren: Et on le doit énormément à LMP qui bosse avec nous depuis le début.
Kevin : Mais aussi grâce aux programmateurs qui ont cru aussi au truc et qui étaient moins frileux que d'autres . Tout le monde dit que 2022 est la petite sœur de 2021, mais là il y a des dates qui se reconfirment.

Zicazic : Nous avons des questions rituelles pour terminer nos interviews : Comment définiriez-vous le groupe en deux ou trois mots ?
Warren : Passionné, Brut, Rock.
 
Zicazic : Et pour conclure, quel est le dernier morceau ou album que vous avez écouté ?
Kevin : Alors moi en ce moment je suis sur Rüfüs Du Sol qui est un groupe australien. C'est plutôt electro.
Warren : Alors moi je suis sur un truc qui ne va surement parler à personne mais ce n'est pas grave. J'ai découvert un groupe hongrois qui s'appelle Locomotive. Il a eu un succès dans son pays et c'est un groupe rock fusion, mais très fusion, sans être non plus trop démonstratif jazz. Et vraiment j'ai pris ma baffe car cela joue mortel et il y a de vrais univers. Cela chante en Hongrois, donc il ne faut pas être freiné par ça. Voilà, c'est le dernier album que j'ai écouté.

Propos recueillis par Yann Charles