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Ecrit par Yann Charles |
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mercredi, 09 mars 2022
EXCEPT ONE
https://exceptone.bigcartel.com
https://www.facebook.com/ExceptOneOfficial
Rencontre avec Crypp Mor, bassiste du groupe Except One qui nous
parle de « Broken », leur tout dernier album. Il nous parle aussi de
l'évolution et de l'orientation musicale du groupe. Un entretien
super sympa avec un gars qui ne l'est pas moins.
Salut. Peux-tu nous rappeler qui est Except One ?
Salut. Except One est un groupe de metal moderne de Paris qui a
plus de dix ans d'existence et plusieurs line up. On a sorti
dernièrement notre deuxième album, qui est notre quatrième
réalisation. On est composé de cinq membres : une chanteuse, un
guitariste/chanteur, un guitariste, un bassiste et un batteur. Une
formation assez classique. On a eu le Covid (Rires), mais on
a quand même pu sortir un album (Rires).
On va entrer tout de suite dans le vif du sujet, vous êtes encore
plus enragés dites-moi sur ce nouvel album, « Broken » ?
(Rires) Oui, tu as raison. L'album « Broken » porte bien
son nom, car ça a été une sombre période pour un peu tout le monde,
et on a transformé ces sentiments en CD. Et comme tu as pu le
sentir, on a beaucoup de choses à dire et à transmettre aussi bien
dans nos paroles que dans nos riffs.
On est dans la continuité de « Fallen » ?
Oui. Sur « Fallen », il y a eu un changement de line up, qui a
permis une agressivité plus en conformité avec le groupe. Et là, sur
« Broken » il y a une confirmation, une affirmation du style du
groupe. On est bien dans la lignée de « Fallen » où tu as la chute
avec et avec « Broken » où tu as la cassure.
Pourquoi « Broken » ? C'est pour annoncer un changement après cet
album, une nouvelle orientation ?
Je pense qu'on est devenu plus mature. Je ne dirais pas un
changement d'orientation, car on est vraiment dans la continuité.
Mais par contre, on a pris le temps. On s'est posé les bonnes
questions pour faire vraiment ce qui nous parlait. Car on avait
beaucoup de choses à dire à ce moment-là. C'était quand même une
période où on était cassé et on avait envie de le partager dans un
album. Et c'est tout ça que tu retrouves dans les textes.
Justement, on allait y venir, quels thèmes développez-vous ?
Beaucoup de colère. Beaucoup de choses que l'on intériorise et
qu'on exprime sur différentes phases et sur différents sujets. Comme
la révolte d'un régime oppressif, dans le sens où on est souvent
oppressé par notre société de plein de manière différentes. Mais il
peut aussi y avoir la pression amoureuse, la pression
professionnelle. Beaucoup d'introspection dans cet album. Et cette
rage qui a besoin d'être exprimée.
Les textes sont aussi très incisifs, c'est une sorte de thérapie,
histoire d'extérioriser tous vos ressentis ?
Tu as tout compris. C'est exactement ça. Déjà, le metal, et
surtout le metal moderne assez brutal que l'on fait, a toujours
amené un effet de catharsis. Et cette lourdeur et cette puissance
qu'est le metal nous permet d'exprimer ce que l'on a au fond de
nous. Et sur cet album, on est allé encore plus loin. On a vraiment
eu envie de partager ce que l'on ressentait et ce qu'on pense que
beaucoup de gens partagent aussi. Tu noteras que sur ce second
album, on a mis les paroles dans le CD.
Oui, c'est pour ça que je dis que même au niveau du texte, vous
êtes énervés aussi ?
On avait des choses à dire. On avait des choses à faire
ressortir. On peut parler de thérapie. Une thérapie de nous, du
groupe et de ce qu'on a envie de partager.
Ce sont des réponses à ce que vous abordiez dans « Fallen » ?
Il y a cette continuité qui est aussi l'identité du groupe. Les
textes, c'est vraiment ce qui nous tient à cœur. Estelle par exemple
nous parle de ses expériences. Beaucoup d'implications dans les
paroles du groupe, même si c'est beaucoup Estelle qui les amène, les
interprète et leur donne vie par son ressenti. Car le chant, c'est
vraiment très personnel, et ça vient du fond de soi. En fait, c'est
elle qui donne la teinture et l'émotion. Et nous, on l'accompagne
avec nos instruments. C'est un ensemble. Et c'est vrai que les
thèmes que l'on avait sur « Fallen », tu peux les retrouver « Broken
» car il y a vraiment beaucoup de choses que l'on voulait développer
et approfondir.
Musicalement, vous êtes toujours aussi puissant, je dirais même
plus violent que sur l'album précédent ?
Oui, c'est vrai. L'avantage, c'est qu'on a Tim qui nous a
rejoint. C'est notre guitariste et aussi le backing vocal. Il a une
grande culture du metal et avec cet apport et les enseignements de «
Fallen », on a fait ensemble quelque chose qui nous parlait encore
plus. On s'est encore plus posé sur cet album et on a mis les tons
riches par rapport aux émotions. On a mis moins de morceaux que sur
« Fallen », et c'est fait exprès. Par contre on a ajouté un
interlude un peu plus calme et on a vraiment séparé en deux. On a
exploré des passages un peu plus black. Je pense par exemple à « In
Nomine ». On a aussi exploré des passages un peu plus néo,
hypnotisants, avec « Seeds Of Revolt ». On a voulu plus marteler ce
que l'on aimait.
Il y a plus de diversité musicale par rapport à ce que vous
faisiez avant ?
Sur « Fallen », ça a été un gros défi. Et cet enseignement nous
a appris « Broken ». Et « Broken « , c'est une histoire pour
laquelle on a vraiment pris le temps, grâce aux événements que tout
le monde connaît, de travailler. On a pu plus se poser et pouvoir
avoir une idée plus précise de ce que l'on voulait.
C'est ça. La pandémie a été un frein dans votre plan de sortie de
l'album, mais est ce qu'elle vous a permis de travailler
différemment de ce que vous auriez fait en temps normal ?
On ne pouvait plus répéter. Les concerts, c'était un peu
difficile. Le CD devait sortir le 15 janvier et on avait une release
party prévue, et du coup tous nos plans ont été annulés. Mais ce
n'est que partie remise. Et sur la composition de l'album, on a plus
insisté dans la composition et dans l'écriture, voire même dans
l'enregistrement. On a pris plus de galon à ce niveau-là. Tout ça
pour produire quelque chose qui nous parlait totalement.
Comment vous avez travaillé ? Vous avez pu bosser ensemble, ou
bien à distance ?
Les deux. Quand on avait encore la possibilité de répéter, on le
faisait. Notre processus de composition, c'est que Tim nous écoute
beaucoup, nous comprend, et il nous propose des compositions. On les
travaille et on lui fait un retour. Il enregistre tout et il nous
les envoie. Et après, on les expérimente lors des répétitions pour
les améliorer jusqu'à une finalité qu'on va encore pousser pendant
les enregistrements. On a eu la chance de pouvoir répéter et
échanger sans avoir les concerts. On a pu mettre toute notre énergie
sur cet album.
Les morceaux que vous vous étiez envoyés ont-ils été conservés en
l'état en studio, ou le fait de les jouer ensemble a fait que vous
en avez retravaillé voir réécrit certains ?
Non. Très souvent, Tim est très bon. On était très satisfait. On
aime écouter notre musique, mais on aime surtout pouvoir la jouer et
la partager. Donc si cela passait la phase de la répétition, cela
voulait dire qu'il était bon pour l'enregistrement. Il y a eu
forcément quelques petits arrangements, mais qui ne changeaient rien
à la nature même du morceau.
Un peu de frustration de ne pas pouvoir en proposer au public
avant de les enregistrer ?
Pas réellement. En fait, on joue les morceaux uniquement quand
on a sorti notre album. A part peut-être un ou deux morceaux
quelques fois. Quand on arrive en enregistrement, on joue ce qu'on a
envie de jouer, ce qu'on a aimé jouer.
Cet album est le fruit de vos expériences de votre
album et de vos EP, qu'avez-vous apporté par rapport à vos
précédentes productions ?
Beaucoup de recul. Beaucoup d'écoute. On s'investit encore plus.
Le groupe est né d'une passion, d'une activité, aujourd'hui c'est un
rêve qu'on vit. Et on y consacre toute notre énergie. Et avec ce
nouvel album, on est encore plus Except One. On est encore plus une
famille. On a mis plus d'espoir dedans donc on y met encore plus de
moyens. Les moyens, c'est le temps, l'énergie, et comme on l'a dit
en début d'interview, beaucoup de choses personnelles et intimes. Je
prends pour exemple « Silent Scream » dont les textes sont très
importants pour la chanteuse et donc pour nous. Un gros
investissement personnel. Après, sur le point de vue technique,
pleins de petites choses comme le matériel par exemple. On teste le
son des guitares, ou de chaque instrument. Avant, on ne se posait
pas autant de questions. Maintenant, c'est le contraire, on s'en
pose beaucoup pour être au plus proche de ce que l'on aime.
Et plus généralement, comment a évolué votre son ou votre musique
depuis vos débuts ?
Je suis arrivé alors qu'avant, il y avait déjà eu deux EP. On
était sur quelque chose d'un peu plus punk, punk metal. Et
progressivement, le projet s'est orienté vers un metal moderne. Tu
l'as noté, dans « Broken » on n'hésite pas à emprunter des codes des
styles qui nous plaisent. On se rapproche du black metal comme on le
disait avant. On est devenu plus extrême, car on a plus confiance en
nous. Aussi bien techniquement que dans nos envies. Donc, en dix ans
d’Except One, on est devenu plus énervé comme tu le disais au début.
(Rires)
On peut parler de vos pochettes, de l'ensemble des pochettes, qui
sont très épurées, et ce depuis les premiers EP et albums ?
Pourquoi ce choix ?
Alors, je tiens à dire que la pochette de « Broken » est une
œuvre à la peinture à l'huile de notre chanteuse. Elle fait
maintenant tout ce qui est visuel du groupe, même le côté graphique
de l'album. Il y a la musique, mais il y a aussi l'art. Et sur cet
album, on partage une vision musicale, mais également graphique. Et
j'invite tout le monde à aller regarder l'Instagram de notre
chanteuse. Elle a vraiment beaucoup de talent. Pour en revenir à ta
question, on a toujours voulu que ce soit épuré, car cela permet
l'interprétation. C'est un peu comme le test de Rorschach où chacun
peut y voir ce qu'il a envie d'y voir. Et du coup, on n'impose pas
une vision. On laisse les gens construire leur propre vision. Et
souvent, ils nous disent qu'ils aiment le visuel, car cela leur
évoque ceci ou cela, et c'est génial pour nous de voir comment le
public réagit à nos visuels en fonction de l'écoute qu'ils ont eu de
notre musique. On adore ça.
On a des questions rituelles pour finir les interviews. Peux-tu
définir le groupe en deux ou trois mots ?
Je dirais : brutalité, sincérité et explosion. Car c'est
l'émotion qu'on retranscrit.
Ça change de la dernière fois où j'avais eu droit à "Des oiseaux,
des enfants, des fleurs ... Le tout dans un mixeur" …
(Rires) C'est vrai que de temps en temps, on aime bien
cette phrase.
Et j'avais aussi eu "Joie de vivre et destruction".
Ça y est, je vois de qui tu parles maintenant. (Rires)
Et dernière question : quel est le dernier morceau ou dernier
album que vous avez écouté ?
Personnellement, le dernier morceau que j'ai écouté, c'est le
dernier de Meshuggah. C'est une tuerie. Toujours aussi bon. J'adore
des groupes qui après tant d'années envoient encore du lourd comme
ça.
Merci beaucoup pour cette interview.
Un grand merci à toi pour le temps et pour cet agréable moment.
Et j'espère qu'on aura l'occasion de te voir à un de nos concerts.
Propos recueillis par Yann Charles – Photo Christiane Tastayre
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