Ecrit par Fred Delforge |
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lundi, 28 février 2022
Dernier essai
(At(h)ome – 2022)
Durée 44’55 – 14 Titres
https://www.cachemiremusic.fr
Celui qui a dit que le rock français était mort était soit un
imbécile fini, soit un fieffé menteur, soit tout simplement un
ignorant passé à côté d’une scène qui n’en finit plus de grandir et
de prendre du volume, preuve s’il en fallait avec Cachemire,
formation nantaise remarquée il y a sept ans avec un premier album
uppercut qui revient encore plus puissante et encore plus motivée
avec « Dernier essai », un troisième effort qui lui offre pas moins
de sept points puisque la transformation est réussie haut la main.
Si la couleur dominante de Cachemire est résolument punk, Fred
Bastar et consorts n’en oublient pas pour autant de saupoudrer leurs
guitares rageuses et leurs lyrics hargneux d’arrangements subtils,
avec à l’occasion des cuivres, des cordes ou encore un banjo, et
d’insérer de véritables breaks à leurs compositions avec
régulièrement de superbes harmonies vocales. A l’heure de signer
leur retour vers les bacs mais aussi et surtout vers la scène, les
Nantais ont fait le pari d’aborder leur nouvel album comme un
véritable combat, un match de rugby sans aucune pitié mais avec ce
qui fait la force de l’exercice, c’est-à-dire un réel respect de
l’adversaire, une valeur morale qui ne trompe pas et qui se traduit
par des morceaux où le groupe ne se transforme pas en donneur de
leçon où en délateur. En lieu et place, Cachemire se veut
observateur, lucide et impliqué et s’efforce de présenter notre
société et le monde dans lequel nous vivons de la manière la plus
juste possible, sans langue de bois mais également sans aucune
haine, quand bien même on sent parfois poindre un peu de rancœur
dans les paroles. Le résultat est sans appel grâce à une formidable
volonté de poser le cuir dans l’en-but et si l’on remarque forcément
la très grande amplitude sonore d’une rondelle arrangée par Shanka,
on remarquera également le featuring d’un autre No One, Kemar qui
pose son chant sur « Rouge », Niko de Tagada Jones s’installant pour
sa part sur « Les Petits Poings », deux brûlots qui s’intercalent à
la perfection entre des bombes comme « Il était une fois », « Je »,
« Freeman », « Déconnecte » ou encore « Back To The ». N’engageant
en rien le pronostic vital de Cachemire, ce « Dernier essai » se
veut non pas un point final mais bel et bien un nouveau point de
départ qui transforme tout simplement ce coup d’essai en réel coup
de maître. Superbe !
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