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Ecrit par Yann Charles |
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mercredi, 23 février 2022
HANGMAN�S CHAIR
https://hangmanschair.bandcamp.com
https://www.facebook.com/hangmanschair
Hangman's Chair fait partie des groupes phare du metal fran�ais, et
nous avons rencontr� Medhi, le batteur � l'origine du groupe avec
Julien Chanut, le guitariste. Il nous parle de leur nouvel album, �
A Loner �, sorti le 11 f�vrier chez Nuclear Blast.
Salut. On peut faire un petit rappel de qui est
Hangman's Chair, et pourquoi ce nom de groupe ?
Alors nous sommes un groupe parisien et on a sorti notre sixi�me
album le 11 f�vrier. On a �galement fait quelques EP, LP, et on est
un groupe qui tourne pas mal. Et le nom de Hangman's Chair est une
id�e de Julien avec qui j'ai mont� ce projet. On a toujours �t�
fascin� par les histoires de faits divers, sc�nes de crimes. Et on a
trouv� ce nom original et on �tait plut�t ravi de ce nom.
On va parler de votre dernier album, � A Loner �. C'est un album
noir, tr�s noir m�me, peut-�tre m�me le plus noir que vous ayez
produit non ?
Je ne sais pas. Je pense qu'� chaque album, on est dans cette
ambiance de noirceur. Une ambiance qu'on sait faire. On aborde
toujours les albums de cette mani�re-l�. La chose qu'on sait faire,
c'est �crire des chansons tristes et m�lancoliques. C'est ce qui
sort le mieux pour nous. Alors je ne sais pas si cet album est plus
ou moins noir que les autres. Il reste dans la continuit�. Le
changement est plus dans la texture, dans l'approche sonore et
musicale, mais l'ambiance sombre a toujours exist� dans tous nos
albums.
C'est le contexte actuel qui vous a inspir� pour cet album ? Ou
bien chaque album est une sorte d'exutoire ?
Oui, tu as raison. On se r�fugie toujours derri�re ce bouclier
Hangman's Chair pour faire ressortir nos �motions et nos sentiments.
Ce sont toujours des albums, du moins pour les deux ou trois
derniers, tr�s introspectifs et tr�s personnels. En tout cas, cela
nous aide beaucoup. Ce sont des albums cathartiques.
Une sorte de th�rapie en fait ?
Oui, c'est �a. Des th�rapies.
Quels th�mes d�veloppez-vous, ou peut-�tre abordez-vous dans � A
Loner � ?
On est parti dans l'id�e d'aborder le th�me de la solitude. Tous
les textes tournent autour de �a. Bizarrement, cela se tient avec la
p�riode qu'on a v�cue d'isolement forc�. Et je crois que les gens se
retrouvent dans ces th�mes et dans le titre. C'est un concept qu'on
avait voulu aborder il y a quelque temps, en tout cas, bien avant le
confinement. On avait besoin, Julien et moi, de nous retrouver face
� nous-m�me, de nous isoler et de prendre du recul sur nos vies. Et
apr�s des histoires personnelles qui nous sont arriv�es chacun de
notre c�t�, et qui se rejoignent un peu, nous avons trouv� refuge
dans l'�criture et dans ce th�me de la solitude.
On ressent bien tout �a. Certains titres, le public le d�couvrira
lui-m�me, sont parlants.
On essaie toujours d'�tre le plus sinc�re dans les textes et nos
�crits. Et sur cet album peut �tre encore plus effectivement �tant
donn� les histoires v�cues qu'on y d�veloppe.
La plupart des titres sont longs et pesants, c'est pour plonger
encore plus dans cette atmosph�re de noirceur ?
�a aide � effectivement donner encore plus de poids � ces
ambiances. C'est �galement notre marque de fabrique. Un peu notre
zone de confort de jouer assez lentement. Cela nous permet de
pouvoir poser des ambiances. Cela permet aussi de traiter les sujets
jusqu'au bout. Depuis nos d�buts, on a toujours voulu faire �a, de
la musique tr�s lente, atmosph�rique, assez progressive. Du coup,
oui, finalement, �a aide bien pour la noirceur.
Je trouve cet album plus apais� musicalement. Je veux dire, m�me
si les riffs et l'atmosph�re sont tr�s lourds, il me semble moins
violent que les pr�c�dents �
C'est bien possible. Je pense que l'approche qu'on a eu avec
Julien, quand on en discutait pendant le process d'�criture, �tait
de contraster les choses, autant dans les textes que dans la
musique. Et forc�ment, musicalement, on est all� plus vers
l'essentiel. Avant, quand il fallait �crire des choses agressives,
on allait vraiment jusqu'au bout. L�, on a voulu mettre plus de
clart�, de luminosit� dans la musique et dans l'�criture. On s'est
laiss� la place pour �a et �a se ressent. Tu as raison l�-dessus.
On trouve un morceau instrumental, � Pariah And The Plague �, au
milieu de l'album, c'est quoi ? Une sorte de parenth�se reposante,
m�me si le titre reste bien dans le ton de l'album.
C'est une respiration. Sur nos albums, on aime bien faire �a.
Des morceaux apaisants sur lesquels il n'y a pas besoin d'apporter
d'explications ni de textes. �a permet de mettre un peu d'oxyg�ne
dans un album long, charg� en informations et en �nergies, qu'elles
soient positives ou n�gatives. �a permet de souffler un peu. On aime
bien utiliser des formats instrumentaux dans nos albums.
Comment avez-vous travaill� pour cet album ? Ensemble, � distance
? Comment s'est d�roul� le processus de cr�ation ?
Comme tu te doutes, il a fallu qu'on s'adapte � la situation. On
�tait en fin de tourn�e de l'album pr�c�dent, et on avait d�j�
commenc� � �crire Julien et moi. On �crit beaucoup en amont. En
fait, on �crit tout au long de l'ann�e. Et l�, la Covid arrive et
notre local est rest� ferm� pendant plus d'un an. Il a fallu trouver
un autre moyen de travailler. Donc on �tait chacun chez soi et on
s'envoyait des d�mos, des pr�-prods. On a travaill� sur des
logiciels alors qu'on est tr�s Old School pour travailler. On a
besoin de se voir, de faire passer le courant entre nous pendant les
r�p�titions. Et l�, on n'a pas pu faire �a. Du coup, on a fait
�voluer les morceaux en s'envoyant d�mo par d�mo. C'�tait un
processus plus lent !! C'�tait une nouvelle m�thode de travail. Mais
on s'y est fait et on est plut�t content du r�sultat.
Lorsque vous vous �tes tous retrouv�s ensuite en
studio, vous avez gard� ce que vous aviez compos� � la maison tel
quel ou bien vous avez �t� oblig� de refaire et retravailler
beaucoup de morceaux ?
Il y a toujours des choses nouvelles qui arrivent lorsqu'on le
joue tous ensemble. Il faut toujours garder une balance entre ce que
tu as compos� et ce que �a donne en studio. Il faut voir comment ton
morceau va �voluer avec l'apport des autres musiciens. Parfois, on
attend les tourn�es pour essayer des morceaux, voir comment ils vont
�tre sur sc�ne, et voir comment ils vont �tre per�us. En gros voir
si la magie op�re. C'est pareil pour l'�criture. On �crit chacun
chez soi, on a des id�es, des squelettes. On a beaucoup d'ambiances,
d'atmosph�res que l'on a faites d'avance en amont. Et quand on est
arriv� en studio, on avait des pr�-maquettes qui �taient
pratiquement finalis�es. C'est le point positif de ce confinement.
On a eu le temps de travailler plus longuement et arriver avec un
mat�riel fini presque � 100 %.
Tu penses que �a va changer votre fa�on de travailler sur les
prochains albums ?
Je pense que oui. On a beaucoup appr�ci� et surtout, on a
beaucoup appris avec cette mani�re de travailler avec des logiciels.
Et je pense qu'on va apporter �a d�sormais, en plus de ce qu'on sait
fait faire d'habitude. On esp�re avant tout retrouver une vie
normale, mais dans le travail sur la musique, on va effectivement
coupler ces deux mani�res de travailler.
Toujours la patte de Francis Caste, il est indispensable pour
votre son ?
Au bout du sixi�me album, oui, il l'est (Rires). Ce
serait vraiment malhonn�te de ma part de dire qu'on y va par d�pit (Rires).
On y va � chaque fois avec beaucoup de plaisir. C'est notre zone de
confort. On se conna�t parfaitement. �a nous �vite beaucoup
d'�tapes. On a besoin de conna�tre son ing�-son. Et l�, il y a
quelque chose d'assez rapide et assez fluide avec lui qui permet
d'aller vraiment � l'essentiel. C'est un peu le cinqui�me homme, je
t'avoue.
Le fait d'avoir sign� avec Nuclear Blast vous a enlev� un fardeau
que vous portiez peut-�tre avant ? Cela vous a permis de
travailler plus sereinement ou bien cela ne change rien au niveau
de votre travail de pr�paration ?
On est tr�s fier de cette signature, car c'est un �norme label.
On a d� sortit du label pr�c�dent avec qui on avait beaucoup
d'esp�rance, et du coup cela ne s'�tait pas bien pass�. Quand on a
cass� le contrat avec ce label l� et qu'on s'est retrouv� � discuter
avec Nuclear Blast, cela a �t� une aubaine pour nous. Pour le futur,
�a pr�sage de belles choses. Avoir un label avec une telle aura,
tr�s structur� pour l'�tranger, c'est vraiment une belle opportunit�
pour nous de nous d�velopper. On voit d�j� le travail qu'ils ont
effectu� en amont de la sortie de l'album, avec les singles, les
communications, on n'a jamais eu autant de retours, qu'ils soient
bons ou mauvais, mais beaucoup plus de gens d�couvrent Hangman's
Chair.
Quelles sont les �volutions, qu'elles soient musicales ou autres,
depuis vos premiers albums ?
Avec le temps, on a gagn� forc�ment en maturit�. On a d�but� le
groupe il y a dix-sept ans. Avec Julien, on a commenc� la musique
ensemble � l'�ge de douze ans. Donc l'�volution du groupe, on la
voit, on la vit. On �tait plus jeunes. Maintenant, on fait les
choses plus s�rieusement. On a beaucoup de recul sur les choses. On
a beaucoup de maturit� dans notre approche de la musique. On a
travaill� dur pour �a. On a consacr� notre vie pour �a. Maintenant,
on y va plus sereinement. Dans l'�criture des morceaux, dans
l'�change pour les textes. L'�volution, elle est l�.
On va sortir du contexte de cet album. Comment on se retrouve sur
Culture Box alors que jusqu'ici, le metal n'y �tait jamais apparu.
M�me le rock plus classique, il n'y en a pas beaucoup.
(Rires) C'est vrai que dans les m�dias g�n�ralistes, la
mani�re d'aborder et de parler du metal est toujours un peu
compliqu�e. Mais cela reste un exercice que l'on doit faire. D�s
qu'il y a possibilit�, il faut mettre les pieds dedans. Des
opportunit�s comme �a, il faut les prendre, m�me si on sait les
tournures que cela peut prendre. Comme �tre interview� en disant
"Attention voil� les gros m�talleux", "voil� les grosses guitares",
bref tous les clich�s. Mais c'est le jeu. Tu es oblig� d'en passer
par l� pour pouvoir parler de ton univers. Tu le vois � notre petit
niveau. Mais tu le vois aussi avec Gojira. Ils peuvent jouer des
morceaux devant le grand public, mais toujours avec ces clich�s.
Mais � Culture Box, je trouve qu'ils �taient bien renseign�s sur
nous. J'ai �t� un peu pris de court, car je ne connaissais pas les
questions, bien �videmment, mais leurs questions �taient quand m�me
pertinentes. On n'�tait pas que sur des clich�s.
On vous a vu au Hellfest From Home 2021. Ce n'�tait pas trop
compliqu�, voire m�me d�stabilisant, de jouer sur les sc�nes du
Hellfest, mais sans public. Enregistr� du live dans une salle pour
une diffusion sur le net est une chose, mais l�, �a devait �tre
particulier ?
C'est clair que c'�tait particulier. Mais c'�tait une chance de
travailler avec le Hellfest. La production qu'ils ont mont�e avec
les gros moyens techniques qu'on conna�t du Hellfest. C'�tait
vraiment une super opportunit�. Pour tout te dire, c'�tait une
premi�re pour nous, un retour � la vie normale. On n'avait pas eu la
chance de jouer live. On avait travaill� l'album, travaill� sur les
maquettes, et l�, on a eu l'occasion de jouer tout �a en vrai. On a
ressorti nos cartables et nos crayons (Rires) pour retourner
au boulot. C'�tait vraiment super qu'ils aient organis� �a.
Normalement, on �tait pr�vu sur cette �dition, et donc la faire en
streaming, c'�tait quand m�me bien. �a nous a fait bizarre comme tu
dis, mais �galement super plaisir de ressortir les amplis et de
pouvoir rejouer.
Derni�res questions rituelles : peux-tu d�finir le groupe en deux
ou trois mots ?
Le premier mot qui me vient, et j'esp�re que c'est ce que les
gens ressentent, et c'est notre ligne directrice, c'est Sinc�rit�.
On peut �galement dire Long�vit�. Et je pense � M�lancolie aussi. Je
pense que �a nous d�finit pas mal.
Et pour terminer : quel est le dernier morceau ou le dernier
album que tu as �cout� ?
Alors, je vais imm�diatement regarder mon Spotify. Alors le
dernier album d'un groupe fran�ais, Celeste. Qui est �galement sign�
chez Nuclear Blast. Et j'ai �galement �cout� le dernier album de Boy
Harsher, � The Runner �.
Merci beaucoup pour cette interview.
Merci beaucoup � toi aussi.
Propos recueillis par Yann Charles
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